Je suis athée mais pas intégriste de ma philosophie. Je ne sombre pas dans l'émotionnel, dans mes peurs afin d'écrire n'importe quoi, des choses stupides à propos de l'Islam (entre autres), je ne suis pas comme Fienkelkroute, je ne fais pas porter mon différent politique à la culture de "l'autre". Même si dans le fond on est peut-être d'accord quant à la privation de libertés qu'engendre peut-être les religions, je ne me permet aucun jugement de valeur. Car il est tellement facile de "casser du mumu" sur France Cul' que cela en est presque mignon tellement c'est con-sensuel, ValFourestisé. Ah! Au fait! Quand iras-tu au MEDEF toi aussi?
Au MEDEF? Jamais! Je ne suis pas un philosophe médiatique qui passe à la télé pour vendre mes bouquins, ma notoriété, etc. pour ensuite leur cracher dans la gueule en disant (ce qui n'est pas faux) qu'ils sont fassisstes et, comme mon ex José Bové, que je ne savais pas avant d'y avoir mis les pieds (pourtant j'ai lu Pierre Bourdieu... mais j'ai rien compris) et qui, bien entendu, je continue d'y aller comme si de rien était. Vive la télé pas fassisste mais un peu quand même...
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La nouvelle rébellion de Michel Onfray : nucléaire, manipulations génétiques, et beaucoup de docilité pour les médias.
Michel Onfray est le nouveau héraut de la gauche de gauche. Si le créateur des universités populaires est surtout connu pour son athéisme, on sait moins qu’il est pro-nucléaire et pro-transgène. Fou de vitesse, hédoniste, matérialiste, Michel Onfray est l’exact contraire philosophe de la décroissance. Le pape de l’athéisme se veut un « rebelle », mais, vu de près, sa philosophie a un goût de productivisme connu.
La gauche antilibérale a accueilli « le philosophe le plus lu de France » sans se poser davantage de questions. Michel Onfray est devenu le maître à penser d’une certaine « gauche », y compris des amis de José Bové. Son
Traité d’athéologie l’a fait connaître au-delà des ces cercles traditionnels anticléricaux. Pourtant, peu de ses adeptes savent que sa haine de la religion est couplée à un amour inconditionnel des progrès technoscientifiques. Son aura dans les milieux altermondialistes prouve surtout l’errance intellectuelle de la gauche de gauche.
Michel Onfray, doté de qualités intellectuelles certaines, a surtout le privilège d’être la coqueluche des grands médias : «
Michel Onfray le rebelle » (
Le Nouvel Observateur), «
brasseur du jouir et de l’utopie » (
L’Humanité), «
philosophe atypique et attachant » (
L’Express), «
Michel Onfray hédoniste social » (
Politis), «
le penseur libertaire » (
Télérama), «
héritier en rébellion » (
Le Monde), etc. Philosophe de l’«
hédonisme libertaire »,
Libération apprécie qu’«
il incarne (…) un engagement où l’action politique se fait à distance des partis. » La preuve? «
Pronucléaire, pro-loi sur le voile, Michel Onfray pense tout seul, à l’écart des dogmes (1). »
Michel Onfray pratique un matérialisme étroit, pour ne pas dire borné : il boucle son « système » par la biologie (
Féeries Anatomiques) après avoir étudié l’esthétique (
La Sculpture de soi), la politique (
Politique du rebelle) et la morale (
L’Art du jouir). Il le déclare : «
L’idéalisme est affaire de gogos, le matérialisme affaire de… philosophes! (2) »
Dans ces livres, il nous pose des questions : Pourquoi faudrait-il refuser de féconder artificiellement une grand-mère ou de cloner Sarkozy? Pourquoi refuser les bébés éprouvettes, l’eugénisme, les manipulations génétiques? Comment en finir définitivement avec le monothéisme ainsi qu’avec les comités d’éthique?
Par amour pour les manipulations génétiques et nucléaire, il utilise une rhétorique connue, prônant de psychiatriser les opposants : «
Les peurs dues au transgénisme ressemblent à s’y méprendre à celles qui accompagnèrent la naissance de l’électricité ou du chemin de fer, voire de l’énergie nucléaire - qui rappelons-le, n’a jamais causé aucun mort : Hiroshima et Nagasaki, puis Tchernobyl procèdent du délire militaire américain, puis de l’impéritie industrielle et bureaucratique soviétique, en aucun cas du nucléaire civil en tant que tel » (
Féeries anatomiques, p. 176). Sa démonstration est celle d’un croyant, qui considérera les erreurs du système comme des « dysfonctionnements » secondaires, qui ne remettent pas en cause la logique profonde du système. Les cancéreux de France, contaminés d’Ukraine et irradiés de Polynésie apprécieront.
Ainsi, Michel Onfray ne nous dit rien de ce qui menace vraiment l’humanité (le réchauffement planétaire, l’épuisement des ressources, la perte du sens des limites, la crise de la symbolique, etc.). Il nous dit tout en revanche des vrais miracles que seraient les enjeux de la technoscience. L’idée que l’épanouissement des peuples et la logique de la science puissent diverger ne l’effleure pas, il le clame à la face de tous les mécréants : on n’arrête pas le progrès.
Michel Onfray se pose en défenseur de la science pure, il veut sauver la recherche de toute contamination. Il condamne sur le même plan la science vendue au marché et les comités d’éthique. Le scientisme ordinaire débouche sur le refus du politique et de la démocratie. La politique devrait s’effacer devant l’organisation scientifique de la cité et les citoyens devant les scientifiques. Tout adversaire devient un obscurantiste, un métaphysicien, un religieux en puissance. Or le nazisme comme le stalinisme ont prouvé que prétendre fonder une société sur la science débouche immanquablement sur une idéologie criminelle.
L’idée d’une prétendue neutralité de la science est en soi contestable. Le scientisme est aussi une trahison de la science qu’elle fait fonctionner comme une religion. Sa dérive conduit à écraser le sujet humain et a conduit à une logique d’indifférenciation barbare confondant humain et objet, humanité et animalité, vivants et morts, etc. Nous en vivons les premiers signes non seulement avec le culte des cyborgs si proche du « corps faustien » de Michel Onfray mais aussi avec le refus, tellement tendance, de la différenciation générationnelle et sexuelle.
Michel Onfray est conduit à voir dans Peter Singer (le gourou de la libération animale) un maître à penser en passant sous silence ses propos inacceptables sur la zoophilie. Il prend à rebrousse-poil tous les grands combats de ces dernières décennies. Feu sur les militants anti-nucléaire Feu sur les faucheurs d’OGM obscurantistes qui mènent la danse contre la transgénèse Le plus grand péché de Michel Onfray est politique et non pas scientifique.
Sa philosophie commet le même dommage que la notion le développement durable. Non seulement elle ne tiendra pas ses promesses (car nous prendrons le ciel sur la tête avant que ses Professeurs foldingues ne soient au pouvoir) mais elle endort l’esprit critique. Bonnes gens : dormez tranquilles, ayez confiance dans la science et les scientifiques
L’homme Michel Onfray campe pourtant la figure de l’éternel révolté : cette posture est celle de l’adolescence, c’est-à-dire d’une société qui n’en a pas fini avec le culte de toute-puissance et l’idée d’un monde sans limites. C’est cette idéologie qui conduit à ériger la consommation en mode d’épanouissement personnel et collectif.
On ne s’offusquera pas de cette captation de l’hédonisme, qui contribue à faire de ses adversaires des pisse-froid et des durs à jouir. On se demande plutôt si cet hédoniste affiché ne sert pas avant tout de vaseline pour forcer le passage à son culte de la puissance et de l’efficacité. Son «
manifeste hédoniste » publié en 2006 s’appelle
La Puissance d’exister. Notre philosophe aurait-il oublié que l’humanité n’est grande que dans le respect de ses faiblesses (ses membres faibles et la part faible de chacun d’entre nous)? Accepter que l’on s’en prenne à l’a-normal, c’est admettre par avance que l’humanité toute entière passe à la moulinette du critère de l’efficacité.
Sacré « champion de la gauche de la gauche », Michel Onfray prône un capitalisme libertaire : «
Je suis un antilibéral absolu. En revanche, moi, je ne suis pas anticapitaliste car le capitalisme c’est la possibilité de créer des richesses avec des gens qui possèdent, qui investissent… alors je ne vois pas d’alternative à ça » émission « Pas de quartier » sur Radio libertaire, 3-2-2004).
Sa référence à l’Etat est plus qu’ambiguë : le modèle dont s’inspire Onfray est davantage celui des communautés que la société politique. Sa posture postrépublicaine se décline comme toujours sous un jargon hédoniste : «
créer des occasions individuelles ou communautaires d’ataraxie réelle et de sérénité effectives »… Certes, il se défend de tout communautarisme mais avouons qu’il ne convainc pas.
Michel Onfray confie à
L’Humanité : «
Il y a dans cet éloge que je fais de la grande individualité un aspect « despotisme éclairé » qui n’est pas antagonique avec le fait d’être de gauche. »
Son socialisme est celui contre lequel se battaient Marx et Bakounine : socialisme féodal, pour ne pas dire aristocratique. Son éloge de l’élite ne s’étend pas aux fonctionnaires : justifiant sa démission de l’Education nationale, le philosophe dénonce «
l’enseignant infecté par son statut et gère les affaires courantes (…). Il attend l’avancement, le changement d’échelon, avec la même impatience et le même intérêt avide des vacances (3) » (interview CNT-Lille, site Nouveau Millénaire, défis libertaires, 14-11-2002). C’est sûrement cela que
Libération appelle «
penser en dehors des dogmes ».
Notre pape de la technoscience aime ce monde de la démesure. Il en veut même davantage : «
Cette aurore (…) éclaire de ses premiers feux une époque radicalement nouvelle (…). Naître, vivre, souffrir, vieillir, mourir ne s’éprouvent plus selon l’ordre naturel pluriséculaire mais selon l’ordre culturel à venir. L’Occident passe à la vitesse supérieure (4)… »
La question se pose : son amour de la technoscience serait-il le cache-sexe d’une passion immodérée pour l’Occident? On pourrait le craindre à constater avec quelle hargne il s’en prend à l’islam et au Coran, «
un livre datant des premières années de 630, hypothétiquement dicté à un gardeur de chameaux illettré, [qui] décide dans le détail du quotidien de milliards d’hommes à l’heure de la vitesse supersonique, de la conquête spatiale, de l’informatisation généralisée de la planète (5) ».
Le voilà donc arpentant les thèses sur le « choc des civilisations », même si c’est pour les renvoyer dos à dos au nom de son «
athéologie » scientiste. Et que trouve-t-il de si délicieux dans ce bel Occident : les droits de l’homme, la démocratie? Le lecteur restera sur sa faim.
Michel Onfray, iconoclaste autoproclamé, est pourtant en nombreuse compagnie. Au sein de internationale de l’hédonisme scientiste se trouve Hervé Fischer, auteur d’un livre significatif,
Nous sommes des Dieux (Grasset, 2005), dans lequel il fait l’éloge du zapping télévisuel, fondateur, selon lui, d’une nouvelle structure mentale plus libre. Hervé Fischer déclare à la revue
Voir du 11 mai 2006 : «
Nous ne sommes pas encore des Dieux, mais comme Dieu n’existe pas, il va bien falloir que nous assumions sa place. » Dans quel délai, telle est la question. Michel Onfray ne confiait-il pas à l’Express du 21 mars 2005 : «
Je trouve que tout va toujours trop lentement » ?
(Mars 2007)
(1) -
Libération, 5-12-2006, voir aussi
Le Plan B, 9-2-2007.
(2) -
L’Humanité, 1-4-2006.
(3) -
http://libertaire.free.fr/MOnfray01.html
(4) -
Féeries anatomiques[/ai], Grasset, p. 175.
(5) - Traité d'athéologie, Grasset, 2005.
C'est humouristique.
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http://lmsi.net/article.php3?id_article=447
http://lmsi.net/spip.php?article467
http://lmsi.net/spip.php?article466
http://lmsi.net/spip.php?article468
http://republicoin.blogspot.com/2007/03 ... nfray.html
http://infokiosques.net/imprimersans2.p ... rticle=348
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet ... s-eternels
http://www.monde-diplomatique.fr/2004/0 ... ESSE/11019
http://atheles.org/aden/lapetitebibliot ... index.html
http://www.caute.lautre.net/IMG/jpg/Onfray-2.jpg
http://onsefechier-anatic6.blogspot.com ... rdige.html
http://bruno.colombari.free.fr/spip.php?article273
http://cequilfautdetruire.org/spip.php?article1550
http://iismm.ehess.fr/document.php?id=102
http://www.1001nuits.org/index.php?titl ... hel_Onfray
"ONFRAY ENFOIRE!" comme dit Nabe :
marc.edouard.nabe.free.fr/Sauver_Sine.pdf
http://contre-michelonfray.over-blog.com/
http://nicomaque.blogspot.com/2005/10/n ... nfray.html