Re: Comment décide-t-on ?
Posté : 12 mars10, 23:16
Les théologiens sont des croyants, ils ont juste un bagage intellectuel plus important et une connaissance plus approfondie des textes sacrés. Toute personne dotée d'une autorité religieuse est un théologien. Néanmoins, la grande masse des croyants n'a qu'une connaissance limitée de ses textes sacrés.Pakete a écrit :Pour autant que j'en sache, ce sont les autorités religieuses qui fixent les croyances en fonction de l'époque, et non un théologien qui ne fournit qu'une explication de cette modification.
Ce qui me préoccupe c'est de savoir comment un croyant (et il peut être théologien) fait pour justifier ce que la plus élémentaire morale humaine réprouve, quand cela se trouve dans son texte sacré.
Si j'en crois ce que j'ai lu ici, ces passages sont simplement ignorés. Aucun des trois chrétiens qui a répondu ne connaissait le texte. Il est pourtant assez probable qu'ils ont lu les Actes des Apôtres. E pourtant, leur mémoire n'a rien retenu de ce passage. C'est déjà assez intéressant. Pourquoi n'ont-ils pas retenu ce passage ?
Quand ils se penchent sur l'épisode, ils construisent des exégèses remarquablement similaires. Il y a d'abord une réaction de malaise, puis on charge les victimes et on exonère les agents surnaturels de tout. Quitte à recourir à un argument d'autorité sans fondement comme : notre morale ne permet pas de juger de la moralité d'un agent surnaturel.
Je crois que c'est plus complexe que cela. Il faut, à mon avis, ne pas oublier que les textes sacrés sont tous le résultat de processus similaires. Ils sont d'abord des récits qui ont résisté à la phase de mémorisation orale. C'est-à-dire que ce sont des compilations de récits qui ont été retenus, avec assez peu de déformation. Le fait qu'ils aient résisté à ce tamis est déjà intéressant. Puis, parmi les versions concurrentes de ce récit, l'une d'entre elles a été jugée digne de figurer dans la compilation écrite : deuxième filtrage. Ces deux filtrages donnent des caractères particuliers à ces textes, une sorte de robustesse.Pakete a écrit :Alors le croyant va se planquer derrière si il est incapable d'expliquer ce passage, mais ce n'est pas lui qui lui dicte quoi que ce soit par rapport aux textes (il y a une différence entre "dicter" et "tenter de fournir une explication plausible").
L'histoire d'Anasias et Saphira a eu une version orale, qui a subi les déformations de tout épisode transmis par l'oral. Puis, on l'a écrit, ce qui en a modifié la forme, mais surtout le statut. Enfin, à l'intérieur du corpus des textes sacrés, il est passé inaperçu. Étrange non ? Il est assez important pour mériter d'être transmis à l'oral, puis compilé, mais les croyants ne le retiennent pas. C'est fascinant !
Parmi les exégèses que j'ai lu dans ce fil, seule une me semble avoir eu recours à l'étude de l'épisode par un théologien (celui qui indique que le texte est de Luc). Les autres croyants ont fait avec les moyens du bord. Donc, je pense que les théologiens sont moins importants pour les croyants qu'on ne le pense généralement.Pakete a écrit :Bien sûr que la DC n'a lieu que dans leur tête, mais le fait qu'ils se planquent derrière le théologien en fait partie... La très fameuse "fuite en avant".
Il me semble que n'importe quel humain normal considère que tuer un enfant est immoral. L'agent surnaturel de la Bible commande de tels meurtres à plusieurs reprises. Ce simple exemple montre que le texte sacré a un statut particulier. Bien que la prescription de l'agent surnaturel soit immorale, le texte garde, contre toute évidence, son caractère de norme morale. Pourquoi ?Pakete a écrit :Tout dépend ce que tu appelles "morale"