Iran: Les démocrates déçus par l'Europe

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From Da Wu

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Iran: Les démocrates déçus par l'Europe

Ecrit le 07 nov.06, 21:57

Message par From Da Wu »

Les démocrates iraniens déçus par l'Europe
Téhéran DELPHINE MINOUI.
Publié le 08 novembre 2006
Actualisé le 08 novembre 2006 : 08h13


Dans la prison d'Evine, au nord de Téhéran, en 2003, la journaliste canado-iranienne Zahra Kazemi était tuée lors d'une garde à vue.
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Dans la prison d'Evine, au nord de Téhéran, en 2003, la journaliste canado-iranienne Zahra Kazemi était tuée lors d'une garde à vue.
Berhrouz Mehri/AFP.
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La société civile iranienne se sent abandonnée par l'Europe. Elle regrette que la question des droits de l'homme ait été éclipsée par celle du nucléaire.

APPUYÉ à la table de ce petit café parisien, Rouzbeh Mirebrahim sourit. Il respire la tranquillité. C'est la première fois que ce journaliste iranien de 28 ans, plusieurs fois inquiété par les autorités de son pays pour avoir dépassé « les lignes rouges », met les pieds en Europe. « Ce qui m'a frappé, dès mon arrivée, c'est cette sensation de sécurité. Je n'ai pas peur de parler sans avoir à chuchoter », confie le jeune homme, visage fin et petit bouc noir. Mais à l'égard de cette Europe qu'il admire - « symbole de la liberté d'expression » - il entretient pourtant un sentiment amer. Ou plutôt une sensation d'incompréhension : « Les Européens nous ont oubliés. La question des droits de l'homme en Iran est passée à la trappe au profit du dossier nucléaire, qui occupe désormais tous les esprits. »


Résultat : « Loin des projecteurs internationaux, la répression interne se renforce, sans que personne ne lève le petit doigt », s'offusque-t-il. Depuis l'élection du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad, en juin 2005, et malgré les craintes de la société iranienne, le nouveau régime s'est gardé de toucher aux rares échantillons de libertés sociales acquises à l'époque khatamiste : les foulards colorés des femmes, les cafés, les soirées privées.


Mais la police a repris sa chasse aux antennes paraboliques. Et, depuis quelques mois, l'étau se resserre autour des militants pour la démocratie. En septembre, le quotidien libéral, Shargh, a dû mettre la clef sous la porte à cause d'une caricature où la Justice a cru reconnaître le président. Plus récemment, un religieux réformiste prônant la séparation de la religion et du politique, l'ayatollah Boroudjerdi, a été arrêté à son domicile. À l'université, plusieurs étudiants ont été expulsés pour leurs activités politiques.


La lapidation toujours pratiquée


« Le climat politique qui règne dans le pays est très lourd », confie Abdollah Ramezanzadeh, ancien porte-parole du président Khatami, contacté à Téhéran. Son parti réformiste, Mosharekat, dont il est vice-secrétaire général, craint que ses candidats aux futures élections soient disqualifiés par les forces conservatrices qui occupent désormais tous les leviers du pouvoir. « C'est une démocratie en trompe-l'oeil, mais l'Europe ne s'en émeut ! », déplore Rouzbeh Mirebrahimi. Sa déception n'est pas isolée. L'avocate iranienne, Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, - qui recevait, lundi, la Légion d'honneur à Paris -, regrette, elle aussi, que l'Occident ait « mis de côté les droits humains en Iran ».


Face aux critiques des dissidents iraniens, un diplomate européen répond, sous couvert de l'anonymat, que « nous sommes actuellement débordés par le différend nucléaire et nous n'avons pas le temps de suivre d'autres dossiers ». Européens et Américains planchent actuellement sur un programme de sanctions contre l'Iran, suite à son refus de suspendre l'enrichissement de son uranium. Mais, d'après Rouzbeh Mirebrahimi, « ne plus réagir sur la question des droits de l'homme, c'est tomber dans le piège tendu par Téhéran ». Pour lui, « le jeu autour des négociations nucléaires sert de prétexte aux dirigeants iraniens pour étouffer le processus démocratique ».


En 2002, l'Union européenne initia, en fait, un dialogue spécifique sur les droits de l'homme avec l'Iran, indépendamment du processus de négociations sur la question nucléaire mené à partir de 2003. Plusieurs réunions eurent lieu à Téhéran entre membres des ambassades européennes et officiels iraniens, avant d'être suspendus par ces derniers fin 2004. D'après les activistes iraniens, cette période de pression permit de pousser Téhéran à être plus prudent et à annoncer, entre autres, un moratoire sur la lapidation. Mais l'actuel silence international favorise le retour de ce genre de pratiques. C'est pourquoi Rouzbeh Mirebrahimi suggère que « le Parlement européen crée une commission ad hoc, qui publierait régulièrement des communiqués sévères à l'encontre de l'Iran ». En revanche, il ne cache pas son amertume à l'égard des États-Unis. « En votant une aide stupide à l'opposition iranienne de 75 millions de dollars, le Congrès américain n'a fait que renforcer la pression des autorités qui voient des espions partout ! » dit-il.


« Pour l'heure, le silence des Occidentaux incite le régime iranien à continuer de sévir contre sa population », regrette, depuis Téhéran, Abdollah Momeni, un leader étudiant. Et de citer l'exemple d'un de ses camarades, Akbar Mohammadi, et d'un opposant politique récemment morts derrière les barreaux de la prison d'Evine, sans vive réaction internationale. « En 2003, la mobilisation mondiale contre le meurtre de Zahra Kazemi, la journaliste canado-iranienne, a été, pour nous, une véritable protection », se souvient Rouzbeh Mirebrahimi. Il sait de quoi il parle. Dans les mois qui suivirent cet événement tragique, il fut jeté en prison pour ses articles critiques contre le régime. Au bout de quelques semaines, il était finalement libéré sous caution. Deux années sans encombre sont passées. Mais, mauvais signe, le tribunal de Téhéran vient à nouveau de le convoquer, juste au moment où il se trouve en France. « Ne pouvant rentrer à temps au pays pour cette convocation, je risque d'être arrêté à l'aéroport dès mon retour », souffle-t-il. « Si personne ne réagit, je crains le pire », s'inquiète-t-il.

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