a écrit :Seulement tout dépend où se trouve le conditionnel ici, dans l'espoir général exprimé par Job, ou dans l'espoir qu'avait Job d'en profiter ? Car Job pouvait aussi bien exprimer le même espoir que les chrétiens, celui d'une résurrection future, et ne placer le conditionnel que sur son propre cas disant ainsi : si je pouvais bénéficier de la résurrection.. Et non pas, s'il y une résurrection, je voudrais en bénéficier.
Ce n'est pas parce que l'on répète incessamment une interprétation qu'elle en devient pertinente et conforme au texte.
L'apologiste/propagandiste/prosélyte ne prend pas en considération les arguments des autres qu'il ne prend pas la peine de les lire attentivement, il est obsédé par l'idée de convaincre les autres
, sans envisager une remise en cause.
Si nous tenons compte de
Job 7,7-10 (par exemple), notre compréhension est autre :
"Rappelle-toi que ma vie est du vent,
que mon œil ne reverra pas le bien.
L’œil de celui qui me voit ne m’apercevra plus ;
tes yeux seront sur moi, mais je ne serai plus.
Oui, le nuage s’évanouit et s’en va,
ainsi c
elui qui descend au shéol ne remontera pas.
Il ne reviendra plus à sa maison,
et son lieu ne le reconnaîtra plus" (TMN)
Un autre texte
, Job 16,22 :
"Car peu nombreuses sont les années à venir,
et par le sentier d’où
je ne reviendrai pas je m’en irai"
Job dit dans ces deux versets l'exact contraire de ce qu'il prétend au chapitre 14, qui reste pour la WT la preuve incontestable de sa foi en la résurrection.
Lisons la citation de
Job 14,7-12 dans son CONTEXTE :
"Car il existe un espoir même pour un arbre.
Si on le coupe, il bourgeonnera encore,
et sa jeune pousse ne disparaîtra pas.
Si sa racine vieillit dans la terre
et si sa souche meurt dans la poussière,
à l’odeur de l’eau, il bourgeonnera,
oui il produira une branche comme une plante nouvelle.
Mais l’homme robuste meurt, et il reste étendu là, vaincu ;
l’homme tiré du sol expire, et où est-il ?
Oui, les eaux disparaissent de la mer,
et le fleuve tarit et se dessèche.
L’homme aussi doit se coucher et il ne se lève pas.
Jusqu’à ce que le ciel ne soit plus, ils ne s’éveilleront pas,
ils ne seront pas non plus réveillés de leur sommeil".
Maintenant le suite,
Job 14,13-17 :
Ah ! si
tu me cachais dans le shéol,
si tu me tenais dissimulé jusqu’à ce que s’en retourne ta colère,
si tu me fixais un délai, pour te souvenir de moi !
Si un homme robuste meurt, peut-il revivre ?
Tous les jours de ma corvée, j’attendrai,
jusqu’à ce que vienne ma relève.
Tu appelleras, et moi je te répondrai.
Tu languiras après l’œuvre de tes mains.
Car maintenant tu continues à compter mes pas,
tu n’épies que mon péché.
Scellée dans un sac est ma révolte,
et tu mets de la colle sur ma faute.
Voilà! Les versets en question sont une parenthèse dans le texte, sous la forme d'un "Ah! si seulement ça pouvait être comme ça..."
D'ailleurs la NBS met les phrases au conditionnel:
"
Si l'homme, une fois mort, pouvait revivre, tous les jours de mon service, j'attendrais(...) Tu appellerais alors, et moi je te répondrais..."
La suite du texte est explicite,
Job 14,18-20 :
Cependant une montagne qui tombe dépérira,
et même un rocher sera transporté hors de sa place.
Oui, l’eau use même les pierres ;
son flux entraîne la poussière de la terre.
Ainsi as-
tu détruit l’espoir du mortel.
Tu le terrasses pour toujours, si bien qu’il s’en va,
tu défigures sa face, si bien que tu le congédies.
Et que dis Job en conclusion, une fois qu'il ferme cette parenthèse?
"Ah si seulement tu pouvais....mais malheureusement non!" Voilà exactement ce que dit Job dans le chapitre 14.
Il est vrai que le style très raide de la TMN n'aide pas particulièrement à suivre la fluidité de l'argumentation, c'est le moins qu'on puisse dire....
a écrit :Dois je vous rappeler les textes de l'Ecclésiaste qui indique que les hommes et les animaux ont un même sort après la mort ? L'auteur va jusqu'à dire qu'hommes et animaux ont un esprit identique et que face à la mort, tous sont égaux.
Que vous fantasmiez sur les croyances des pharisiens, des sadducéens et autres sectes juives condamnées par Jésus est une chose, mais affirmer que les chrétiens avaient perdu le sens de la métaphore sur le sommeil de la mort, c'est allez trop loin.
Le judaïsme était constituait par plusieurs écoles de pensées dont on retrouve les théologies dans l'AT.
L'ancien she'ol hébreu n'est certainement pas un pur néant (il suffit de choisir d'autres textes comme
1 Samuel 28 ou
Isaïe 14 pour constater qu'on peut y "savoir" encore pas mal de choses). Déjà à l'intérieur du corpus de l'AT il se diversifie considérablement, les négations de l'Ecclésiaste marquant un extrême (proto-sadducéen). Il faut aussi noter que dans les psaumes le silence des morts est liturgique -- en caricaturant un peu, il y a une sorte de "chantage à la louange": si tu nous laisses mourir nous ne pourrons plus célébrer ton culte. Plus tard, pour les adhérents à la résurrection (cf. Daniel 12), le she'ol commun aux justes et aux méchants cesse d'être une "dernière demeure", et il devient très rapidement un "état intermédiaire" différencié, voire cloisonné (cf. les demeures séparées des esprits des justes et des injustes dans
Luc 16) -- ce qui n'empêche pas dans le même temps les sadducéens de nier toute survie comme toute résurrection.