Bonjour Petrus,
Je suis très touchée par ce que tu dis, c'est beau et profond... je te rejoins sur beaucoup de points, pas sur tous néanmoins...
Considérez un instant de bien être. Un morceau de chocolat, une voix amicale, la chaleur du soleil sur la peau, ou bien le doux bruit des cigales, par exemple. Tentez de saisir cet instant éphémére, d'en sentir la beauté, la profondeur, la fragilité, la... magie propre, oui. Jusque là, il m'étonnerait que nous différions.
Considérez maintenant l'idée que cet instant privilégié s'inscrit dans un plan à l'échelle céleste, qu'il n'existe que pour servir un grand dessein, qu'il est un moyen pour un but ultérieur. Plus encore, développez l'idée en ceci que s'il en était autrement, alors cet instant serait sans valeur, voire maléfique. C'est là que nous différons. Car une telle idée est pour moi... inique, abjecte, infame, une insulte à la magie de cet instant.
Je suis chrétienne, mais je ne crois pas cela...
Je crois que ce que tu décris : cet instant privilégié, est gratuit. Je crois qu'il est là pour la joie de celui qui sait, (peut ?) en jouir... Je crois qu'il est à disposition pour celui qui voudra bien s'en saisir, qu'il sert au bonheur de celui qui le saisit et le vit...
Si aucun droit sur ma vie ne revient à des mortels ayant gaspillé pour moi un capital périssable, pourquoi devrais je me considérer comme l'instrument d'un être qui donne sans perdre?
Je ne crois pas, personnellement, que Dieu prétende avoir des droits sur nous, et je crois sincèrement qu'Il donne sans cesse à perte...
En fait, Il
se donne... Nos parents nous ont donné tout ce qu'ils pouvaient, et c'était beaucoup... Dieu Se donne Lui-même et c'est... monumental ! En effet !
Je n'aime pas le mot "instrument", je ne me considère pas comme un instrument de Dieu, mais comme le reflètant (à de rares moments, hélas !)...
Cependant "je crois en Dieu, et la vie ne sert à rien" semble passer dans la pratique pour une contradiction.
Pourquoi ? Je crois en Dieu, mais je crois aussi que hors ces éphémères moments de magie dont tu parles, la vie est absurde et ne sert à rien...
Ne pourrait-on pas imaginer que "dans la pratique" la vie serve à démontrer combien elle est effectivement belle et bonne, dès lors qu'on la laisse nous atteindre et nous étreindre ?
Inawhen