La métaphysique de Bernard D’Espagnat :
http://philpapers.org/rec/BARLMD
http://journaldesgrandesecoles.com/bern ... aphysique/
Un texte ou on le voit quasi kantien avec choses en soi (ou réalité en soi)
http://www.asmp.fr/fiches_academiciens/ ... nardin.pdf.
« Oui certes. Vous avez sans doute constaté que jusqu'ici le raisonnement a été conduit à
partir exclusivement de la physique. Mais de celle-ci nous avons tiré tout ce qu'elle pouvait nous
donner. Or oui, personnellement je juge que ce n'est pas un aboutissement. Contrairement aux
idéalistes je considère qu'il est incohérent de prétendre écarter radicalement la notion d'être. Mais
mes raisons de penser cela ne doivent rien à la physique. Elles sont philosophiques et
essentiellement au nombre de deux.
- La première, qui sera, je pense, jugée bonne par la plupart des scientifiques, est qu'il y a
manifestement quelque chose qui nous résiste. Il arrive - trop souvent hélas ! - que le théoricien
construise une théorie parfaitement logique, simple, mathématiquement élégante, dont les
conséquences sont soumises à des test expérimentaux, et que le résultat soit négatif. Il est
constaté que les faits observés sont incompatibles avec les prévisions de la théorie. Dans ce cas,
naturellement, la théorie est rejetée. Ainsi, il y a quelque chose qui a dit NON. Et il faudrait
développer une grande acrobatie intellectuelle pour se convaincre que ce quelque chose est
encore "nous". En harmonie, je crois, avec la quasi totalité des scientifiques je juge qu'on ne peut
raisonnablement le concevoir que comme pleinement extérieur à nous.
- Et ma seconde raison, qui en appellera moins aux scientifiques mais plus peut-être aux
philosophes, est celle-ci. Selon les idéalistes la pensée est première par rapport à tout puisque les
choses ne sont que des apparences pour la pensée. Or je considère que cette conception n'est pas
logiquement défendable, tout simplement parce que pour pouvoir penser il faut être. Je juge donc
que c'est la notion d'être qui est première, par rapport à celle de pensée.
Donc, dis-je, il faut conserver la notion d'être, mais en prenant soin de ne pas la revêtir de
toutes ces notions - spatialité, localité, temporalité etc. - dont la physique actuelle nous révèle
qu'elles sont relatives à nous… et que, implicitement, postulent ceux qui proclament que "l'être,
c'est la matière". Cet être, ce Réel ultime, est, dirai-je, fondamentalement inatteignable par les
méthodes expérimentalo-déductives de la science, lesquelles ne donnent accès qu'à la réalité
empirique, en d'autres termes aux phénomènes c'est à dire aux apparences valables pour tous. Je
n'exclus cependant pas que certains traits de la physique - les constantes fondamentales par
exemple - puissent correspondre à des attributs vrais de l'être. C'est pourquoi j'appelle celui-ci "le
http://www.asmp.fr - Académie des Sciences morales et politiques.
réel voilé". »
Son premier argument sur les choses en soi correspond à celui de la passivité de la sensibilité : quelque chose vient du dehors.
Son second argument est unpeu rapide car pour un idéaliste absolu les choses ne sont pas des apparences pcq il y a identité entre choses et apparences ( ou idées).
Mais il fait appel à quelque chose qui ressemble beaucoup au moi transcendental (de Kant ou Husserl, avec Descartes dans le fond). Pour qu’une pensée avec ses contenus phénoménaux existe il faut un agent qui pense en deca de cette pensée et des contenus apparus. Evidemment ca va contre le phénoménisme de Hume qui ne voit qu’un flux de pensée. Il ne donne pas ses raisons ici, peut-être pense-t-il que c’est évident, une pensée ne pouvant être qu’un acte, et comme l’acte apparait et disparait il faut un substrat pour faire le lien, autrement l’être sortirait du néant; il le dit pas.
Ce qui m’intrigue : voit-il une séparation totalement étanche entre sa physique, sa philo de la physique et sa métaphysique (ontologie)?