L’islam de Jacques Attali : encore des clichés

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La religion musulmane l'Islam, se veut une révélation en langue arabe de la religion originelle d'Adam, de Noé, et de tous les prophètes parmi lesquels elle place aussi Jésus. Ainsi, elle se présente comme un retour à la religion d'Abraham (appelé, en arabe, Ibrahim par les musulmans) du point de vue de la croyance, le Coran le définissant comme étant la voie d'Ibrahim (millata Ibrahim) c'est-à-dire une soumission exclusive à Allah.
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akiles

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L’islam de Jacques Attali : encore des clichés

Ecrit le 12 juin06, 07:34

Message par akiles »

Bonjour tout le monde, voici donc ma première contribution sur ce forum. J'espère que ça se passera bien. --Akiles

M. Attali,
Étant de famille musulmane d'origine maghrébine, à dix sept ans, je savais que cette religion ne conviendrait pas à mes attentes. Je trouvais les chrétiens, pour avoir vécu dans des établissements de soins sous leur responsabilité, beaucoup plus matures en matière de connaissances et d’organisation. Bien que Jésus fut attirant, je n’ai pas pour autant endossé les particularités dogmatiques de leurs croyances. L’islam m’en ayant averti.

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Je reste donc sceptique lorsque je lis sous votre plume: «L'islam, religion de l'individu seul face à Dieu, est libérateur, universel, pur et fraternel; il est parfaitement compatible avec la démocratie, la tolérance et la modernité. C'est en cela qu'il séduit de plus en plus.»

«Pourquoi posez-vous toujours la compatibilité de l’islam et des principes républicains comme préalable? Le catholicisme a été réactionnaire pendant des siècles. C’est en se frottant à la laïcité qu’il a évolué.» Anonyme*

Il aurait été approprié ne nous expliquer ce que vous entendez par là? L'islam est vieux de plus de 1500 ans, il serait facile de justifier vos propos. En outre, que voulez-vous dire par "pur"? Une religion non contaminée par les vices inhérents à la condition matérielle -l'erreur, l'imperfection et la dégradation, entre autres? Ce qui s’apparenterait à un utopisme archaïque. Qu’entendez-vous aussi par "universel"? Ne pas manger de cochon, une condition naturelle et envisageable par tous comme une ascèse purificatrice? Alors que, certainement, l’injonction ne visait qu’une prévention médicale et régionale en rapport avec l’époque. Et enfin, quel sens attribuer à "libérateur"? Un islam capable de vivre en harmonie, sinon à égalité, avec les idolâtres? Et cela à défaut du Coran qui les décrit comme des pécheurs à éviter et voués à l'enfer éternel?!

Pourtant, il suffirait de questionner n’importe
quels musulmans pour ce rendre à l’évidence
que ces critères n’ont pas changé d’un iota,
depuis l’avènement du Prophète.


Vous avez sûrement vos idées là-dessus, mais elles ne sont pas évidentes pour moi qui suit familier avec ces questions. Et j’imagine qu’une bonne partie de vos lecteurs doivent prendre vos ancrages pour de véritables attributs de la religion musulmane. Pourtant, il suffirait de questionner n’importe quels musulmans pour ce rendre à l’évidence que ces critères n’ont pas changé d’un iota, depuis l’avènement du Prophète.


Bernard Guetta, dans le même numéro, m'interpelle de façon similaire quand il écrit que «l'islamisme, qui voudrait fonder la renaissance d'une civilisation autrefois brillante [--], l'islam qui fut rayonnant aussi longtemps qu'il sut s'ouvrir aux autres...» Mais à quel prix devient-elle brillante et jusqu'à quel point tolérante?!? Il semble que nous ayons une perspective historique et sociale différentes. Je cherche en vain ce qui aurait pu vous conforter dans cette idée, mais je ne me souviens pas d’un Islam en pouvoir, assez respectueux des autres peuples aux croyances non musulmanes pour ne pas les diminuer d’une façon quelconque.

Personnellement, je pense que ces discours condescendants rejettent sous le tapis le problème plus fondamental de l'islam; celui de son intolérance viscérale envers les religions païennes et la vacuité spirituelle et philosophique de leurs doctrines. Ils constituent, avec le fanatisme, leur talon d'Achille. Quand des Chrétiens, Bouddhistes ou Hindous font l'apologie de leur foi et des écritures sacrées, je peux suivre, même si je n'adhère pas, leurs raisonnements riches, complexes et, comme vous dites et que je mets entre parenthèses, «universels»; je souligne ainsi la vulgarisation singulière que l'on fait subir à ce vocable. Car «universel», le devient seulement si on adhère strictement aux principes de base de ces religions. Pour le bouddhisme, la non-violence envers les animaux et une vie de renoncement (sexualité comprise); pour le judaïsme et ses branches, l’abjuration des autres dieux; et pour l'hindouisme le fameux brahmanisme rampant dont Bouddha n’est parvenu qu’à critiquer le système inadéquate et néfaste. C’est l’Empereur Ashok qui a réussi l’exploit d’un bouddhisme «universel», sous l’enthousiasme fanatique de cette nouvelle discipline spirituelle qu’il a pris à cœur. Il s’est lancé dans la conversion forcée de toute la péninsule; avec des résultats mitigés, en définitif.

Mais, pour en revenir à l'islam, de quelle spiritualité, philosophie ou théologie faisons-nous allusion plus précisément? Elles sont bien rares ces explications, si elles existent, comparées aux nombres de musulmans dans le monde et capables de s’exprimer clairement. Je n'ai jamais lu d'articles à ce sujet dans votre périodique, ni ailleurs. Je trouve cela assez étrange de la part d'intellectuels de votre trempe d'être aussi indifférent à l’obtention de ces renseignements; ou qu'on ne lise et n'entende -jamais- des débats sérieux sur ces questions, ni que des spécialistes de l'islam ne nous rendent disponibles des travaux éclairants en ce domaine. Ce n'est pourtant pas ces échanges qui manquaient, «autrefois» durant «l'islam brillant et rayonnant». Mais qu'en était-il du contenu et des conditions de ces échanges?

Pourquoi tant de laxisme à ce sujet, alors que nous avons un besoin pressant de mettre les points sur les i. L'Occident doit se faire une opinion sans préjugés pour la préparer à cette montée religieuse quasi aveugle à la condition humaine. «Car si ces nouvelles recrues de l’islam, écrit Patrick Haenni, ont abandonné leurs revendications d’État islamique et de justice sociale, elles n’ont rien cédé en revanche de leur rigueur morale. Elles fustigent la pluralisation des modes de vie.»

Il s’agit aussi de montrer aux musulmans qu'ils doivent présenter plus sérieusement leurs croyances s'ils veulent la "partager".

Abdennour Bidar, professeur de philosophie et pieux musulman, propose une solution radicale mais pleine de bons sens, lit-on dans le dossier sur l’islam en France : Il faut «déclarer caducs tous les versets du Coran guerriers, incompatibles avec les valeurs des droits de l’homme, discriminatoires contre les femmes, les juifs, les chrétiens, les non-croyants, et appelant à la violence du djihad.»

suite. . .

Morpho

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Ecrit le 18 juin06, 06:34

Message par Morpho »

Bien que Jésus fut attirant, je n’ai pas pour autant endossé les particularités dogmatiques de leurs croyances. L’islam m’en ayant averti.
ça aussi ce sont des clichés, akiles.

Tu dénonces les clichés en répondant par des clichés...

C'est pas comme cela que la connaissance et le respect interconfessionnel avancera...

akiles

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Re: L’islam de Jacques Attali : encore des clichés

Ecrit le 07 juil.06, 07:17

Message par akiles »

à un internaute (virtuel)

J’ai lu attentivement ton message. Rédigé avec sincérité et tact, je n’y ai rien trouvé, cependant, de nouveau à l’argumentation que j’oppose à Attali. Je te réponds tout de même. Tu m’as plu. Tu a écrit:

« à 17 ans on devrait être capable de différencier entre islam et musulmans, et entre chrétiens et christianisme ; avant de "savoir" si une quelconque religion conviendrait ou non à ses attentes.. »

Il se trouve qu’à 52 ans j’ai toujours les mêmes convictions. Cela en dit long sur ma raison.

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« l'islam n'est pas la démocratie (qui n'est pas aussi universelle que çà), mais il a beaucoup de points communs avec, plus qu'on peut imaginer. »

Ma critique ne fait pas appel à «ce que l’on peut imaginer » mais aux faits. En outre, des points communs, on en retrouve partout. Par exemple, bien que l’homme soit différent du chien, tous deux s’accouplent, pleurent, courent et mordent. Il ne suffit donc pas d’affirmer qu’il y a des similitudes entres deux entités mais de démontrer leurs importances relationnelles pour permettre au monde d’en juger plus sereinement.

« alors là, au sujet des débats sur l’islam, des pages et des pages ne suffiraient pas à expliquer, les discussions abondent sur ces questions entre non musulmans, et entre musulmans et non musulmans (je parle des spécialistes).»

Quelques paragraphes bien ciblés m’auraient suffit. S’ils existent ces débats, on aimerait pouvoir s’en faire une opinion par soi-même. Il est désolant de voir à quel point mes interlocuteurs sont fainéants quand il s’agit de faire leurs devoirs à ce sujet.

«il faut déjà savoir ceci: l'islam appelle à sa propre réforme (pas à sa déforme), dans le cadre d'un dialogue islamo-islamique, et entre musulmans et non musulmans.»

À l’ère du fibre optique, les réformes sont plutôt leeeeeentes !
En vérité, ces velléités de changement sont «forcées» par la mondialisation, les Droits de l’homme et la virulence de la pensée fondamentale musulmane. Cette dernière étant l‘handicap majeur aux quelconques tentatives de réformes volontaires de ces pays incapables de regarder les choses en face et de se prendre en main. Il est grand temps de se demander pourquoi ?

«il y a des versets qui font évoluer ou même carrément "annuler" des versets apparus précédemment, en fonction des circonstances, de la persistance ou non de motifs de prohibition par exemple, etc.. (idem pour les hadiths) et çà c'est un message aux musulmans. »

Effectivement, il y a un problème d’assimilation de la part des musulmans. C’est là -le- problème.

«l'islam est très tolérant envers les autres religions, personne n'est forcé de rentrer à l'islam ou de changer sa culture. »

Ah !?! . . . Mais il aurait fallu que tu nous donnes des exemples historiques et théologiques pour pouvoir adhérer à tes convictions. Dit franchement, cela manque de fondement. La culture, surtout en islam, inclut la religion de façon indissociable. Reste à démontrer qu’il en a été autrement en certaines circonstances et qu’il est possible de répéter ces soi-disant conditions d’entente entre la laïcité et la religion. Personnellement, je ne connais pas de telles réalités, passées ou présente pendant laquelle l’islam était en pouvoir.

« il y a écrit dans le coran que si un musulman veut appeler à la voie de Dieu, il doit le faire d'une bonne manière, avec sagesse, responsabilité, et respect. »

Qui détermine ce qu’est -la- voie de Dieu ? Qu’est-ce que la voie de Dieu ? Qu’est-ce que Dieu ? Serait-ce le déisme ? Le monisme? Le panthéisme ? La lumière ? La félicité? Moi? Le soleil? Vishnou? Shiva? Jéhovah? Le cosmos? Jésus? Manitou, la thermo-dynamique, etc; etc. Mais voilà un exemple lu dans le N. Obs, assez banal et succinct en ce qui me concerne, d’explications rationnelles que j’aimerai lire de la part des défenseurs d’un islam potentiellement spéculatif et dévotionnel:

«La nouvelle problématique des Lumières est alors perçue en lien avec les analogies sinon les prémisses que la tradition islamique pouvait proposer. Ainsi, le déisme et la tolérance prêchés par la nouvelle Europe ont rencontré l’écho de l’akbarisme, qui structurait l’élite ottomane, arabe et persane.
L’akbarisme était la théorie métaphysique et morale extraite des textes écrits par le théosophe andalou Ibn Arabi (1165-1240), lequel a diffusé sa conception de l’unicité de l’Etre. qui réoriente la croyance islamique vers une forme de déisme immanentiste doublé de relativisme religieux, rendant encore plus systématique le relativisme coranique, en allant jusqu’à accorder crédit et part de vérité à toute forme de croyance fût-elle des plus païennes.»


« la civilisation musulmane était brillante quand elle était ouverte aux autres religions, quand la philosophie y était florissante, une période singulière de tolérance et de rencontre science-religion. je conseille de voir le documentaire "quand le monde parlait arabe" ou "l'âge d'or de l'islam", qui montre l'avance et le grand développement qu'avait connu le monde musulman il y a des siècles, dans divers domaines. »

Ce n‘est pas de «l’avance» (et par rapport à qui? à la Chine?) ni de la science que je remets en question ici, mais de la tolérance de l’islam, de sa soi-disant ouverture aux autres religions!? Et je spécifiais: «brillantes, mais à quel prix!» Dans mon message précédent, j’ai déjà donné mes objections sur le sujet. Si tu as des informations supplémentaires, fais-nous en part, mais s.t.p ne m’obliges pas à me répéter. Aussi, de me référer comme tu le proposes à des sources qui, supposément, m’apporteraient des éclaircissements n’est pas une idée qui m’emballe. Tu devrais plutôt nous fournir des extraits, de là on jugera plus facilement.

« c'est vrai qu'on n'entend pas assez la voix de la plupart des intellectuels musulmans, malheureusement, mais pour celui qui veut découvrir sérieusement l'histoire de l'islam et des musulmans, il trouvera une grande richesse philosophique, et une très forte charge spirituelle.»

Parce que tu penses que je ne suis pas sérieux? Dois-je te croire sur parole? Il y a dorénavant un procédé dialectique et scientifique pour étayer ces allégations, sinon elles paraissent gratuites en premier abord.

« il faut bien interpréter les versets, les mettre dans leur contexte historique, savoir quels motifs sont en relation avec leur contenu, et réfléchir à quoi il est juste d'appeler à notre époque »

J’en conclue que les musulmans ne réfléchissent pas beaucoup. De toute façon, je pense que sur ce point tu es d’accord avec moi, et cette défaillance de la pensée englobe pratiquement toute les sociétés musulmanes à travers le monde, aujourd’hui. Les autres religions ne font guère beaucoup mieux. Il y a bien quelques voix qui s’élèvent contre une lecture littérale du Coran mais encore là rien de convainquant. Cependant, l’effort est appréciable.
Akiles, à suivre. . .

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