Huit histoire qui peuvent faire la fierté des Israéliens.
Posté : 15 nov.06, 09:00
http://www.kh-uia.org.il/index_aliya.html
L'émigration des juifs des nations et dans ce cas-ci des juifs de Russie.
Keren Hayessod Produit par le Département Communication et Marketing Flash de Solidarité
No. 356 - 7.11.06
Perestroïka au pays des Sabras
D'après l'article d'Eli Bardenstein – Maariv 22-9-06
www.nrg.co.il
On trouve, dans tous les milieux, des immigrants venus de l'ex-URSS qui ont remarquablement réussi ● Huit histoires qui peuvent faire la fierté des Israéliens
C'est probablement seulement dans 20 ou 30 ans que nous serons en mesure de mesurer pleinement les effets de la Perestroïka initiée par Mikhaïl Gorbatchev. Il a ouvert le Rideau de fer, permettant ainsi à des centaines de milliers de gens, à l'identité juive bafouée et fragmentée, de déferler dans les rues pastorales de Bat-Yam, Haïfa et Jérusalem. Certains ont la peau claire et d'autres le teint basané, la plupart d'entre eux appartiennent à la communauté juive mais certains sont sans religion et l'on compte même parmi eux un faible pourcentage de chrétiens. Certains sont très instruits et d'autres le sont moins, beaucoup viennent de grands centres culturels comme Moscou, Saint-Pétersbourg ou Riga, alors que d'autres arrivent de régions plus excentrées et de villes comme Belaya-Tserkov, Zolotonosha et Andijan. Ils sont tous devenus citoyens israéliens dès leur arrivée dans le pays.
Qui sont-ils ? Sont devenus de vrais Israéliens ? Sont-ils encore marqués par leur culture russe ? Comme il s'agit d'un énorme groupe humain conscient de sa spécificité et de sa force, parlons-nous ici d'un phénomène social et culturel nouveau, d'un genre inconnu jusqu'à présent dans la région.
Les Juifs ont toujours continué de croire fidèlement au cosmopolitisme maudit, même après qu'ils eurent été abattus dans les vertes vallées d'Ukraine ou asphyxiés dans les cités pastorales de la Pologne occupée. Mais l'Histoire obéit à ses propres lois et un million de nouveaux immigrants venus de l'ex-URSS ont franchi le seuil de l'Etat hébreu depuis le début des années 90. Il est temps de cesser de les distinguer de nous. Ils font partie intégrante de notre peuple comme nous faisons partie de leur communauté. A mesure que nous les intégrons dans notre dur pays, ils nous intègrent aussi. Ils changent et nous devons en faire autant. Ils vivent ici et non dans un Israël qui serait parallèle au nôtre. Ils ne sont pas une espèce rare ou étrangère. Ils mangent et boivent, rient et pleurent, ils ont trois emplois, et parfois seulement deux, travaillant souvent même le samedi soir, et veulent vivre dans la dignité et offrir un avenir à leurs enfants. Exactement comme le Sabra (natif d'Israël) moyen.
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1. Le Prof. Larissa Remennick, 45 ans, chef du département de sociologie de l'université Bar-Ilan
Comme un poisson dans l'eau, au milieu des Israéliens
Le Prof. Remennick a immigré de Moscou avec sa fille en 1991. Elle a dirigé le Département de sociologie et d'anthropologie de l'université Bar-Ilan de 2002 à 2004, et a repris son poste cette année après deux ans d'interruption.
Une Russe en Israël
"Pour tous ceux qui viennent de la civilisation russe soviétique, l'arrivée en Israël représente un véritable choc culturel. Au milieu de ces couleurs, ces sons et ces odeurs, avec cette culture de la rue et cette langue, il m'a fallu du temps pour m'habituer à une nouvelle routine et à la fameuse atmosphère levantine. Mais je me suis acclimatée plus facilement que beaucoup d'autres et j'ai rapidement trouvé du travail dans ma profession. Aujourd'hui, je me sens comme un poisson dans l'eau au milieu des Israéliens."
Le plafond de verre
"J'ai réussi parce que je savais depuis mon plus jeune âge que je quitterais un jour l'Union soviétique. C'est pourquoi j'ai travaillé pour devenir une chercheuse à l'occidentale et j'ai commencé à publier des articles en anglais alors que je vivais encore à Moscou. Mais beaucoup d'immigrants de ma génération ne peuvent pas accéder à des postes de haut niveau parce qu'ils n'ont pas grandi ici. Pour progresser vers le sommet, il faut des relations qui remontent à l'enfance. Les gens ici aident leurs connaissances à trouver du travail et cela représente un obstacle objectif pour les immigrants, qui sont déjà handicapés par la langue. Nous ne pouvons cependant pas oublier que nous sommes des immigrants, et je suis sûre que la seconde génération, celle qui grandit ici, réussira magnifiquement et s'intègrera au sein des élites israéliennes."
Mon rêve
"Je veux que ma fille unique soit heureuse et réussisse, et ce n'est pas si simple. Tout est encore possible pour elle."
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2. Le Dr. Amir Kremer, 50 ans, chirurgien cardiaque principal à l'hôpital Ichilov
Son ambition : des petits-enfants sabras
Lorsque le Dr. Amir Kremer a immigré en Israël, venant de Moscou, en 1990, il se prénommait Vladimir et, à son arrivée dans le pays, son fils lui a choisi le nom d'Amir. Aujourd'hui, le Dr. Kremer est un chirurgien de haut rang dans le service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire de l'hôpital Ichilov de Tel-Aviv.
Un Russe en Israël
"Lorsque nous sommes arrivés en Israël, nous n'avons pas eu l'impression d'être tellement étrangers à ce pays. Nous avons passé nos deux premières semaines chez des proches, au kibboutz Bet Hashita. Ensuite, nous nous sommes installés à Jérusalem, où se tenaient les cours pour les médecins immigrants. Nous habitions à Ramat Sharett, un quartier bourgeois où ne vivaient que des Israéliens, et les enfants se sont très rapidement adaptés à la culture et à la langue. Comme notre travail nous accaparait beaucoup durant ces premières années, nous avons un peu négligé l'éducation russe de nos enfants. Aujourd'hui, ils ne sont pas russes à plus de 5 % et c'est à peine s'ils savent encore la langue. Ils préfèrent la nourriture israélienne et détestent nos "mets ashkénazes", comme ils appellent le borscht et la silodka (hareng) que nous préparons."
Le plafond de verre
"Il existe un plafond de verre naturel parce que la plupart des gens immigrent à un âge relativement avancé. Il leur faut du temps pour se développer et progresser. Je me souviens que lorsque j'ai commencé à travailler à l'hôpital Ichilov, il y avait très peu de russophones. Aujourd'hui, l'établissement est plein d'anciens immigrants qui occupent des postes de responsabilité dans tous les services. Ma femme, qui a passé ses équivalences plus tard que moi, est aujourd'hui la seule femme occupant un poste de directeur à la caisse d'assurance-maladie Clalit. Mon frère est chef du département de chirurgie à l'hôpital Lin de Haïfa. Et il existe encore beaucoup d'autres exemples."
Mon rêve
"Ce dont je rêve de plus en plus, c'est d'avoir des petits-enfants qui soient de vrais Sabras."
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3. Colonel Shlomo (Sanya) Dagan, 41 ans, attaché militaire à l'ambassade d'Israël à Moscou
A Moscou avec le drapeau israélien
Shlomo Dagan a immigré en Israël avec ses parents et sa sœur, en 1973, alors qu'il avait 8 ans. Ils venaient de Kichinev, la capitale de la Moldavie, qui faisait alors partie de l'Union soviétique. Il a rapidement grimpé les échelons de la hiérarchie militaire et a occupé les postes de commandant de régiment dans la brigade Guivati et de commandant de la brigade sud de Gaza. Il est actuellement attaché militaire à l'ambassade d'Israël à Moscou.
Un Russe en Israël
"Je me souviens parfaitement de ma première journée de classe en Israël. On m'a présenté aux autres élèves et on a expliqué à la maîtresse que je ne parlais pas l'hébreu. On lui a aussi indiqué que si je levais la main pendant le cours, cela signifiait que je voulais aller aux toilettes. Après un certain temps, j'ai un jour pris mon courage à deux mains, surmonté ma timidité et levé la main pour répondre à une question. Au lieu de me donner la parole, la maîtresse m'a aussitôt autorisé à sortir pour aller aux toilettes. Mais les choses se sont très vite arrangées.
Mon père, qui avait été exilé en Sibérie par Staline pendant vingt ans avec sa famille, s'est battu pour immigrer en Israël, contre la volonté de ma mère. Il ne supportait pas de vivre en URSS. Je me suis toujours senti plus réservé que les Israéliens nés dans le pays, moins bruyant et plus timide. L'une des principales difficultés que j'ai rencontrées au cours de mon intégration était mon accent, qui m'accompagne d'ailleurs jusqu'à ce jour. Cela vous classe immédiatement dans une certaine catégorie. Je voulais oublier le russe, mais ma mère me forçait à lire les Contes d'Andersen dans cette langue et à en copier chaque jour une page. Elle disait qu'une langue représente un capital et aujourd'hui je reconnais qu'elle avait raison.
Mon travail d'attaché militaire à l'ambassade d'Israël à Moscou m'a permis de fermer la boucle. Je suis parti voilà trente ans et aujourd'hui je suis de retour en tant que colonel de Tsahal. Je me promène partout avec le drapeau israélien sur mon uniforme. C'est fantastique !"
Le plafond de verre
"Je ne pense pas qu'il existe. En fin de compte, il ne faut compter que sur soi-même pour atteindre ses objectifs."
Mon rêve
"Mon rêve est de faire mon travail du mieux que je peux pour promouvoir ici, en Russie, les intérêts de Tsahal, du ministère de la Défense et de l'Etat d'Israël. Et plus tard ? Cela dépendra d'abord de l'armée, qui devra décider si elle continue ou non de recourir à mes services. Je n'exclus pas la possibilité de développer certaines activités du côté de la Russie."
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4. Alex Averbuch, 32 ans, champion d'Europe de saut à la perche en 2006
Au stade, on ne parle que le russe
C'est d'Irkoutsk en Russie qu'Alex Averbuch a immigré en Israël en 1999, avec sa femme et sa fille aînée. La seconde est née en Israël.
Un Russe en Israël
"Il y a des problèmes ici, mais j'aime Israël, et nous apprenons petit à petit à les affronter. Il faut avant tout se comporter en être humain, où que l'on vive. A la maison, ce sont nos règles qui s'appliquent et à l'extérieur, ce sont celles de la rue. Nous devons parfois lutter contre ce que les enfants apprennent dehors. Je voudrais voit les maîtres inculquer à nos enfants de bonnes règles de conduite.
Nous parlons le russe avec les enfants, pour conserver cette langue qui pourrait leur être utile plus tard. A la maison et au stade, je ne parle que le russe, mais je m'efforce aussi de m'exprimer en hébreu et de faire des progrès dans cette langue. Il est possible de se débrouiller ici sans parler = l'hébreu, surtout si l'on dispose d'un compte en banque suffisamment bien garni. Mais si l'on veut vraiment vivre ici, progresser et rencontrer des gens, l'hébreu est absolument indispensable."
Le plafond de verre
"Il est clair qu'il existe ici un plafond de verre au-dessus duquel on ne peut pas s'élever. Mais d'un autre côté, il y aura aussi toujours quelqu'un pour vous tendre la main et vous empêcher de tomber. Pour nous les Russes, qui sommes récemment arrivés en Israël, il est difficile de se hisser jusqu'au sommet, car les gens qui ont grandi ici ont leurs idées et cultivent leurs propres ambitions. Pour vous donner un exemple, je n'ai pas encore trouvé de sponsor et je ne reçois qu'un peu d'aide par-ci par-là. Si j'étais un sportif local, je pense que ma situation serait meilleure. C'est un petit pays où presque tout repose sur les relations personnelles."
Mon rêve
"Je veux apprendre l'hébreu parce que j'ai beaucoup de choses à exprimer et que mon hébreu n'est pas assez bon. Lorsque je maîtriserai cette langue, j'aurai beaucoup de choses intéressantes à dire".
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5. Anna Azari (Edelstein), 46 ans, la prochaine ambassadrice d'Israël à Moscou
Insolente envers ses maîtres dès qu'elle a su l'hébreu
C'est de Lituanie qu'Anna a immigré en Israël en 1972, à l'âge de douze ans et demi. Un peu plus d'une décennie après, en 1983, elle entamait une carrière de diplomate au ministère des Affaires étrangères. Elle a occupé différentes fonctions au département Europe orientale et a été consul d'Israël à San Francisco. Envoyée à Moscou en 1995, comme ministre plénipotentiaire, elle a ensuite été nommée ambassadrice d'Israël à Kiev (Ukraine) en 1999. Depuis deux ans, elle dirige la division Europe-Asie au ministère des Affaires étrangères et elle va très prochainement prendre son nouveau poste d'ambassadrice d'Israël à Moscou. Elle est mariée au rabbin Meir Azari, qui dirige la communauté réformée de Tel-Aviv. Le couple a deux enfants.
Une Russe en Israël
"Il ne faut pas oublier que c'était une alya sioniste. Je me suis trouvée entraînée dans ce tourbillon. Je n'étais pas bouleversée à l'idée de quitter l'Union soviétique et je me suis intégrée sans difficulté. J'étais une enfant ouverte et rebelle et j'ai commencé à me montrer insolente envers mes maîtres dès que j'ai su un peu d'hébreu, c'est-à-dire très rapidement. Je viens d'une famille très intellectuelle. Mon père était imprégné de poésie et de littérature russe et mettait en musique des poèmes russes. J'étais donc Israélienne à 100 %, mais je restais aussi exposée à la culture russe, si présente à la maison.
Au ministère des Affaires étrangères, j'avais la possibilité de travailler dans d'autres régions mais j'ai choisi de me concentrer sur la Russie. C'était un peu comme si j'essayais de vérifier ce qui pourrait se produire si je renouais vraiment avec la culture russe, dans laquelle j'aurais totalement baigné si j'étais restée là-bas. En pareil cas, je pense que je serais devenue professeur de piano."
Le plafond de verre
"A l'époque où j'ai fait mon entrée dans le monde des adultes israéliens, je n'étais plus perçue comme russe. En 1995, alors que le ministère cherchait désespérément un ministre plénipotentiaire à envoyer à Moscou, personne dans mon entourage professionnel ne savait même que j'étais russophone. C'est seulement lorsque quelqu'un l'a raconté qu'on a pris contact avec moi. Le plafond de verre n'a donc jamais constitué un problème pour moi. Le plus bizarre, c'est qu'aujourd'hui, alors qu'un million d'immigrants russes vivent dans le pays, nous avons la plus grande peine à trouver et à recruter des jeunes russophones qui cherchent à embrasser la carrière diplomatique."
Mon rêve
Mon seul rêve, c'est de réussir à mon nouveau poste.
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6. Nekouda Zinger, 46 ans, artiste et écrivain
Gali-Dana Zinger, poète et traductrice
Choc culturel et consolation
Gali-Dana Zinger est poète, éditrice et traductrice, et son mari Nekouda Zinger, qui est écrivain, traduit aussi vers l'hébreu et le russe. Ils coéditent la revue bilingue (en hébreu et en russe) "Nekoudotaïm", dont le nom signifie "deux points". Né en 1960 à Novosibirsk, en Russie, Nekouda Zinger a immigré en 1988 en Israël. Il a participé à plus de trente expositions collectives, en Israël et à l'étranger, et a réalisé onze expositions individuelles. Il a publié cette année un livre intitulé "Billets d'entrée à la caisse". Gali-Dana Zinger, qui a vu le jour à Saint-Pétersbourg, s'est aussi installée en Israël en 1988. Elle est l'auteur de trois recueils de poésie et a été rédactrice en chef d'un journal littéraire en langue russe. Elle a obtenu le prix de poésie 2000, au Festival de poésie de Metoula.
Des Russes en Israël
Gali-Dana : "Lorsque nous sommes arrivés en Israël, le pays n'était pas conforme à nos attentes. Il était beaucoup moins idéologique et beaucoup plus oriental que je ne le pensais, mais les choses se sont bien terminées. Au début, le choc culturel a été total, surtout au niveau visuel. C'était très différent de ce que nous avions imaginé."
Nekouda : "Israël comporte de nombreux avantages qui nous ont permis de surmonter ce choc. Aucun de mes amis qui ont immigré dans d'autres pays, ne se sent vraiment chez lui en France, en Hollande ou en Allemagne. Ici nous nous sentons chez nous. Nous avons un sentiment d'appartenance vis-à-vis de l'endroit où nous vivons et de sa société. Nous n'avons pas l'impression d'être totalement Israéliens, mais nous nous sentons chez nous, comme Juifs, dans un pays juif et une société juive."
Le plafond de verre
Gali-Dana : "J'ai rencontré beaucoup de problèmes jusqu'au moment où j'ai compris que je n'avais pas à tenir compte de tous ces obstacles et que je pouvais faire ce que je voulais. Avoir compris cela a été un signe de maturité."
Nekouda : "Pour nous, le processus de maturation s'est également produit en Russie, avant notre départ. Là-bas aussi, il fallait faire des choix : soit opter pour une activité commerciale, soit rester chez soi pour travailler et créer sans en attendre forcément des revenus. Ainsi va le monde."
Mon rêve
Gali-Dana : "Rester moi-même. Ne pas être victime du monde où nous vivons."
Nekouda : "J'ai différentes idées que je rêve de réaliser et j'espère en avoir encore beaucoup d'autres.
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7. Ronnie Vinikov, 32 ans, conseiller de l'Agence juive pour les relations avec les immigrants russophones
Faire preuve d'assurance et savoir jouer des coudes
Né à Tchernigov, en Ukraine, Ronnie Vinikov a immigré en Israël en 1990 avec ses parents et son frère. Ancien adjoint du porte-parole de l'Agence juive (en russe) et ancien émissaire en chef de cette organisation auprès des communautés russophones d'Amérique du Nord.
Un Russe en Israël
"J'ai beaucoup souffert de l'antisémitisme en Ukraine, où j'avais énormément de mal à me faire des amis. Mes parents ont finalement décidé, à contrecoeur, d'abandonner notre nom de famille, Frantzman, pour adopter le patronyme de mon grand-père, Vinikov, qui sonnait moins juif. En 1989, pour la première fois de ma vie, j'ai eu l'impression que j'étais un être humain comme les autres, j'ai pu me faire des copains et même des copines, et me sentir l'égal de tous.
C'est alors que mes parents nous ont brusquement annoncé que nous partions pour Israël. C'est dans ce pays que j'ai découvert que l'on pouvait se sentir Juif sans éprouver la moindre gêne ni dissimuler son identité. Mais tout n'était pas rose non plus. Je n'oublierai jamais nos voisins de Bat Yam qui, durant l'année qui a suivi notre installation en Israël, nous reprochaient à tout bout de champ de prendre leurs maisons et leurs voitures. Ceci était en partie dû à une situation économique pas très brillante. Au supermarché, je voyais les caddies bien remplis des Israéliens de longue date, alors que devais me contenter de deux tranches de charcuterie et de pain subventionné. J'économisais souvent les 17 shekels que ma mère me donnait pour payer le bus et je me rendais à l'école sur mon vélo bancal afin de pouvoir inviter une fille au cinéma."
Le plafond de verre
"Vouloir c'est pouvoir. Il faut faire preuve d'assurance et savoir jouer des coudes. Les règles du capitalisme ne permettent pas aux adultes qui ne parlent pas la langue du pays et n'ont pas la formation adéquate, de s'intégrer à la population active. Mes parents, qui ont tous deux fait des études supérieures, n'ont jamais trouvé de travail ici. C'est l'une des raisons qui me poussent à faire preuve d'ambition, pour leur montrer que leur sacrifice n'a pas été inutile."
Mon rêve
"Servir le mieux possible le pays qui nous a accueillis, mes parents et moi, et être impliqué dans les processus qui façonnent le visage d'Israël."
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8. Michael Mirkin, 59 ans, vice-président du groupe Merhav pour la CEI et l'Asie centrale
La culture russe depuis la naissance
Michael Mirkin a immigré en Israël en 1990 de Mogilov, en Biélorussie, où il était ingénieur spécialisé dans les camions et maître de conférences. Après son arrivée dans le pays, il a occupé plusieurs emplois qui ne correspondaient pas à ses qualifications. Au bout de deux ans, il a commencé à travailler pour le groupe Merhav, dirigé par Yossi Meiman, commençant comme représentant de la société dans l'ex-Union soviétique. Il est vice-président du groupe depuis cinq ans et consul honoraire du Turkménistan en Israël depuis trois ans.
Un Russe en Israël
"Il existe des différences entre les Israéliens de souche et moi, mais je ne pense qu'elles soient importantes, ni qu'elles aient un caractère négatif. C'est simplement parce que j'ai été nourri dès ma plus tendre jeunesse de langue et de culture russes et que cela a duré 43 ans. Cependant, je ne me sens pas étranger ici, et ma famille non plus. Nous n'avons pas connu de crise d'immigration et nous n'avons jamais eu le sentiment d'avoir commis une erreur en venant nous installer en Israël. Si vous vous rendez à Kikar Hamedina (zone de magasins de luxe à Tel-Aviv), vous verrez que les Russes y sont la population la mieux représentée. Cela prouve que les gens s'en sortent."
Le plafond de verre
Il est difficile s'installer en Israël après 40 ans, car il faut tout recommencer. Ceux qui n'y parviennent pas se trouvent toujours des excuses et la plupart des gens ont tendance à rechercher les causes de leurs échecs à l'extérieur et non en eux-mêmes. En Israël, on ne peut pas mettre ses échecs sur compte de l'antisémitisme, comme c'était le cas dans les pays de la CEI. Ceux qui ne réussissent pas affirment souvent qu'ils sont victimes d'une forme d'inimitié envers les nouveaux immigrants. Moi, je ne crois pas qu'il existe un plafond de verre en Israël. Ici ou là, on ne se comporte pas très bien envers les nouveaux immigrants, mais d'une manière générale, je pense que les nouveaux venus sont accueillis de manière très positive en Israël.
Mon rêve
Je rêve à la paix pour Israël. Il a déjà tout le reste.
L'émigration des juifs des nations et dans ce cas-ci des juifs de Russie.
Keren Hayessod Produit par le Département Communication et Marketing Flash de Solidarité
No. 356 - 7.11.06
Perestroïka au pays des Sabras
D'après l'article d'Eli Bardenstein – Maariv 22-9-06
www.nrg.co.il
On trouve, dans tous les milieux, des immigrants venus de l'ex-URSS qui ont remarquablement réussi ● Huit histoires qui peuvent faire la fierté des Israéliens
C'est probablement seulement dans 20 ou 30 ans que nous serons en mesure de mesurer pleinement les effets de la Perestroïka initiée par Mikhaïl Gorbatchev. Il a ouvert le Rideau de fer, permettant ainsi à des centaines de milliers de gens, à l'identité juive bafouée et fragmentée, de déferler dans les rues pastorales de Bat-Yam, Haïfa et Jérusalem. Certains ont la peau claire et d'autres le teint basané, la plupart d'entre eux appartiennent à la communauté juive mais certains sont sans religion et l'on compte même parmi eux un faible pourcentage de chrétiens. Certains sont très instruits et d'autres le sont moins, beaucoup viennent de grands centres culturels comme Moscou, Saint-Pétersbourg ou Riga, alors que d'autres arrivent de régions plus excentrées et de villes comme Belaya-Tserkov, Zolotonosha et Andijan. Ils sont tous devenus citoyens israéliens dès leur arrivée dans le pays.
Qui sont-ils ? Sont devenus de vrais Israéliens ? Sont-ils encore marqués par leur culture russe ? Comme il s'agit d'un énorme groupe humain conscient de sa spécificité et de sa force, parlons-nous ici d'un phénomène social et culturel nouveau, d'un genre inconnu jusqu'à présent dans la région.
Les Juifs ont toujours continué de croire fidèlement au cosmopolitisme maudit, même après qu'ils eurent été abattus dans les vertes vallées d'Ukraine ou asphyxiés dans les cités pastorales de la Pologne occupée. Mais l'Histoire obéit à ses propres lois et un million de nouveaux immigrants venus de l'ex-URSS ont franchi le seuil de l'Etat hébreu depuis le début des années 90. Il est temps de cesser de les distinguer de nous. Ils font partie intégrante de notre peuple comme nous faisons partie de leur communauté. A mesure que nous les intégrons dans notre dur pays, ils nous intègrent aussi. Ils changent et nous devons en faire autant. Ils vivent ici et non dans un Israël qui serait parallèle au nôtre. Ils ne sont pas une espèce rare ou étrangère. Ils mangent et boivent, rient et pleurent, ils ont trois emplois, et parfois seulement deux, travaillant souvent même le samedi soir, et veulent vivre dans la dignité et offrir un avenir à leurs enfants. Exactement comme le Sabra (natif d'Israël) moyen.
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1. Le Prof. Larissa Remennick, 45 ans, chef du département de sociologie de l'université Bar-Ilan
Comme un poisson dans l'eau, au milieu des Israéliens
Le Prof. Remennick a immigré de Moscou avec sa fille en 1991. Elle a dirigé le Département de sociologie et d'anthropologie de l'université Bar-Ilan de 2002 à 2004, et a repris son poste cette année après deux ans d'interruption.
Une Russe en Israël
"Pour tous ceux qui viennent de la civilisation russe soviétique, l'arrivée en Israël représente un véritable choc culturel. Au milieu de ces couleurs, ces sons et ces odeurs, avec cette culture de la rue et cette langue, il m'a fallu du temps pour m'habituer à une nouvelle routine et à la fameuse atmosphère levantine. Mais je me suis acclimatée plus facilement que beaucoup d'autres et j'ai rapidement trouvé du travail dans ma profession. Aujourd'hui, je me sens comme un poisson dans l'eau au milieu des Israéliens."
Le plafond de verre
"J'ai réussi parce que je savais depuis mon plus jeune âge que je quitterais un jour l'Union soviétique. C'est pourquoi j'ai travaillé pour devenir une chercheuse à l'occidentale et j'ai commencé à publier des articles en anglais alors que je vivais encore à Moscou. Mais beaucoup d'immigrants de ma génération ne peuvent pas accéder à des postes de haut niveau parce qu'ils n'ont pas grandi ici. Pour progresser vers le sommet, il faut des relations qui remontent à l'enfance. Les gens ici aident leurs connaissances à trouver du travail et cela représente un obstacle objectif pour les immigrants, qui sont déjà handicapés par la langue. Nous ne pouvons cependant pas oublier que nous sommes des immigrants, et je suis sûre que la seconde génération, celle qui grandit ici, réussira magnifiquement et s'intègrera au sein des élites israéliennes."
Mon rêve
"Je veux que ma fille unique soit heureuse et réussisse, et ce n'est pas si simple. Tout est encore possible pour elle."
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2. Le Dr. Amir Kremer, 50 ans, chirurgien cardiaque principal à l'hôpital Ichilov
Son ambition : des petits-enfants sabras
Lorsque le Dr. Amir Kremer a immigré en Israël, venant de Moscou, en 1990, il se prénommait Vladimir et, à son arrivée dans le pays, son fils lui a choisi le nom d'Amir. Aujourd'hui, le Dr. Kremer est un chirurgien de haut rang dans le service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire de l'hôpital Ichilov de Tel-Aviv.
Un Russe en Israël
"Lorsque nous sommes arrivés en Israël, nous n'avons pas eu l'impression d'être tellement étrangers à ce pays. Nous avons passé nos deux premières semaines chez des proches, au kibboutz Bet Hashita. Ensuite, nous nous sommes installés à Jérusalem, où se tenaient les cours pour les médecins immigrants. Nous habitions à Ramat Sharett, un quartier bourgeois où ne vivaient que des Israéliens, et les enfants se sont très rapidement adaptés à la culture et à la langue. Comme notre travail nous accaparait beaucoup durant ces premières années, nous avons un peu négligé l'éducation russe de nos enfants. Aujourd'hui, ils ne sont pas russes à plus de 5 % et c'est à peine s'ils savent encore la langue. Ils préfèrent la nourriture israélienne et détestent nos "mets ashkénazes", comme ils appellent le borscht et la silodka (hareng) que nous préparons."
Le plafond de verre
"Il existe un plafond de verre naturel parce que la plupart des gens immigrent à un âge relativement avancé. Il leur faut du temps pour se développer et progresser. Je me souviens que lorsque j'ai commencé à travailler à l'hôpital Ichilov, il y avait très peu de russophones. Aujourd'hui, l'établissement est plein d'anciens immigrants qui occupent des postes de responsabilité dans tous les services. Ma femme, qui a passé ses équivalences plus tard que moi, est aujourd'hui la seule femme occupant un poste de directeur à la caisse d'assurance-maladie Clalit. Mon frère est chef du département de chirurgie à l'hôpital Lin de Haïfa. Et il existe encore beaucoup d'autres exemples."
Mon rêve
"Ce dont je rêve de plus en plus, c'est d'avoir des petits-enfants qui soient de vrais Sabras."
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3. Colonel Shlomo (Sanya) Dagan, 41 ans, attaché militaire à l'ambassade d'Israël à Moscou
A Moscou avec le drapeau israélien
Shlomo Dagan a immigré en Israël avec ses parents et sa sœur, en 1973, alors qu'il avait 8 ans. Ils venaient de Kichinev, la capitale de la Moldavie, qui faisait alors partie de l'Union soviétique. Il a rapidement grimpé les échelons de la hiérarchie militaire et a occupé les postes de commandant de régiment dans la brigade Guivati et de commandant de la brigade sud de Gaza. Il est actuellement attaché militaire à l'ambassade d'Israël à Moscou.
Un Russe en Israël
"Je me souviens parfaitement de ma première journée de classe en Israël. On m'a présenté aux autres élèves et on a expliqué à la maîtresse que je ne parlais pas l'hébreu. On lui a aussi indiqué que si je levais la main pendant le cours, cela signifiait que je voulais aller aux toilettes. Après un certain temps, j'ai un jour pris mon courage à deux mains, surmonté ma timidité et levé la main pour répondre à une question. Au lieu de me donner la parole, la maîtresse m'a aussitôt autorisé à sortir pour aller aux toilettes. Mais les choses se sont très vite arrangées.
Mon père, qui avait été exilé en Sibérie par Staline pendant vingt ans avec sa famille, s'est battu pour immigrer en Israël, contre la volonté de ma mère. Il ne supportait pas de vivre en URSS. Je me suis toujours senti plus réservé que les Israéliens nés dans le pays, moins bruyant et plus timide. L'une des principales difficultés que j'ai rencontrées au cours de mon intégration était mon accent, qui m'accompagne d'ailleurs jusqu'à ce jour. Cela vous classe immédiatement dans une certaine catégorie. Je voulais oublier le russe, mais ma mère me forçait à lire les Contes d'Andersen dans cette langue et à en copier chaque jour une page. Elle disait qu'une langue représente un capital et aujourd'hui je reconnais qu'elle avait raison.
Mon travail d'attaché militaire à l'ambassade d'Israël à Moscou m'a permis de fermer la boucle. Je suis parti voilà trente ans et aujourd'hui je suis de retour en tant que colonel de Tsahal. Je me promène partout avec le drapeau israélien sur mon uniforme. C'est fantastique !"
Le plafond de verre
"Je ne pense pas qu'il existe. En fin de compte, il ne faut compter que sur soi-même pour atteindre ses objectifs."
Mon rêve
"Mon rêve est de faire mon travail du mieux que je peux pour promouvoir ici, en Russie, les intérêts de Tsahal, du ministère de la Défense et de l'Etat d'Israël. Et plus tard ? Cela dépendra d'abord de l'armée, qui devra décider si elle continue ou non de recourir à mes services. Je n'exclus pas la possibilité de développer certaines activités du côté de la Russie."
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4. Alex Averbuch, 32 ans, champion d'Europe de saut à la perche en 2006
Au stade, on ne parle que le russe
C'est d'Irkoutsk en Russie qu'Alex Averbuch a immigré en Israël en 1999, avec sa femme et sa fille aînée. La seconde est née en Israël.
Un Russe en Israël
"Il y a des problèmes ici, mais j'aime Israël, et nous apprenons petit à petit à les affronter. Il faut avant tout se comporter en être humain, où que l'on vive. A la maison, ce sont nos règles qui s'appliquent et à l'extérieur, ce sont celles de la rue. Nous devons parfois lutter contre ce que les enfants apprennent dehors. Je voudrais voit les maîtres inculquer à nos enfants de bonnes règles de conduite.
Nous parlons le russe avec les enfants, pour conserver cette langue qui pourrait leur être utile plus tard. A la maison et au stade, je ne parle que le russe, mais je m'efforce aussi de m'exprimer en hébreu et de faire des progrès dans cette langue. Il est possible de se débrouiller ici sans parler = l'hébreu, surtout si l'on dispose d'un compte en banque suffisamment bien garni. Mais si l'on veut vraiment vivre ici, progresser et rencontrer des gens, l'hébreu est absolument indispensable."
Le plafond de verre
"Il est clair qu'il existe ici un plafond de verre au-dessus duquel on ne peut pas s'élever. Mais d'un autre côté, il y aura aussi toujours quelqu'un pour vous tendre la main et vous empêcher de tomber. Pour nous les Russes, qui sommes récemment arrivés en Israël, il est difficile de se hisser jusqu'au sommet, car les gens qui ont grandi ici ont leurs idées et cultivent leurs propres ambitions. Pour vous donner un exemple, je n'ai pas encore trouvé de sponsor et je ne reçois qu'un peu d'aide par-ci par-là. Si j'étais un sportif local, je pense que ma situation serait meilleure. C'est un petit pays où presque tout repose sur les relations personnelles."
Mon rêve
"Je veux apprendre l'hébreu parce que j'ai beaucoup de choses à exprimer et que mon hébreu n'est pas assez bon. Lorsque je maîtriserai cette langue, j'aurai beaucoup de choses intéressantes à dire".
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5. Anna Azari (Edelstein), 46 ans, la prochaine ambassadrice d'Israël à Moscou
Insolente envers ses maîtres dès qu'elle a su l'hébreu
C'est de Lituanie qu'Anna a immigré en Israël en 1972, à l'âge de douze ans et demi. Un peu plus d'une décennie après, en 1983, elle entamait une carrière de diplomate au ministère des Affaires étrangères. Elle a occupé différentes fonctions au département Europe orientale et a été consul d'Israël à San Francisco. Envoyée à Moscou en 1995, comme ministre plénipotentiaire, elle a ensuite été nommée ambassadrice d'Israël à Kiev (Ukraine) en 1999. Depuis deux ans, elle dirige la division Europe-Asie au ministère des Affaires étrangères et elle va très prochainement prendre son nouveau poste d'ambassadrice d'Israël à Moscou. Elle est mariée au rabbin Meir Azari, qui dirige la communauté réformée de Tel-Aviv. Le couple a deux enfants.
Une Russe en Israël
"Il ne faut pas oublier que c'était une alya sioniste. Je me suis trouvée entraînée dans ce tourbillon. Je n'étais pas bouleversée à l'idée de quitter l'Union soviétique et je me suis intégrée sans difficulté. J'étais une enfant ouverte et rebelle et j'ai commencé à me montrer insolente envers mes maîtres dès que j'ai su un peu d'hébreu, c'est-à-dire très rapidement. Je viens d'une famille très intellectuelle. Mon père était imprégné de poésie et de littérature russe et mettait en musique des poèmes russes. J'étais donc Israélienne à 100 %, mais je restais aussi exposée à la culture russe, si présente à la maison.
Au ministère des Affaires étrangères, j'avais la possibilité de travailler dans d'autres régions mais j'ai choisi de me concentrer sur la Russie. C'était un peu comme si j'essayais de vérifier ce qui pourrait se produire si je renouais vraiment avec la culture russe, dans laquelle j'aurais totalement baigné si j'étais restée là-bas. En pareil cas, je pense que je serais devenue professeur de piano."
Le plafond de verre
"A l'époque où j'ai fait mon entrée dans le monde des adultes israéliens, je n'étais plus perçue comme russe. En 1995, alors que le ministère cherchait désespérément un ministre plénipotentiaire à envoyer à Moscou, personne dans mon entourage professionnel ne savait même que j'étais russophone. C'est seulement lorsque quelqu'un l'a raconté qu'on a pris contact avec moi. Le plafond de verre n'a donc jamais constitué un problème pour moi. Le plus bizarre, c'est qu'aujourd'hui, alors qu'un million d'immigrants russes vivent dans le pays, nous avons la plus grande peine à trouver et à recruter des jeunes russophones qui cherchent à embrasser la carrière diplomatique."
Mon rêve
Mon seul rêve, c'est de réussir à mon nouveau poste.
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6. Nekouda Zinger, 46 ans, artiste et écrivain
Gali-Dana Zinger, poète et traductrice
Choc culturel et consolation
Gali-Dana Zinger est poète, éditrice et traductrice, et son mari Nekouda Zinger, qui est écrivain, traduit aussi vers l'hébreu et le russe. Ils coéditent la revue bilingue (en hébreu et en russe) "Nekoudotaïm", dont le nom signifie "deux points". Né en 1960 à Novosibirsk, en Russie, Nekouda Zinger a immigré en 1988 en Israël. Il a participé à plus de trente expositions collectives, en Israël et à l'étranger, et a réalisé onze expositions individuelles. Il a publié cette année un livre intitulé "Billets d'entrée à la caisse". Gali-Dana Zinger, qui a vu le jour à Saint-Pétersbourg, s'est aussi installée en Israël en 1988. Elle est l'auteur de trois recueils de poésie et a été rédactrice en chef d'un journal littéraire en langue russe. Elle a obtenu le prix de poésie 2000, au Festival de poésie de Metoula.
Des Russes en Israël
Gali-Dana : "Lorsque nous sommes arrivés en Israël, le pays n'était pas conforme à nos attentes. Il était beaucoup moins idéologique et beaucoup plus oriental que je ne le pensais, mais les choses se sont bien terminées. Au début, le choc culturel a été total, surtout au niveau visuel. C'était très différent de ce que nous avions imaginé."
Nekouda : "Israël comporte de nombreux avantages qui nous ont permis de surmonter ce choc. Aucun de mes amis qui ont immigré dans d'autres pays, ne se sent vraiment chez lui en France, en Hollande ou en Allemagne. Ici nous nous sentons chez nous. Nous avons un sentiment d'appartenance vis-à-vis de l'endroit où nous vivons et de sa société. Nous n'avons pas l'impression d'être totalement Israéliens, mais nous nous sentons chez nous, comme Juifs, dans un pays juif et une société juive."
Le plafond de verre
Gali-Dana : "J'ai rencontré beaucoup de problèmes jusqu'au moment où j'ai compris que je n'avais pas à tenir compte de tous ces obstacles et que je pouvais faire ce que je voulais. Avoir compris cela a été un signe de maturité."
Nekouda : "Pour nous, le processus de maturation s'est également produit en Russie, avant notre départ. Là-bas aussi, il fallait faire des choix : soit opter pour une activité commerciale, soit rester chez soi pour travailler et créer sans en attendre forcément des revenus. Ainsi va le monde."
Mon rêve
Gali-Dana : "Rester moi-même. Ne pas être victime du monde où nous vivons."
Nekouda : "J'ai différentes idées que je rêve de réaliser et j'espère en avoir encore beaucoup d'autres.
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7. Ronnie Vinikov, 32 ans, conseiller de l'Agence juive pour les relations avec les immigrants russophones
Faire preuve d'assurance et savoir jouer des coudes
Né à Tchernigov, en Ukraine, Ronnie Vinikov a immigré en Israël en 1990 avec ses parents et son frère. Ancien adjoint du porte-parole de l'Agence juive (en russe) et ancien émissaire en chef de cette organisation auprès des communautés russophones d'Amérique du Nord.
Un Russe en Israël
"J'ai beaucoup souffert de l'antisémitisme en Ukraine, où j'avais énormément de mal à me faire des amis. Mes parents ont finalement décidé, à contrecoeur, d'abandonner notre nom de famille, Frantzman, pour adopter le patronyme de mon grand-père, Vinikov, qui sonnait moins juif. En 1989, pour la première fois de ma vie, j'ai eu l'impression que j'étais un être humain comme les autres, j'ai pu me faire des copains et même des copines, et me sentir l'égal de tous.
C'est alors que mes parents nous ont brusquement annoncé que nous partions pour Israël. C'est dans ce pays que j'ai découvert que l'on pouvait se sentir Juif sans éprouver la moindre gêne ni dissimuler son identité. Mais tout n'était pas rose non plus. Je n'oublierai jamais nos voisins de Bat Yam qui, durant l'année qui a suivi notre installation en Israël, nous reprochaient à tout bout de champ de prendre leurs maisons et leurs voitures. Ceci était en partie dû à une situation économique pas très brillante. Au supermarché, je voyais les caddies bien remplis des Israéliens de longue date, alors que devais me contenter de deux tranches de charcuterie et de pain subventionné. J'économisais souvent les 17 shekels que ma mère me donnait pour payer le bus et je me rendais à l'école sur mon vélo bancal afin de pouvoir inviter une fille au cinéma."
Le plafond de verre
"Vouloir c'est pouvoir. Il faut faire preuve d'assurance et savoir jouer des coudes. Les règles du capitalisme ne permettent pas aux adultes qui ne parlent pas la langue du pays et n'ont pas la formation adéquate, de s'intégrer à la population active. Mes parents, qui ont tous deux fait des études supérieures, n'ont jamais trouvé de travail ici. C'est l'une des raisons qui me poussent à faire preuve d'ambition, pour leur montrer que leur sacrifice n'a pas été inutile."
Mon rêve
"Servir le mieux possible le pays qui nous a accueillis, mes parents et moi, et être impliqué dans les processus qui façonnent le visage d'Israël."
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8. Michael Mirkin, 59 ans, vice-président du groupe Merhav pour la CEI et l'Asie centrale
La culture russe depuis la naissance
Michael Mirkin a immigré en Israël en 1990 de Mogilov, en Biélorussie, où il était ingénieur spécialisé dans les camions et maître de conférences. Après son arrivée dans le pays, il a occupé plusieurs emplois qui ne correspondaient pas à ses qualifications. Au bout de deux ans, il a commencé à travailler pour le groupe Merhav, dirigé par Yossi Meiman, commençant comme représentant de la société dans l'ex-Union soviétique. Il est vice-président du groupe depuis cinq ans et consul honoraire du Turkménistan en Israël depuis trois ans.
Un Russe en Israël
"Il existe des différences entre les Israéliens de souche et moi, mais je ne pense qu'elles soient importantes, ni qu'elles aient un caractère négatif. C'est simplement parce que j'ai été nourri dès ma plus tendre jeunesse de langue et de culture russes et que cela a duré 43 ans. Cependant, je ne me sens pas étranger ici, et ma famille non plus. Nous n'avons pas connu de crise d'immigration et nous n'avons jamais eu le sentiment d'avoir commis une erreur en venant nous installer en Israël. Si vous vous rendez à Kikar Hamedina (zone de magasins de luxe à Tel-Aviv), vous verrez que les Russes y sont la population la mieux représentée. Cela prouve que les gens s'en sortent."
Le plafond de verre
Il est difficile s'installer en Israël après 40 ans, car il faut tout recommencer. Ceux qui n'y parviennent pas se trouvent toujours des excuses et la plupart des gens ont tendance à rechercher les causes de leurs échecs à l'extérieur et non en eux-mêmes. En Israël, on ne peut pas mettre ses échecs sur compte de l'antisémitisme, comme c'était le cas dans les pays de la CEI. Ceux qui ne réussissent pas affirment souvent qu'ils sont victimes d'une forme d'inimitié envers les nouveaux immigrants. Moi, je ne crois pas qu'il existe un plafond de verre en Israël. Ici ou là, on ne se comporte pas très bien envers les nouveaux immigrants, mais d'une manière générale, je pense que les nouveaux venus sont accueillis de manière très positive en Israël.
Mon rêve
Je rêve à la paix pour Israël. Il a déjà tout le reste.