Le Voile de la peur par Samia Shariff
Posté : 01 nov.07, 04:37
"LE VOILE DE LA PEUR"
Samia Shariff plaide pour la liberté
Le Quotidien
Mis en vente ce 8 mars, Journée internationale de la femme, le livre de Samia Shariff dénonce l'horreur qu'elle a vécu. Son témoignage, qu'elle a confié à l'éditeur Jean-Claude Larouche de Chicoutimi, est l'ultime plaidoyer de sa vie menacée, au nom de la liberté de ses filles. "Le voile de la peur" est un livre choc.
Le suspense est aussi intense que dans "Jamais sans ma fille", mais l'horreur y est encore plus grande. Méprisée, battue dès son enfance, violée à répétition à 15 ans, dès sa nuit de noce jusqu'à sa fuite, menacée de mort et agressée, Samia Shariff s'est réfugiée au Québec avec cinq de ses six enfants.
"Moi, ma vie est finie, dit-elle au cours d'une longue entrevue accordée au Quotidien. Je me bats pour mes filles. Ici, je me sens en sécurité. Le fait que je sorte ce livre est un grand pas, une promesse faite à mes filles. Pour qu'elles puissent être des femmes libres."
Ce qui semble acquis aux femmes du Québec, sa terre d'adoption, ne le sera jamais tout à fait pour elle. Sous les trois voiles masquant son visage et celui de ses deux filles, photographie illustrant la page couverture de son livre, se cache la peur d'une femme courageuse. Peur d'être tuée par des fanatiques convaincus qu'un crime d'honneur garantit le paradis à son exécuteur. Peur d'une famille qui l'a contrainte à se soumettre à toutes les violences d'un époux abusif, n'hésitant pas à recourir à la séquestration, la torture et la menace de mort.
À la lecture de "Le voile de la peur", on perçoit une inconcevable réalité, sanctionnée par une interprétation d'un texte religieux insidieusement manipulé pour servir les pires instincts de domination et de misogynie. Samia Shariff, dressée à se soumettre inconditionnellement à la volonté des hommes, précise que le sort n'est pas le même pour toutes les femmes algériennes musulmanes. "Cela dépend des familles" dit-elle. Cependant, pour ceux qui choisissent d'être abuseurs, violeurs et sadiques, les lois sont permissives à l'égard des fanatiques et ne protègent ni les femmes ni les enfants.
Sortir de l'enfer
Née en France au sein d'une riche famille algérienne, Samia n'a connu que le mépris et le rejet. Son crime? Être une fille. Pour la famille, cela veut dire une source de dangers pour "leur honneur". Le risque que leur fille soit regardée par les hommes, que les "autres" la considèrent comme une putain pour peu qu'elle se dévoile, qu'elle adresse la parole à un mâle. La pression est encore plus forte quand la famille retourne vivre en Algérie.
Pour soustraire l'enfant à toute convoitise, elle est retirée de l'école à 14 ans, fiancée et mariée contre son gré à 15 ans. Bien sûr, elle a le droit légal de ne pas être contrainte. Mais que faire quand le choix donné est de se soumettre ou de mourir?
Elle n'est même pas vendue. Le fiancé est généreusement payé pour devenir le "maître" de Samia. La battre et la violer est sa manière d'affirmer son autorité. Il ira même jusqu'à vendre son fils premier né à sa belle-mère. Répudiée sans pouvoir le dire, passant donc pour une femme perverse puisque vivant sans homme, l'enfer de Samia atteint le point culminant lorsqu'elle apprendra que sa fille aînée a été la proie des désirs de son père.
Elle fuit l'Algérie pour retourner en France avec ses cinq enfants. Aventure périlleuse qui ne suffit pas à mettre assez de distance entre elle et ceux qui la menacent. Elle fuit encore, la France cette fois, espérant se réfugier au Canada. La saga de ce voyage est incroyable: munie de faux papiers, réussissant à convaincre ses petits de "jouer un jeu" elle réussit à se rendre jusqu'en Espagne. Le sort s'acharne: pour atteindre le Canada, elle doit ou passer par les États-Unis (moins d'un mois après le fatidique 11 septembre) ou prendre un vol passant en transit par la France, au risque de passer une fois encore la dangereuse étape de la douane. Suspense.
Le 10 octobre 2001 est une date mémorable pour Samia. Le 8 mars 2006 en est une autre. "On m'a convaincue toute ma vie que je ne n'étais capable de rien. J'ai appris à travailler, j'ai pris conscience que je suis une femme libre de gagner sa vie, d'écrire un livre. Je sais vivre un jour à la fois... et je vais prendre ma place."
http://v.i.v.free.fr/msd/voile-de-la-peur.html
Samia Shariff plaide pour la liberté
Le Quotidien
Mis en vente ce 8 mars, Journée internationale de la femme, le livre de Samia Shariff dénonce l'horreur qu'elle a vécu. Son témoignage, qu'elle a confié à l'éditeur Jean-Claude Larouche de Chicoutimi, est l'ultime plaidoyer de sa vie menacée, au nom de la liberté de ses filles. "Le voile de la peur" est un livre choc.
Le suspense est aussi intense que dans "Jamais sans ma fille", mais l'horreur y est encore plus grande. Méprisée, battue dès son enfance, violée à répétition à 15 ans, dès sa nuit de noce jusqu'à sa fuite, menacée de mort et agressée, Samia Shariff s'est réfugiée au Québec avec cinq de ses six enfants.
"Moi, ma vie est finie, dit-elle au cours d'une longue entrevue accordée au Quotidien. Je me bats pour mes filles. Ici, je me sens en sécurité. Le fait que je sorte ce livre est un grand pas, une promesse faite à mes filles. Pour qu'elles puissent être des femmes libres."
Ce qui semble acquis aux femmes du Québec, sa terre d'adoption, ne le sera jamais tout à fait pour elle. Sous les trois voiles masquant son visage et celui de ses deux filles, photographie illustrant la page couverture de son livre, se cache la peur d'une femme courageuse. Peur d'être tuée par des fanatiques convaincus qu'un crime d'honneur garantit le paradis à son exécuteur. Peur d'une famille qui l'a contrainte à se soumettre à toutes les violences d'un époux abusif, n'hésitant pas à recourir à la séquestration, la torture et la menace de mort.
À la lecture de "Le voile de la peur", on perçoit une inconcevable réalité, sanctionnée par une interprétation d'un texte religieux insidieusement manipulé pour servir les pires instincts de domination et de misogynie. Samia Shariff, dressée à se soumettre inconditionnellement à la volonté des hommes, précise que le sort n'est pas le même pour toutes les femmes algériennes musulmanes. "Cela dépend des familles" dit-elle. Cependant, pour ceux qui choisissent d'être abuseurs, violeurs et sadiques, les lois sont permissives à l'égard des fanatiques et ne protègent ni les femmes ni les enfants.
Sortir de l'enfer
Née en France au sein d'une riche famille algérienne, Samia n'a connu que le mépris et le rejet. Son crime? Être une fille. Pour la famille, cela veut dire une source de dangers pour "leur honneur". Le risque que leur fille soit regardée par les hommes, que les "autres" la considèrent comme une putain pour peu qu'elle se dévoile, qu'elle adresse la parole à un mâle. La pression est encore plus forte quand la famille retourne vivre en Algérie.
Pour soustraire l'enfant à toute convoitise, elle est retirée de l'école à 14 ans, fiancée et mariée contre son gré à 15 ans. Bien sûr, elle a le droit légal de ne pas être contrainte. Mais que faire quand le choix donné est de se soumettre ou de mourir?
Elle n'est même pas vendue. Le fiancé est généreusement payé pour devenir le "maître" de Samia. La battre et la violer est sa manière d'affirmer son autorité. Il ira même jusqu'à vendre son fils premier né à sa belle-mère. Répudiée sans pouvoir le dire, passant donc pour une femme perverse puisque vivant sans homme, l'enfer de Samia atteint le point culminant lorsqu'elle apprendra que sa fille aînée a été la proie des désirs de son père.
Elle fuit l'Algérie pour retourner en France avec ses cinq enfants. Aventure périlleuse qui ne suffit pas à mettre assez de distance entre elle et ceux qui la menacent. Elle fuit encore, la France cette fois, espérant se réfugier au Canada. La saga de ce voyage est incroyable: munie de faux papiers, réussissant à convaincre ses petits de "jouer un jeu" elle réussit à se rendre jusqu'en Espagne. Le sort s'acharne: pour atteindre le Canada, elle doit ou passer par les États-Unis (moins d'un mois après le fatidique 11 septembre) ou prendre un vol passant en transit par la France, au risque de passer une fois encore la dangereuse étape de la douane. Suspense.
Le 10 octobre 2001 est une date mémorable pour Samia. Le 8 mars 2006 en est une autre. "On m'a convaincue toute ma vie que je ne n'étais capable de rien. J'ai appris à travailler, j'ai pris conscience que je suis une femme libre de gagner sa vie, d'écrire un livre. Je sais vivre un jour à la fois... et je vais prendre ma place."
http://v.i.v.free.fr/msd/voile-de-la-peur.html