[Protestant] Inquiétude des paroisses luthériennes
Posté : 10 août06, 05:29
Inquiétude des paroisses luthériennes
Les propositions du Conseil de l’Église évangélique allemande (EKD) pour assurer l’avenir provoquent l’inquiétude des petites communautés
Au cours des vingt dernières années, l’Église évangélique allemande (EKD, réformée) a perdu 3,4 millions de ses membres ! C’est d’abord pour répondre à ce constat que le Conseil de l’EKD, fédérant les 23 Églises luthériennes régionales, a publié, le 6 juillet, un « texte d’impulsion » intitulé « Église de la liberté, perspectives de l’Église évangélique au XXIe siècle ».
Car si cette tendance se poursuit, le nombre des fidèles des paroisses réformées en Allemagne s’élèvera à 17 millions en 2030 (contre 25 millions aujourd’hui) et ses ressources auront diminué de moitié.
Les réformes proposées par l’EKD visent à contrecarrer cette « décroissance », encore aggravée par la baisse démographique que connaît l’Allemagne. « Une réforme active, une restructuration et un nouveau profil du travail de l’Église, la concentration et l’investissement sur les chantiers de l’avenir permettront une nouvelle croissance contre le courant », estime l’évêque Wolfgang Huber, président du Conseil de l’EKD.
Menace sur bon nombre de petites communautés
Ce texte d’impulsion doit lancer le débat dans l’Église à tous les niveaux. Le processus doit se conclure par un « congrès du futur », du 25 au 27 janvier 2006, à Wittenberg, la ville de Luther.
Mais l’une des principales mesures proposées, à savoir le regroupement et la restructuration des Églises régionales (Landeskirche), provoque une levée de bouclier. À l’horizon 2030, le nombre des Églises régionales serait ramené de 23 à 12, ce qui menacerait bon nombre de petites communautés dont les postes de fonctionnaires, locaux et régionaux, pourraient être supprimés. L’Église réformée allégerait ainsi la ramification de ses structures.
« Un avantage irremplaçable pourtant si l’on veut toucher de près les 80 % de nos concitoyens sans confession », souligne Helge Klassohn, président de l’Église régionale d’Anhalt, dans la région de Dessau de l’ancienne RDA. L’Église d’Anhalt regroupe aujourd’hui 55 000 membres et compte 50 pasteurs et 49 salariés laïcs, dans une région où l’écrasante majorité des habitants s’affichent « sans confession ». À l’ouest de l’Allemagne, en Basse-Saxe par exemple, dans la région de Bückeburg, les craintes des « petites Églises » de se voir engloutir par les « grosses » sont identiques.
Les Églises dépendent directement du nombre de leurs fidèles
Les ressources des Églises en Allemagne dépendent directement du nombre de leurs fidèles. En 2004, le budget de fonctionnement de l’EKD s’élevait à environ 10 milliards d’euros, dont 4 milliards provenant de l’impôt religieux perçu par l’État et redistribué ensuite. Cette contribution fiscale chute à mesure que les fidèles « sortent de l’Église ». La diminution de ses ressources ne peut donc que contraindre peu à peu l’EKD à se rogner les ailes.
Pour l’évêque Huber, il reste possible de faire face à ce processus pour « croître contre le courant ». En 2030, le tiers environ des Allemands devrait toujours se reconnaître dans l’Église protestante. Mais le nombre de ceux qui participent aux célébrations et aux services de l’Église, devra avoir doublé.
Selon lui, l’Église évangélique doit pour cela s’adapter au changement actuel des mentalités, profiter du regain d’intérêt pour les religions, de la quête des valeurs de référence et de la recherche d’orientations fiables. « Elle doit cesser de se disperser, de vouloir répondre à tout pour redessiner son profil, en se concentrant sur les domaines essentiels et savoir s’ouvrir vers l’extérieur, sans se satisfaire de la suffisance de ses certitudes. »
Michel VERRIER, à BERLIN
Les propositions du Conseil de l’Église évangélique allemande (EKD) pour assurer l’avenir provoquent l’inquiétude des petites communautés
Au cours des vingt dernières années, l’Église évangélique allemande (EKD, réformée) a perdu 3,4 millions de ses membres ! C’est d’abord pour répondre à ce constat que le Conseil de l’EKD, fédérant les 23 Églises luthériennes régionales, a publié, le 6 juillet, un « texte d’impulsion » intitulé « Église de la liberté, perspectives de l’Église évangélique au XXIe siècle ».
Car si cette tendance se poursuit, le nombre des fidèles des paroisses réformées en Allemagne s’élèvera à 17 millions en 2030 (contre 25 millions aujourd’hui) et ses ressources auront diminué de moitié.
Les réformes proposées par l’EKD visent à contrecarrer cette « décroissance », encore aggravée par la baisse démographique que connaît l’Allemagne. « Une réforme active, une restructuration et un nouveau profil du travail de l’Église, la concentration et l’investissement sur les chantiers de l’avenir permettront une nouvelle croissance contre le courant », estime l’évêque Wolfgang Huber, président du Conseil de l’EKD.
Menace sur bon nombre de petites communautés
Ce texte d’impulsion doit lancer le débat dans l’Église à tous les niveaux. Le processus doit se conclure par un « congrès du futur », du 25 au 27 janvier 2006, à Wittenberg, la ville de Luther.
Mais l’une des principales mesures proposées, à savoir le regroupement et la restructuration des Églises régionales (Landeskirche), provoque une levée de bouclier. À l’horizon 2030, le nombre des Églises régionales serait ramené de 23 à 12, ce qui menacerait bon nombre de petites communautés dont les postes de fonctionnaires, locaux et régionaux, pourraient être supprimés. L’Église réformée allégerait ainsi la ramification de ses structures.
« Un avantage irremplaçable pourtant si l’on veut toucher de près les 80 % de nos concitoyens sans confession », souligne Helge Klassohn, président de l’Église régionale d’Anhalt, dans la région de Dessau de l’ancienne RDA. L’Église d’Anhalt regroupe aujourd’hui 55 000 membres et compte 50 pasteurs et 49 salariés laïcs, dans une région où l’écrasante majorité des habitants s’affichent « sans confession ». À l’ouest de l’Allemagne, en Basse-Saxe par exemple, dans la région de Bückeburg, les craintes des « petites Églises » de se voir engloutir par les « grosses » sont identiques.
Les Églises dépendent directement du nombre de leurs fidèles
Les ressources des Églises en Allemagne dépendent directement du nombre de leurs fidèles. En 2004, le budget de fonctionnement de l’EKD s’élevait à environ 10 milliards d’euros, dont 4 milliards provenant de l’impôt religieux perçu par l’État et redistribué ensuite. Cette contribution fiscale chute à mesure que les fidèles « sortent de l’Église ». La diminution de ses ressources ne peut donc que contraindre peu à peu l’EKD à se rogner les ailes.
Pour l’évêque Huber, il reste possible de faire face à ce processus pour « croître contre le courant ». En 2030, le tiers environ des Allemands devrait toujours se reconnaître dans l’Église protestante. Mais le nombre de ceux qui participent aux célébrations et aux services de l’Église, devra avoir doublé.
Selon lui, l’Église évangélique doit pour cela s’adapter au changement actuel des mentalités, profiter du regain d’intérêt pour les religions, de la quête des valeurs de référence et de la recherche d’orientations fiables. « Elle doit cesser de se disperser, de vouloir répondre à tout pour redessiner son profil, en se concentrant sur les domaines essentiels et savoir s’ouvrir vers l’extérieur, sans se satisfaire de la suffisance de ses certitudes. »
Michel VERRIER, à BERLIN