Écrit par Sheikh ‘Abd Ar-Rahman Ibn Mou' allâ Al-Louwayhîq
Au nom d’Allah, l’Infiniment Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Les savants sont les héritiers des prophètes. Celui qui désire donc acquérir quelque chose de l'héritage prophétique, doit s'asseoir auprès des savants et apprendre d'eux. Celui qui apprend des savants, et qui s'engage sur le chemin de la science, Allah lui facilite le chemin qui mène au Paradis.Abû Hurayra -Qu'Allah soit satisfait de lui- rapporte que le Messager d'Allah -Paix et bénédiction d'Allah sur lui- a dit :
" Quiconque emprunte un chemin dans le but de rechercher une science, Allah lui facilitera un chemin menant au Paradis ".
Rapporté par Ahmad dans son Musnad (325/2) Ad-Darimi dans son Sunan (83/1) Abû Dawud dans son sunan (3641. p317/3) At-Tirmidhi (2684) Ibn Maja (223)
Ce hadith est mentionné sans chaîne de rapporteur par Al-Boukhari (25/1) avec l'expression :
"Quiconque emprunte un chemin en recherchant la science, Allah lui facilitera le chemin qui mène au Paradis" Que celui qui désire les hadiths ayant le même sens et plus de détails se réfère aux Sunan Ad-Darimi (83-85/1) et "Charah As-Sunna" (282/13) et "Fatah Al-Bari" (169/1).
Apprendre auprès des savants est le chemin de la science et la voie par laquelle on devient un savant.Salmân Al-Fârisî - Qu'Allah soit satisfait de lui- a dit :
" les gens demeureront dans le bien tant que le premier restera pour qu'apprenne celui qui vient après lui, ou pour enseigner à ce dernier; si le premier meurt avant d'avoir enseigné à celui qui vient après lui ou avant que ce dernier n'ai appris, alors les gens périront ". Rapporté par Ad-Darimi (78/1).
Abû Darda' -Qu'Allah soit satisfait de lui- a dit : " Qu'arrive-t-il? Je vois vos savants mourir et vos ignorants ne rien apprendre. Apprenez avant que la science ne disparaisse. En réalité, la science disparaîtra avec la mort des savants ".Rapporté par Ad-Darimi (78/1).'Abdallah Ibn Mas'ûd -Qu'Allah soit satisfait de lui- a dit : " En vérité, personne ne naît savant, la science s'acquiert par l'apprentissage ".Rapporté par Al-Hafidh Abû Khaythama dans son livre "Kitab Al-'ilm" (28).
Ainsi, quand les pieux prédécesseurs (Salaf) comprirent ceci, leur avidité pour l'apprentissage auprès des savants, grandit.
'Abd al-Rahmân Ibn Mahdî -Qu'Allah lui fasse miséricorde- a dit : " Quand un homme parmi les savants rencontrait celui qui le dépassait en science, il considérait ce jour comme son jour de butin. Il le questionnait et apprenait de lui. S'ils rencontrait quelqu'un qu'il dépassait en science, il lui enseignait et restait humble devant lui. S'il rencontrait quelqu'un d'égal à lui en science, alors, ils la révisaient et étudiaient ensemble ".
Rapporté par Rama haramazi dans son livre "Li Mouhaddith Al-Fassil" (206).Maymûn Ibn Mahrân -qu'Allah lui fasse miséricorde- a dit : " Les savants de chaque contrée, sont comme mon objet égaré, et sont mon désir quand je ne les retrouve pas. J'ai trouvé la réforme de mon coeur dans le fait de m'asseoir auprès des savants "
.Rapporté par Ibn 'Abdelbar : "Jami' Bayane Al-'ilm wa fadlihi" (49/1).
Les compagnons (du prophète) -Paix et bénédiction d'Allah sur lui - et ceux qui vinrent après eux (al-tabi'in) exhortaient les gens à s'asseoir avec les savants et à leur tenir compagnie.Abû Jouhayfa -Qu'Allah soit satisfait de lui- a dit : " Tiens compagnie aux grands, lie-toi d'amitié aux savants et fréquente les sages ". Rapporté par Ibn 'Abdelbar : "Jami' Bayane Al-'Ilm wa fadlihi" (126/1).Abû Darda' -Qu'Allah soit satisfait de lui- a dit : " fait partie de l'intelligence de l'homme, ses déplacements entre les savants, ses sorties et ses entrées avec eux ".
Rapporté par Ibn 'Abdelbar : "Jami' Bayane Al-'Ilm wa fadlihi" (127/1).
Puis il incombe à l'étudiant d'être patient avec les savants et de contraindre son âme à patienter face à ceux à qui Allah a donné la sagesse.Luqmân a dit à son fils : " Supporte celui qui t'est supérieur en science et celui qui t'es inférieur en science. Ne rejoint le rang des savants que celui qui a été patient avec eux, s'est attaché à eux et a appris de leur science doucement ".
Rapporté par Ibn 'Abdelbar : "Jami' Bayane Al-'Ilm wa fadlihi" (107/1).
Ibn Mâja Al-Qazwînî a dit : " Yahya Ibn Ma'în vint auprés d'Ahmad Ibn Hanbal, alors qu'il se trouvait chez lui. Ach-Châfi'î passa sur sa mule. Alors Ahmad se leva afin de le saluer et le suivit. Il tarda, alors que Yahya demeurait assis. Quand il revint, Yahya lui dit : "Ô Abu 'Abdallah, combien est-ce ? -c'est ainsi dans l'original et peut-être qu'il a dit : "Pourquoi cela?" -. Il répondit : Ne te préoccupes pas de cela : si tu veux (apprendre) le fiqh alors, attache-toi à la queue de cette mule ".Rapporté par Al-Bayhaqi dans son livre " Manaqib Ach-Chafi'i" (252/2) et Mentionné par Adh-Dhahabî dans son livre "As-Sayr" (86-87/10).
Les pieux prédécesseurs (Salafs) ont en vérité, montré le meilleure des exemples dans l'âpreté de la recherche de la science et dans l'effort d'aller apprendre auprès des savants. Leurs récits, cités par Al-Khatîb al-Baghdâdî et par d'autres, dans la description de leurs voyages à la recherche de hadiths, témoignent de cela. Parmi eux il y eut celui qui voyageait et dont le seul désir était d'entendre (et d'apprendre) un seul hadith parmi les hadiths du Messager -Paix et bénédiction d'Allah sur lui-. Lorsque l'un d'entre eux connaissait quelqu'un ayant plus de connaissance que lui, il voyageait et apprenait de lui.
Il y avait parmi les savants des compagnons (du prophète), celui qui disait :" si je connais quelqu'un qui possède plus de connaissance que moi sur le livre d'Allah et que les chameaux peuvent l'atteindre, alors, j'en emprunterais un afin d'aller vers lui ". Il s'agit de 'Abdallah ibn Mas'oud -Qu'Allah soit satisfait de lui- mentionné dans le Sahih d'Al-Boukhari (102/6).
La connaissance islamique est une science que l'on acquiert par apprentissage (auprès des savants), et ne l'acquérir qu'au travers des livres (la lecture) ne suffit pas. Bien plus, limiter l'apprentissage aux livres est un grand malheur. Il en est de même du regroupement des jeunes et des étudiants afin d'étudier entre eux, au lieu d'apprendre chez un savant.Ach-Châfi'î -Qu'Allah lui fasse miséricorde- a dit :" Quiconque apprend à partir des entrailles des livres perd les sentences (de la jurisprudence islamique) ".
Voir Ibn Jama' dans son livre " Tazkira As-Sami' " (87).
Certains des pieux prédécesseurs (Salafs) disaient : " Le plus grand malheur, est d'apprendre à partir des feuillets (Voir Ibn Jama' dans son livre " Tazkira As-Sami' " (87).) " C'est-à-dire acquérir et n'apprendre que de feuillets, autrement dit de livres.On a dit à Abû Hanîfa : " Dans telle mosquée, il y a un cercle d'apprentissage où on discute de fiqh. Il répondit :" Est-ce qu'ils ont une autorité? " (C'est-à-dire un savant) Ils répondirent :" Non ! ". Il dit : " Ils ne connaîtront jamais le fiqh ".
Rapporté par Ibn 'Abdelbar : "Jami' Bayane Al-'Ilm wa fadlihi" (139/1).
Il est important que les gens comprennent qu'il leur incombe d'aller vers les savants, et n'est pas savant, celui qui se présente devant les gens et dit : " Je suis un savant, suivez-moi ! ". Les gens se doivent plutôt, lorsqu'ils aperçoivent un savant, de lui accorder la prééminence et d'apprendre de lui, car les savants musulmans ont tout au long de l'histoire, évité de délivrer des fatawas et d'occuper la première place quand quelqu'un s'en charge convenablement. Ils ne brandissent pas d'étendards, n'invitent pas à des slogans, et ne demandent pas aux gens de les suivre.
Ils n'invitent qu'à suivre la Sunnah du maître des Messagers- Paix et bénédiction d'Allah sur lui- . Voir kitab"Al-'Ulema Hum Ad-Dou'at" (12).
Ibn Abû Layla -Qu'Allah lui fasse miséricorde- a dit : " J'ai rencontré cent vingt compagnons du Messager d'Allah -Paix et bénédiction d'Allah sur lui- parmi les Ansar. Lorsque l'on posait une question sur un cas de jurisprudence à l'un d'eux, celui-ci renvoyait la question à un autre, et ce dernier la renvoyait à un troisième jusqu'à ce qu'elle revienne au premier". Dans une autre version : "Aucun parmi eux ne citait de hadith ou n'était questionné à ce propos - et dans une autre version : à propos de quelque chose -, sans qu'il ne souhaite que son frère réponde à sa place. Et on ne lui demandait pas de prononcer une fatwa sur un sujet sans qu'il ne souhaite que son frère le fit à sa place- ".
Rapporté par Al-Hafidh Abû Khaythama dans son livre "Kitab Al-'Ilm" (21) Rapporté par Ad-Darimi (137. p49/1)
Et quand on dit à 'Alqama après la mort de 'Abdallah : " Ne pourrais-tu pas t'asseoir et enseigner aux gens? Il répondit :"Désirez-vous me précipiter en Enfer? ".Rapporté par Ad-Darimi (109/1).Al-A'mach a dit : " Nous forçâmes Ibrahim à s'asseoir près d'une colonne (pour enseigner aux gens), mais il refusa ".Rapporté par Ad-Darimi (108/1).Assurément, parmi les qualités des savants des pieux prédécesseurs (Salafs) et ceux qui les ont suivis, il y a la parcimonie dans la parole. Ainsi, si tu vois un savant s'asseoir dans une assemblée et ne pas parler, alors, amène-le à parler, car certes, tu réussiras. Et ne donne pas la parole aux ignorants et à leurs semblables, ils égareront les autres.Al-Hasan Al-Basrî -Qu'Allah lui fasse miséricorde- a dit : " En vérité, il arrive qu'un homme reste parmi les gens, et qu'on le prenne pour un bègue alors qu'il n'en est pas un, mais un savant musulman ".
Rapporté par Al-Hafidh Abû Khaythama dans son livre "Kitab Al-'Ilm" (20).
Il apparaît donc évident, à travers ceci, que les gens doivent aller vers les savants, leur donner la première place, les écouter et apprendre d'eux. Et il est important d'élucider ici l'obligation du désir ardent que l'on doit avoir d'apprendre auprès du (savant) dont on a confiance en la religion, et la science : "Car cette science est une religion, alors, regardez de qui vous apprenez votre religion ".Rapporté par Mouslim dans l'introduction de son Sahih (14/1).C'est par leurs sciences que se fait la notoriété des savants, la connaissance étant ce qui les distingue des autres. Lorsque les gens sont dans l'ignorance, ce sont eux qui s’expriment par la connaissance héritée de l Imam des Messagers –Paix et bénédictions d'ALLAH sur eux. On les reconnait à la profonde connaissance qu'ils ont des zones de doutes, zones ou les perspicacités échouent, zones dont n'échappe que celui qu'ALLAH a pourvu de connaissance ou celui qui suit les savants.
Les savants sont comme des montagnes solides, des gens de fermes convictions grâce à leur connaissance. L'Imam Ibn Qayyim Al-Jawzi -qu ALLAH lui fasse miséricorde - a dit :" Certes l'érudit dans la connaissance est celui dont la conviction n'est pas ébranlée fasse aux ambigüités (shahb) innombrables comme les vagues de la mer; l'enracinement de la connaissance le protège des ambigüités. Au contraire, ce gardien de la connaissance et son armée les repoussent ". ("Mouftah Dar-Sa'ada" 140/1)Leur appel a ALLAH -le Très haut- (da'wah), la dépense de leurs temps et les efforts fournis dans la voie d ALLAH, permettent de distinguer les savants. Ils sont reconnus pour leur pratique religieuse et leur crainte d'ALLAH, car ce sont ceux qui Le connaissent le mieux. ALLAH - le Très haut- dit:
« Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah. Allah est, certes, Puissant et Pardonneur. » [Sourate 35 – Verset 28]
Ils se distinguent par leur délaissement de la vie d'ici bas et ses plaisirs. Les gens reconnaissent les savants par ces qualités et d autres que celles-ci. Par conséquent, tout homme reconnu par les gens qui jouissent d'une considération et par les gens de vérité dans la communauté comme savants et guide, est un savant.
L'Imam Sheikh Al-islam Ibn Taymiyya- qu'ALLAH Lui fasse miséricorde - a dit: " Ceux qui sont reconnus dans la communauté pour leur sincérité, de telle sorte que la masse de la communauté fait d'eux l'éloge, ceux là donc font partie des guides vers la voie, et sont des lanternes dans l'obscurité." (Majmou` Al fatwa 43/11)
Et ceci est vrai car les musulmans sont les témoins d'ALLAH sur terres comme le Messager d`Allah - Paix et bénédictions d'ALLAH sur lui - a dit dans un hadith rapporté par Anas Ibn Malik - qu'ALLAH soit satisfait de lui- : " Un cortège funèbre passa, alors les gens firent l'éloge (du mort); le Prophète - Paix et bénédictions d'ALLAH sur Lui - dit alors; " Cela a été mérité !" Puis un second cortège funèbre passa, et les gens désavouèrent le mort ; le prophète - Paix et bénédictions d'ALLAH sur lui - dit alors: " cela a été mérité !", 'Umar lui demanda :" Qu'est ce qui a été mérité ? " Et le prophète - Paix et bénédictions d'ALLAH sur Lui - de répondre :" Celui dont vous avez fait l'éloge a mérité le paradis et celui que vous désavouez, a mérité l'enfer; Vous êtes certes les témoins d'ALLAH sur terre " [rapporté par Boukhari…]. Dans une autre version :" Les croyants sont les témoins d'ALLAH sur terre".
[Rapporté par Boukhari dans son Sahih (185/5)]
L'Imam Malik - qu'ALLAH lui fasse miséricorde - a dit : " Il ne convient pas à un homme se voyant apte à faire une chose, (de la faire) avant de s'être renseigner auprès de celui qui a davantage de connaissance que lui. Je n'ai délivré des fatawa qu'âpres m'être renseigné auprès de Rabi'a et Yahya Ibn Sa'id ; c'est alors qu'ils me l'ont recommandé. S'ils me l'avaient interdit, je m'en serais abstenu ". (Rapporté par Ibn hamdan dans son livre :" Siffat Af-Fatwa wa'l Moustafti.)Les cours, les publications, et les fatawa qu'il délivre sont des preuves de la science du savant.
L'imam Abu Tahir al-Sifli a dit a propos de l'Imam Al-Khattabi :" Lorsqu'une personne juste médite sur les publications de abu Soulayman, le commentateur du livre d'abu Dawud, et prend connaissance du merveilleux style de ses ouvrages, elle trouvera l'affirmation de sa prééminence, de son caractère religieux et du respect qu'il a du dépôt ".Il a en effet, effectué des voyages afin de rechercher des hadiths, a étudié de nombreuses sciences, s'est promener et a publié de nombreuses publications dans différents domaines du savoir".
Ce sont quelque preuve concernant la science d'un savant et son mérite. Les postes qu'ils occupent ne sont pas des preuves de leurs connaissances.Les savants ne se sont pas désignés ou choisi par voie d'élection ou nommés par décret. Il y a eut des savants dans l'histoire de la communauté, dont le nom est notoirement connu et qui sont devenus des imams de la communauté, sans occuper aucune fonctions. L'imam Ahmad et le Sheikh Al-islam Ibn Taymiyya, ne sont que deux exemples de la longue histoire de cette communauté.
Le Sheikh Al-islam Ibn Taymiyya -qu'ALLAH lui fasse miséricorde- a dit :"la fonction et le pouvoir ne font pas de celui qui n'est pas un moujtahid, un savant moujtahid. Si la science et la religion dépendait du pouvoir et la fonction, alors le calife et le sultan seraient les plus dignes d'en parler, et les gens se tourneraient vers eux pour résoudre les difficultés religieuses.
Or il es vrai que le calife et le sultan n'ont jamais eut cette prétention et n'ont pas obligé leur sujet à suivre une parole autre que celle du livre d'ALLAH et de la sounna de son Messager -Paix et bénédictions d'ALLAH sur Lui-. A plus forte raison, celui qui a une position inferieure au sultan ne doit pas dépassé ses limites. (Madjmou` al-fatwa 296-297/27).
Extrait du livre : " comment se comporter envers les savants " de Sheikh ‘Abd Ar-Rahman Ibn Mou' allâ Al-Louwayhîq (Éditions Assia)
Source :
http://nur.al.quran.online.fr