Le rejet du darwinisme et l’échec de l’Islam
Posté : 23 févr.09, 21:46
Le rejet du darwinisme et l’échec de l’Islam
Conférence faite à la Atheist Society de Melbourne le 10 février 2009
Deux cents ans après la naissance de Charles Darwin et cent cinquante ans après la publication de « L’origine des espèces », beaucoup de groupes religieux fondamentalistes continuent à nier la réalité et la nature factuelle de l’évolution. Cependant, il n’y a qu’une seule grande religion qui rejette systématiquement la découverte de Darwin et qui n'accepte pas l’une des découvertes majeures de la science : l’Islam.
La preuve de l’évolution biologique met en lumière les contradictions de la foi. Nous avancerons que l’échec de Islam à s’adapter à ces contradictions est symptomatique d’un échec plus profond de la société islamique à s’adapter à la modernité. Pour comprendre pourquoi c'est le cas, certains aspects de la nature de la foi religieuse doivent être identifiés.
Religion et rationalité
La caractéristique essentielle de la croyance religieuse est qu’elle n’est pas rationnelle. La foi religieuse contredit la raison et la science. La foi religieuse c’est croire sans raison ni preuve, voire malgré la raison et la preuve. Cela évoque inévitablement la cognition non-rationnelle. Beaucoup d'arguments religieux sont clairement illogiques tout en paraissant raisonnables aux croyants.
Tous les croyants se complaisent dans une cécité volontaire aux contradictions. Ils sont quand même conscients de certaines contradictions puisqu’ils savent qu’il y a d’autres religions. Ils manquent généralement de curiosité quant à l’authenticité des fondements de leurs propres croyances. Ils ont une aversion aux questions susceptibles de remettre en cause leur foi. Cet aveuglement de la foi explique pourquoi les religions ne sont pas simplement des croyances erronées et se caractérisent par l’auto-illusion.
Bien sûr, ce fait est contesté par les religieux. La raison en est, bien sûr, que ceux qui souffrent d’illusions manquent de lucidité dans leurs perspectives. Les athées ne souffrent pas de ce manque de lucidité. Personne n’a la science infuse. Cependant ceux qui essayent de compter sur la raison et la preuve plutôt que sur la foi sont plus rationnels et moins susceptibles de se cramponner à de fausses croyances.
Quelle religion est vraie et pourquoi ? Quand ils sont mis au défi de démontrer leurs assertions par des preuves vérifiables, les croyants en sont incapables. Par contre, les remises en cause des croyances mènent à la dissonance cognitive et parfois à des réactions émotionnelles ou à des troubles chez les croyants et les poussent souvent à recourir encore plus à la foi. Ce comportement est caractéristique de toutes les religions mais est plus prononcé dans l’Islam. La remise en cause de la foi posée par évolution darwinienne a été esquivée plutôt qu’affrontée par l’Islam. La raison de cela se trouve dans les caractéristiques doctrinales de Islam.
La nature coercitive de la soumission à l’Islam
L'église catholique et les mouvements protestants traditionnels acceptent la réalité de la science de l'évolution. Ils peuvent accepter que l'histoire de la genèse ne soit pas littérale. Par contre, les musulmans ne peuvent pas accepter que les récits créationnistes du Coran ne sont pas littéraux. Il n'y a aucun imam, Muftis, chef spirituel islamique ou ouléma qui admette ou accepte que le Coran soit faux, inexact et ne soit pas la vérité littérale. C’est incompatible avec le fait d’être musulman. Ainsi les musulmans doivent nécessairement rejeter l'évolution, au moins dans le sens darwinien où aucun dieu n’est apparent ni même nécessaire.
Les non-musulmans qui sont accoutumés à vivre dans une société chrétienne ou multiculturelle peuvent avoir du mal à concevoir la nature englobante et coercitive de l'Islam. Comme les musulmans eux-mêmes l’attestent souvent, ils ne voient pas l’Islam comme une religion mais un “mode de vie”. Les musulmans ont de grandes difficultés, voire même une incapacité, à distinguer la religion de la science, la religion de la politique, la religion de la réalité...
La raison en est l'importance capitale qui dans l'Islam est assignée au Coran et à la punition des incroyants. Les effets psychologiques de l’exposition à la terreur de la menace des tourments de l’enfer, particulièrement sur les esprits des enfants, ancrent profondément l'adhésion à la doctrine islamique. Pour les musulmans, il y a des punitions pour avoir critiqué ou essayé de quitter la religion. En ce sens l'Islam est plus un culte d’Etat qu'une religion.
La soumission coercitive à la doctrine dans l’Islam mène, dans des secteurs clefs, au rejet du rationalisme et du libre-examen. Les conséquences n’en sont pas bénignes. Cela a eu pour effet d'empêcher le progrès humain dans la société islamique. Le rejet de l'application de la méthode scientifique et la négation des découvertes fondamentales de la science est symptomatique du relatif déclin du monde islamique au cours des 800 dernières années. Les musulmans furent autrefois les maîtres du monde scientifique. L’adhésion rigide à la doctrine coranique a eu, au cours des siècles, des conséquences dévastatrices sur le développement économique, social et démocratique des sociétés musulmanes. Cela s’est intensifié ces dernières décennies. Islam a échoué dans ses adeptes.
Avant de continuer, il convient noter que ceci n'est pas une attaque contre les musulmans, ou tout autres croyants en tant que personnes, ni une mise en doute de leurs capacités et de leur intelligence. Ce dont il est ici question est une analyse critique de cette croyance, chose qui fait chroniquement défaut aux sociétés musulmanes. Il faut également noter que l'Islam en lui-même n'est pas la seule cause du relatif retard des sociétés et communautés musulmanes. Par exemple, la mise en oeuvre du concept judaïque de la “terre promise”, par la création d’un état juif, a causé une grave parodie de justice pour les Palestiniens et enflammé l’islamisme dans le monde entier au détriment de tous.
En quoi la découverte de Darwin est-elle un tel problème pour des croyants ? L'évolution n'indique pas simplement que leurs textes sacrés sont incorrects. L'acceptation de l'évolution rend la pertinence du concept de dieu créateur obsolète. Naturellement beaucoup de croyants réagissent en assignant à leur dieu un rôle de surveillance du processus de l’évolution. Les musulmans ont du mal à le faire car le Coran est trop explicite quant au rôle d'Allah en tant que dieu créateur. Cependant, comme avec toutes les autres religions, les apologistes musulmans essayent de toutes sortes de manières de justifier et concilier l’inconciliable.
Puisque la soumission sans restriction aux doctrines du Coran est une exigence de l’Islam, les contradictions entre les découvertes de la science et le Coran sont systématiquement rejetées ou niées par les musulmans. Ainsi qu’il le sera souligné ici, cela a provoqué un échec si complet des sociétés musulmanes dans le développement économique et social que cela doit être reconnu comme l’échec de l’Islam.
Le Coran et la création
Le Coran mentionne Allah en tant que dieu créateur une quarantaine de fois. Par exemple, Allah est le Créateur, Celui qui donne un commencement à toute chose, le Formateur. (59:24). Cependant les récits de la création de l’homme et de l’univers sont succincts et contradictoires. “Les cieux, la terre et tout ce qui existe entre eux” sont à plusieurs reprises décrits comme ayant été créés par Dieu en six jours (7:54, 25:59 et 32:4).
Dans le Coran la chronologie de la création n’est pas spécifiée. Sur les six jours, il semble que la terre soit créée en deux jours, (41:9), les montagnes et les ressources alimentaires en quatre jours (41:10) et les cieux pendant les deux jours suivants (41:11-12). Cette interprétation 3 diffère sensiblement de l’ordre biblique mais est tout aussi géocentrique.
Par comparaison, en Genèse 1 l’ordre de la création: premier jour, le jour et la nuit ; second jour, l’eau et le firmament ; troisième jour, la terre et les mers, l’herbe et les arbres fruitiers ; quatrième jour, le soleil, la lune et les étoiles ; cinquième jour les baleines et les volailles ; le sixième jour, le bétail, les êtres qui rampent et l’humain, homme et femme.
Tout comme le récit biblique, le Coran se fourvoie en énonçant que soleil a été créé après la terre. Il copie la faille logique de la Genèse : s’il n’y avait pas de soleil, alors d’où venait la lumière et comment le jour et la nuit étaient-ils définis ? Des musulmans affirment que ces “six jours” doivent être pris au figuré et qu’il est question d’une période de temps plus longue. C’est effectivement compatible avec la proposition que sans un soleil un “jour” peut avoir une durée arbitraire. Mais alors pourquoi Allah, dont le Coran est censé être la parole, se réfère-t-il au mot “jour ?” Le supposé créateur n’appréhende pas la création en dehors du folklore arabe du 7ième siècle.
La cosmologie coranique pose d’autres problèmes. La Terre est “étalée” comme si elle était plate (15:19) et le ciel est un toit sans support apparent. (21:32). C’est encore une fois une conception géocentrique de l’univers. A l’appui de cette conception, le soleil est décrit comme faisant une orbite autour de la Terre (21:33 et 36:40). Compte-tenu de tout ceci, il est facile de comprendre que la recherche scientifique cause une énorme dissonance cognitive pour les musulmans..
Quant à l’évolution, le Coran est encore plus problématique. “Allah a créé d'eau tout animal ” (24:45). Il y a plusieurs variantes quant à la manière dont l’homme a été créé. L’homme a été fait d’argile (6:1, 15:26, 23:12) mais dans d’autres versets d’eau (21:30, 25:54), de poussières (3:59, 30:20, 35:11), de la terre (11:61), de boue malléable (15 :33), de rien (19:67), d’une goutte de sperme éjaculé (16:4, 75:37), d'une giclée d'eau (86:5) d’une goutte de sperme (80:18) d’un caillot de sang (96:1), de terre, puis de sperme (18:37), de terre, puis de sperme, puis de caillot de sang (22:5), (40:67).
Il n’y a pas place pour des interprétations compatibles avec l’évolution des humains à partir de nos ancêtres simiens. Le dieu créateur du Coran n’a pas besoin d’un processus demandant autant de temps. “ Il est le grand Créateur, l'Omniscient. Il n’a besoin que de dire "Sois", et c'est. (36:82).
Réponses musulmanes à l’évolution
Etant donné toutes ces professions de foi explicitement créationnistes dans le Coran et la nature coercitive de la foi musulmane, les musulmans adoptent plusieurs stratégies face à l’évolution :
· Prétendre que l’évolution a été découverte par des musulmans
· Refuser la discussion ou toute contradiction
· Accepter à la fois l’évolution et la création.
· Nier et rejeter l’évolution
· Adopter la stratégie chrétienne de la promotion du “dessein intelligent”
Pour ce qui concerne la première, il y a peut-être quelques points venant à l’appui de l’affirmation que les premiers scientifiques musulmans ont pu avoir parlé de l'évolution d'espèces. Toutefois cette stratégie est handicapée par des failles si évidentes que même les musulmans à l’origine de ce concept ne peuvent plus désormais l’accepter.
Se contenter d’éluder la question est une solution facile qui est pratiquée par beaucoup de religions. Si l'évolution n'est ni enseignée ni discutée, le problème tout entier est atténué. En cas de besoin, la religion et science peuvent être considérées comme évoluant dans des sphères séparées et non contradictoires. De la sorte, les points contradictoires peuvent être compartimentés dans différentes zones de la connaissance, différentes parties du syllabus et différentes parties du cerveau. Ce n’est pas qu’une stratégie islamique. Elle est défendue par des philosophes chrétiens et même par certains pseudo athées. Leur conscience les empêche apparemment d'admettre une vérité qui peut mettre les croyants mal à l’aise.
On dit que certains musulmans acceptent totalement l’évolution. Pourtant quand on scrute le discours des avocats de cette acceptation, on constate que les contradictions avec le Coran ne sont pas résolues. Ils citent le Coran à l’appui comme s’il fallait rétablir l’équilibre. En outre, ils ne reconnaissent pas que l’acceptation de l’évolution implique nécessairement le rejet de la création telle qu’elle est dépeinte dans le Coran. La foi et le refus de la contradiction sont appelés à la rescousse comme si cela allait résoudre le problème. Prétendre accepter à la fois Darwin et le Coran ne semble pas être l’approche islamique de l’évolution la plus répandue, peut-être à cause de son embarrassante incohérence.
Le déni, le rejet de l'évolution est la stratégie fondamentaliste classique. Le terme « fondamentaliste » dérive d’ailleurs du mouvement religieux qui s’est formé en réponse aux travaux de Darwin. Tous les défenseurs de l’islam semblent se ranger dans ce camp, donnant ainsi du poids à l’idée que tous les musulmans sont par nature fondamentalistes. Même si les apologistes de l’Islam, comme le médiatique Waleed Aly de Melbourne, n’apprécient pas les termes “modérés” et “fondamentalistes” quand ils sont appliqués à l’Islam car ils les considèrent comme des concepts chrétiens qui ne s’appliquent pas à l’Islam.
Pour un musulman, ne pas être créationniste, impliquerait un rejet assez radical de la doctrine coranique. Quand les bottes en touche et les ambiguïtés ne suffisent plus, un musulman assumé affirmera invariablement que, selon sa croyance, Allah est le créateur. Même le concept de l'évolution guidée, une rationalisation chrétienne répandue, semble dépasser les bornes pour beaucoup de musulmans. Bien que certains semblent pouvoir partiellement accepter l’évolution (des animaux NDLR), l'idée que les humains ont également évolués est universellement tenue par eux comme contraire à la doctrine. Un darwiniste musulman peut donc théoriquement exister mais il ne semble pas que dans les faits ce soit le cas.
Etant donné le dangereux état de dissonance cognitive que ces anomalies doivent induire dans l’esprit des musulmans, il n’est pas étonnant que le concept chrétien de “dessein intelligent” ait été adopté avec enthousiasme par de nombreux musulmans. Le website Islam Online a lancé un “Appel aux scientifiques musulmans à rejoindre le mouvement de dissidence scientifique du Darwinisme”. Ils prétendent que l’évolution a été discréditée et qu’une nouvelle théorie l’a remplacée : le Dessein Intelligent.
Le Dessein Intelligent est un subterfuge selon lequel il y a des choses que nous (ou du moins les croyants) ne comprenons pas, qui sont “irrémédiablement complexes” et que par conséquent un “concepteur intelligent” doit avoir été impliqué. C’est toujours du créationnisme, mais le créateur est rebaptisé concepteur. Ses partisans s’imaginent que c’est une brillante innovation scientifique. En réalité le Dessein intelligent n’est rien d’autre qu’un stratagème pour pervertir la Constitution des Etats-Unis et ramener le créationnisme dans les écoles publiques américaines.
Une stratégie musulmane plus directe a été de populariser une version islamique du créationnisme. A cet égard, une campagne de propagande massive est menée par Adnan Oktar, un « filousophe » turc qui écrit prolifiquement sous le nom de plume de Harun Yahya. Ses livres, son website et ses DVD bénéficient d’une présentation très professionnelle et sont imprimés luxueusement. En 2007, de nombreux scientifiques universitaires et membres des médias ont reçu des exemplaires de son livre“Atlas de la Création” en cadeau non sollicité. Ses livres sont devenus très populaires dans de nombreuses communautés musulmanes.
Ce genre de propagande créationniste tombe sur un terreau fertile. Les données d'une enquête sociologique menée en 2007 dans cinq pays musulmans ont révélé que seule une minorité convient que la théorie de l'évolution de Darwin est probablement ou certainement vraie : 16 % des Indonésiens, 14 % des Pakistanais, 8 % des Egyptiens, 11 % des Malaisiens et 22 % des Turcs. Une autre enquête sur cette question (donc pas totalement comparable) a montré que l’acceptation de l’évolution est la plus élevée au Japon et en Suède (environ 80%), généralement haute en Europe occidentale, (plus de 60%), plutôt basse aux USA (environ 45%) et étonnamment basse en Australie (environ 55%). Les milliards de dollars que les contribuables australiens fournissent aux écoles religieuses n’y sont probablement pas étrangers.
La croyance en l’infaillibilité du Coran a engendré de une cohorte de théories loufoques selon lesquelles le Coran contient toutes sortes de prévisions scientifiques miraculeuses qui concordent maintenant avec les dernières connaissances scientifiques. Que des gens intelligents puissent avancer un argument aussi absurde est un triste témoignage du degré de dysfonctionnement de la cognition rationnelle que la religion peut induire ! Il semblerait que pour mener une recherche, un scientifique musulman n'a nul besoin d'équipement de référence ou de laboratoire universitaire. Il n’a besoin que d’ouvrir son Coran. Ce genre de mentalité affecte gravement le progrès et le bien-être des sociétés musulmanes.
L'incapacité de l'Islam à s’adapter à Darwin comme le christianisme l’a fait est caractéristique de la néfaste domination du dogme sur la connaissance scientifique dans l'Islam. La disparition d’une base rationnelle à l’existence d’un Créateur est le plus grand des défis à relever pour toute religion qui a des fondements créationnistes. Le christianisme en général (excepté les fondamentalistes créationnistes), a résolu le problème par un repli sur une supposée compartimentalisation de la connaissance. La possibilité de botter en touche les contradictions entre la foi et la science les rend ainsi plus gérables. L’incapacité de l’Islam à faire ce pas est significatif d’un dogmatisme et d’un fondamentalisme qui a de profondes conséquences sociales.
Adhésion à la doctrine et échec de l’Islam
Le génie de Mahomet en tant que capitaine, d’ailleurs surtout dû au fanatisme qu’il était capable d’instiller à ses troupes, implique que l’Islam fut indubitablement extrêmement performant en matière de conquête militaire pendant les premières années de l’Islam. Jusqu’au 12ième siècle, quand la “porte del’ijtihad”, ou porte de la libre-pensée, fut fermée, la société musulmane menait le monde. L’emphase mise dans la société islamique sur le rôle des femmes en tant que metteuses au monde d’enfants signifie que ces sociétés sont encore très performantes quand il s’agit d’atteindre un fort taux de croissance de la population. Ces facteurs ne sont pas des attributs bénéfiques dans la société d'aujourd'hui. C’est la raison principale pour laquelle on peut considérer que l'Islam a échoué, échoué dans ses propres croyants au sens humaniste.
Le refus de voir les contradictions inhibe la pensée rationnelle. L’adhésion rigide à la doctrine, dont le rejet de Darwin est symptomatique, entraîne une aversion envers la méthode scientifique et une progression plus lente des avancées techniques. Sur le long terme, le progrès technique est la source de toute la richesse, améliore le niveau de vie et augmente le bien-être humain. Ainsi, la soumission au dogme islamique ne se contente pas d’imposer des limites à l’acceptation de la science. Elle empêche le progrès social et économique général.
De nombreuses autres caractéristiques doctrinales de l’islam qui inhibent le développement scientifique, social et économique peuvent être identifiées. Une éloquente description des conséquences, qualifiées de “déficit de la connaissance” peut être consultée dans le Rapport Arabe sur le Développement Humain publié par les Nations Unies. Voici une courte liste de points de doctrine qui peuvent contribuer à ce déficit :
· La limitation de la participation des femmes au travail
· la part disproportionnée de l’Islam dans l’éducation.
· le temps quotidien consacré à l’observance de rites religieux routiniers
· l’interdiction du paiement des intérêts.
· conflit entre les lois séculières et la charia
· l’absence de liberté de parole encourage la corruption.
· les lois sur l’héritage qui entravent l’accumulation du capital
· la dépendance vis-à-vis de fonds islamiques comme véhicules d’investissement
· la doctrine de la bidah ou aversion pour l’innovation
Tous ces facteurs, reflétant la soumission au dogme plutôt que la recherche de la connaissance via l’exploration du doute, engendrent un néfaste degré de fatalisme et sont les causes de l’échec de l’Islam.
La contribution majeure de Darwin fut sa découverte que l’évolution explique nos origines humaines et biologiques. Il a rendu le concept d’un dieu créateur inutile, superflu et désuet. Il nous a aidé à surmonter l’ignorance et la superstition et à reconnaître la vraie place de l’humanité dans l’univers. Les athées, les humanistes, les rationalistes et les matérialistes peuvent s’en réjouir. Espérons que les musulmans, les chrétiens et tous les autres aspirants penseurs religieux pourront bientôt nous rejoindre dans l'acceptation de la raison et de la science. Comme toujours, les valeurs laïques universelles, basées sur les principes de la compassion, de l’honnêteté, de la liberté et de la justice, constituent la meilleure voie vers la paix et la prospérité.
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Le Dr John L Perkins est un économiste de Melbourne et est l’un des membres fondateurs du Secular Party of Australia.
Conférence faite à la Atheist Society de Melbourne le 10 février 2009
Deux cents ans après la naissance de Charles Darwin et cent cinquante ans après la publication de « L’origine des espèces », beaucoup de groupes religieux fondamentalistes continuent à nier la réalité et la nature factuelle de l’évolution. Cependant, il n’y a qu’une seule grande religion qui rejette systématiquement la découverte de Darwin et qui n'accepte pas l’une des découvertes majeures de la science : l’Islam.
La preuve de l’évolution biologique met en lumière les contradictions de la foi. Nous avancerons que l’échec de Islam à s’adapter à ces contradictions est symptomatique d’un échec plus profond de la société islamique à s’adapter à la modernité. Pour comprendre pourquoi c'est le cas, certains aspects de la nature de la foi religieuse doivent être identifiés.
Religion et rationalité
La caractéristique essentielle de la croyance religieuse est qu’elle n’est pas rationnelle. La foi religieuse contredit la raison et la science. La foi religieuse c’est croire sans raison ni preuve, voire malgré la raison et la preuve. Cela évoque inévitablement la cognition non-rationnelle. Beaucoup d'arguments religieux sont clairement illogiques tout en paraissant raisonnables aux croyants.
Tous les croyants se complaisent dans une cécité volontaire aux contradictions. Ils sont quand même conscients de certaines contradictions puisqu’ils savent qu’il y a d’autres religions. Ils manquent généralement de curiosité quant à l’authenticité des fondements de leurs propres croyances. Ils ont une aversion aux questions susceptibles de remettre en cause leur foi. Cet aveuglement de la foi explique pourquoi les religions ne sont pas simplement des croyances erronées et se caractérisent par l’auto-illusion.
Bien sûr, ce fait est contesté par les religieux. La raison en est, bien sûr, que ceux qui souffrent d’illusions manquent de lucidité dans leurs perspectives. Les athées ne souffrent pas de ce manque de lucidité. Personne n’a la science infuse. Cependant ceux qui essayent de compter sur la raison et la preuve plutôt que sur la foi sont plus rationnels et moins susceptibles de se cramponner à de fausses croyances.
Quelle religion est vraie et pourquoi ? Quand ils sont mis au défi de démontrer leurs assertions par des preuves vérifiables, les croyants en sont incapables. Par contre, les remises en cause des croyances mènent à la dissonance cognitive et parfois à des réactions émotionnelles ou à des troubles chez les croyants et les poussent souvent à recourir encore plus à la foi. Ce comportement est caractéristique de toutes les religions mais est plus prononcé dans l’Islam. La remise en cause de la foi posée par évolution darwinienne a été esquivée plutôt qu’affrontée par l’Islam. La raison de cela se trouve dans les caractéristiques doctrinales de Islam.
La nature coercitive de la soumission à l’Islam
L'église catholique et les mouvements protestants traditionnels acceptent la réalité de la science de l'évolution. Ils peuvent accepter que l'histoire de la genèse ne soit pas littérale. Par contre, les musulmans ne peuvent pas accepter que les récits créationnistes du Coran ne sont pas littéraux. Il n'y a aucun imam, Muftis, chef spirituel islamique ou ouléma qui admette ou accepte que le Coran soit faux, inexact et ne soit pas la vérité littérale. C’est incompatible avec le fait d’être musulman. Ainsi les musulmans doivent nécessairement rejeter l'évolution, au moins dans le sens darwinien où aucun dieu n’est apparent ni même nécessaire.
Les non-musulmans qui sont accoutumés à vivre dans une société chrétienne ou multiculturelle peuvent avoir du mal à concevoir la nature englobante et coercitive de l'Islam. Comme les musulmans eux-mêmes l’attestent souvent, ils ne voient pas l’Islam comme une religion mais un “mode de vie”. Les musulmans ont de grandes difficultés, voire même une incapacité, à distinguer la religion de la science, la religion de la politique, la religion de la réalité...
La raison en est l'importance capitale qui dans l'Islam est assignée au Coran et à la punition des incroyants. Les effets psychologiques de l’exposition à la terreur de la menace des tourments de l’enfer, particulièrement sur les esprits des enfants, ancrent profondément l'adhésion à la doctrine islamique. Pour les musulmans, il y a des punitions pour avoir critiqué ou essayé de quitter la religion. En ce sens l'Islam est plus un culte d’Etat qu'une religion.
La soumission coercitive à la doctrine dans l’Islam mène, dans des secteurs clefs, au rejet du rationalisme et du libre-examen. Les conséquences n’en sont pas bénignes. Cela a eu pour effet d'empêcher le progrès humain dans la société islamique. Le rejet de l'application de la méthode scientifique et la négation des découvertes fondamentales de la science est symptomatique du relatif déclin du monde islamique au cours des 800 dernières années. Les musulmans furent autrefois les maîtres du monde scientifique. L’adhésion rigide à la doctrine coranique a eu, au cours des siècles, des conséquences dévastatrices sur le développement économique, social et démocratique des sociétés musulmanes. Cela s’est intensifié ces dernières décennies. Islam a échoué dans ses adeptes.
Avant de continuer, il convient noter que ceci n'est pas une attaque contre les musulmans, ou tout autres croyants en tant que personnes, ni une mise en doute de leurs capacités et de leur intelligence. Ce dont il est ici question est une analyse critique de cette croyance, chose qui fait chroniquement défaut aux sociétés musulmanes. Il faut également noter que l'Islam en lui-même n'est pas la seule cause du relatif retard des sociétés et communautés musulmanes. Par exemple, la mise en oeuvre du concept judaïque de la “terre promise”, par la création d’un état juif, a causé une grave parodie de justice pour les Palestiniens et enflammé l’islamisme dans le monde entier au détriment de tous.
En quoi la découverte de Darwin est-elle un tel problème pour des croyants ? L'évolution n'indique pas simplement que leurs textes sacrés sont incorrects. L'acceptation de l'évolution rend la pertinence du concept de dieu créateur obsolète. Naturellement beaucoup de croyants réagissent en assignant à leur dieu un rôle de surveillance du processus de l’évolution. Les musulmans ont du mal à le faire car le Coran est trop explicite quant au rôle d'Allah en tant que dieu créateur. Cependant, comme avec toutes les autres religions, les apologistes musulmans essayent de toutes sortes de manières de justifier et concilier l’inconciliable.
Puisque la soumission sans restriction aux doctrines du Coran est une exigence de l’Islam, les contradictions entre les découvertes de la science et le Coran sont systématiquement rejetées ou niées par les musulmans. Ainsi qu’il le sera souligné ici, cela a provoqué un échec si complet des sociétés musulmanes dans le développement économique et social que cela doit être reconnu comme l’échec de l’Islam.
Le Coran et la création
Le Coran mentionne Allah en tant que dieu créateur une quarantaine de fois. Par exemple, Allah est le Créateur, Celui qui donne un commencement à toute chose, le Formateur. (59:24). Cependant les récits de la création de l’homme et de l’univers sont succincts et contradictoires. “Les cieux, la terre et tout ce qui existe entre eux” sont à plusieurs reprises décrits comme ayant été créés par Dieu en six jours (7:54, 25:59 et 32:4).
Dans le Coran la chronologie de la création n’est pas spécifiée. Sur les six jours, il semble que la terre soit créée en deux jours, (41:9), les montagnes et les ressources alimentaires en quatre jours (41:10) et les cieux pendant les deux jours suivants (41:11-12). Cette interprétation 3 diffère sensiblement de l’ordre biblique mais est tout aussi géocentrique.
Par comparaison, en Genèse 1 l’ordre de la création: premier jour, le jour et la nuit ; second jour, l’eau et le firmament ; troisième jour, la terre et les mers, l’herbe et les arbres fruitiers ; quatrième jour, le soleil, la lune et les étoiles ; cinquième jour les baleines et les volailles ; le sixième jour, le bétail, les êtres qui rampent et l’humain, homme et femme.
Tout comme le récit biblique, le Coran se fourvoie en énonçant que soleil a été créé après la terre. Il copie la faille logique de la Genèse : s’il n’y avait pas de soleil, alors d’où venait la lumière et comment le jour et la nuit étaient-ils définis ? Des musulmans affirment que ces “six jours” doivent être pris au figuré et qu’il est question d’une période de temps plus longue. C’est effectivement compatible avec la proposition que sans un soleil un “jour” peut avoir une durée arbitraire. Mais alors pourquoi Allah, dont le Coran est censé être la parole, se réfère-t-il au mot “jour ?” Le supposé créateur n’appréhende pas la création en dehors du folklore arabe du 7ième siècle.
La cosmologie coranique pose d’autres problèmes. La Terre est “étalée” comme si elle était plate (15:19) et le ciel est un toit sans support apparent. (21:32). C’est encore une fois une conception géocentrique de l’univers. A l’appui de cette conception, le soleil est décrit comme faisant une orbite autour de la Terre (21:33 et 36:40). Compte-tenu de tout ceci, il est facile de comprendre que la recherche scientifique cause une énorme dissonance cognitive pour les musulmans..
Quant à l’évolution, le Coran est encore plus problématique. “Allah a créé d'eau tout animal ” (24:45). Il y a plusieurs variantes quant à la manière dont l’homme a été créé. L’homme a été fait d’argile (6:1, 15:26, 23:12) mais dans d’autres versets d’eau (21:30, 25:54), de poussières (3:59, 30:20, 35:11), de la terre (11:61), de boue malléable (15 :33), de rien (19:67), d’une goutte de sperme éjaculé (16:4, 75:37), d'une giclée d'eau (86:5) d’une goutte de sperme (80:18) d’un caillot de sang (96:1), de terre, puis de sperme (18:37), de terre, puis de sperme, puis de caillot de sang (22:5), (40:67).
Il n’y a pas place pour des interprétations compatibles avec l’évolution des humains à partir de nos ancêtres simiens. Le dieu créateur du Coran n’a pas besoin d’un processus demandant autant de temps. “ Il est le grand Créateur, l'Omniscient. Il n’a besoin que de dire "Sois", et c'est. (36:82).
Réponses musulmanes à l’évolution
Etant donné toutes ces professions de foi explicitement créationnistes dans le Coran et la nature coercitive de la foi musulmane, les musulmans adoptent plusieurs stratégies face à l’évolution :
· Prétendre que l’évolution a été découverte par des musulmans
· Refuser la discussion ou toute contradiction
· Accepter à la fois l’évolution et la création.
· Nier et rejeter l’évolution
· Adopter la stratégie chrétienne de la promotion du “dessein intelligent”
Pour ce qui concerne la première, il y a peut-être quelques points venant à l’appui de l’affirmation que les premiers scientifiques musulmans ont pu avoir parlé de l'évolution d'espèces. Toutefois cette stratégie est handicapée par des failles si évidentes que même les musulmans à l’origine de ce concept ne peuvent plus désormais l’accepter.
Se contenter d’éluder la question est une solution facile qui est pratiquée par beaucoup de religions. Si l'évolution n'est ni enseignée ni discutée, le problème tout entier est atténué. En cas de besoin, la religion et science peuvent être considérées comme évoluant dans des sphères séparées et non contradictoires. De la sorte, les points contradictoires peuvent être compartimentés dans différentes zones de la connaissance, différentes parties du syllabus et différentes parties du cerveau. Ce n’est pas qu’une stratégie islamique. Elle est défendue par des philosophes chrétiens et même par certains pseudo athées. Leur conscience les empêche apparemment d'admettre une vérité qui peut mettre les croyants mal à l’aise.
On dit que certains musulmans acceptent totalement l’évolution. Pourtant quand on scrute le discours des avocats de cette acceptation, on constate que les contradictions avec le Coran ne sont pas résolues. Ils citent le Coran à l’appui comme s’il fallait rétablir l’équilibre. En outre, ils ne reconnaissent pas que l’acceptation de l’évolution implique nécessairement le rejet de la création telle qu’elle est dépeinte dans le Coran. La foi et le refus de la contradiction sont appelés à la rescousse comme si cela allait résoudre le problème. Prétendre accepter à la fois Darwin et le Coran ne semble pas être l’approche islamique de l’évolution la plus répandue, peut-être à cause de son embarrassante incohérence.
Le déni, le rejet de l'évolution est la stratégie fondamentaliste classique. Le terme « fondamentaliste » dérive d’ailleurs du mouvement religieux qui s’est formé en réponse aux travaux de Darwin. Tous les défenseurs de l’islam semblent se ranger dans ce camp, donnant ainsi du poids à l’idée que tous les musulmans sont par nature fondamentalistes. Même si les apologistes de l’Islam, comme le médiatique Waleed Aly de Melbourne, n’apprécient pas les termes “modérés” et “fondamentalistes” quand ils sont appliqués à l’Islam car ils les considèrent comme des concepts chrétiens qui ne s’appliquent pas à l’Islam.
Pour un musulman, ne pas être créationniste, impliquerait un rejet assez radical de la doctrine coranique. Quand les bottes en touche et les ambiguïtés ne suffisent plus, un musulman assumé affirmera invariablement que, selon sa croyance, Allah est le créateur. Même le concept de l'évolution guidée, une rationalisation chrétienne répandue, semble dépasser les bornes pour beaucoup de musulmans. Bien que certains semblent pouvoir partiellement accepter l’évolution (des animaux NDLR), l'idée que les humains ont également évolués est universellement tenue par eux comme contraire à la doctrine. Un darwiniste musulman peut donc théoriquement exister mais il ne semble pas que dans les faits ce soit le cas.
Etant donné le dangereux état de dissonance cognitive que ces anomalies doivent induire dans l’esprit des musulmans, il n’est pas étonnant que le concept chrétien de “dessein intelligent” ait été adopté avec enthousiasme par de nombreux musulmans. Le website Islam Online a lancé un “Appel aux scientifiques musulmans à rejoindre le mouvement de dissidence scientifique du Darwinisme”. Ils prétendent que l’évolution a été discréditée et qu’une nouvelle théorie l’a remplacée : le Dessein Intelligent.
Le Dessein Intelligent est un subterfuge selon lequel il y a des choses que nous (ou du moins les croyants) ne comprenons pas, qui sont “irrémédiablement complexes” et que par conséquent un “concepteur intelligent” doit avoir été impliqué. C’est toujours du créationnisme, mais le créateur est rebaptisé concepteur. Ses partisans s’imaginent que c’est une brillante innovation scientifique. En réalité le Dessein intelligent n’est rien d’autre qu’un stratagème pour pervertir la Constitution des Etats-Unis et ramener le créationnisme dans les écoles publiques américaines.
Une stratégie musulmane plus directe a été de populariser une version islamique du créationnisme. A cet égard, une campagne de propagande massive est menée par Adnan Oktar, un « filousophe » turc qui écrit prolifiquement sous le nom de plume de Harun Yahya. Ses livres, son website et ses DVD bénéficient d’une présentation très professionnelle et sont imprimés luxueusement. En 2007, de nombreux scientifiques universitaires et membres des médias ont reçu des exemplaires de son livre“Atlas de la Création” en cadeau non sollicité. Ses livres sont devenus très populaires dans de nombreuses communautés musulmanes.
Ce genre de propagande créationniste tombe sur un terreau fertile. Les données d'une enquête sociologique menée en 2007 dans cinq pays musulmans ont révélé que seule une minorité convient que la théorie de l'évolution de Darwin est probablement ou certainement vraie : 16 % des Indonésiens, 14 % des Pakistanais, 8 % des Egyptiens, 11 % des Malaisiens et 22 % des Turcs. Une autre enquête sur cette question (donc pas totalement comparable) a montré que l’acceptation de l’évolution est la plus élevée au Japon et en Suède (environ 80%), généralement haute en Europe occidentale, (plus de 60%), plutôt basse aux USA (environ 45%) et étonnamment basse en Australie (environ 55%). Les milliards de dollars que les contribuables australiens fournissent aux écoles religieuses n’y sont probablement pas étrangers.
La croyance en l’infaillibilité du Coran a engendré de une cohorte de théories loufoques selon lesquelles le Coran contient toutes sortes de prévisions scientifiques miraculeuses qui concordent maintenant avec les dernières connaissances scientifiques. Que des gens intelligents puissent avancer un argument aussi absurde est un triste témoignage du degré de dysfonctionnement de la cognition rationnelle que la religion peut induire ! Il semblerait que pour mener une recherche, un scientifique musulman n'a nul besoin d'équipement de référence ou de laboratoire universitaire. Il n’a besoin que d’ouvrir son Coran. Ce genre de mentalité affecte gravement le progrès et le bien-être des sociétés musulmanes.
L'incapacité de l'Islam à s’adapter à Darwin comme le christianisme l’a fait est caractéristique de la néfaste domination du dogme sur la connaissance scientifique dans l'Islam. La disparition d’une base rationnelle à l’existence d’un Créateur est le plus grand des défis à relever pour toute religion qui a des fondements créationnistes. Le christianisme en général (excepté les fondamentalistes créationnistes), a résolu le problème par un repli sur une supposée compartimentalisation de la connaissance. La possibilité de botter en touche les contradictions entre la foi et la science les rend ainsi plus gérables. L’incapacité de l’Islam à faire ce pas est significatif d’un dogmatisme et d’un fondamentalisme qui a de profondes conséquences sociales.
Adhésion à la doctrine et échec de l’Islam
Le génie de Mahomet en tant que capitaine, d’ailleurs surtout dû au fanatisme qu’il était capable d’instiller à ses troupes, implique que l’Islam fut indubitablement extrêmement performant en matière de conquête militaire pendant les premières années de l’Islam. Jusqu’au 12ième siècle, quand la “porte del’ijtihad”, ou porte de la libre-pensée, fut fermée, la société musulmane menait le monde. L’emphase mise dans la société islamique sur le rôle des femmes en tant que metteuses au monde d’enfants signifie que ces sociétés sont encore très performantes quand il s’agit d’atteindre un fort taux de croissance de la population. Ces facteurs ne sont pas des attributs bénéfiques dans la société d'aujourd'hui. C’est la raison principale pour laquelle on peut considérer que l'Islam a échoué, échoué dans ses propres croyants au sens humaniste.
Le refus de voir les contradictions inhibe la pensée rationnelle. L’adhésion rigide à la doctrine, dont le rejet de Darwin est symptomatique, entraîne une aversion envers la méthode scientifique et une progression plus lente des avancées techniques. Sur le long terme, le progrès technique est la source de toute la richesse, améliore le niveau de vie et augmente le bien-être humain. Ainsi, la soumission au dogme islamique ne se contente pas d’imposer des limites à l’acceptation de la science. Elle empêche le progrès social et économique général.
De nombreuses autres caractéristiques doctrinales de l’islam qui inhibent le développement scientifique, social et économique peuvent être identifiées. Une éloquente description des conséquences, qualifiées de “déficit de la connaissance” peut être consultée dans le Rapport Arabe sur le Développement Humain publié par les Nations Unies. Voici une courte liste de points de doctrine qui peuvent contribuer à ce déficit :
· La limitation de la participation des femmes au travail
· la part disproportionnée de l’Islam dans l’éducation.
· le temps quotidien consacré à l’observance de rites religieux routiniers
· l’interdiction du paiement des intérêts.
· conflit entre les lois séculières et la charia
· l’absence de liberté de parole encourage la corruption.
· les lois sur l’héritage qui entravent l’accumulation du capital
· la dépendance vis-à-vis de fonds islamiques comme véhicules d’investissement
· la doctrine de la bidah ou aversion pour l’innovation
Tous ces facteurs, reflétant la soumission au dogme plutôt que la recherche de la connaissance via l’exploration du doute, engendrent un néfaste degré de fatalisme et sont les causes de l’échec de l’Islam.
La contribution majeure de Darwin fut sa découverte que l’évolution explique nos origines humaines et biologiques. Il a rendu le concept d’un dieu créateur inutile, superflu et désuet. Il nous a aidé à surmonter l’ignorance et la superstition et à reconnaître la vraie place de l’humanité dans l’univers. Les athées, les humanistes, les rationalistes et les matérialistes peuvent s’en réjouir. Espérons que les musulmans, les chrétiens et tous les autres aspirants penseurs religieux pourront bientôt nous rejoindre dans l'acceptation de la raison et de la science. Comme toujours, les valeurs laïques universelles, basées sur les principes de la compassion, de l’honnêteté, de la liberté et de la justice, constituent la meilleure voie vers la paix et la prospérité.
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Le Dr John L Perkins est un économiste de Melbourne et est l’un des membres fondateurs du Secular Party of Australia.