thomas d'aquin a écrit :Cher Stéphane,
ce qui est attaqué dans les messages précédents, il me semble, c'est ta conclusion et non ton argumentation qui est à vrai dire difficile d'accès. Mais je crois qu'elle rejoint la preuve qui utilise le paradoxe du couple essence limitée-existence de soi illimitée, liée à la causalité et confronté au principe de non-contradiction. L'essence d'une chose étant chez toi, ce que l'on dit de la chose, le verbe qui exprime ce que la chose est. Ce verbe délimite, exprime, précise ce que la chose est. D'où vient ce verbe, sinon d'un autre... et ainsi jusqu'à Dieu.
tu me diras si j'ai un peu compris ta pensée qui me semble profonde et que certains ont voulu un peu trop facilement caricaturée. J'ai failli tomber dans ce piège en te prenant pour un idéaliste. Tu m'as éclairé il y a quelques semaines sur ce point.
amicalement
tom
Bonjour Thomas, je ne sais pas si mon argumentation est difficile d'accès, je dois mal l'exprimer ou utiliser des notions qui ne sont pas communes à tous. Je crois tout simplement que le premier homo sapiens était tout aussi intelligent que nous le sommes aujourd'hui; la différence se porte sur le décor et non sur les êtres humains. Partant de là, je dois bien me rendre compte qu'il faut avoir parler une première fois de Dieu pour que nous en parlions aujourd'hui; de quelle manière Dieu ou l'idée de Dieu s'est imposée au premier homme ou à la première femme m'est inconnue. En revanche, je sais comment nous-mêmes aujourd'hui nous nommons, parlons, établissons des concepts, des théories et laissons libre court à notre imagination.
Le principal problème concernant Dieu, n'est pas Dieu lui-même mais qui en parle. Ainsi Dieu et les textes qui en parle sont présentés comme des textes d'autorité, qui n'ont de sens que cette autorité au lieu d'être vu comme des textes qui ont avant tout du sens et c'est leur sens qui leur confère de l'autorité.
Concernant l'existence de Dieu, je ne peux que constater une chose; on en parle. Or, je sais moi-même que le monde dans lequel je vis est un monde nommé, ce qui n'est pas nommé ne peut avoir d'existence pour moi. Puis, je constate également que le fait de nommer exige que je définisse ce que je nomme; à ceci je dis mais pourquoi Dieu n'est pas défini. Ma réponse est que justement en définissant ce que je nomme, je participe à son existence; d'une certaine manière j'en deviens responsable, il ne peut évidemment pas en être de même concernant Dieu. La difficulté pour traduire cette notion vient de notre vocabulaire; nous sommes limités; nos ancêtres ont essayé en créant par exemple une écriture spécifique pour les dieux ou différenciant les supports d'écritures; la pierre pour les dieux et le support altérables pour les hommes mais l'homme marquait toujours de sa main les divinités.
Je crois en fait, que l'idée de Dieu peut se traduire ainsi.
Dieu est le pouvoir, la vérité; ce pouvoir et cette vérité ne peuvent être détenus par les hommes; ce qui libère l'homme à la fois d'exercer tout pouvoir ou de s'y soumettre. Dans la mesure où ce pouvoir ne peut être entre les mains des hommes; ils ne peuvent pas non plus le représenter.
En clair, je ne perçois pas la bible comme un livre d'autorité morale, mais comme un livre qui donne un sens aux conflits humains et par conséquent comment y remédier.
La première chose que je crois percevoir dans ce texte est de nous rappeler que l'humanité ne vit que dans deux temps, le passé et le présent, le futur est entre les mains de Dieu. Le passé est lié au peuple, le présent à l'individu; l'un n'existe pas sans l'autre et donc lorsqu'on les sépare ils meurent (au sens biblique du terme).
Un individu, tel que nous le sommes n'a d'existence que celle que son peuple et donc sa culture lui reconnait; un peuple n'a d'existence que celle que les inidividus qui le composent, célèbrent.
Pour moi, la génèse à travers le péché d'Eve dit que la volonté égocentrique de l'individu entraine la mort tant de l'individu lui-même que celle de son peuple. Ainsi, les faux dieux créés de mains d'hommes expriment la volonté de quelques individus de se placer au-dessus du peuple, Dieu lui est de toute manière déjà au-dessus de nous; nous n'avons donc pas à l'y placer mais juste à ne pas l'oublier.
Cette simple notion qu'il existe une vérité et une seule, est une évidence intellectuelle pour moi, le fait de ne pas me soumettre à d'autres pseudos vérités est donc une nécessité. Le problème est que nos religions ne sont maintenant que des moyens détournés d'établir de fausses vérités et donc de placer le peuple sous la soumission de quelques individus.
Tout n'est qu'une question de vocabulaire, l'athée ou l'anticlerical de base est persuadé qu'il ne peut exister qu'une vérité, en appelant cette vérité Dieu; l'athée renonce à cette vérité pour l'unique raison que le nom et ceux qui en parlent ne lui conviennent pas.
Le fait que je parle de Dieu est suffisant pour affirmer que Dieu existe.