Guerres et religions
Posté : 04 juin08, 05:52
5 juillet 2007
Les soulèvements d'extrémistes musulmans contre l'Occident détournent l'attention des conflits qui surgissent à l'intérieur même des grandes religions.
Les guerres de religions décisives de ce siècle ne concernent pas seulement l'islam mais aussi le christianisme, le judaïsme, l'hindouisme et le bouddhisme. Il y a, dans chaque religion, ceux qui enseignent un Dieu légaliste et répressif et ceux qui croient en un Dieu aimant et compatissant ; cette contradiction n'est pas forcément violente, mais elle se révèle toujours corrosive.
Bouleversés par les atrocités commises contre nous par un relativement petit nombre de musulmans radicaux, nous oublions le fait que les victimes du terrorisme islamique sont majoritairement d'autres musulmans. Même les événements du 11 septembre 2001, si on les compare à la sauvagerie intra-islamique ne sont que marginaux.
Certains musulmans ont passé du fondamentalisme au fanatisme. C'est peut-être l'indication d'un nouvel état d'esprit : le passage de la croyance à l'absolutisme, du fondamentalisme qui menace de l'enfer après la mort au fanatique qui terrorise ici et maintenant.
L'échec du Moyen Orient dans la compétition internationale actuelle rend compréhensible cette évolution d'un Dieu transcendant à un Seigneur de la guerre agressif et violent, d'une spiritualité lumineuse à une idéologie inquiétante.
Mais il faut bien reconnaître que les atrocités entre musulmans souillant la région, le même fléau se fait sentir, bien que de façon moins dramatique, aux États-Unis, en Afrique, en Amérique latine, en Inde et partout où la religion est importante.
A une époque où les moines bouddhistes se livrent à des mouvements de protestation violents, où les hindous détruisent des moquées pour des raisons mythiques, où les extrémistes bloquent toute solution du problème palestinien et où en Amérique des chrétiens prétendent dicter leur conduite à leurs concitoyens, on peut discerner trois aspects de la situation.
La mondialisation de l'insécurité
L'opposition des religions semble aujourd'hui universelle. La mondialisation est un fait auquel ni les islamistes ni les syndicats ne peuvent rien. Certains privilégiés en profitent, d'autres en pâtissent. La plupart des gens sont en pleine confusion et c'est à eux que s'adressent les religieux démagogues. Lorsqu'on est noyé dans un torrent d'informations - et de désinformation - on ne sait souvent plus que penser, on est en mal de certitudes, notamment en cas de crise et on n'a pas besoin d'être beaucoup encouragé pour se laisser séduire par de désastreux mouvements religieux qui assènent des vérités simplistes et affirment leur supériorité éternelle.
Une guerre de tranchées
Des sociétés entières se sentent engagées dans une véritable guerre de tranchée, victimes d'un incessant tir d'artillerie. Plus la société est traditionnelle, plus il est difficile pour ses membres de se mobiliser en une attitude raisonnable et constructive.
Les croyants du XXIe siècle seront-ils des saints ou des kamikazes. Malheur à ceux qui ne verront pas la différence !
De toutes façon les conflits interreligieux ne disparaîtront pas : j'ai été personnellement témoin en Afrique d'un christianisme devenu agressif en réaction à l'impérialisme musulman et pareillement d'échanges scandaleux entre Arabes menaçant d'exterminer des Juifs et de Juifs mentionnant le nettoyage ethnique des Arabes. La violence au nom de la foi est devenue une industrie florissante.
Le Dieu d'amour et de compassion triomphera-t-il du Dieu des batailles ?
(Ralph Peters)
Les soulèvements d'extrémistes musulmans contre l'Occident détournent l'attention des conflits qui surgissent à l'intérieur même des grandes religions.
Les guerres de religions décisives de ce siècle ne concernent pas seulement l'islam mais aussi le christianisme, le judaïsme, l'hindouisme et le bouddhisme. Il y a, dans chaque religion, ceux qui enseignent un Dieu légaliste et répressif et ceux qui croient en un Dieu aimant et compatissant ; cette contradiction n'est pas forcément violente, mais elle se révèle toujours corrosive.
Bouleversés par les atrocités commises contre nous par un relativement petit nombre de musulmans radicaux, nous oublions le fait que les victimes du terrorisme islamique sont majoritairement d'autres musulmans. Même les événements du 11 septembre 2001, si on les compare à la sauvagerie intra-islamique ne sont que marginaux.
Certains musulmans ont passé du fondamentalisme au fanatisme. C'est peut-être l'indication d'un nouvel état d'esprit : le passage de la croyance à l'absolutisme, du fondamentalisme qui menace de l'enfer après la mort au fanatique qui terrorise ici et maintenant.
L'échec du Moyen Orient dans la compétition internationale actuelle rend compréhensible cette évolution d'un Dieu transcendant à un Seigneur de la guerre agressif et violent, d'une spiritualité lumineuse à une idéologie inquiétante.
Mais il faut bien reconnaître que les atrocités entre musulmans souillant la région, le même fléau se fait sentir, bien que de façon moins dramatique, aux États-Unis, en Afrique, en Amérique latine, en Inde et partout où la religion est importante.
A une époque où les moines bouddhistes se livrent à des mouvements de protestation violents, où les hindous détruisent des moquées pour des raisons mythiques, où les extrémistes bloquent toute solution du problème palestinien et où en Amérique des chrétiens prétendent dicter leur conduite à leurs concitoyens, on peut discerner trois aspects de la situation.
La mondialisation de l'insécurité
L'opposition des religions semble aujourd'hui universelle. La mondialisation est un fait auquel ni les islamistes ni les syndicats ne peuvent rien. Certains privilégiés en profitent, d'autres en pâtissent. La plupart des gens sont en pleine confusion et c'est à eux que s'adressent les religieux démagogues. Lorsqu'on est noyé dans un torrent d'informations - et de désinformation - on ne sait souvent plus que penser, on est en mal de certitudes, notamment en cas de crise et on n'a pas besoin d'être beaucoup encouragé pour se laisser séduire par de désastreux mouvements religieux qui assènent des vérités simplistes et affirment leur supériorité éternelle.
Une guerre de tranchées
Des sociétés entières se sentent engagées dans une véritable guerre de tranchée, victimes d'un incessant tir d'artillerie. Plus la société est traditionnelle, plus il est difficile pour ses membres de se mobiliser en une attitude raisonnable et constructive.
Les croyants du XXIe siècle seront-ils des saints ou des kamikazes. Malheur à ceux qui ne verront pas la différence !
De toutes façon les conflits interreligieux ne disparaîtront pas : j'ai été personnellement témoin en Afrique d'un christianisme devenu agressif en réaction à l'impérialisme musulman et pareillement d'échanges scandaleux entre Arabes menaçant d'exterminer des Juifs et de Juifs mentionnant le nettoyage ethnique des Arabes. La violence au nom de la foi est devenue une industrie florissante.
Le Dieu d'amour et de compassion triomphera-t-il du Dieu des batailles ?
(Ralph Peters)