mansio a écrit :Lorsqu'on fait une datation au carbone 14 on donne le nom du laboratoire où a été fait l'examen puis la date la plus haute et la plus basse trouvée.
Impossible d'avoir ces renseignements à propos du codex du Caire.
Et les manuscrits de Sanaa au Yemen ?
"Le Dr Gerd R. Puin, spécialiste renommé de l'islam à l'université de la Sarre, en Allemagne, affirme quant à lui qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre homogène, demeurée inchangée à travers les âges. Le Coran pourrait inclure des récits antérieurs au prophète Mahomet, qui auraient ensuite été réécrites. Ces conclusions ont provoqué des réactions de colère chez les musulmans orthodoxes. "Ils pensent que ce n'est pas à un universitaire comme moi de faire des remarques sur ces manuscrits", rapporte le Dr Puin.
Ce philologue spécialiste des langues sémitiques, de la calligraphie arabe et de la paléographie coranique a étudié les manuscrits de Sanaa, c'est-à-dire d'anciennes versions du Coran retrouvées à Sanaa, la capitale du Yémen. Ses découvertes ont provoqué une telle controverse que les autorités yéménites l'ont empêché de poursuivre ses recherches.
Il voudrait montrer que les manuscrits apportent un éclairage nouveau sur les premiers développements du Coran en tant qu'ouvrage doté d'une "histoire textuelle", éclairage qui contredit la croyance musulmane fondamentale selon laquelle le Coran constitue l'immuable parole de Dieu.
Ces manuscrits - qui constituent probablement l'exemplaire le plus ancien du Coran - ont été découverts dans l'ancienne grande mosquée de Sanaa en 1972, lors de travaux de rénovation entrepris après de fortes pluies. Cachés dans le grenier au coeur d'un paquet de vieux parchemins et de papiers, ils auraient été jetés sans la vigilance de Qadhi Isma'il al-Akwa, alors président des Autorités yéménites des antiquités. Conscient de leur importance, ce dernier sollicita l'aide internationale afin de les préserver et de les analyser.
Il n'existait jusqu'alors que trois exemplaires du Coran remontant à cette époque. La bibliothèque de Tachkent, en Ouzbékistan, et le musée de Topkapi, à Istanbul, détiennent chacun une copie du VIIIe siècle. Le troisième, le manuscrit de Ma'il, daté de la fin du VIIe siècle, est conservé à la British Library de Londres. Les manuscrits de Sanaa sont plus anciens encore. Leur calligraphie est par ailleurs originaire du Hijaz, la région d'Arabie où vivait le prophète Mahomet :
ces textes sont donc non seulement les plus anciens à avoir été retrouvés, mais ils représentent également l'un des tout premiers exemplaires du Coran.
Puin a constaté des variations textuelles mineures, un ordre inhabituel des chapitres (les sourates), ainsi que des styles de graphie très rares. Il a également remarqué que les parchemins étaient des palimpsestes, c'est-à-dire des manuscrits dont on a effacé le texte initial pour pouvoir en écrire un nouveau.
Fort de ces découvertes, Puin avance que le Coran aurait connu une évolution textuelle. En d'autres termes, l'exemplaire qui est le nôtre ne serait pas celui dont on croit qu'il a été révélé au Prophète.
Vingt-neuf ans après la disparition de Mahomet, sous le règne d'Uthman, le troisième calife musulman, une version standard du Coran a été établie sous la forme d'un livre
en réponse aux variantes orales et écrites divergentes qui circulaient déjà dans l'empire islamique en expansion. Les musulmans affirment que cette révision a été exécutée avec minutie d'après des copies préexistantes du Coran réalisées selon les instructions du Prophète.
Pour les orthodoxes, aucune modification n'a été effectuée depuis la révision d'Uthman. Mais ce principe est remis en cause par les manuscrits de Sanaa, qui lui sont postérieurs de peu."
A suivre....