vic a écrit : ↑25 mai22, 04:17
Très honnêtement , dieu c'est un terme tout aussi creux si tu ne sais pas quoi y mettre dedans .
Quand tu demandes à une personne de définir dieu , elle va te faire un inventaire de tous ses fantasmes .
En réalité , on voit bien qu'elle ne sait pas vraiment de quoi elle cause, mais qu'elle met toute une énergie à se persuader du contraire .C'est quoi la foi sinon ?
La tradition bouddhiste n’a pas changé : « Ainsi dans l’océan de la vie se lèvent des vagues innombrables, toujours mouvantes, dont aucune ne constitue une entité indépendante, existant par elle-même. C’est souvent à l’océan qu’est comparé le Samsara, littéralement, l’errance perpétuelle. Ce processus indéfini de naissance, développement, déclin, mort et renaissance. » Cette succession de mort et renaissance, je la trouve dans un autre verset : « C’est Lui qui vous amène à la vie, qui suscite en vous la vie, puis Il vous fait mourir, puis Il vous fait renaître, mais l’Homme est très ingrat » (ou « voilé »). Al-kufr, c’est le voile. L’Homme est voilé, et quelque part, heureusement, parce que l’Homme ne peut pas supporter l’irradiation divine. C’est pour cela qu’hier, on a dit que les théophanies étaient relatives. On ne peut pas supporter l’irradiation de l’essence divine. Certains ont voulu en faire l’expérience, et en sont revenus aveugles, terrassés. Et non des moindres : Moïse, selon le Coran.
« il n’y a que Dieu » signifie : il n’y a que l’Etre. On retrouve une certaine influence historique néo-platonicienne, avec l’émanatisme : la création émane de Dieu, qui retourne à Lui, dans un flux et reflux du « souffle du Miséricordieux »… L’islam soufi a pris, historiquement, des éléments néo-platoniciens qu’il s’est appropriés. Ce n’est pas un emprunt extérieur, il correspond à la structure coranique elle-même, à la texture coranique. C’est Dieu, nous dit Ibn Arabi, qui sustente les créatures à chaque instant. Et la physique moderne nous dit que nous avons à chaque instant des milliers de cellules qui meurent et d’autres qui naissent. Création sans cesse renouvelée. Sans cesse.
Le monde n’a aucune consistance : nous vivons dans l’illusion, le wahm. Nous vivons dans l’illusion permanente de l’impermanence. C’est un voile suprême, un paradoxe complet. Nous vivons dans l’illusion permanente de l’impermanence. Il me semble que nous sommes proches du mot sanscrit Shunyatâ, qui signifie la vacuité. D’après un livre bouddhiste, « ce terme n’implique pas le néant, mais la reconnaissance que les phénomènes sont dépourvus de nature propre, impermanents, relatifs et conditionnés ». Le Coran parle de la ruse divine. C’est dur à encaisser… Dieu est rusé ! J’imagine la réaction des bouddhistes : « Ah bon, ils ont un Dieu et en plus, Il ruse ! » Et en plus, Il ruse même avec Ses saints ! Dieu ruse avec ses proches, ses intimes ! Et il y a une source scripturaire, la plus belle parole qu’ait dite un poète, un certain Labid : « Toute chose, hormis Dieu, n’est-elle pas illusoire ? » Le Prophète lui-même trouvait que c’était l’essence de la poésie, un sens vrai et pertinent.
Le maître soufi Abu l-Hasan Shadili (1196-1258), fondateur d’une voie initiatique qui a pris corps en Égypte et qui, à partir de là, s’est répandue partout chez les musulmans et, depuis un siècle environ, en Occident aussi disait : « Le soufi est celui qui, en son être intime, considère les créatures comme la poussière qui se trouve dans l’air. Ni existante, ni inexistante. Seul le Seigneur des mondes sait ce qu’il en est. » Il disait aussi : « Nous ne voyons aucunement les créatures » (nous en fait, c’est lui : quand un maître est réalisé, il ne dit plus éponyme de l’une des principales voies initiatiques du soufisme, la shadiliyya. « je », il dit « nous »). « Y a-t-il dans l’univers quelqu’un d’autre que Dieu, le seul réel ? Certes, les créatures existent, mais elles sont tels les grains de poussière dans l’atmosphère, si tu veux les toucher, tu ne trouves rien. »