From left: Muzher, Shadde, and Ramy Badir in the village of Kafr Kassem outside Tel Aviv.
Les palestiniens téléphonaient aux frais de Tsahal
http://www.wired.com/wired/archive/12.0 ... ks_pr.html
Aveugles et surdoués de l'informatique, les frères Badir ouvraient, moyennant finances, les lignes israéliennes aux call centers palestiniens.
Israël s'apprête à juger trois frères palestinens, aveugles et surdoués de l'informatique. Les frères Badir (18, 22 et 23 ans) sont sous le coup de 42 chefs d'accusation pour avoir, entre autres exploits, trafiqué des centraux téléphoniques – dont l'un appartenant à Tsahal, l'armée israélienne – pour passer des coups de fil gratuitement.
Armés de leurs claviers en braille, dans l'appartement de leurs parents, les frères Badir auraient aussi réussi à pirater des ordinateurs de l'armée et les systèmes informatiques d'une chaîne de télé-achat israélienne, pour se procurer, toujours sans payer, des articles courants comme des téléviseurs.
Les bonnes marges des “phreakers”
Mais les frères Badir sont avant tout d'authentiques phreakers, des pirates informatiques spécialisés dans le craquage des codes d'accès des autocommutateurs, ce qui leur permet de téléphoner sans rien débourser. Une combine que, d'après les confidences du procureur Doron Porat à l'agence Reuters début novembre, ils ont “partagée” avec leurs frères palestiniens... empochant une bonne commission au passage !
En traitant avec des boutiques téléphoniques style phone center, ils auraient monté un commerce très lucratif (gagnant jusqu'à 10 000 dollars par jour !) en revendant des appels longue-distance. Les tarifs étaient abordables pour la population locale, mais leurs marges restaient confortables : la matière première était, en quelque sorte, gratuite. Le responsable du call center touchait aussi sa dîme...
Lors de leur arrestation, en juin, le journal en ligne de Jérusalem Israel Wire rapportait des détails plus précis de leur méthode. En “craquant” un central de Tsahal, notamment, ils réussisaient ensuite à squatter des lignes du type numéro vert, louées par des entreprises. Leur appartement servait de central alternatif : le client d'un call center appelait chez eux et les frères effectuaient ensuite le branchement sur la ligne piratée. Selon la police, les boutiques impliquées étaient réparties aussi bien à Gaza qu'en Cisjordanie. Quant aux victimes, il s'agissait d'importantes sociétés, mais aussi de Bezeq, le France Télécom israélien.
La revanche des aveugles
« Dans la communauté arabe, les aveugles sont les dernières personnes à pouvoir s'exprimer en société », a explique l'aîné des trois, Muzhir, à l'agence Reuters qui l'a contacté chez lui où il reste en résidence surveillée. « Depuis le début, nous voulions prouver le contraire, que nous n'étions pas comme les autres... »
