Le commentaire proposé peut être analysé sous plusieurs angles, notamment l'impertinence de la démarche, mais aussi l'arrogance intellectuelle, l'autoritarisme argumentatif et la posture dogmatique elle-même. Voici une analyse détaillée des biais, sophismes et faiblesses qui s'en dégagent.
Impertinence de la démarche (hors-sujet)
Problème : L'interlocuteur demande à l'autre de fournir un raisonnement le plus "pertinent" qui le contredirait, non pas pour engager un débat constructif, mais pour prouver d'avance qu'il peut le réfuter.
Pourquoi c'est un problème ?
La demande elle-même est impertinente dans la mesure où elle déplace l'objectif du débat. L'objectif d'un débat rationnel est de chercher la vérité ou de mieux comprendre des points de vue opposés. Ici, l'interlocuteur ne cherche pas à comprendre le raisonnement de l'autre, mais à le discréditer à l'avance. Cette posture montre une fermeture intellectuelle qui rend le dialogue stérile.
Pourquoi c'est nuisible au débat ?
Cela montre que l'interlocuteur refuse d'envisager la possibilité d'avoir tort.
La demande est faite de manière rhétorique et manipulatrice, car elle suggère qu'aucun argument ne pourra jamais lui paraître valable.
La conclusion est déjà annoncée avant l'analyse, ce qui rend inutile tout effort de démonstration. On ne peut pas honnêtement évaluer la pertinence d'un raisonnement si l'on a déjà décidé qu'il sera discutable, dogmatique ou faux.
Posture d'autorité intellectuelle et arrogance
Problème : La phrase "je te montrerai en quoi ce qu'il affirme est dogmatique, discutable voire objectivement faux" prétend à une supériorité intellectuelle.
Pourquoi c'est un problème ?
Le locuteur se place dans une posture d’infaillibilité. Il ne propose pas de discuter du raisonnement de l'autre, mais annonce qu'il va démontrer qu'il a raison par avance. Cette posture est problématique, car elle nie la possibilité d'un débat rationnel.
Signes d'arrogance intellectuelle :
Position de surplomb : Le locuteur s'autoproclame juge de la vérité et de la validité des arguments, ce qui ferme la possibilité d'un échange d'égal à égal.
Attitude fermée au dialogue : En annonçant qu'il "montrera" la fausseté du raisonnement, il fait abstraction de la possibilité qu'il puisse se tromper.
Préjugé sur la conclusion : Puisqu'il affirme qu'il montrera que l'affirmation est "objectivement fausse", il prouve qu'il a déjà pris position sans même examiner le contenu du raisonnement.
Argument d'intimidation et manipulation rhétorique
Problème : La demande elle-même est un piège rhétorique. En demandant à l'autre de fournir le "meilleur" raisonnement, il pose un cadre de confrontation où l'autre est placé en position de faiblesse.
Pourquoi c'est un problème ?
La demande de "choisir le raisonnement le plus pertinent" est une manipulation rhétorique subtile. En forçant l'interlocuteur à choisir son "meilleur argument", le locuteur s'accorde la possibilité de déconstruire ce seul argument et d'en conclure que l'ensemble de la position adverse est infondée.
Pourquoi c'est un piège ?
Si l'interlocuteur choisit un argument, le locuteur peut le critiquer isolément et ignorer les autres arguments.
Si l'interlocuteur refuse de choisir, il peut être accusé d'incapacité à défendre sa position.
Le locuteur se positionne comme un arbitre au-dessus du débat, prétendant être en mesure de démontrer la fausseté de n'importe quelle position adverse.
Pourquoi c'est nuisible au débat ?
Cette démarche n'est pas de bonne foi, car elle cherche la victoire rhétorique, et non la vérité. En philosophie et en logique, on cherche à examiner la pertinence des arguments, mais ici, la démarche est orientée vers la disqualification de l'autre.
Sophisme du "Procès d'intention"
Problème : Le locuteur affirme qu'il va "montrer en quoi ce qu'il affirme est dogmatique", avant même d'avoir pris connaissance de l'argument.
Pourquoi c'est un sophisme ?
Un procès d'intention consiste à attribuer à l'adversaire une intention cachée (ici, "dogmatisme") avant même d'avoir analysé ses propos. Cette approche est fallacieuse, car elle discrédite la position avant même de la comprendre.
Pourquoi c'est nuisible au débat ?
Plutôt que d'analyser le fond du raisonnement, on se contente de critiquer l'intention ou le "dogmatisme" supposé de l'interlocuteur.
Cela introduit un biais de confirmation : le locuteur ne cherche plus la vérité, mais seulement des éléments qui confirment son a priori sur le "dogmatisme" de l'autre.
Ce procédé empêche de suspendre son jugement (principe fondamental de l'esprit critique).
Sophisme de la pétition de principe (raisonnement circulaire)
Problème : Le locuteur affirme que l'argument est "dogmatique, discutable, voire faux", ce qui suppose déjà que la conclusion est connue.
Pourquoi c'est un sophisme ?
Il s'agit d'une pétition de principe (raisonnement circulaire), car il présuppose ce qu'il doit démontrer. Plutôt que de prouver que le raisonnement est faux, il affirme sa fausseté par avance, ce qui est illogique.
Exemple du raisonnement circulaire :
On affirme que "l'argument est dogmatique".
Pour prouver qu'il est dogmatique, on montre qu'il ne correspond pas à la position du locuteur.
Puis on conclut qu'il est dogmatique car il ne correspond pas à la position du locuteur.
Pourquoi c'est nuisible au débat ?
Dans une argumentation rigoureuse, il faut justifier la fausseté d'un argument en s'appuyant sur des faits, des principes rationnels ou des contre-exemples. Ici, on ne le fait pas.
Sophisme de la disqualification abusive
Problème : Les expressions "dogmatique", "discutable", "objectivement faux" sont des jugements de valeur non justifiés.
Pourquoi c'est un sophisme ?
C'est une disqualification abusive. Le locuteur se contente d'asséner des jugements négatifs ("dogmatique", "faux"), mais il ne fournit aucune démonstration. Dire que l'argument est "objectivement faux" sans l'expliquer est une affirmation gratuite.
Pourquoi c'est nuisible au débat ?
La disqualification sans argument est un des signes d'un débat non rationnel.
L'adjectif "dogmatique" est souvent utilisé comme une insulte rhétorique pour dévaloriser la position adverse sans la réfuter.
Etc.