La discrimination des femmes dans le monde arabe épinglée pa
Posté : 07 déc.06, 05:43
La discrimination des femmes dans le monde arabe épinglée par l'ONU
LEMONDE.FR avec AFP | 07.12.06 | 12h06 • Mis à jour le 07.12.06 | 12h10
La discrimination envers les femmes est un frein majeur au développement économique et social du monde arabe, estime un rapport annuel du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui porte sur le monde arabe, rendu public jeudi 7 décembre.
Rédigé par une équipe d'experts arabes, ce rapport fait de la promotion des femmes "une condition sine qua non de la renaissance arabe" et appelle les pays concernés à prendre des mesures de "discrimination positive" en faveur des femmes, en leur ouvrant davantage les portes de la santé, de l'éducation et de l'économie. Dans ce dernier domaine, la place des femmes est plus faible dans le monde arabe que dans tout autre partie du globe. Le taux de chômage des femmes est ainsi de deux à cinq fois plus élevé que celui des hommes dans la plupart des pays de la région, selon le rapport.
Une majorité de sondés en faveur de l'égalité hommes-femmes
Selon un sondage mené pour le PNUD dans quatre pays – l'Egypte, la Jordanie, le Liban et le Maroc –, l'immense majorité des Arabes, hommes et femmes confondus, aspirent à davantage d'égalité entre les sexes. Un millier de personnes ont été interrogées dans chacun des quatre pays. A 98 %, elles estiment que les filles ont le même droit à l'éducation que les garçons jusqu'à l'université, et 97 % des personnes interrogées condamnent les violences physiques et mentales infligées aux femmes. Ces personnes sondées estiment à 95 % qu'une femme doit pouvoir choisir librement son époux, et 91 % des sondés souhaitent un égal accès au travail pour tous et la maîtrise par les femmes de leur situation économique.
Dans le domaine familial, les personnes interrogées apparaissent plus divisées. A propos du voile, la moitié des sondés en acceptent le port si telle est la décision de la femme concernée. Mais entre 43 % et 50 % des personnes sondées en Egypte, en Jordanie et au Maroc jugent que la femme doit le porter que cela lui plaise ou non. Sur le plan politique, entre 76 % des consultés approuvent la nomination d'une femme comme ministre, mais 72 % des Egyptiens et 59 % des Jordaniens se disent opposés à ce qu'une femme devienne chef d'Etat. - (Avec AFP)
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En ce qui concerne l'éducation, moins de 80 % des filles vont à l'école secondaire dans tous les pays arabes, sauf à Bahreïn, en Jordanie, dans les territoires palestiniens et au Qatar. L'illettrisme touche la moitié des femmes contre seulement un tiers des hommes.
Sur le plan de la santé, "les maladies privent les femmes d'un nombre plus important d'années de leur vie", un phénomène lié à "des styles généraux de vie caractérisés par la ségrégation à l'encontre des femmes", selon le rapport. La mortalité des mères à la suite d'une grossesse ou d'un accouchement atteint des niveaux "inacceptables", avec 270 morts pour 100 000 accouchements dans l'ensemble de la région. Le chiffre varie entre sept pour 100 000 au Qatar et plus d'un millier de morts dans des pays pauvres comme la Somalie ou la Mauritanie.
LE RAPPORT N'ACCUSE PAS DIRECTEMENT L'ISLAM
Dans beaucoup de pays, observe le rapport, la mise à l'écart des femmes est inscrite dans la législation, alors que la Constitution de ces mêmes Etats leur accorde en principe les mêmes droits qu'aux hommes.
Selon les auteurs de l'enquête, la religion musulmane n'est pas directement responsable de la situation. Les conflits, les occupations étrangères, le terrorisme et la domination des sociétés par "des forces politiques conservatrices et inflexibles" qui protègent "les cultures et valeurs masculines" sont les principaux obstacles à la libération des femmes, estiment-ils.
Mais ces mêmes auteurs plaident pour une révision de la "jurisprudence islamique", ou interprétation du Coran, pour mieux prendre en compte l'évolution de la société. L'étude souligne les écarts au sein du monde arabe en ce qui concerne le statut des femmes, relevant par exemple qu'en Tunisie, en Jordanie, au Liban ou dans les territoires palestiniens, les filles sont davantage scolarisées que les garçons.
Dans la sphère politique, la plupart des Etats concernés – à l'exception de la région du Golfe – ont accordé le droit de vote aux femmes dès les années 1950 et 1960. Des femmes ministres ont fait leur apparition récemment. Mais avec seulement 10 % de députées, les pays arabes conservent la plus faible proportion mondiale de femmes parlementaires. Les auteurs soulignent que la réforme doit aller au-delà du cosmétique et du symbolique.
Les experts concluent que la promotion des femmes requiert avant tout de donner à toutes les femmes arabes les possibilités d'accéder au même niveau de santé et de savoir que les hommes, puis d'"offrir aussi aux femmes toutes les chances de participer activement, sur décision personnelle librement prise, à tous les types d'activités humaines, en dehors du cadre familial, sur un pied d'égalité avec leurs homologues de sexe masculin".
LEMONDE.FR avec AFP | 07.12.06 | 12h06 • Mis à jour le 07.12.06 | 12h10
La discrimination envers les femmes est un frein majeur au développement économique et social du monde arabe, estime un rapport annuel du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui porte sur le monde arabe, rendu public jeudi 7 décembre.
Rédigé par une équipe d'experts arabes, ce rapport fait de la promotion des femmes "une condition sine qua non de la renaissance arabe" et appelle les pays concernés à prendre des mesures de "discrimination positive" en faveur des femmes, en leur ouvrant davantage les portes de la santé, de l'éducation et de l'économie. Dans ce dernier domaine, la place des femmes est plus faible dans le monde arabe que dans tout autre partie du globe. Le taux de chômage des femmes est ainsi de deux à cinq fois plus élevé que celui des hommes dans la plupart des pays de la région, selon le rapport.
Une majorité de sondés en faveur de l'égalité hommes-femmes
Selon un sondage mené pour le PNUD dans quatre pays – l'Egypte, la Jordanie, le Liban et le Maroc –, l'immense majorité des Arabes, hommes et femmes confondus, aspirent à davantage d'égalité entre les sexes. Un millier de personnes ont été interrogées dans chacun des quatre pays. A 98 %, elles estiment que les filles ont le même droit à l'éducation que les garçons jusqu'à l'université, et 97 % des personnes interrogées condamnent les violences physiques et mentales infligées aux femmes. Ces personnes sondées estiment à 95 % qu'une femme doit pouvoir choisir librement son époux, et 91 % des sondés souhaitent un égal accès au travail pour tous et la maîtrise par les femmes de leur situation économique.
Dans le domaine familial, les personnes interrogées apparaissent plus divisées. A propos du voile, la moitié des sondés en acceptent le port si telle est la décision de la femme concernée. Mais entre 43 % et 50 % des personnes sondées en Egypte, en Jordanie et au Maroc jugent que la femme doit le porter que cela lui plaise ou non. Sur le plan politique, entre 76 % des consultés approuvent la nomination d'une femme comme ministre, mais 72 % des Egyptiens et 59 % des Jordaniens se disent opposés à ce qu'une femme devienne chef d'Etat. - (Avec AFP)
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En ce qui concerne l'éducation, moins de 80 % des filles vont à l'école secondaire dans tous les pays arabes, sauf à Bahreïn, en Jordanie, dans les territoires palestiniens et au Qatar. L'illettrisme touche la moitié des femmes contre seulement un tiers des hommes.
Sur le plan de la santé, "les maladies privent les femmes d'un nombre plus important d'années de leur vie", un phénomène lié à "des styles généraux de vie caractérisés par la ségrégation à l'encontre des femmes", selon le rapport. La mortalité des mères à la suite d'une grossesse ou d'un accouchement atteint des niveaux "inacceptables", avec 270 morts pour 100 000 accouchements dans l'ensemble de la région. Le chiffre varie entre sept pour 100 000 au Qatar et plus d'un millier de morts dans des pays pauvres comme la Somalie ou la Mauritanie.
LE RAPPORT N'ACCUSE PAS DIRECTEMENT L'ISLAM
Dans beaucoup de pays, observe le rapport, la mise à l'écart des femmes est inscrite dans la législation, alors que la Constitution de ces mêmes Etats leur accorde en principe les mêmes droits qu'aux hommes.
Selon les auteurs de l'enquête, la religion musulmane n'est pas directement responsable de la situation. Les conflits, les occupations étrangères, le terrorisme et la domination des sociétés par "des forces politiques conservatrices et inflexibles" qui protègent "les cultures et valeurs masculines" sont les principaux obstacles à la libération des femmes, estiment-ils.
Mais ces mêmes auteurs plaident pour une révision de la "jurisprudence islamique", ou interprétation du Coran, pour mieux prendre en compte l'évolution de la société. L'étude souligne les écarts au sein du monde arabe en ce qui concerne le statut des femmes, relevant par exemple qu'en Tunisie, en Jordanie, au Liban ou dans les territoires palestiniens, les filles sont davantage scolarisées que les garçons.
Dans la sphère politique, la plupart des Etats concernés – à l'exception de la région du Golfe – ont accordé le droit de vote aux femmes dès les années 1950 et 1960. Des femmes ministres ont fait leur apparition récemment. Mais avec seulement 10 % de députées, les pays arabes conservent la plus faible proportion mondiale de femmes parlementaires. Les auteurs soulignent que la réforme doit aller au-delà du cosmétique et du symbolique.
Les experts concluent que la promotion des femmes requiert avant tout de donner à toutes les femmes arabes les possibilités d'accéder au même niveau de santé et de savoir que les hommes, puis d'"offrir aussi aux femmes toutes les chances de participer activement, sur décision personnelle librement prise, à tous les types d'activités humaines, en dehors du cadre familial, sur un pied d'égalité avec leurs homologues de sexe masculin".