Congrés Mondial Amazigh
Posté : 12 avr.07, 23:56
Le CMA interpelle le Haut Commissaire des Nations uni aux DH
Mr Sergio Vieira De Mello Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme Palais Wilson Genève Monsieur le Haut Commissaire, Il y a plus d’un demi-siècle, l’humanité se dotait d’une charte dont l’objet était et demeure la lutte pour la protection et la promotion des droits individuels et collectifs des personnes et des peuples. Ce document est devenu la référence universelle et permanente à partir de laquelle chacun peut mesurer la distance qui le sépare de cet idéal humain fondé sur le respect des valeurs de liberté, de dignité, de justice et de paix. Malheureusement, et vous l’avez signalé vous-même dans votre déclaration du 10 décembre avec une grande justesse, il y a encore sur terre beaucoup d’atrocités, beaucoup trop d’atrocités, commises au nom des appétits démesurés de pouvoir, de domination, de cumul de richesses matérielles ou tout simplement par bêtise humaine. Il en est ainsi en Afrique du Nord où le peuple autochtone amazigh (berbère), composé à l’heure actuelle d’une trentaine de millions de personnes, continue de payer au prix le plus fort sa résistance obstinée à l’assimilation forcée dont il fait l’objet. Les amazighs connus pour leur hospitalité légendaire n’ont jamais fait preuve d’agressivité envers les nombreux groupes étrangers qui sont venus s’installer sur leurs territoires. A chaque fois qu’ils ont dû livrer bataille, ils ont dû le faire seulement en résistants contre les visées hégémoniques des envahisseurs. C’était le cas aussi bien contre les romains, que les arabo-musulmans, les ottomans, les espagnols ou les français. Sans cesse attaqués par de nouvelles vagues de conquérants, les amazighs n’ont dû leur salut qu’à l’abandon de leurs terres les plus nourricières pour se réfugier dans les zones les moins accessibles, mais qui se trouvent être aussi économiquement les plus ingrates. Les populations amazighophones, c’est-à-dire celles qui ont pu conserver leur langue et leur culture, occupent aujourd’hui exclusivement les régions montagneuses ou désertiques (Sahara). Mais même là, dans ces espaces pauvres et hostiles où ils croyaient pouvoir retrouver enfin paix et liberté, les amazighs sont encore et toujours poursuivis par la cupidité de ceux qui détiennent pourtant déjà tous les pouvoirs politique et économique. Ainsi, les touaregs dans les immensités sahariennes ou les paysans de l’Atlas marocain sont sciemment maintenus dans la marginalité et une vie « primitive » afin d’exciter la curiosité du spectateur du monde développé, « civilisé ». En plus de cette exploitation honteuse de la misère à des fins touristiques, les richesses du sous-sol touareg sont entièrement accaparées par les gouvernements algérien, malien ou nigérien, tandis que les villageois du sud et du sud-est du Maroc sont expropriés illégalement et par la force de leurs terres collectives. Les populations amazighes de Libye et de Tunisie sont en voie d’extinction par suite des politiques d’assimilation et de répression implacables. Aux îles Canaries, il s’agit tout simplement d’une question de colonisation mise en œuvre depuis plus de 5 siècles par le gouvernement espagnol qui s’adonne au pillage économique de ce territoire. En Algérie, les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les différentes régions où vivent encore les populations amazighes qui ont pu jusque-là échapper à la domination de l’idéologie arabo-islamique. Considérées comme des territoires à pacifier, ces régions coupables d’avoir préservé leur identité ancestrale, sont exclues du développement économique et social, dans un pays où pourtant les ressources énergétiques suffiraient à elles seules à nourrir toute la population. La région de Kabylie peuplée d’environ 7 à 8 millions d’habitants est particulièrement visée. Depuis 20 mois, le gouvernement multiplie les provocations et la répression d’une brutalité exceptionnelle qui a fait à ce jour 122 tués par balles et 5000 blessés, en toute impunité. A l’heure actuelle, la grève de la faim reste le recours ultime de plusieurs dizaines de détenus politiques kabyles qui n’ont pas trouvé d’autre moyen de protester contre les abus de pouvoir. Leur état de santé devient chaque jour un peu plus préoccupant, certains se trouvant même dans une situation très critique. Pourtant, les populations de cette région ne font que réclamer pacifiquement des conditions de vie décentes, la reconnaissance de leur identité et le respect de leur dignité. Il n’est pas concevable que des revendications citoyennes puissent continuer à recevoir comme seule réponse la violence institutionnelle et le silence méprisant. Ce non droit est la seule source de conflit entre la société et le pouvoir algérien. La communauté des Etats démocratiques et les institutions intergouvernementales doivent plus que jamais prendre leurs responsabilités pour faire cesser les violations massives et répétées des droits humains. Il est temps que les engagements souscrits en matière de respect des principes démocratiques et d’état de droit soient effectivement respectés, sans délai et sans exception. En cette journée mondiale des droits de l’homme, l’espoir des peuples martyrisés et la crédibilité des mécanismes des Nations Unies recommandent l’application totale, efficace et intransigeante du droit international. Dans l’immédiat, le Congrès Mondial Amazigh (CMA), ONG de défense des droits des amazighs (berbères), sollicite votre haute bienveillance, Monsieur Vieira De Mello, de bien vouloir intervenir en urgence auprès du gouvernement algérien, pour empêcher l’issue fatidique qui menace à très brève échéance les délégués du mouvement citoyen de Kabylie, grévistes de la faim, incarcérés dans les prisons de Tizi-Ouzou, Béjaia et Bouira. Nous vous remercions par avance et vous prions d’agréer, Monsieur le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, l’expression de notre haute considération. Paris, le 10/12/02. Le Bureau Mondial du CMA.
Mr Sergio Vieira De Mello Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme Palais Wilson Genève Monsieur le Haut Commissaire, Il y a plus d’un demi-siècle, l’humanité se dotait d’une charte dont l’objet était et demeure la lutte pour la protection et la promotion des droits individuels et collectifs des personnes et des peuples. Ce document est devenu la référence universelle et permanente à partir de laquelle chacun peut mesurer la distance qui le sépare de cet idéal humain fondé sur le respect des valeurs de liberté, de dignité, de justice et de paix. Malheureusement, et vous l’avez signalé vous-même dans votre déclaration du 10 décembre avec une grande justesse, il y a encore sur terre beaucoup d’atrocités, beaucoup trop d’atrocités, commises au nom des appétits démesurés de pouvoir, de domination, de cumul de richesses matérielles ou tout simplement par bêtise humaine. Il en est ainsi en Afrique du Nord où le peuple autochtone amazigh (berbère), composé à l’heure actuelle d’une trentaine de millions de personnes, continue de payer au prix le plus fort sa résistance obstinée à l’assimilation forcée dont il fait l’objet. Les amazighs connus pour leur hospitalité légendaire n’ont jamais fait preuve d’agressivité envers les nombreux groupes étrangers qui sont venus s’installer sur leurs territoires. A chaque fois qu’ils ont dû livrer bataille, ils ont dû le faire seulement en résistants contre les visées hégémoniques des envahisseurs. C’était le cas aussi bien contre les romains, que les arabo-musulmans, les ottomans, les espagnols ou les français. Sans cesse attaqués par de nouvelles vagues de conquérants, les amazighs n’ont dû leur salut qu’à l’abandon de leurs terres les plus nourricières pour se réfugier dans les zones les moins accessibles, mais qui se trouvent être aussi économiquement les plus ingrates. Les populations amazighophones, c’est-à-dire celles qui ont pu conserver leur langue et leur culture, occupent aujourd’hui exclusivement les régions montagneuses ou désertiques (Sahara). Mais même là, dans ces espaces pauvres et hostiles où ils croyaient pouvoir retrouver enfin paix et liberté, les amazighs sont encore et toujours poursuivis par la cupidité de ceux qui détiennent pourtant déjà tous les pouvoirs politique et économique. Ainsi, les touaregs dans les immensités sahariennes ou les paysans de l’Atlas marocain sont sciemment maintenus dans la marginalité et une vie « primitive » afin d’exciter la curiosité du spectateur du monde développé, « civilisé ». En plus de cette exploitation honteuse de la misère à des fins touristiques, les richesses du sous-sol touareg sont entièrement accaparées par les gouvernements algérien, malien ou nigérien, tandis que les villageois du sud et du sud-est du Maroc sont expropriés illégalement et par la force de leurs terres collectives. Les populations amazighes de Libye et de Tunisie sont en voie d’extinction par suite des politiques d’assimilation et de répression implacables. Aux îles Canaries, il s’agit tout simplement d’une question de colonisation mise en œuvre depuis plus de 5 siècles par le gouvernement espagnol qui s’adonne au pillage économique de ce territoire. En Algérie, les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les différentes régions où vivent encore les populations amazighes qui ont pu jusque-là échapper à la domination de l’idéologie arabo-islamique. Considérées comme des territoires à pacifier, ces régions coupables d’avoir préservé leur identité ancestrale, sont exclues du développement économique et social, dans un pays où pourtant les ressources énergétiques suffiraient à elles seules à nourrir toute la population. La région de Kabylie peuplée d’environ 7 à 8 millions d’habitants est particulièrement visée. Depuis 20 mois, le gouvernement multiplie les provocations et la répression d’une brutalité exceptionnelle qui a fait à ce jour 122 tués par balles et 5000 blessés, en toute impunité. A l’heure actuelle, la grève de la faim reste le recours ultime de plusieurs dizaines de détenus politiques kabyles qui n’ont pas trouvé d’autre moyen de protester contre les abus de pouvoir. Leur état de santé devient chaque jour un peu plus préoccupant, certains se trouvant même dans une situation très critique. Pourtant, les populations de cette région ne font que réclamer pacifiquement des conditions de vie décentes, la reconnaissance de leur identité et le respect de leur dignité. Il n’est pas concevable que des revendications citoyennes puissent continuer à recevoir comme seule réponse la violence institutionnelle et le silence méprisant. Ce non droit est la seule source de conflit entre la société et le pouvoir algérien. La communauté des Etats démocratiques et les institutions intergouvernementales doivent plus que jamais prendre leurs responsabilités pour faire cesser les violations massives et répétées des droits humains. Il est temps que les engagements souscrits en matière de respect des principes démocratiques et d’état de droit soient effectivement respectés, sans délai et sans exception. En cette journée mondiale des droits de l’homme, l’espoir des peuples martyrisés et la crédibilité des mécanismes des Nations Unies recommandent l’application totale, efficace et intransigeante du droit international. Dans l’immédiat, le Congrès Mondial Amazigh (CMA), ONG de défense des droits des amazighs (berbères), sollicite votre haute bienveillance, Monsieur Vieira De Mello, de bien vouloir intervenir en urgence auprès du gouvernement algérien, pour empêcher l’issue fatidique qui menace à très brève échéance les délégués du mouvement citoyen de Kabylie, grévistes de la faim, incarcérés dans les prisons de Tizi-Ouzou, Béjaia et Bouira. Nous vous remercions par avance et vous prions d’agréer, Monsieur le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, l’expression de notre haute considération. Paris, le 10/12/02. Le Bureau Mondial du CMA.