La différence entre la Bible et le Coran
Posté : 14 févr.09, 08:19
Texte tiré d’une conférence de Gary Miller
La Bible est un recueil de textes rédigés par plusieurs auteurs différents. Le Coran est une dictée. Dans le Coran, c’est Dieu qui s’adresse directement aux hommes. Dans la Bible, ce sont plusieurs personnes qui écrivent au sujet de Dieu ; on y retrouve, à quelques endroits, la parole de Dieu révélée aux hommes et, à d’autres endroits, ce sont des hommes qui racontent tout simplement des faits historiques. La Bible est constituée de 66 livrets. Environ 18 d’entre eux commencent par la formule : « Ceci est la parole de Dieu révélée à untel… » (ou une formule semblable). Dans tous les autres livrets, nous ne retrouvons aucune affirmation voulant qu’ils aient été révélés par Dieu.
On peut citer comme exemple le début du livre de Jonas, qui se lit comme suit : « La parole de Yahvé fut adressée à Jonas, fils d’Amittaï… » et le récit se poursuit sur deux ou trois pages. Si nous comparons cela à l’un des quatre récits de la vie de Jésus, nous avons, dans l’évangile de Luc, l’introduction suivante : « Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis (…), j’ai décidé, moi aussi, (…) d’en écrire pour toi l’exposé suivi… » C’est tout. Nulle part l’auteur ne prétend avoir reçu de révélation de la part de Dieu ; il n’en fait aucune allusion.
La Bible ne contient aucune référence à elle-même, i.e. que le mot « Bible » ne se trouve pas dans la Bible. La Bible ne parle d’elle-même à aucun endroit. Il y a certaines personnes qui prétendent que tel ou tel verset de la Bible constitue une référence directe à elle-même, mais cette affirmation ne résiste pas à un examen minutieux de ces versets. Le passage le plus souvent cité est 2Timothée 3:16, qui se lit comme suit : « Toute écriture est inspirée de Dieu ». Certains affirment que dans ce passage, la Bible fait référence à elle-même en disant qu’elle est inspirée de Dieu, tout entière. Cependant, si on lit le paragraphe au complet, on réalise qu’il s’agit en fait d’une lettre écrite par Paul à Timothée, dans laquelle il s’adresse à ce dernier en ces termes : « C’est depuis ton plus jeune âge que tu connais les Saintes Écritures. (…) Toute écriture est inspirée de Dieu », etc.… À l’époque où Timothée était un jeune homme, le Nouveau-Testament n’existait pas encore ; il en découle donc que la seule chose à laquelle il pouvait possiblement faire référence était les Écritures – qui ne constituent qu’une partie de la Bible – qui précédaient son époque. Il est donc clair que ce passage ne fait pas référence à la Bible tout entière.
Il y a, à la toute fin de la Bible, deux versets qui disent : « Qui oserait faire des surcharges dans ce livre, Dieu le chargera de tous les fléaux décrits dans ce livre ! Et qui oserait retrancher aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera son lot de larbre de Vie et de la Cité sainte, décrits dans ce livre ! » (Apocalypse 22:18-19). On me cite souvent ces versets en ajoutant : « Ils font référence à la Bible tout entière. ». Mais si on y regarde plus attentivement, on comprendra que ces versets font référence au dernier livre, le 66e, l’Apocalypse. Il ne peut en être autrement car l’Apocalypse a été rédigée avant certaines autres parties de la Bible. Pour toutes sortes de raisons, elle se trouve aujourd’hui à la toute fin de la Bible, mais comme d’autres livres de la Bible ont été rédigés après elle, ces deux versets qu’elle contient ne peuvent en aucun cas faire référence au livre tout entier.
Seule une poignée de groupes chrétiens maintiennent que la Bible – dans son intégralité – de la première à la dernière page est la parole révélée de Dieu, mais ils s’assurent toujours, lorsqu’ils émettent cette affirmation, de préciser que c’est la Bible, telle qu’elle était à l’origine, qui est la parole de Dieu. Donc si on leur fait remarquer qu’il y a telle ou telle erreur dans la Bible, ils répondront inévitablement que ces erreurs ne se trouvaient pas dans les écrits originaux, mais qu’elles s’y sont glissées avec le temps et que c’est pour cela que nous les trouvons dans la Bible aujourd’hui. Mais en maintenant cette position, ils se mettent dans une situation délicate.
Il y a un verset dans la Bible, plus précisément Isaïe 40:8 (qui est si connu, en fait, qu’il se trouve imprimé au verso de la page couverture de certaines Bibles en guise d’introduction), qui dit : « L’herbe sèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu demeure toujours. » Voici donc un verset, dans la Bible, qui affirme que la parole de Dieu vivra toujours, qu’elle ne sera pas corrompue ni perdue. Or, si on trouve une erreur, aujourd’hui, dans la Bible, de deux choses l’une : soit cette promesse de Dieu est fausse, i.e. que lorsqu’Il a dit que Sa parole ne s’effacerait jamais, Il était dans l’erreur. Ou alors, le texte dans lequel se trouve l’erreur en question ne faisait pas partie de la parole de Dieu à l’origine.
J’ai affirmé à plusieurs reprises que la Bible contient beaucoup d’erreurs et j’ai essuyé la même réplique à chaque fois : « Montrez-nous-en une. » Et bien, il y en a des centaines. Si vous désirez des exemples, je peux en mentionner quelques-uns. Entre autres, dans 2 Samuel 10:18, nous retrouvons la description d’une guerre menée par David dans laquelle il est dit que ce dernier a tué 700 cavaliers et 40 000 hommes de pied. Mais dans 1 Chroniques 19:18, où l’on mentionne le même épisode, on précise que David a tué 7000 cavaliers et 40 000 hommes de pied. Il me semble que la différence entre un homme de pied et un cavalier est pourtant assez évidente.
Dans Matthieu 27:5, on raconte que Judas Iscariote s’est pendu. Par contre, dans les Actes des apôtres 1:18, on dit plutôt qu’il s’est jeté du haut d’une montagne. Nous avons donc ici deux affirmations différentes que nous ne pouvons décider d’accepter ou de rejeter car il n’y a rien sur quoi nous puissions nous baser pour affirmer qu’elles sont vraies ou fausses.
C’est comme cet exemple souvent utilisé en logique au sujet d’un Crétois qui dit que « les Crétois mentent toujours ». Comment déterminer si cette affirmation est vraie ou fausse ? S’il est crétois et qu’il affirme que les Crétois mentent toujours, cela signifie-t-il qu’il ment en disant cela ? S’il n’est pas entrain de mentir, il dit donc la vérité, ce qui signifie que les Crétois ne mentent pas toujours ! Vous voyez, son affirmation ne peut être ni vraie ni fausse et l’on se retrouve dans une sorte de cercle vicieux. Or, dans la Bible (Épître à Tite 1:12), Paul parle des Crétois et il raconte qu’un de leurs prophètes (lui-même Crétois) a dit que les Crétois mentent toujours, et il ajoute que ce que dit cet homme est vrai. Il s’agit d’une petite erreur de logique, mais là où je veux en venir, c’est qu’il s’agit d’une erreur humaine.
Revenons au Coran, maintenant. J’ai mentionné que le narrateur, dans le Coran, est Dieu Lui-même. À plusieurs reprises, dans le livre, le narrateur affirme qu’il s’agit de la parole de Dieu. Nous retrouvons le mot « Coran » plus de 70 fois dans le Coran. Il parle de son propre contenu, il fait souvent référence à lui-même. Le Coran déclare, dans la première sourah après al-Fatiha (al-Baqarah), que « C’est un Livre au sujet duquel il n’y aucun doute, c’est un guide pour les pieux… ». C’est ainsi qu’il débute et c’est ainsi qu’il continue, en soulignant ce fait à maintes reprises. Et il y a, dans le Coran, un verset étonnant dans la quatrième sourah, verset 82, qui s’adresse à ceux qui prétendent que le Coran n’est pas la parole de Dieu. Dieu les met au défi en ces termes : « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait d’un autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! »
Certains d’entre vous êtes étudiants ; auriez-vous l’audace de remettre à votre professeur un travail au bas duquel vous auriez écrit une note disant : « Vous ne trouverez aucune erreur dans ce travail. » ? Auriez-vous l’audace de défier ainsi votre professeur ? Et bien, c’est ce que fait le Coran. Le Coran dit : si vous croyez réellement savoir d’où vient cette parole, alors commencez dès maintenant à y chercher des erreurs ; à coup sûr, vous n’en trouverez pas.
Un autre aspect intéressant du Coran est qu’il cite les critiques faites à son endroit. Toutes les hypothèses des mécréants – à travers les siècles - quant à l’origine du Coran, toutes leurs tentatives d’explication sont citées dans le Coran lui-même, qui répond à chacune d’elles de la façon la plus claire. On retrouve souvent des versets disant : Disent-ils telle et telle chose ? Dis-leur ceci et cela. Le Coran donne toujours la réplique à leurs prétentions. De plus, le Coran affirme que les preuves de son origine divine se trouvent en lui-même et que si vous l’étudiez attentivement, vous en serez convaincu.
Donc la différence entre la chrétienté et l’islam se résume à une différence en matière d’autorité et comment en appeler à cette autorité. Les chrétiens veulent en appeler à la Bible et les musulmans veulent en appeler au Coran. Mais l’argumentation ne peut se réduire à dire : ceci est vrai parce que c’est écrit dans mon livre, et quelqu’un d’autre dira qu’une autre chose est vraie parce qu’elle est écrite dans son livre. On ne peut s’arrêter là et le Coran, justement, ne s’arrête pas là. Les chrétiens peuvent citer comme référence certains mots du Nouveau Testament attribués à Jésus et dire : voici une preuve de ce que j’avance. Mais le musulman ne fait pas qu’ouvrir son livre et dire : non, non, le Coran dit plutôt ceci, parce que le Coran ne fait pas que nier certaines choses qui sont écrites dans la Bible pour en donner une version différente. Le Coran prend plutôt la forme d’une réfutation. C’est, comme le dit le deuxième verset de la deuxième sourah, un guide pour les pieux. C’est ainsi que pour chaque suggestion ou insinuation avancée par les chrétiens qui disent, par exemple : ma Bible dit telle et telle chose, le Coran ne fera pas que nier ; il dira plutôt : disent-ils telle et telle chose ? alors demande-leur ou dis-leur ceci et cela.
Prenons par exemple le verset qui fait la comparaison entre Jésus et Adam (paix sur eux). Il y en a qui disent que Jésus devait être le fils de Dieu, puisqu’il n’avait pas de père. Il avait une mère, mais pas de père humain. Et comme c’est Dieu qui lui avait donné la vie, il ne pouvait donc qu’être le fils de Dieu. Le Coran dit aux chrétiens de considérer Adam : qui était son père ? Et en fait, qui était sa mère ? Il n’avait ni père ni mère ; cela fait-il de lui un être à part ? Donc Adam est comme Jésus ; tous deux n’étaient rien au départ, puis Dieu les a créés. Et tous deux adoraient Dieu.
Une autre différence fondamentale entre le Coran et la Bible est que le Coran ne demande pas aux gens de croire ; il invite les gens à croire. Le message coranique ne se réduit pas à : voici ce en quoi vous devez croire. D’un bout à l’autre du Coran, nous trouvons des versets qui invitent à la foi : Ô hommes, avez-vous réfléchi à ceci ou à cela ? Vous êtes-vous rappelé l’exemple d’untel ou d’untel ? Ces versets contiennent toujours une invitation à considérer les faits objectivement ; une fois cet exercice accompli, il ne vous reste qu’à prendre position.
Lorsque les chrétiens citent la Bible pour prouver ce qu’ils avancent, ils utilisent souvent un type d’argumentation dont les implications manquent de constance. C’est comme lorsque vous voulez expliquer une chose et que vous dites : elle doit signifier cela, mais lorsqu’il s’agit d’expliquer une autre chose, vous n’utilisez pas le même argument. Par exemple, j’ai lu à plusieurs reprises, dans divers ouvrages, que Jésus était nécessairement Dieu parce qu’il a accompli des miracles. Mais d’un autre côté, nous savons très bien qu’il n’y a aucun des miracles accomplis par Jésus qui n’avaient déjà été accomplis par d’autres prophètes, tels que cités dans l’Ancien Testament. Nous pouvons citer, entre autres, Élisée, qui a guéri le lépreux, fait revivre un garçon mort et multiplié le pain – trois des miracles qui sont le plus souvent cités à propos de Jésus. Si les miracles accomplis par Jésus prouvent qu’il était Dieu, pourquoi ne prouvent-ils pas qu’Élisée était Dieu ? Si une chose en implique une autre dans un cas, elle doit nécessairement impliquer la même dans l’autre cas. D’autres disent que Jésus était Dieu parce qu’il a été élevé au ciel. Pourtant, la Bible relate qu’un certain Élie n’est pas mort, mais que Dieu l’a élevé vers Lui. Pour ce qui est de savoir si cette histoire est vraie ou fausse, nous ne pouvons que conjecturer, mais le point est que si le fait que Jésus ait été élevé au ciel prouve qu’il était Dieu, pourquoi la même situation ne prouve-t-elle pas qu’Élie était Dieu ?
Une fois, j’ai écrit à un homme qui avait rédigé un livre sur la chrétienté et dans ma lettre, je soulevais quelques-unes des objections dont je viens de vous parler. Dans sa réponse, il me disait que je compliquais trop les choses, qu’il y avait, dans la Bible, des passages clairs comme de l’eau de roche et qu’il y en avait d’autres dont la signification était moins claire, et que mon problème était que je m’attardais aux passages difficiles plutôt qu’à ceux qui étaient très clairs. Le problème, c’est qu’il s’agit-là d’un exercice qui n’aboutit qu’à se tromper soi-même – pourquoi y a-t-il des passages clairs et d’autres plus obscurs ? Parce qu’il y a quelqu’un, quelque part, qui a décidé d’avance de la signification à donner à ces passages, ce qui rend la compréhension et l’interprétation de la Bible encore plus difficile.
La Bible est un recueil de textes rédigés par plusieurs auteurs différents. Le Coran est une dictée. Dans le Coran, c’est Dieu qui s’adresse directement aux hommes. Dans la Bible, ce sont plusieurs personnes qui écrivent au sujet de Dieu ; on y retrouve, à quelques endroits, la parole de Dieu révélée aux hommes et, à d’autres endroits, ce sont des hommes qui racontent tout simplement des faits historiques. La Bible est constituée de 66 livrets. Environ 18 d’entre eux commencent par la formule : « Ceci est la parole de Dieu révélée à untel… » (ou une formule semblable). Dans tous les autres livrets, nous ne retrouvons aucune affirmation voulant qu’ils aient été révélés par Dieu.
On peut citer comme exemple le début du livre de Jonas, qui se lit comme suit : « La parole de Yahvé fut adressée à Jonas, fils d’Amittaï… » et le récit se poursuit sur deux ou trois pages. Si nous comparons cela à l’un des quatre récits de la vie de Jésus, nous avons, dans l’évangile de Luc, l’introduction suivante : « Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis (…), j’ai décidé, moi aussi, (…) d’en écrire pour toi l’exposé suivi… » C’est tout. Nulle part l’auteur ne prétend avoir reçu de révélation de la part de Dieu ; il n’en fait aucune allusion.
La Bible ne contient aucune référence à elle-même, i.e. que le mot « Bible » ne se trouve pas dans la Bible. La Bible ne parle d’elle-même à aucun endroit. Il y a certaines personnes qui prétendent que tel ou tel verset de la Bible constitue une référence directe à elle-même, mais cette affirmation ne résiste pas à un examen minutieux de ces versets. Le passage le plus souvent cité est 2Timothée 3:16, qui se lit comme suit : « Toute écriture est inspirée de Dieu ». Certains affirment que dans ce passage, la Bible fait référence à elle-même en disant qu’elle est inspirée de Dieu, tout entière. Cependant, si on lit le paragraphe au complet, on réalise qu’il s’agit en fait d’une lettre écrite par Paul à Timothée, dans laquelle il s’adresse à ce dernier en ces termes : « C’est depuis ton plus jeune âge que tu connais les Saintes Écritures. (…) Toute écriture est inspirée de Dieu », etc.… À l’époque où Timothée était un jeune homme, le Nouveau-Testament n’existait pas encore ; il en découle donc que la seule chose à laquelle il pouvait possiblement faire référence était les Écritures – qui ne constituent qu’une partie de la Bible – qui précédaient son époque. Il est donc clair que ce passage ne fait pas référence à la Bible tout entière.
Il y a, à la toute fin de la Bible, deux versets qui disent : « Qui oserait faire des surcharges dans ce livre, Dieu le chargera de tous les fléaux décrits dans ce livre ! Et qui oserait retrancher aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera son lot de larbre de Vie et de la Cité sainte, décrits dans ce livre ! » (Apocalypse 22:18-19). On me cite souvent ces versets en ajoutant : « Ils font référence à la Bible tout entière. ». Mais si on y regarde plus attentivement, on comprendra que ces versets font référence au dernier livre, le 66e, l’Apocalypse. Il ne peut en être autrement car l’Apocalypse a été rédigée avant certaines autres parties de la Bible. Pour toutes sortes de raisons, elle se trouve aujourd’hui à la toute fin de la Bible, mais comme d’autres livres de la Bible ont été rédigés après elle, ces deux versets qu’elle contient ne peuvent en aucun cas faire référence au livre tout entier.
Seule une poignée de groupes chrétiens maintiennent que la Bible – dans son intégralité – de la première à la dernière page est la parole révélée de Dieu, mais ils s’assurent toujours, lorsqu’ils émettent cette affirmation, de préciser que c’est la Bible, telle qu’elle était à l’origine, qui est la parole de Dieu. Donc si on leur fait remarquer qu’il y a telle ou telle erreur dans la Bible, ils répondront inévitablement que ces erreurs ne se trouvaient pas dans les écrits originaux, mais qu’elles s’y sont glissées avec le temps et que c’est pour cela que nous les trouvons dans la Bible aujourd’hui. Mais en maintenant cette position, ils se mettent dans une situation délicate.
Il y a un verset dans la Bible, plus précisément Isaïe 40:8 (qui est si connu, en fait, qu’il se trouve imprimé au verso de la page couverture de certaines Bibles en guise d’introduction), qui dit : « L’herbe sèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu demeure toujours. » Voici donc un verset, dans la Bible, qui affirme que la parole de Dieu vivra toujours, qu’elle ne sera pas corrompue ni perdue. Or, si on trouve une erreur, aujourd’hui, dans la Bible, de deux choses l’une : soit cette promesse de Dieu est fausse, i.e. que lorsqu’Il a dit que Sa parole ne s’effacerait jamais, Il était dans l’erreur. Ou alors, le texte dans lequel se trouve l’erreur en question ne faisait pas partie de la parole de Dieu à l’origine.
J’ai affirmé à plusieurs reprises que la Bible contient beaucoup d’erreurs et j’ai essuyé la même réplique à chaque fois : « Montrez-nous-en une. » Et bien, il y en a des centaines. Si vous désirez des exemples, je peux en mentionner quelques-uns. Entre autres, dans 2 Samuel 10:18, nous retrouvons la description d’une guerre menée par David dans laquelle il est dit que ce dernier a tué 700 cavaliers et 40 000 hommes de pied. Mais dans 1 Chroniques 19:18, où l’on mentionne le même épisode, on précise que David a tué 7000 cavaliers et 40 000 hommes de pied. Il me semble que la différence entre un homme de pied et un cavalier est pourtant assez évidente.
Dans Matthieu 27:5, on raconte que Judas Iscariote s’est pendu. Par contre, dans les Actes des apôtres 1:18, on dit plutôt qu’il s’est jeté du haut d’une montagne. Nous avons donc ici deux affirmations différentes que nous ne pouvons décider d’accepter ou de rejeter car il n’y a rien sur quoi nous puissions nous baser pour affirmer qu’elles sont vraies ou fausses.
C’est comme cet exemple souvent utilisé en logique au sujet d’un Crétois qui dit que « les Crétois mentent toujours ». Comment déterminer si cette affirmation est vraie ou fausse ? S’il est crétois et qu’il affirme que les Crétois mentent toujours, cela signifie-t-il qu’il ment en disant cela ? S’il n’est pas entrain de mentir, il dit donc la vérité, ce qui signifie que les Crétois ne mentent pas toujours ! Vous voyez, son affirmation ne peut être ni vraie ni fausse et l’on se retrouve dans une sorte de cercle vicieux. Or, dans la Bible (Épître à Tite 1:12), Paul parle des Crétois et il raconte qu’un de leurs prophètes (lui-même Crétois) a dit que les Crétois mentent toujours, et il ajoute que ce que dit cet homme est vrai. Il s’agit d’une petite erreur de logique, mais là où je veux en venir, c’est qu’il s’agit d’une erreur humaine.
Revenons au Coran, maintenant. J’ai mentionné que le narrateur, dans le Coran, est Dieu Lui-même. À plusieurs reprises, dans le livre, le narrateur affirme qu’il s’agit de la parole de Dieu. Nous retrouvons le mot « Coran » plus de 70 fois dans le Coran. Il parle de son propre contenu, il fait souvent référence à lui-même. Le Coran déclare, dans la première sourah après al-Fatiha (al-Baqarah), que « C’est un Livre au sujet duquel il n’y aucun doute, c’est un guide pour les pieux… ». C’est ainsi qu’il débute et c’est ainsi qu’il continue, en soulignant ce fait à maintes reprises. Et il y a, dans le Coran, un verset étonnant dans la quatrième sourah, verset 82, qui s’adresse à ceux qui prétendent que le Coran n’est pas la parole de Dieu. Dieu les met au défi en ces termes : « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait d’un autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! »
Certains d’entre vous êtes étudiants ; auriez-vous l’audace de remettre à votre professeur un travail au bas duquel vous auriez écrit une note disant : « Vous ne trouverez aucune erreur dans ce travail. » ? Auriez-vous l’audace de défier ainsi votre professeur ? Et bien, c’est ce que fait le Coran. Le Coran dit : si vous croyez réellement savoir d’où vient cette parole, alors commencez dès maintenant à y chercher des erreurs ; à coup sûr, vous n’en trouverez pas.
Un autre aspect intéressant du Coran est qu’il cite les critiques faites à son endroit. Toutes les hypothèses des mécréants – à travers les siècles - quant à l’origine du Coran, toutes leurs tentatives d’explication sont citées dans le Coran lui-même, qui répond à chacune d’elles de la façon la plus claire. On retrouve souvent des versets disant : Disent-ils telle et telle chose ? Dis-leur ceci et cela. Le Coran donne toujours la réplique à leurs prétentions. De plus, le Coran affirme que les preuves de son origine divine se trouvent en lui-même et que si vous l’étudiez attentivement, vous en serez convaincu.
Donc la différence entre la chrétienté et l’islam se résume à une différence en matière d’autorité et comment en appeler à cette autorité. Les chrétiens veulent en appeler à la Bible et les musulmans veulent en appeler au Coran. Mais l’argumentation ne peut se réduire à dire : ceci est vrai parce que c’est écrit dans mon livre, et quelqu’un d’autre dira qu’une autre chose est vraie parce qu’elle est écrite dans son livre. On ne peut s’arrêter là et le Coran, justement, ne s’arrête pas là. Les chrétiens peuvent citer comme référence certains mots du Nouveau Testament attribués à Jésus et dire : voici une preuve de ce que j’avance. Mais le musulman ne fait pas qu’ouvrir son livre et dire : non, non, le Coran dit plutôt ceci, parce que le Coran ne fait pas que nier certaines choses qui sont écrites dans la Bible pour en donner une version différente. Le Coran prend plutôt la forme d’une réfutation. C’est, comme le dit le deuxième verset de la deuxième sourah, un guide pour les pieux. C’est ainsi que pour chaque suggestion ou insinuation avancée par les chrétiens qui disent, par exemple : ma Bible dit telle et telle chose, le Coran ne fera pas que nier ; il dira plutôt : disent-ils telle et telle chose ? alors demande-leur ou dis-leur ceci et cela.
Prenons par exemple le verset qui fait la comparaison entre Jésus et Adam (paix sur eux). Il y en a qui disent que Jésus devait être le fils de Dieu, puisqu’il n’avait pas de père. Il avait une mère, mais pas de père humain. Et comme c’est Dieu qui lui avait donné la vie, il ne pouvait donc qu’être le fils de Dieu. Le Coran dit aux chrétiens de considérer Adam : qui était son père ? Et en fait, qui était sa mère ? Il n’avait ni père ni mère ; cela fait-il de lui un être à part ? Donc Adam est comme Jésus ; tous deux n’étaient rien au départ, puis Dieu les a créés. Et tous deux adoraient Dieu.
Une autre différence fondamentale entre le Coran et la Bible est que le Coran ne demande pas aux gens de croire ; il invite les gens à croire. Le message coranique ne se réduit pas à : voici ce en quoi vous devez croire. D’un bout à l’autre du Coran, nous trouvons des versets qui invitent à la foi : Ô hommes, avez-vous réfléchi à ceci ou à cela ? Vous êtes-vous rappelé l’exemple d’untel ou d’untel ? Ces versets contiennent toujours une invitation à considérer les faits objectivement ; une fois cet exercice accompli, il ne vous reste qu’à prendre position.
Lorsque les chrétiens citent la Bible pour prouver ce qu’ils avancent, ils utilisent souvent un type d’argumentation dont les implications manquent de constance. C’est comme lorsque vous voulez expliquer une chose et que vous dites : elle doit signifier cela, mais lorsqu’il s’agit d’expliquer une autre chose, vous n’utilisez pas le même argument. Par exemple, j’ai lu à plusieurs reprises, dans divers ouvrages, que Jésus était nécessairement Dieu parce qu’il a accompli des miracles. Mais d’un autre côté, nous savons très bien qu’il n’y a aucun des miracles accomplis par Jésus qui n’avaient déjà été accomplis par d’autres prophètes, tels que cités dans l’Ancien Testament. Nous pouvons citer, entre autres, Élisée, qui a guéri le lépreux, fait revivre un garçon mort et multiplié le pain – trois des miracles qui sont le plus souvent cités à propos de Jésus. Si les miracles accomplis par Jésus prouvent qu’il était Dieu, pourquoi ne prouvent-ils pas qu’Élisée était Dieu ? Si une chose en implique une autre dans un cas, elle doit nécessairement impliquer la même dans l’autre cas. D’autres disent que Jésus était Dieu parce qu’il a été élevé au ciel. Pourtant, la Bible relate qu’un certain Élie n’est pas mort, mais que Dieu l’a élevé vers Lui. Pour ce qui est de savoir si cette histoire est vraie ou fausse, nous ne pouvons que conjecturer, mais le point est que si le fait que Jésus ait été élevé au ciel prouve qu’il était Dieu, pourquoi la même situation ne prouve-t-elle pas qu’Élie était Dieu ?
Une fois, j’ai écrit à un homme qui avait rédigé un livre sur la chrétienté et dans ma lettre, je soulevais quelques-unes des objections dont je viens de vous parler. Dans sa réponse, il me disait que je compliquais trop les choses, qu’il y avait, dans la Bible, des passages clairs comme de l’eau de roche et qu’il y en avait d’autres dont la signification était moins claire, et que mon problème était que je m’attardais aux passages difficiles plutôt qu’à ceux qui étaient très clairs. Le problème, c’est qu’il s’agit-là d’un exercice qui n’aboutit qu’à se tromper soi-même – pourquoi y a-t-il des passages clairs et d’autres plus obscurs ? Parce qu’il y a quelqu’un, quelque part, qui a décidé d’avance de la signification à donner à ces passages, ce qui rend la compréhension et l’interprétation de la Bible encore plus difficile.