Comment l'islam gangrène l'école
Posté : 25 juin09, 11:08
Voici un article qui date un tout petit peu (du 29 août 2008), dont le titre "Comment l'islam gangrène l'école" annonce la couleur.
Il est paru dans le magazine d'infos belge "Le vif/L'express" qui n'a pas peur d'affirmer sa position résolument laïque.
Je vous transmets l'article ici:
"Les écoles où le voile est autorisé se comptent désormais sur les doigts d'une main. Mais elles restent confrontées aux revendications religieuses de certains parents et élèves. Les enseignants se sentent seuls, les directions, aussi. Les politiques, eux, ne se mouillent pas.
Tous les matins, le voile sur les cheveux, Zhora, élève de 4e [NdMoi: en Belgique, la 4e correspond à l'âge de 15-16 ans], franchit les portes de l'institut des Ursulines, dans un quartier populaire, en région bruxelloise. « On veut nous jeter dehors, je dois réussir et montrer qu'une fille voilée n'est pas soumise et arriérée », lance-t-elle. « Face à toutes ces portes qui se ferment », Latifa, sa copine, envisage de quitter les Ursulines pour une école voisine, plus souple sur les principes. « Avec d'autres soeurs musulmanes. »
Pour aller où ? En région bruxelloise, le foulard est encore toléré dans quatre écoles - trois du réseau officiel, une du réseau libre. Partout ailleurs, l'école (quel que soit le réseau) sans voile se généralise : 75 % des établissements de la Communauté française l'interdisent.
Dès septembre, donc, à l'institut des Ursulines - enseignement libre et subventionné -, le port du voile sera banni. « Nous voulions limiter certaines façons de le porter. Nous n'acceptions pas les mains cachées, par exemple. Mais nombre de jeunes filles n'ont pas respecté ce contrat », rappelle Paul Gammar, chef de l'établissement. Le vrai problème, « c'est que certaines élèves s'inscrivaient chez nous uniquement parce que le voile était autorisé ». Résultat : l'école dénombrait plus de 100 filles voilées sur 200 élèves. Il y a eu aussi les absences aux cours de gym, la suppression des leçons de natation. Puis les autres filles, les non-voilées, ont commencé à filer vers d'autres écoles. La pression des « voilées » était devenue trop forte.
L'athénée royal Alfred Verwée, à Schaerbeek, projette à son tour d'écarter le voile en 2009. A cette nuance près que le voile noué derrière la nuque, laissant le cou dégagé, demeurera autorisé.
Les mesures d'interdiction permettront-elles d'apaiser les conflits dans lesdites écoles ? Rien n'est moins sûr. Les écoles officielles - de la Ville de Bruxelles, par exemple, où le port de « tout couvre-chef » est défendu - ne sont pas toujours à l'abri des pressions religieuses. Ni d'une poussée de fièvre communautaire : ici, un père refuse de laisser sa fille dans la classe d'un instituteur ; là, des élèves réclament un local pour faire les prières rituelles pendant le ramadan.
En tout cas, la commotion qui sévit dans les établissements dépasse de beaucoup les « simples » problèmes posés par le voile. Le climat s'est alourdi, rappellent des directeurs et des profs. Sur la scène internationale (durcissement du conflit israélo-palestinien, recrudescence de l'islamisme radical), et en Belgique même, dans les quartiers pauvres, la tension a monté de plusieurs crans. Et les incidents, confient-ils, changent de nature. Les profs se sentent terriblement mal à l'aise : aujourd'hui, les élèves et leurs parents s'attaquent à la vocation première de l'école : la transmission des connaissances. Bien des enseignants ne savent plus à quel saint se vouer. Conséquence : ils choisissent souvent la stratégie de l'esquive et se gardent d'aborder des sujets sensibles, comme le rôle et la place de la femme en terre d'islam. Les élèves en sont bien conscients. « Des profs sont crispés. Ils pèsent chaque mot », souligne Fadil, élève en 5e [16-17 ans] à l'athénée Léon Lepage, à Bruxelles.
Petits arrangements avec le programme
Les profs de sciences ont vu débarquer dans leur classe des néocréationnistes musulmans, des élèves qui nient la théorie de l'évolution. En français, certains auteurs exigent qu'on les traite en y mettant des gants. Quoi, donc : Cervantès, « antimusulman » ; Voltaire, « antireligieux » ; Diderot, « mécréant ». Ainsi Pierre évite-t-il parfois la lecture d'extraits d'£uvres « controversées » - Don Quichotte, du « manchot de Lépante », par exemple - et préfère se limiter à en raconter des épisodes. Petite reculade, qu'il juge vénielle.
L'histoire et la géographie sont des matières particulièrement exposées. Paul, historien, dit se montrer très vigilant. Il a côtoyé quelques enseignants qui ont une « fâcheuse tendance » à passer sous silence les violences liées à la confession de l'islam, tout en évoquant le catholicisme sous le seul prisme des crimes commis en son nom. Pis, il dénonce une école « apeurée » et n'hésite pas à désigner des coupables : ces chefs d'établissement qui ont revu à la baisse les exigences de l'éducation scolaire et qui, de crainte d'offenser la culture d'origine des élèves, les ont condamnés à être éternellement des « immigrés » dans leur pays d'accueil. Exemple : ce préfet d'un athénée logé à l'ombre de la basilique de Koekelberg, qui a asséné à un prof : « Je veux que tu fasses réussir ces élèves, car, l'année prochaine, je ne souhaite plus les voir ici. » Et qui a reproché à un autre enseignant d'avoir « provoqué la communauté turque » en abordant le génocide des Arméniens, en 1915.
C'est là, surtout, que le bât blesse : les enseignants ont peur de ne pas être couverts par leur hiérarchie si un conflit survient. « Lorsque mes élèves ont refusé de se rendre au Musée des sciences naturelles, je me suis sentie désarmée. Ni le proviseur ni le préfet n'ont réagi avec fermeté », raconte Josiane, prof de biologie. (1)
L'école primaire subit, elle aussi, ces réactions passionnées. « Des parents exigent un cours de religion islamique dès la maternelle ; d'autres refusent que leur fille soit assise en classe à côté d'un garçon ; un gamin refuse de faire la ronde parce qu'il ne peut pas toucher la main des filles », détaille une directrice d'une école communale de Jette, qui doit aussi composer avec les autres parents, de plus en plus agacés par ces dérèglements qui frappent l'école. « Je me suis fait insulter par des mères voilées, parce que j'étais maquillée. Mes gosses, eux, se font railler à la récré », raconte Samira. Elle a décidé d'envoyer ses enfants dans une autre école, « plus ferme ». « C'est quoi cette école qui interdit le foulard, mais qui sert des menus halal ? C'est incohérent : moi, je suis pour pas de voile et repas-tartines ! » s'emporte Géraldine, mère d'un adolescent en secondaire.
Le « lâchage » de la hiérarchie
Bernard, directeur d'un établissement primaire, a trouvé « la parade » pour ne pas « écorner la laïcité » : à chaque inscription, les parents sont tenus de signer une charte. Ils devront la respecter à la lettre. Qu'impose cette charte ? Elle affirme le caractère laïque de l'école, exige la pratique des exercices sportifs et de la natation par tous (2), rappelle que le repas chaud est « un service offert, pas un dû »... (3)(4) « Plutôt que de s'opposer au coup par coup, je me tiens strictement à ce qui est écrit. Je n'accepte aucun arrangement. Et je tiens le même langage à tout le monde ; c'est sain, cela permet de désamorcer les conflits potentiels. » Cette charte, pourtant, est dépourvue de tout fondement légal : devant les tribunaux, elle serait immédiatement mise en pièces.
Paradoxe : les chefs d'établissement dénoncent, eux aussi, le « lâchage » de leur hiérarchie ! Tout repose sur leurs épaules, affirment-ils. Ils sont seuls à parer aux problèmes du voile, de la mixité, des classes de neige... Tous déplorent, en tout cas, l'absence de stratégie globale. A propos du voile, par exemple : « Il y a quelques années, on a réservé aux écoles le soin de décider. N'eût-il pas été plus simple d'unifier la chose ? » souligne Paul Gammar.
A la Ville de Bruxelles, la politique se veut claire : pas de couvre-chef ni de signes religieux ostentatoires. Certes, on y dit avoir connaissance de certains incidents. « Il s'agit de quelques cas isolés pour lesquels nous avons pris des mesures », déclare Faouzia Hariche (PS). Mais ce sont, insiste l'échevine de l'Instruction publique, des revendications individuelles : comme celle de ce jeune qui refusait de se laver après avoir fait du sport avec ses copains. L'école a entrepris des travaux afin de retirer les douches aux regards... Et, partout, souligne-t-elle, les élèves vont aux cours de natation. « Oui, c'est vrai, des médecins de quartier établissent des certificats de complaisance pour dispenser des filles de la natation. Mais je renvoie ces toubibs à leurs responsabilités. » Des blocages, reconnaît-elle, débouchent rarement sur des exclusions : deux élèves ne seront pas réinscrites dans leur athénée en septembre ; leurs parents refusent qu'elles suivent les cours de gymnastique. Ils ont introduit un recours contre la décision auprès de la Ville de Bruxelles.
En revanche, la Communauté française, en ce qui concerne le port du voile, reste sur ses positions : « Pas de changement en vue » : il incombe aux chefs d'établissement de gérer la situation. Selon l'environnement local, la sensibilité des profs, la plus ou moins grande fermeté du directeur. Pour les autres formes de contestation - boycottage du cours d'histoire sur la Shoah, refus de partir en classe verte... - là aussi, la politique réfère aux décrets (5) qui traitent de la neutralité.
Certes, le raidissement religieux et la contestation des cours ne se produisent pas n'importe où. « Nous ne sommes pas confrontés à un rejet massif des programmes, constate un inspecteur scolaire. Mais, ici ou là, ces cinq dernières années, de plus en plus d'enseignants rencontrent des difficultés. » En général, dans les écoles où les élèves issus de l'immigration sont majoritaires, là où la population des « Gaulois » est devenue clairsemée. Et le moindre incident y est très souvent monté en épingle.
Que faire alors ? Former les profs ! A Namur, cette année, les Facultés universitaires Notre-Dame de la paix ont familiarisé 350 enseignants avec le créationnisme et les fondamentaux de l'islam. La meilleure ligne de défense consiste à bien édicter que l'approche scientifique du monde appartient au domaine de la connaissance, tandis que la vision religieuse relève de la croyance. Les enseignants doivent s'abstenir d'entrer dans tout débat où ces deux conceptions entrent en jeu. « La parole du prof, très majoritairement blanc et non musulman, est souvent mise en doute. Après ces sessions, l'enseignant dispose de réponses concrètes pour faire face aux provocations des élèves. Il se sent investi d'une plus grande légitimité », soutient l'inspecteur. Un premier pas sur la bonne voie, certes. Mais une loi serait la meilleure alliée des enseignants.
Soraya Ghali
Le Vif - 29-08-2008"
Il est paru dans le magazine d'infos belge "Le vif/L'express" qui n'a pas peur d'affirmer sa position résolument laïque.
Je vous transmets l'article ici:
"Les écoles où le voile est autorisé se comptent désormais sur les doigts d'une main. Mais elles restent confrontées aux revendications religieuses de certains parents et élèves. Les enseignants se sentent seuls, les directions, aussi. Les politiques, eux, ne se mouillent pas.
Tous les matins, le voile sur les cheveux, Zhora, élève de 4e [NdMoi: en Belgique, la 4e correspond à l'âge de 15-16 ans], franchit les portes de l'institut des Ursulines, dans un quartier populaire, en région bruxelloise. « On veut nous jeter dehors, je dois réussir et montrer qu'une fille voilée n'est pas soumise et arriérée », lance-t-elle. « Face à toutes ces portes qui se ferment », Latifa, sa copine, envisage de quitter les Ursulines pour une école voisine, plus souple sur les principes. « Avec d'autres soeurs musulmanes. »
Pour aller où ? En région bruxelloise, le foulard est encore toléré dans quatre écoles - trois du réseau officiel, une du réseau libre. Partout ailleurs, l'école (quel que soit le réseau) sans voile se généralise : 75 % des établissements de la Communauté française l'interdisent.
Dès septembre, donc, à l'institut des Ursulines - enseignement libre et subventionné -, le port du voile sera banni. « Nous voulions limiter certaines façons de le porter. Nous n'acceptions pas les mains cachées, par exemple. Mais nombre de jeunes filles n'ont pas respecté ce contrat », rappelle Paul Gammar, chef de l'établissement. Le vrai problème, « c'est que certaines élèves s'inscrivaient chez nous uniquement parce que le voile était autorisé ». Résultat : l'école dénombrait plus de 100 filles voilées sur 200 élèves. Il y a eu aussi les absences aux cours de gym, la suppression des leçons de natation. Puis les autres filles, les non-voilées, ont commencé à filer vers d'autres écoles. La pression des « voilées » était devenue trop forte.
L'athénée royal Alfred Verwée, à Schaerbeek, projette à son tour d'écarter le voile en 2009. A cette nuance près que le voile noué derrière la nuque, laissant le cou dégagé, demeurera autorisé.
Les mesures d'interdiction permettront-elles d'apaiser les conflits dans lesdites écoles ? Rien n'est moins sûr. Les écoles officielles - de la Ville de Bruxelles, par exemple, où le port de « tout couvre-chef » est défendu - ne sont pas toujours à l'abri des pressions religieuses. Ni d'une poussée de fièvre communautaire : ici, un père refuse de laisser sa fille dans la classe d'un instituteur ; là, des élèves réclament un local pour faire les prières rituelles pendant le ramadan.
En tout cas, la commotion qui sévit dans les établissements dépasse de beaucoup les « simples » problèmes posés par le voile. Le climat s'est alourdi, rappellent des directeurs et des profs. Sur la scène internationale (durcissement du conflit israélo-palestinien, recrudescence de l'islamisme radical), et en Belgique même, dans les quartiers pauvres, la tension a monté de plusieurs crans. Et les incidents, confient-ils, changent de nature. Les profs se sentent terriblement mal à l'aise : aujourd'hui, les élèves et leurs parents s'attaquent à la vocation première de l'école : la transmission des connaissances. Bien des enseignants ne savent plus à quel saint se vouer. Conséquence : ils choisissent souvent la stratégie de l'esquive et se gardent d'aborder des sujets sensibles, comme le rôle et la place de la femme en terre d'islam. Les élèves en sont bien conscients. « Des profs sont crispés. Ils pèsent chaque mot », souligne Fadil, élève en 5e [16-17 ans] à l'athénée Léon Lepage, à Bruxelles.
Petits arrangements avec le programme
Les profs de sciences ont vu débarquer dans leur classe des néocréationnistes musulmans, des élèves qui nient la théorie de l'évolution. En français, certains auteurs exigent qu'on les traite en y mettant des gants. Quoi, donc : Cervantès, « antimusulman » ; Voltaire, « antireligieux » ; Diderot, « mécréant ». Ainsi Pierre évite-t-il parfois la lecture d'extraits d'£uvres « controversées » - Don Quichotte, du « manchot de Lépante », par exemple - et préfère se limiter à en raconter des épisodes. Petite reculade, qu'il juge vénielle.
L'histoire et la géographie sont des matières particulièrement exposées. Paul, historien, dit se montrer très vigilant. Il a côtoyé quelques enseignants qui ont une « fâcheuse tendance » à passer sous silence les violences liées à la confession de l'islam, tout en évoquant le catholicisme sous le seul prisme des crimes commis en son nom. Pis, il dénonce une école « apeurée » et n'hésite pas à désigner des coupables : ces chefs d'établissement qui ont revu à la baisse les exigences de l'éducation scolaire et qui, de crainte d'offenser la culture d'origine des élèves, les ont condamnés à être éternellement des « immigrés » dans leur pays d'accueil. Exemple : ce préfet d'un athénée logé à l'ombre de la basilique de Koekelberg, qui a asséné à un prof : « Je veux que tu fasses réussir ces élèves, car, l'année prochaine, je ne souhaite plus les voir ici. » Et qui a reproché à un autre enseignant d'avoir « provoqué la communauté turque » en abordant le génocide des Arméniens, en 1915.
C'est là, surtout, que le bât blesse : les enseignants ont peur de ne pas être couverts par leur hiérarchie si un conflit survient. « Lorsque mes élèves ont refusé de se rendre au Musée des sciences naturelles, je me suis sentie désarmée. Ni le proviseur ni le préfet n'ont réagi avec fermeté », raconte Josiane, prof de biologie. (1)
L'école primaire subit, elle aussi, ces réactions passionnées. « Des parents exigent un cours de religion islamique dès la maternelle ; d'autres refusent que leur fille soit assise en classe à côté d'un garçon ; un gamin refuse de faire la ronde parce qu'il ne peut pas toucher la main des filles », détaille une directrice d'une école communale de Jette, qui doit aussi composer avec les autres parents, de plus en plus agacés par ces dérèglements qui frappent l'école. « Je me suis fait insulter par des mères voilées, parce que j'étais maquillée. Mes gosses, eux, se font railler à la récré », raconte Samira. Elle a décidé d'envoyer ses enfants dans une autre école, « plus ferme ». « C'est quoi cette école qui interdit le foulard, mais qui sert des menus halal ? C'est incohérent : moi, je suis pour pas de voile et repas-tartines ! » s'emporte Géraldine, mère d'un adolescent en secondaire.
Le « lâchage » de la hiérarchie
Bernard, directeur d'un établissement primaire, a trouvé « la parade » pour ne pas « écorner la laïcité » : à chaque inscription, les parents sont tenus de signer une charte. Ils devront la respecter à la lettre. Qu'impose cette charte ? Elle affirme le caractère laïque de l'école, exige la pratique des exercices sportifs et de la natation par tous (2), rappelle que le repas chaud est « un service offert, pas un dû »... (3)(4) « Plutôt que de s'opposer au coup par coup, je me tiens strictement à ce qui est écrit. Je n'accepte aucun arrangement. Et je tiens le même langage à tout le monde ; c'est sain, cela permet de désamorcer les conflits potentiels. » Cette charte, pourtant, est dépourvue de tout fondement légal : devant les tribunaux, elle serait immédiatement mise en pièces.
Paradoxe : les chefs d'établissement dénoncent, eux aussi, le « lâchage » de leur hiérarchie ! Tout repose sur leurs épaules, affirment-ils. Ils sont seuls à parer aux problèmes du voile, de la mixité, des classes de neige... Tous déplorent, en tout cas, l'absence de stratégie globale. A propos du voile, par exemple : « Il y a quelques années, on a réservé aux écoles le soin de décider. N'eût-il pas été plus simple d'unifier la chose ? » souligne Paul Gammar.
A la Ville de Bruxelles, la politique se veut claire : pas de couvre-chef ni de signes religieux ostentatoires. Certes, on y dit avoir connaissance de certains incidents. « Il s'agit de quelques cas isolés pour lesquels nous avons pris des mesures », déclare Faouzia Hariche (PS). Mais ce sont, insiste l'échevine de l'Instruction publique, des revendications individuelles : comme celle de ce jeune qui refusait de se laver après avoir fait du sport avec ses copains. L'école a entrepris des travaux afin de retirer les douches aux regards... Et, partout, souligne-t-elle, les élèves vont aux cours de natation. « Oui, c'est vrai, des médecins de quartier établissent des certificats de complaisance pour dispenser des filles de la natation. Mais je renvoie ces toubibs à leurs responsabilités. » Des blocages, reconnaît-elle, débouchent rarement sur des exclusions : deux élèves ne seront pas réinscrites dans leur athénée en septembre ; leurs parents refusent qu'elles suivent les cours de gymnastique. Ils ont introduit un recours contre la décision auprès de la Ville de Bruxelles.
En revanche, la Communauté française, en ce qui concerne le port du voile, reste sur ses positions : « Pas de changement en vue » : il incombe aux chefs d'établissement de gérer la situation. Selon l'environnement local, la sensibilité des profs, la plus ou moins grande fermeté du directeur. Pour les autres formes de contestation - boycottage du cours d'histoire sur la Shoah, refus de partir en classe verte... - là aussi, la politique réfère aux décrets (5) qui traitent de la neutralité.
Certes, le raidissement religieux et la contestation des cours ne se produisent pas n'importe où. « Nous ne sommes pas confrontés à un rejet massif des programmes, constate un inspecteur scolaire. Mais, ici ou là, ces cinq dernières années, de plus en plus d'enseignants rencontrent des difficultés. » En général, dans les écoles où les élèves issus de l'immigration sont majoritaires, là où la population des « Gaulois » est devenue clairsemée. Et le moindre incident y est très souvent monté en épingle.
Que faire alors ? Former les profs ! A Namur, cette année, les Facultés universitaires Notre-Dame de la paix ont familiarisé 350 enseignants avec le créationnisme et les fondamentaux de l'islam. La meilleure ligne de défense consiste à bien édicter que l'approche scientifique du monde appartient au domaine de la connaissance, tandis que la vision religieuse relève de la croyance. Les enseignants doivent s'abstenir d'entrer dans tout débat où ces deux conceptions entrent en jeu. « La parole du prof, très majoritairement blanc et non musulman, est souvent mise en doute. Après ces sessions, l'enseignant dispose de réponses concrètes pour faire face aux provocations des élèves. Il se sent investi d'une plus grande légitimité », soutient l'inspecteur. Un premier pas sur la bonne voie, certes. Mais une loi serait la meilleure alliée des enseignants.
Soraya Ghali
Le Vif - 29-08-2008"