ne plus raser les murs
Posté : 06 déc.06, 05:08
Ne plus raser les murs
Franz-Olivier Giesbert
«N'ayez pas peur ! » Quand il répétait cette phrase, Jean-Paul II tentait d'en finir avec cette mauvaise inclination de l'Eglise qui, sous la plupart des pontificats du XXe siècle, l'amena à raser les murs ou à suivre les vents dominants pour ne pas avoir d'ennuis.
Jusqu'à présent, on pouvait douter que Benoît XVI ait fait sien le slogan de Jean-Paul II. Cet intellectuel se comportait en pape de sacristie ou de bibliothèque, comme on veut, rechignant à sortir de sa forteresse du Vatican pour porter la bonne parole en terre ennemie, comme se plaisait à le faire son prédécesseur.
Eh bien, c'est fini. Avec son voyage en Turquie, Benoît XVI a pris des ris-ques, de gros risques. Il était temps. Comment ne pas s'en féliciter ? L'islam ne se réformera de l'intérieur que si, au lieu de l'ostraciser, on le fréquente et on le questionne. Et pour parler du Dieu des musulmans, qui, jusqu'à nouvel ordre, est le même ou presque que celui des chrétiens, un pape sera toujours mieux placé qu'un laïque.
Le voyage de Benoît XVI est d'autant plus important que l'islam n'en finit pas de rouler sa meule sur le christianisme turc, aujourd'hui réduit en poussière : 0,15 % de la population, soit 100 000 personnes. Depuis tant de décennies que les chrétiens de Turquie sont maltraités, spoliés ou massacrés, comme ce fut le cas des Arméniens, ils sont devenus une espèce en voie de disparition.
Ce n'est pas en bêlant d'amour devant elle ou en lui ouvrant toutes grandes les portes de l'Union européenne que l'on changera la Turquie. C'est en lui disant sans faiblir ses quatre vérités. Jean-Paul II nous a appris qu'un bon pape était un iconoclaste et parfois même un kamikaze. On ne connaît pas encore d'autre façon de faire avancer l'Histoire
© le point 30/11/06 - N°1785 - Page 8 - 293 mots
Franz-Olivier Giesbert
«N'ayez pas peur ! » Quand il répétait cette phrase, Jean-Paul II tentait d'en finir avec cette mauvaise inclination de l'Eglise qui, sous la plupart des pontificats du XXe siècle, l'amena à raser les murs ou à suivre les vents dominants pour ne pas avoir d'ennuis.
Jusqu'à présent, on pouvait douter que Benoît XVI ait fait sien le slogan de Jean-Paul II. Cet intellectuel se comportait en pape de sacristie ou de bibliothèque, comme on veut, rechignant à sortir de sa forteresse du Vatican pour porter la bonne parole en terre ennemie, comme se plaisait à le faire son prédécesseur.
Eh bien, c'est fini. Avec son voyage en Turquie, Benoît XVI a pris des ris-ques, de gros risques. Il était temps. Comment ne pas s'en féliciter ? L'islam ne se réformera de l'intérieur que si, au lieu de l'ostraciser, on le fréquente et on le questionne. Et pour parler du Dieu des musulmans, qui, jusqu'à nouvel ordre, est le même ou presque que celui des chrétiens, un pape sera toujours mieux placé qu'un laïque.
Le voyage de Benoît XVI est d'autant plus important que l'islam n'en finit pas de rouler sa meule sur le christianisme turc, aujourd'hui réduit en poussière : 0,15 % de la population, soit 100 000 personnes. Depuis tant de décennies que les chrétiens de Turquie sont maltraités, spoliés ou massacrés, comme ce fut le cas des Arméniens, ils sont devenus une espèce en voie de disparition.
Ce n'est pas en bêlant d'amour devant elle ou en lui ouvrant toutes grandes les portes de l'Union européenne que l'on changera la Turquie. C'est en lui disant sans faiblir ses quatre vérités. Jean-Paul II nous a appris qu'un bon pape était un iconoclaste et parfois même un kamikaze. On ne connaît pas encore d'autre façon de faire avancer l'Histoire
© le point 30/11/06 - N°1785 - Page 8 - 293 mots