L’islam de Jacques Attali : encore des clichés
Posté : 12 juin06, 07:34
Bonjour tout le monde, voici donc ma première contribution sur ce forum. J'espère que ça se passera bien. --Akiles
M. Attali,
Étant de famille musulmane d'origine maghrébine, à dix sept ans, je savais que cette religion ne conviendrait pas à mes attentes. Je trouvais les chrétiens, pour avoir vécu dans des établissements de soins sous leur responsabilité, beaucoup plus matures en matière de connaissances et d’organisation. Bien que Jésus fut attirant, je n’ai pas pour autant endossé les particularités dogmatiques de leurs croyances. L’islam m’en ayant averti.
Je reste donc sceptique lorsque je lis sous votre plume: «L'islam, religion de l'individu seul face à Dieu, est libérateur, universel, pur et fraternel; il est parfaitement compatible avec la démocratie, la tolérance et la modernité. C'est en cela qu'il séduit de plus en plus.»
«Pourquoi posez-vous toujours la compatibilité de l’islam et des principes républicains comme préalable? Le catholicisme a été réactionnaire pendant des siècles. C’est en se frottant à la laïcité qu’il a évolué.» Anonyme*
Il aurait été approprié ne nous expliquer ce que vous entendez par là? L'islam est vieux de plus de 1500 ans, il serait facile de justifier vos propos. En outre, que voulez-vous dire par "pur"? Une religion non contaminée par les vices inhérents à la condition matérielle -l'erreur, l'imperfection et la dégradation, entre autres? Ce qui s’apparenterait à un utopisme archaïque. Qu’entendez-vous aussi par "universel"? Ne pas manger de cochon, une condition naturelle et envisageable par tous comme une ascèse purificatrice? Alors que, certainement, l’injonction ne visait qu’une prévention médicale et régionale en rapport avec l’époque. Et enfin, quel sens attribuer à "libérateur"? Un islam capable de vivre en harmonie, sinon à égalité, avec les idolâtres? Et cela à défaut du Coran qui les décrit comme des pécheurs à éviter et voués à l'enfer éternel?!
Pourtant, il suffirait de questionner n’importe
quels musulmans pour ce rendre à l’évidence
que ces critères n’ont pas changé d’un iota,
depuis l’avènement du Prophète.
Vous avez sûrement vos idées là-dessus, mais elles ne sont pas évidentes pour moi qui suit familier avec ces questions. Et j’imagine qu’une bonne partie de vos lecteurs doivent prendre vos ancrages pour de véritables attributs de la religion musulmane. Pourtant, il suffirait de questionner n’importe quels musulmans pour ce rendre à l’évidence que ces critères n’ont pas changé d’un iota, depuis l’avènement du Prophète.
Bernard Guetta, dans le même numéro, m'interpelle de façon similaire quand il écrit que «l'islamisme, qui voudrait fonder la renaissance d'une civilisation autrefois brillante [--], l'islam qui fut rayonnant aussi longtemps qu'il sut s'ouvrir aux autres...» Mais à quel prix devient-elle brillante et jusqu'à quel point tolérante?!? Il semble que nous ayons une perspective historique et sociale différentes. Je cherche en vain ce qui aurait pu vous conforter dans cette idée, mais je ne me souviens pas d’un Islam en pouvoir, assez respectueux des autres peuples aux croyances non musulmanes pour ne pas les diminuer d’une façon quelconque.
Personnellement, je pense que ces discours condescendants rejettent sous le tapis le problème plus fondamental de l'islam; celui de son intolérance viscérale envers les religions païennes et la vacuité spirituelle et philosophique de leurs doctrines. Ils constituent, avec le fanatisme, leur talon d'Achille. Quand des Chrétiens, Bouddhistes ou Hindous font l'apologie de leur foi et des écritures sacrées, je peux suivre, même si je n'adhère pas, leurs raisonnements riches, complexes et, comme vous dites et que je mets entre parenthèses, «universels»; je souligne ainsi la vulgarisation singulière que l'on fait subir à ce vocable. Car «universel», le devient seulement si on adhère strictement aux principes de base de ces religions. Pour le bouddhisme, la non-violence envers les animaux et une vie de renoncement (sexualité comprise); pour le judaïsme et ses branches, l’abjuration des autres dieux; et pour l'hindouisme le fameux brahmanisme rampant dont Bouddha n’est parvenu qu’à critiquer le système inadéquate et néfaste. C’est l’Empereur Ashok qui a réussi l’exploit d’un bouddhisme «universel», sous l’enthousiasme fanatique de cette nouvelle discipline spirituelle qu’il a pris à cœur. Il s’est lancé dans la conversion forcée de toute la péninsule; avec des résultats mitigés, en définitif.
Mais, pour en revenir à l'islam, de quelle spiritualité, philosophie ou théologie faisons-nous allusion plus précisément? Elles sont bien rares ces explications, si elles existent, comparées aux nombres de musulmans dans le monde et capables de s’exprimer clairement. Je n'ai jamais lu d'articles à ce sujet dans votre périodique, ni ailleurs. Je trouve cela assez étrange de la part d'intellectuels de votre trempe d'être aussi indifférent à l’obtention de ces renseignements; ou qu'on ne lise et n'entende -jamais- des débats sérieux sur ces questions, ni que des spécialistes de l'islam ne nous rendent disponibles des travaux éclairants en ce domaine. Ce n'est pourtant pas ces échanges qui manquaient, «autrefois» durant «l'islam brillant et rayonnant». Mais qu'en était-il du contenu et des conditions de ces échanges?
Pourquoi tant de laxisme à ce sujet, alors que nous avons un besoin pressant de mettre les points sur les i. L'Occident doit se faire une opinion sans préjugés pour la préparer à cette montée religieuse quasi aveugle à la condition humaine. «Car si ces nouvelles recrues de l’islam, écrit Patrick Haenni, ont abandonné leurs revendications d’État islamique et de justice sociale, elles n’ont rien cédé en revanche de leur rigueur morale. Elles fustigent la pluralisation des modes de vie.»
Il s’agit aussi de montrer aux musulmans qu'ils doivent présenter plus sérieusement leurs croyances s'ils veulent la "partager".
Abdennour Bidar, professeur de philosophie et pieux musulman, propose une solution radicale mais pleine de bons sens, lit-on dans le dossier sur l’islam en France : Il faut «déclarer caducs tous les versets du Coran guerriers, incompatibles avec les valeurs des droits de l’homme, discriminatoires contre les femmes, les juifs, les chrétiens, les non-croyants, et appelant à la violence du djihad.»
suite. . .
M. Attali,
Étant de famille musulmane d'origine maghrébine, à dix sept ans, je savais que cette religion ne conviendrait pas à mes attentes. Je trouvais les chrétiens, pour avoir vécu dans des établissements de soins sous leur responsabilité, beaucoup plus matures en matière de connaissances et d’organisation. Bien que Jésus fut attirant, je n’ai pas pour autant endossé les particularités dogmatiques de leurs croyances. L’islam m’en ayant averti.
Je reste donc sceptique lorsque je lis sous votre plume: «L'islam, religion de l'individu seul face à Dieu, est libérateur, universel, pur et fraternel; il est parfaitement compatible avec la démocratie, la tolérance et la modernité. C'est en cela qu'il séduit de plus en plus.»
«Pourquoi posez-vous toujours la compatibilité de l’islam et des principes républicains comme préalable? Le catholicisme a été réactionnaire pendant des siècles. C’est en se frottant à la laïcité qu’il a évolué.» Anonyme*
Il aurait été approprié ne nous expliquer ce que vous entendez par là? L'islam est vieux de plus de 1500 ans, il serait facile de justifier vos propos. En outre, que voulez-vous dire par "pur"? Une religion non contaminée par les vices inhérents à la condition matérielle -l'erreur, l'imperfection et la dégradation, entre autres? Ce qui s’apparenterait à un utopisme archaïque. Qu’entendez-vous aussi par "universel"? Ne pas manger de cochon, une condition naturelle et envisageable par tous comme une ascèse purificatrice? Alors que, certainement, l’injonction ne visait qu’une prévention médicale et régionale en rapport avec l’époque. Et enfin, quel sens attribuer à "libérateur"? Un islam capable de vivre en harmonie, sinon à égalité, avec les idolâtres? Et cela à défaut du Coran qui les décrit comme des pécheurs à éviter et voués à l'enfer éternel?!
Pourtant, il suffirait de questionner n’importe
quels musulmans pour ce rendre à l’évidence
que ces critères n’ont pas changé d’un iota,
depuis l’avènement du Prophète.
Vous avez sûrement vos idées là-dessus, mais elles ne sont pas évidentes pour moi qui suit familier avec ces questions. Et j’imagine qu’une bonne partie de vos lecteurs doivent prendre vos ancrages pour de véritables attributs de la religion musulmane. Pourtant, il suffirait de questionner n’importe quels musulmans pour ce rendre à l’évidence que ces critères n’ont pas changé d’un iota, depuis l’avènement du Prophète.
Bernard Guetta, dans le même numéro, m'interpelle de façon similaire quand il écrit que «l'islamisme, qui voudrait fonder la renaissance d'une civilisation autrefois brillante [--], l'islam qui fut rayonnant aussi longtemps qu'il sut s'ouvrir aux autres...» Mais à quel prix devient-elle brillante et jusqu'à quel point tolérante?!? Il semble que nous ayons une perspective historique et sociale différentes. Je cherche en vain ce qui aurait pu vous conforter dans cette idée, mais je ne me souviens pas d’un Islam en pouvoir, assez respectueux des autres peuples aux croyances non musulmanes pour ne pas les diminuer d’une façon quelconque.
Personnellement, je pense que ces discours condescendants rejettent sous le tapis le problème plus fondamental de l'islam; celui de son intolérance viscérale envers les religions païennes et la vacuité spirituelle et philosophique de leurs doctrines. Ils constituent, avec le fanatisme, leur talon d'Achille. Quand des Chrétiens, Bouddhistes ou Hindous font l'apologie de leur foi et des écritures sacrées, je peux suivre, même si je n'adhère pas, leurs raisonnements riches, complexes et, comme vous dites et que je mets entre parenthèses, «universels»; je souligne ainsi la vulgarisation singulière que l'on fait subir à ce vocable. Car «universel», le devient seulement si on adhère strictement aux principes de base de ces religions. Pour le bouddhisme, la non-violence envers les animaux et une vie de renoncement (sexualité comprise); pour le judaïsme et ses branches, l’abjuration des autres dieux; et pour l'hindouisme le fameux brahmanisme rampant dont Bouddha n’est parvenu qu’à critiquer le système inadéquate et néfaste. C’est l’Empereur Ashok qui a réussi l’exploit d’un bouddhisme «universel», sous l’enthousiasme fanatique de cette nouvelle discipline spirituelle qu’il a pris à cœur. Il s’est lancé dans la conversion forcée de toute la péninsule; avec des résultats mitigés, en définitif.
Mais, pour en revenir à l'islam, de quelle spiritualité, philosophie ou théologie faisons-nous allusion plus précisément? Elles sont bien rares ces explications, si elles existent, comparées aux nombres de musulmans dans le monde et capables de s’exprimer clairement. Je n'ai jamais lu d'articles à ce sujet dans votre périodique, ni ailleurs. Je trouve cela assez étrange de la part d'intellectuels de votre trempe d'être aussi indifférent à l’obtention de ces renseignements; ou qu'on ne lise et n'entende -jamais- des débats sérieux sur ces questions, ni que des spécialistes de l'islam ne nous rendent disponibles des travaux éclairants en ce domaine. Ce n'est pourtant pas ces échanges qui manquaient, «autrefois» durant «l'islam brillant et rayonnant». Mais qu'en était-il du contenu et des conditions de ces échanges?
Pourquoi tant de laxisme à ce sujet, alors que nous avons un besoin pressant de mettre les points sur les i. L'Occident doit se faire une opinion sans préjugés pour la préparer à cette montée religieuse quasi aveugle à la condition humaine. «Car si ces nouvelles recrues de l’islam, écrit Patrick Haenni, ont abandonné leurs revendications d’État islamique et de justice sociale, elles n’ont rien cédé en revanche de leur rigueur morale. Elles fustigent la pluralisation des modes de vie.»
Il s’agit aussi de montrer aux musulmans qu'ils doivent présenter plus sérieusement leurs croyances s'ils veulent la "partager".
Abdennour Bidar, professeur de philosophie et pieux musulman, propose une solution radicale mais pleine de bons sens, lit-on dans le dossier sur l’islam en France : Il faut «déclarer caducs tous les versets du Coran guerriers, incompatibles avec les valeurs des droits de l’homme, discriminatoires contre les femmes, les juifs, les chrétiens, les non-croyants, et appelant à la violence du djihad.»
suite. . .