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Rien n'est moins naturel que d'être Juif …

Posté : 11 févr.07, 10:13
par Gilles-Michel DEHARBE
* Pour créer le monde, c'est l'aspect de Dieu appelé Elokim qui a agit, ainsi qu'il est dit: Béréchit bara Elokim……Et l'on sait que le Nom Elokim a la même valeur numérique que le mot Hatéva (la nature). La création de notre monde est donc liée à la nature. Cependant, pour sortir d'Egypte, il a fallu que se dévoile l'aspect de Dieu appelé Avayé (le Nom ineffable à quatre lettres, le tétragramme). Ce Nom représente une dimension qui est au-dessus de la nature. C'est ce qui est dit dans la Agada: Le Roi des rois, béni soit-Il, s'est dévoilé lui-même, pour les délivrer (et non par des intermédiaires qui représentent les forces de la nature). C'est la raison pour laquelle le don de la Torah est essentiellement le dévoilement du Nom Avayé, ainsi qu'il est dit: Je suis Avayé, Ton Dieu qui t'a sorti d'Egypte. Grâce à un dévoilement qui dépasse la nature." (extrait d'une Si'ha du Rabbi de Loubavitch)

Rien n'est moins naturel que d'être Juif!
Ou, plus exactement: rien n'est plus naturel pour un Juif que d'être au-dessus de la nature.

Ce qui permet de comprendre et d'affirmer que rien n'est plus éloigné de l'identité juive véritable qu'une idéologie qui tente de normaliser notre peuple, pour en faire un peuple comme les autres, cent pour cent naturel.

Une telle idéologie est "le début de notre exil", car, lorsque nous nous éloignons de notre identité, nous finissons par nous éloigner de notre terre et de tout ce qu'elle représente.

Vivre juif, c'est accepter l'insupportable mission d'avoir le monde entier contre soi, puisque, fondamentalement, le monde et Israël, procèdent de deux dimensions à l'extrême opposées. (bien qu’au moment de la Délivrance, la nature, elle-même, s'élèvera au-dessus de la nature et l'opposition disparaîtra au point que "D-ieu sera Un et Son Nom Un)

Le véritable Israël incarne tout ce qui est "au dessus de la nature" et est "cent pour cent non naturel", alors que le monde incarne la nature et tout ce qui se soumet à elle.

Mais en vérité, le peuple juif ne peut plus, depuis le don de la Torah, être "naturel" et "comme les autres".

Il est voué à être soit "au-dessus", soit "en dessous" de la nature: soit le plus "'Hacham" des peuples, soit le plus "stupide". Soit le peuple montré en exemple, soit celui tourné en dérision.

L'idéologie moderne de la normalisation de notre peuple a produit la plus grande "farce" de notre histoire où un ministre de la justice peut-être condamné pour un "bisou"!

Finalement, en refusant de supporter le poids de la "différence" pour D-ieu, on supporte le poids du "ridicule" qui, de toutes manières, met notre différence en avant, que nous le voulions ou non.

Cela fait des siècles que notre peuple "flirt" avec la nature et essaye par tous les moyens de se normaliser.

Et cela fait des siècles que la nature le rejette en lui montrant qu'elle ne veut pas de lui.

Finalement, le "monde" est le seul qui respecte vraiment le contrat que nous avons signé sur le mont Sinaï, lorsque nous avons juré de ne plus jamais être "naturels".

A chaque fois que nous oublions ce contrat, le monde, lui-même, nous le rappelle, en nous empêchant par la force de nous normaliser.

Mais l'épreuve de notre génération est peut-être la plus difficile de toutes.

Profitant de millénaires de souffrances et d'épuisement, les "écologistes juifs", pères de la normalisation et du cent pour cent naturel, ont caché et dissimulé sous le masque des "débuts de notre délivrance" et du "retour à Sion", la dernière tentative "d'un peuple comme les autres", juste avant notre vraie Délivrance.

Relire la Parasha de Ytro, aujourd'hui, c'est se réengager, tout naturellement, à être le moins naturel possible, quitte à déplaire à "monsieur tout le monde" et à "monsieur personne".

C'est la raison profonde pour laquelle, la Parasha du don de la Torah porte le nom de Ytro.

Ytro a tout abandonné, ses honneurs, son rang et son statut, en se mettant en marge des hommes, pour aller rejoindre, dans le désert, un peuple qui s'était mis en marge des peuples.

La rencontre entre Ytro et Israël, entre l'homme qui se met en marge et le peuple qui s'est mis en marge, est la matrice du don de la Torah.

Combien est-il dur et pénible de se mettre en marge, d'aller à contre courant, d'être différent et de tourner le dos à l'idéologie dominante, mais c'est le prix à payer pour rester Juif dans ce monde.


- Rav Haïm Dynovisz -