Islam: il suffirait d’écouter
Boualem Sansal
Facal
Joseph Facal
De toutes les idées que j’essaie de transmettre à mes étudiants, il y en a une qui s’avère particulièrement difficile.
Je leur dis que chacun a droit à son opinion, mais que cela ne veut pas dire que toutes les opinions se valent.
Il y a des opinions qui ne reposent sur rien ou presque, alors que d’autres s’appuient sur une connaissance approfondie du sujet par celui qui parle.
Ce relativisme, qui s’interdit de juger ou qui fait de chacun le seul juge qui compte, est la vraie idéologie dominante de notre époque.
Ce refus de hiérarchiser les opinions en fonction de leur crédibilité n’est nulle part plus évident que dans le débat sur l’islam et l’islamisme.
Témoignages
On ne compte plus les intellectuels de culture musulmane qui nous mettent en garde: Abdennour Bidar, Kamel Daoud, Boualem Sansal, Malek Chebel et tant d’autres.
Certains travaillent à moderniser l’islam. D’autres décodent les façons dont l’islamisme radical étend sa toile dans nos sociétés.
Désolé, mais leur témoignage a plus de poids que d’autres. Parfois, ils ont vu monter dans leurs pays d’origine ce qui se répand en Occident.
Mais non, le relativisme, qui carbure aussi à la peur d’être taxé des pires noms, met leurs voix sur le même pied que n’importe quelle ânerie.
Boualem Sansal, par exemple, nous dit:
«L’islamisme sait s’adapter; il se fiche de la culture du pays; il veut la détruire et imposer la sienne.»
Voyez Bassam Tibi, aujourd’hui âgé de 72 ans. Né en Syrie, il habite en Allemagne depuis 1962.
Pendant son enfance, dit-il, il a lu le Coran et imbibé cet antisémitisme virulent qui imprègne tout le Moyen-Orient.
Venu en Allemagne pour ses études, il y est resté. Professeur de relations internationales à l’université de Göttingen, il a écrit plus d’une trentaine de livres et enseigné à Princeton, Yale et Berkeley.
Non, ce n’est pas une opinion qui en vaut bien une autre.
Il a longtemps plaidé pour un euro-islam. Il n’y croit plus guère.
Échec
En Allemagne, dit-il, le nombre de nouveaux arrivants et leur profil sont tels que la majorité ne s’intégrera pas et s’entassera dans des enclaves urbaines où régneront le refus de la démocratie, le fanatisme religieux, la misogynie et l’antisémitisme.
Une part du blâme revient, dit-il, au gouvernement allemand, qui s’est imaginé que l’intégration se résume à un emploi et à la maîtrise de la langue. Exactement la même funeste méprise que chez nous.
La clé, dit-il, c’est un nombre raisonnable et l’adhésion à l’identité de la société d’accueil, ce qui suppose qu’une société dise clairement ce qu’elle accepte et ce qu’elle refuse, et donc qu’elle tourne le dos au relativisme multiculturel.
Dans une récente entrevue, il disait avoir longuement conversé avec 10 jeunes Syriens fraîchement arrivés en Allemagne.
Deux parlaient déjà allemand, allaient bien et lui rappelaient sa propre jeunesse.
Les huit autres lui ont dit: «Allah nous a donné l’Allemagne comme refuge, pas les Allemands.»
Il faudrait commencer par vouloir écouter