Croix chrétienne et shahâdat :même signification symbolique?
Posté : 29 sept.07, 03:58
Henry Corbin islamologue éminent , dans sa « Trilogie Ismaélienne » ( traduction d’œuvres majeures de l’Ismaélisme ) , relate que les ismaéliens voient une identité de structure entre la Croix chrétienne et la shahâdat (profession de foi musulmane : Lâ ilâha illa’Llâh, il n’est de divinité que Dieu) .Ce thème est développé par le théosophe persan Abû Ya’qûb Sejestânî (Xième s ) , qui va jusqu’à affirmer l’obligation pour les adeptes de vénérer également l’une et l’autre. D’après lui : « La shahâdat est fondée sur la négation et sur l’affirmation. De même la Croix est constituée de deux pièces de bois : l’une qui est affermie [l’affirmative] par soi-même, l’autre qui n’a d’affermissement [d’affirmation] que par l’affermissement de la première.
En outre la shahâdat est composée de quatre mots. De même la Croix a quatre branches. Il y a la branche qui est affermie dans le sol ; elle est l’homologue de celui qui est à la base de l’herméneutique spirituelle (Sâhib al-ta’wîl, l’Imâm) et sur qui s’appuient les âmes des chercheurs. Il y a la branche qui lui correspond dans le sens de la hauteur, en l’air ; elle est l’homologue de celui qui dispense l’énergie spirituelle (Sâhib al-ta’yîd, le premier être, le Confortator) et sur qui reposent les âmes de ceux qu’il assiste (al-moyyadûn, les confortati).
Les deux autres branches au milieu, du côté gauche et du côté droit, correspondent respectivement au Tâlî (l’Âme, le second être) et au Nâtiq (le Prophète) (...).
La shahâdat comporte sept syllabes ; de même la Croix comporte quatre angles et trois extrémités [dans l’espace]. Ces quatre angles et trois extrémités réfèrent aux sept Atimmâ’ (Imams) de la période chrétienne [du cycle de la prophétie], de même que les sept syllabes dans la shahâdat réfèrent aux sept imams de la période du prophète. Chacune des quatre branches comporte trois dimensions dont le produit donne le nombre douze : de même la shahâdat comporte douze lettres (...) Enfin de même que la shahâdat est parachevée lorsqu’elle est conjointe avec Mohammad, de la Croix même acquit sa noblesse après que l’on eut trouvé sur elle le “Prophète de cette période” ».
D’autres rapprochements entre les deux religions Islam et Christianisme figurent dans le traité d’Abû Ya’cûb, en particulier lorsqu’il cite l’Évangile selon saint Matthieu. D’ailleurs, relève Corbin, « le cas n’est pas unique dans les textes ismaéliens, voire chez les shî’ites duodécimains, puisque le testament spirituel de leur VIIe Imam, Musa Kazem, se termine par un extrait des Béatitudes ».
L’ismaélisme est une branche du shiisme qui a joué un rôle historique majeur en islam : c’est la doctrine des Fatimides d’Égypte (Xe-XIe siècle), celle des fidèles de l’imâm Nizar qui vécurent en 1164, en Iran, la proclamation de la « Grande résurrection d’Alamût ».
Pour les shiites, le Coran comporte deux sens; le sens exotérique (zâhir), est la partie manifeste, l'enveloppe, et le sens ésotérique (bâtin) est la partie cachée, la vérité profonde. La révélation se caractérise par des données littérales (tanzîl) et une interprétation allégorique ou symbolique (ta‘wil) qui est indispensable à une compréhension du sens profond du message religieux. «Privée de la réalité spirituelle et de l'ésotérisme, la religion positive est opacité et servitude; elle n'est plus qu'un catalogue de dogmes ou un catéchisme , au lieu de rester ouverte à l'éclosion de significations nouvelles et imprévisibles .»
En outre la shahâdat est composée de quatre mots. De même la Croix a quatre branches. Il y a la branche qui est affermie dans le sol ; elle est l’homologue de celui qui est à la base de l’herméneutique spirituelle (Sâhib al-ta’wîl, l’Imâm) et sur qui s’appuient les âmes des chercheurs. Il y a la branche qui lui correspond dans le sens de la hauteur, en l’air ; elle est l’homologue de celui qui dispense l’énergie spirituelle (Sâhib al-ta’yîd, le premier être, le Confortator) et sur qui reposent les âmes de ceux qu’il assiste (al-moyyadûn, les confortati).
Les deux autres branches au milieu, du côté gauche et du côté droit, correspondent respectivement au Tâlî (l’Âme, le second être) et au Nâtiq (le Prophète) (...).
La shahâdat comporte sept syllabes ; de même la Croix comporte quatre angles et trois extrémités [dans l’espace]. Ces quatre angles et trois extrémités réfèrent aux sept Atimmâ’ (Imams) de la période chrétienne [du cycle de la prophétie], de même que les sept syllabes dans la shahâdat réfèrent aux sept imams de la période du prophète. Chacune des quatre branches comporte trois dimensions dont le produit donne le nombre douze : de même la shahâdat comporte douze lettres (...) Enfin de même que la shahâdat est parachevée lorsqu’elle est conjointe avec Mohammad, de la Croix même acquit sa noblesse après que l’on eut trouvé sur elle le “Prophète de cette période” ».
D’autres rapprochements entre les deux religions Islam et Christianisme figurent dans le traité d’Abû Ya’cûb, en particulier lorsqu’il cite l’Évangile selon saint Matthieu. D’ailleurs, relève Corbin, « le cas n’est pas unique dans les textes ismaéliens, voire chez les shî’ites duodécimains, puisque le testament spirituel de leur VIIe Imam, Musa Kazem, se termine par un extrait des Béatitudes ».
L’ismaélisme est une branche du shiisme qui a joué un rôle historique majeur en islam : c’est la doctrine des Fatimides d’Égypte (Xe-XIe siècle), celle des fidèles de l’imâm Nizar qui vécurent en 1164, en Iran, la proclamation de la « Grande résurrection d’Alamût ».
Pour les shiites, le Coran comporte deux sens; le sens exotérique (zâhir), est la partie manifeste, l'enveloppe, et le sens ésotérique (bâtin) est la partie cachée, la vérité profonde. La révélation se caractérise par des données littérales (tanzîl) et une interprétation allégorique ou symbolique (ta‘wil) qui est indispensable à une compréhension du sens profond du message religieux. «Privée de la réalité spirituelle et de l'ésotérisme, la religion positive est opacité et servitude; elle n'est plus qu'un catalogue de dogmes ou un catéchisme , au lieu de rester ouverte à l'éclosion de significations nouvelles et imprévisibles .»