Alors que les chrétiens s'apprêtent à célébrer Pâques, la fête religieuse la plus suivie en France, le sondage TNS-Sofres sur les Français et la religion apporte un éclairage précis sur les appartenances religieuses, les pratiques, mais aussi sur les spécificités régionales en matière de cohabitation religieuse. 69% des Français déclarent avoir une religion et parmi eux :
- 59% se disent catholiques
- 3% musulmans
- 2% protestants
- 1% juifs
- 1% bouddhistes
Largement majoritaire la religion catholique est plus citée à mesure que l'âge s'élève, le phénomène s'inverse en revanche s'agissant des musulmans. Mais dans des proportions moindres puisque la région Paca, présentée dans le sondage comme l'une des régions de France les "plus musulmanes" avec l'Ile-de-France, compte en fait 6% de musulmans, alors qu'il y a 58% de catholiques, 3% de protestants et 1% de juifs. Ensuite, les pratiques religieuses sont diversement suivies et interviennent plus ou moins sur la vie quotidienne. Brice Teinturier, directeur adjoint de la Sofres, considère la religion catholique plus comme une "culture qu'une confession". Il relève que le sentiment d'appartenir à une religion ne s'accompagne pas nécessairement d'une croyance en Dieu. Enfin, si les Français admettent que les différentes religions pourront "vivrent ensemble", ce ne sera pas sans tensions ni crises pour 47% d'entre eux en région Paca. Les catholiques, notamment, ne sont que 22% en France à envisager une cohabitation sans tension.
Jacky Cordonnier / Historien des religions
"Une autre forme de foi"
"On m'avait posé la même question en 1966, et 89% des Français revendiquaient leur appartenance à une religion. Quarante ans plus tard, ils sont 69%, la désaffection est visible, elle est la conséquence d'une grande mutation et la religiosité des individus. On veut tout, tout de suite, c'est un peu le supermarché du croire, d'où une recherche pour certains catholiques qui ne se reconnaissent plus dans les pratiques religieuses ou qui remettent en cause le discours du Pape, vers d'autres pratiques, d'autres expériences, comme le bouddhisme, ou même de nouvelles formes de religions comme les sectes."
"Chez les musulmans le fait de pratiquer leur permet d'appartenir à la communauté, d'exister, alors que la religion catholique est plus individualiste, certains d'ailleurs ne pratiquent pas mais se retrouvent dans le bénévolat, l'aide aux autres, c'est aussi une manière de vivre sa foi. Il y a une radicalisation des religions qui peut faire craindre pour l'avenir de la cohabitation, c'est un sentiment plus ici en région Paca qu'ailleurs en France, mais je pense que c'est précisément par l'interreligieux que passera l'avenir de la société."
Vendredi 6 mars 2007
