Que faire quand les données archéologiques...
Posté : 30 mars04, 09:04
Archéologie : Que faire quand les données archéologiques contredisent la Bible? (voxdei)
info transmise par philippe
La controverse autour de l’ossuaire de "Jacques fils de Joseph", a relancé le débat sur le rapport entre l’archéologie et la foi chrétienne. Depuis, le fait qu’il s’agit d’un faux a rallié les suffrages de la plupart des savants. Quelle doit être l’attitude du chrétien face aux trouvailles archéologiques ? Doit-on désormais conclure qu’il n’y a aucune preuve scientifique de l’existence du Christ ? Des siècles durant, la Bible et des documents légués par l’antiquité païenne furent les seules sources des historiens. A ceci s’ajoute l’apport des traditions des divers peuples sur leur passé.
Tout aurait changé, depuis, avec l’apparition de l’archéologie. Des chercheurs comme Finkelstein, non sans une certaine malhonnêteté, vont jusqu’à utiliser exclusivement l’archéologie dans leur approche de l’histoire. On va jusqu’à remettre en cause, l’historicité de certains personnages bibliques comme les patriarches et Jésus, la découverte de l’ossuaire, relayée par la presse internationale, a été présentée comme une première preuve historique de l’existence de Jésus. Ce qui revient à dire que sans la découverte d’un écrit contemporain, nous n’aurions aucune preuve de l’existence historique du Galiléen. Jusqu’à la découverte d’une inscription où il est question de la « maison de David », certains sont allés jusqu’à nier l’existence du roi biblique. Du moins y ont-ils vu un chef local, un peu comme le roi Arthur que la légende a auréolé, et présenté comme le 2ème roi d’Israël et de Juda. Selon certains chercheurs le royaume de David se limitait à la Cité de David et quelques bourgades judéennes. Le royaume unifié n’aurait même pas une quelconque réalité historique.
Un débat biaisé
La Bible n’est pas un livre d’histoire dans le sens que nous l’entendons aujourd’hui. Elle entend informer le croyant sur sa foi. Ceci ne veut pas dire que les faits rapportés par la Bible sont imaginaires, bien au contraire la partie historique de la Bible puise ses sources dans les chroniques et traditions orales de l’époque. Ceci pour dire que la Bible contient des documents historiques. Une approche critique permet de retracer, dans une certaine mesure, l’histoire du Texte Sacré, des différentes sources utilisées dans rédaction des textes tels que nous les connaissons. Le « Chroniste » nous décline ses sources, il prend soin de les citer et d’y renvoyer ses premiers lecteurs : 1Chroniques 29.29-30, 2 Chroniques 29.9-30 ; 12.15 ; 13.22 ; 13.22 ; etc. L’énumération de ces sources comme les mentions aux livres de « Guerres de l’Eternel », du « Juste » témoignent du fait que contrairement à ce que rapportent certains critiques modernes, les rédacteurs sacrés ont utilisé des sources écrites, bien établies.
Il n’est pas anachronique qu’un gamin ait pu fournir une liste écrite des anciens de sa ville à l’époque des Juges. Ceci étant, nous ne devrions pas y chercher de l’histoire, le Chroniste renvoie d’ailleurs ses premiers lecteurs aux chroniques dont il disposait. Son but, celui des auteurs bibliques est, avant tout, de signaler l’intervention de Dieu dans le déroulement de l’histoire et non pas d’éclairer l’historien moderne. En utilisant les sources chroniques dont il disposait, l’historien sacré, l’hagiographe a utilisé des termes en vogue à son époque. Nous renvoyons le lecteur à la déclaration de Chicago, explicite à ce sujet : « Il faut respecter les différences qui existent entre les conventions littéraires des temps bibliques et les nôtres : puisque, par exemple, on acceptait alors comme chose habituelle, qui ne décevait aucune attente, des récits dans un ordre non chronologique et des citations imprécises, nous ne devons pas considérer ces choses comme des fautes quand nous les trouvons chez les écrivains bibliques. Puisqu'on n'attendait pas et qu'on ne cherchait pas une précision totale (dans tel ou tel ordre), ce n'est pas une erreur si elle n'est pas atteinte. » (SUR L'INERRANCE BIBLIQUE 1re Déclaration de Chicago, 28 octobre 1978) .
Faire dépendre l’histoire de l’archéologie, comme le voudrait Finkelstein, apparaît pour nous une hypothèse insoutenable. En effet, beaucoup d’actes que nous posons ne laissent aucune trace archéologique. Les zones où l’écriture ou les témoignages oraux sont absents restent anonymes malgré la découverte de sites archéologiques. Dans ce contexte, le chercheur se trouve obligé d’avancer des hypothèses et de tenter de relier ces découvertes à des traditions ou à des phénomènes linguistiques pour y voir plus clair. Ceci pour dire que l’histoire, ce n’est pas seulement l’archéologie mais aussi d’autres domaines comme la sociologie, la linguistique, l’étude des traditions etc. L’histoire identifie, raconte et tente d’expliquer le récit en utilisant les documents, les informations dont il dispose sur un contexte particulier. L’archéologie ne fait que fournir des matériaux à l’historien.
L’ossuaire et sa valeur historique
Compte tenu de ce fait, avoir voulu faire de l’ossuaire comme une première preuve historique de l’existence de Jésus revient à réduire l’histoire à une archéologie qui peut être subjective. Dans le cas de Jésus, le discours est hypocrite et on pressent une volonté d’avoir voulu tromper le public. D’abord parce que Jésus est localisé dans l’espace et dans le temps par les récits évangéliques.
Les empereurs dont il est question dans la Bible sont connus historiquement. Idem de Pilate et d’Hérode Antipas. Le credo retient que Jésus a « rendu témoignage devant Ponce Pilate dans une belle confession de foi ». Des évangiles écrits dans des contextes distincts et utilisant des matériaux différents confirment ce fait. Luc, qui est dans une certaine mesure, contemporain de Jésus, rappelle qu’il s’est documenté auprès des témoins oculaires. Paul également contemporain de Jésus rapporte avoir été en contact avec Jacques (Galates 1 :19) présenté comme « le frère du Seigneur ». Il s’agit là de documents légués par le premier siècle de notre ère. Il ne s’agit pas de n’importe quelle époque dans la mesure où l’empire romain est, en dépit de l’instabilité des Césars, au faîte de sa puissance. L’empire romain bénéficie d’un réseau routier et de communication extrêmement développé. Le monde connaissait à l’époque un processus de mondialisation. Les représentants des cités grecs qui accompagnaient St Paul pouvaient très vite, en interrogeant les habitants de Jérusalem, se rendre compte du fait que Jésus n’aurait jamais existé. Le fait que la tradition juive si hostile à Christ ne met pas en doute l’historicité de Christ est en soi éloquent.
Face à l’accumulation de ces faits, ne pas vouloir tenir compte de l’historicité de Jésus et chercher des preuves archéologiques supplémentaires, revient à faire de la pseudoscience visant un public avide d’une fausse rationalité.
Que faire des "données archéologiques" qui "contredisent" la Bible ?
La Bible implique le surnaturel et transcende de ce fait le domaine de la recherche scientifique. Ceci n’est pas un fait à circonscrire à notre époque dans la mesure où de nombreux grecs n’arrivaient tout simplement à croire la réalité de la résurrection.
L’archéologie ne traite que des éléments à sa disposition, il n’est pas certain que le surnaturel qui invite à la foi laisse toujours des traces immédiates de son action. A ceci s’ajoute la relativité inhérente à une science inexacte. L’interprétation du fait brut archéologique appelle à une certaine dose de subjectivité. On peut user de ses connaissances archéologiques et ne pas être honnête.
Je lisais dernièrement un article plaidant pour l’adhésion de la Turquie à l’UE. Le fait que des villes historiques comme Antioche se trouvent actuellement en Turquie a été évoqué comme plaidant en faveur de l’ « européinité » de la Turquie. Nous avons ici un exemple des plus explicites de la manipulation de certains « faits » à l’effet d’amorcer une opinion publique qui n’analyse pas ce qui lui est présenté.
Ce qui ressort de la Bible
L’historicité de Jésus sera développée dans un article intitulé "la révélation et l’histoire".
L’archéologie
Loin d’être repoussées, les découvertes archéologiques peuvent nous apporter une meilleure connaissance de la Bible. Ainsi les découvertes archéologiques ont-elles permis aux biblistes de se faire une idée plus précise de la vie des patriarches et des termes spécifiques utilisés dans le Texte Sacré.
L’apport de l’archéologie a révolutionné la traduction biblique notamment en ce qui concerne le NT. Elle nous permet également d’obtenir des variantes du texte massorétique notamment en ce qui concerne le rouleau d’Esaïe. L’archéologie témoigne également de l’enracinement des personnages bibliques dans les contextes dans lesquels les situe l’Ecriture. Si aujourd’hui nous sommes à même d’interpréter mieux les textes bibliques, c’est, sans doute, en partie grâce à l’archéologie. Ceci étant, l’histoire ne se limite pas à l’archéologie, comme nous l’avons dit, mais plutôt à la confrontation de données linguistiques, des traditions, des sources historiques par l’historien.
à suivre...
(voxdei) ajouté le 2003-06-24
info transmise par philippe
La controverse autour de l’ossuaire de "Jacques fils de Joseph", a relancé le débat sur le rapport entre l’archéologie et la foi chrétienne. Depuis, le fait qu’il s’agit d’un faux a rallié les suffrages de la plupart des savants. Quelle doit être l’attitude du chrétien face aux trouvailles archéologiques ? Doit-on désormais conclure qu’il n’y a aucune preuve scientifique de l’existence du Christ ? Des siècles durant, la Bible et des documents légués par l’antiquité païenne furent les seules sources des historiens. A ceci s’ajoute l’apport des traditions des divers peuples sur leur passé.
Tout aurait changé, depuis, avec l’apparition de l’archéologie. Des chercheurs comme Finkelstein, non sans une certaine malhonnêteté, vont jusqu’à utiliser exclusivement l’archéologie dans leur approche de l’histoire. On va jusqu’à remettre en cause, l’historicité de certains personnages bibliques comme les patriarches et Jésus, la découverte de l’ossuaire, relayée par la presse internationale, a été présentée comme une première preuve historique de l’existence de Jésus. Ce qui revient à dire que sans la découverte d’un écrit contemporain, nous n’aurions aucune preuve de l’existence historique du Galiléen. Jusqu’à la découverte d’une inscription où il est question de la « maison de David », certains sont allés jusqu’à nier l’existence du roi biblique. Du moins y ont-ils vu un chef local, un peu comme le roi Arthur que la légende a auréolé, et présenté comme le 2ème roi d’Israël et de Juda. Selon certains chercheurs le royaume de David se limitait à la Cité de David et quelques bourgades judéennes. Le royaume unifié n’aurait même pas une quelconque réalité historique.
Un débat biaisé
La Bible n’est pas un livre d’histoire dans le sens que nous l’entendons aujourd’hui. Elle entend informer le croyant sur sa foi. Ceci ne veut pas dire que les faits rapportés par la Bible sont imaginaires, bien au contraire la partie historique de la Bible puise ses sources dans les chroniques et traditions orales de l’époque. Ceci pour dire que la Bible contient des documents historiques. Une approche critique permet de retracer, dans une certaine mesure, l’histoire du Texte Sacré, des différentes sources utilisées dans rédaction des textes tels que nous les connaissons. Le « Chroniste » nous décline ses sources, il prend soin de les citer et d’y renvoyer ses premiers lecteurs : 1Chroniques 29.29-30, 2 Chroniques 29.9-30 ; 12.15 ; 13.22 ; 13.22 ; etc. L’énumération de ces sources comme les mentions aux livres de « Guerres de l’Eternel », du « Juste » témoignent du fait que contrairement à ce que rapportent certains critiques modernes, les rédacteurs sacrés ont utilisé des sources écrites, bien établies.
Il n’est pas anachronique qu’un gamin ait pu fournir une liste écrite des anciens de sa ville à l’époque des Juges. Ceci étant, nous ne devrions pas y chercher de l’histoire, le Chroniste renvoie d’ailleurs ses premiers lecteurs aux chroniques dont il disposait. Son but, celui des auteurs bibliques est, avant tout, de signaler l’intervention de Dieu dans le déroulement de l’histoire et non pas d’éclairer l’historien moderne. En utilisant les sources chroniques dont il disposait, l’historien sacré, l’hagiographe a utilisé des termes en vogue à son époque. Nous renvoyons le lecteur à la déclaration de Chicago, explicite à ce sujet : « Il faut respecter les différences qui existent entre les conventions littéraires des temps bibliques et les nôtres : puisque, par exemple, on acceptait alors comme chose habituelle, qui ne décevait aucune attente, des récits dans un ordre non chronologique et des citations imprécises, nous ne devons pas considérer ces choses comme des fautes quand nous les trouvons chez les écrivains bibliques. Puisqu'on n'attendait pas et qu'on ne cherchait pas une précision totale (dans tel ou tel ordre), ce n'est pas une erreur si elle n'est pas atteinte. » (SUR L'INERRANCE BIBLIQUE 1re Déclaration de Chicago, 28 octobre 1978) .
Faire dépendre l’histoire de l’archéologie, comme le voudrait Finkelstein, apparaît pour nous une hypothèse insoutenable. En effet, beaucoup d’actes que nous posons ne laissent aucune trace archéologique. Les zones où l’écriture ou les témoignages oraux sont absents restent anonymes malgré la découverte de sites archéologiques. Dans ce contexte, le chercheur se trouve obligé d’avancer des hypothèses et de tenter de relier ces découvertes à des traditions ou à des phénomènes linguistiques pour y voir plus clair. Ceci pour dire que l’histoire, ce n’est pas seulement l’archéologie mais aussi d’autres domaines comme la sociologie, la linguistique, l’étude des traditions etc. L’histoire identifie, raconte et tente d’expliquer le récit en utilisant les documents, les informations dont il dispose sur un contexte particulier. L’archéologie ne fait que fournir des matériaux à l’historien.
L’ossuaire et sa valeur historique
Compte tenu de ce fait, avoir voulu faire de l’ossuaire comme une première preuve historique de l’existence de Jésus revient à réduire l’histoire à une archéologie qui peut être subjective. Dans le cas de Jésus, le discours est hypocrite et on pressent une volonté d’avoir voulu tromper le public. D’abord parce que Jésus est localisé dans l’espace et dans le temps par les récits évangéliques.
Les empereurs dont il est question dans la Bible sont connus historiquement. Idem de Pilate et d’Hérode Antipas. Le credo retient que Jésus a « rendu témoignage devant Ponce Pilate dans une belle confession de foi ». Des évangiles écrits dans des contextes distincts et utilisant des matériaux différents confirment ce fait. Luc, qui est dans une certaine mesure, contemporain de Jésus, rappelle qu’il s’est documenté auprès des témoins oculaires. Paul également contemporain de Jésus rapporte avoir été en contact avec Jacques (Galates 1 :19) présenté comme « le frère du Seigneur ». Il s’agit là de documents légués par le premier siècle de notre ère. Il ne s’agit pas de n’importe quelle époque dans la mesure où l’empire romain est, en dépit de l’instabilité des Césars, au faîte de sa puissance. L’empire romain bénéficie d’un réseau routier et de communication extrêmement développé. Le monde connaissait à l’époque un processus de mondialisation. Les représentants des cités grecs qui accompagnaient St Paul pouvaient très vite, en interrogeant les habitants de Jérusalem, se rendre compte du fait que Jésus n’aurait jamais existé. Le fait que la tradition juive si hostile à Christ ne met pas en doute l’historicité de Christ est en soi éloquent.
Face à l’accumulation de ces faits, ne pas vouloir tenir compte de l’historicité de Jésus et chercher des preuves archéologiques supplémentaires, revient à faire de la pseudoscience visant un public avide d’une fausse rationalité.
Que faire des "données archéologiques" qui "contredisent" la Bible ?
La Bible implique le surnaturel et transcende de ce fait le domaine de la recherche scientifique. Ceci n’est pas un fait à circonscrire à notre époque dans la mesure où de nombreux grecs n’arrivaient tout simplement à croire la réalité de la résurrection.
L’archéologie ne traite que des éléments à sa disposition, il n’est pas certain que le surnaturel qui invite à la foi laisse toujours des traces immédiates de son action. A ceci s’ajoute la relativité inhérente à une science inexacte. L’interprétation du fait brut archéologique appelle à une certaine dose de subjectivité. On peut user de ses connaissances archéologiques et ne pas être honnête.
Je lisais dernièrement un article plaidant pour l’adhésion de la Turquie à l’UE. Le fait que des villes historiques comme Antioche se trouvent actuellement en Turquie a été évoqué comme plaidant en faveur de l’ « européinité » de la Turquie. Nous avons ici un exemple des plus explicites de la manipulation de certains « faits » à l’effet d’amorcer une opinion publique qui n’analyse pas ce qui lui est présenté.
Ce qui ressort de la Bible
L’historicité de Jésus sera développée dans un article intitulé "la révélation et l’histoire".
L’archéologie
Loin d’être repoussées, les découvertes archéologiques peuvent nous apporter une meilleure connaissance de la Bible. Ainsi les découvertes archéologiques ont-elles permis aux biblistes de se faire une idée plus précise de la vie des patriarches et des termes spécifiques utilisés dans le Texte Sacré.
L’apport de l’archéologie a révolutionné la traduction biblique notamment en ce qui concerne le NT. Elle nous permet également d’obtenir des variantes du texte massorétique notamment en ce qui concerne le rouleau d’Esaïe. L’archéologie témoigne également de l’enracinement des personnages bibliques dans les contextes dans lesquels les situe l’Ecriture. Si aujourd’hui nous sommes à même d’interpréter mieux les textes bibliques, c’est, sans doute, en partie grâce à l’archéologie. Ceci étant, l’histoire ne se limite pas à l’archéologie, comme nous l’avons dit, mais plutôt à la confrontation de données linguistiques, des traditions, des sources historiques par l’historien.
à suivre...
(voxdei) ajouté le 2003-06-24