SaN a écrit :L'épistémologie n'est pas applicable pour prouver ou non l'existence de Dieu. Puisqu'elle est l'étude des sciences.
L'épistémologie n'est pas à strictement parler l'étude des sciences. (Ça sent à plein nez la consultation d'un dictionnaire ou de wikipedia à plein nez, ça.) C'est la part de la philosophie analytique qui interroge le champ du connaissable (επιστήμη en grec signifie le savoir, la connaissance). La science est donc un objet de choix pour l'épistémologie, puisqu'elle constitue la méthode de circonscription du réel par excellence. Toutefois elle ne s'y limite pas. Pour ne donner qu'un exemple, Nelson Goodman a montré dans quelle mesure l'art pouvait également, dans certaines conditions, revêtir une dimension épistémique.
En l'occurrence, lorsque des gens affirment quelque chose comme "Je peux passer à travers les murs", "Je vois l'avenir", "Je peux parler à un être invisible, celui-là même qui a créé le monde", l'épistémologie se pose ces questions :
- Sur quelles bases peuvent-ils affirmer ceci ?
- Comment ont-ils construit ces connaissances ?
- Compte tenu du fonctionnement du cerveau, à quelle réalité peuvent renvoyer de tels concepts ?
- Peut-on effectuer un examen de véridicité sur ces assertions ?
- Peut-on effectuer un examen ontologique des objets épistémiques énoncés ?
- etc.
SaN a écrit :De son point de vue, n'existe pas toute chose que l'on ne connait pas. Or on ne connait pas tout et on en est très loin. Donc elle n'est pas fiable dans tout les cas.
Tu ne peux pas être plus éloigné de la compréhension de la nature de l'épistémologie que tu ne l'es actuellement.
Dire que du point de vue de l'épistémologie n'existe pas toute chose que l'on ne connaît pas, c'est répondre à une représentation naïve qui sépare l'existence du sujet.
Je reformule ta phrase pour qu'elle soit exacte : Du point de vue de l'épistémologie, n'existe pas ce dont le sujet connaissant ne peut faire l'expérience de l'ensemble des traits d'objectivation.
Ce à quoi j'ajoute : c'est le sujet qui détermine l'existant, pas le contraire. Lorsque le sujet prononce une hypothèse, il annonce un projet ontologique.
Dans le cas de dieu, pour ne plus rendre ce projet contradictoire, il faudrait réduire son concept à un seul de ses traits qui le constitue (par exemple dieu en tant qu'origine du monde), ce qui dissout son existence (si on peut envisager une origine du monde, quoi que cela puisse vouloir dire, il n'est épistémologiquement pas tenable de dire que cette "origine" est douée de pensée, qu'elle écoute les prières et viole les lois de l'univers pour y répondre, par exemple).
Donc l'épistémologie démontre l'inexistence de dieu non pas par l'incertitude ou la non-connaissance, mais par l'examen de sa cohérence logique.
« Je conçois qu'une Licorne Rose Invisible est actuellement dans cette pièce. La preuve qu'elle existe : on ne la voit pas. » : c'est de la même façon que l'on peut dire que cette Licorne n'existe pas d'un point de vue épistémologique.
Je t'invite pour la quatrième fois à lire ce que j'écris là-bas :
http://www.forum-religion.org/viewtopic ... 50&t=21802
SaN a écrit :Tu disais d'ailleurs.
Alors que d'un autre côté la science nous à appris que les arbres sont apparus sur Terre bien avant que l'homme ne soit. Il ya donc bien un problème quelques part.
Cela confirme surtout à quel point tu n'as pas compris ce que signifie exister ni ce qu'est l'exercice de l'épistémologie.
Je me permets un copié-collé d'une réponse que j'ai faite au même argument : (l'original est là-bas :
http://www.forum-religion.org/post494383.html#p494383 )
Ce que nous appelons "arbre" est une manifestation du réel répondant à des critères qui dépendent totalement de nos capacités (humaines, particulières) de percevoir le monde.
Supposons un atome de carbone au sein d'une molécule de carboxyle à vingt mètres d'un cyprès. Peut-on dire que l'atome de carbone est un élément de ce qui est cet « arbre » ? Assurément non. Mais voilà qu'il pleut et que la molécule est absorbée, puis assimilée par l'arbre et notre atome de carbone se retrouve dans une jeune pousse. Peut-on dire maintenant que l'atome de carbone est un élément de ce qui est cet « arbre » ? Et lorsque cette pousse est croquée par un animal qui passe par là ? L'atome est-il arbre ou animal ? Sans compter que ce que nous appelons atome de carbone peut lui-même subir les mêmes aléas.
Un extraterrestre qui ne percevrait pas les mêmes ondes électromagnétiques que nous, qui n'aurait pas la même structure intellectuelle que nous (la nôtre est de type associatif issu de sa nature neurale), qui ne percevrait pas le temps et l'espace comme nous, etc. pourrait très bien faire de ce que nous appelons "arbre" plusieurs entités distinctes, lesquelles ne se limiteraient d'ailleurs pas à lui. Qui aurait "raison" de l'extra-terrestre ou de nous ? La question n'est pas pertinente car les "arbres" n'existent pas en eux-mêmes mais ils existent seulement pour nous.
Quand on a compris ça, il me semble qu'on a également compris que dieu n'existe pas (épistémologiquement parlant).