totocapt a écrit : Pas "grippé" ("grippeux" est un barbarisme),
"Grippé" = "qui a la grippe"
"Grippeux" = "Susceptible d'attraper la grippe", néologisme que j'ai construit à partir de ton acception de "religieux", que j'interprète comme "susceptible d'être contaminé par une religion".
totocapt a écrit :mais plutôt comme la preuve que l'homme a une dimension culturelle dans sa psyché, et non pas purement instinctive. Je ne vois pas cela comme négatif en soi: à partir de là, ce qu'il fait de cette disposition est une autre histoire... Je pense dire que l'homme est vraiment un animal religieux, car cela témoigne de notre évolution spécifique par rapport au reste du monde animal.
Et je continue à dire que l'architecture de son esprit fait qu'il est susceptible d'être contaminé par la croyance, et pas, comme tu le suggères, que la religion est une nécessité intrinsèque de sa constitution psychique.
totocapt a écrit :D'autant qu'il n'y a rien de scandaleux en soi dans cette liaison, vu qu'il est fréquent de définir par exemple l'homme comme un animal politique ou rationnel (cf. Aristote)... Je préciserais aussi une chose qui a son importance: la citation "l'homme est un animal religieux" vient d'un athée (assez original il est vrai), Feuerbach, père du matérialisme sensualiste, qui est à l'origine du matérialisme scientifique de Marx.
Je sais très bien d'où tu la tires, et je t'invite à considérer que son auteur partage davantage ma façon de voir les choses que ce que tu en fais, à mon humble avis.
totocapt a écrit :
"... Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup en rapproche ..." dixit Louis Pasteur, et cela est encore plus vrai aujourd'hui.
Ce qu'il voulait sans doute dire par là, c'est que beaucoup de science permet de mieux en mieux de comprendre l'architecture de l'univers, ses fonctionnements fondamentaux, etc. Au 19e siècle, période où tout le monde était croyant, cela signifiait très vraisemblablement un éloignement du dieu de la Bible pour aller vers celui de Spinoza. (Autrement dit un dieu non personnel et non interventionniste.)
totocapt a écrit :Et je rajoute, avant comme maintenant, que c’est rarement leur science qui rend les scientifiques athées...
Ce qui est certain, c'est que s'ils ont l'esprit scientifique, ils ont en effet peu de chance de devenir croyants, et s'ils l'étaient il y a de fortes chances qu'ils deviennent athées.
totocapt a écrit :De plus, "... Il ne faut pas s’imaginer, écrit l’anthropologue Victor Stockofski, que les scientifiques, même les plus éminents, échappent à l’irrationnel, une fois franchies les portes de leur laboratoire ..."
« Une fois franchies les portes de leur laboratoire » = « Pour ce qui ne concerne pas l'objet de leur recherche ». Un créationniste ne peut pas découvrir quoi que ce soit en biologie. Mais dans l'absolu on pourrait imaginer qu'il le pourrait dans... je ne sais pas trop quoi mais ce n'est peut-être pas totalement impossible mais extrêmement improbable.
totocapt a écrit :Donc ce que tu écris me semble plus être idéologique que proprement lié à une expérience personnelle, car un scientifique n'est pas une machine... La vraie question est liée à l'interprétation que l'on fait de ses croyances, et quelle ouverture d'esprit cette interprétation nous donne: fondamentalisme ou non? Les croyants peuvent aussi être libéraux, et je t'invite à lire ce qu'ils peuvent écrire sur un sujet tel que celui de "Science et Foi":
http://www.evangile-et-liberte.net/elem ... icle8.html
Tu places le débat sur le terrain sociologique et idéologique quand je ne fais que parler d'un point de vue épistémologique : la croyance est
mécaniquement un frein aux progrès de la connaissance et le dogme chasse le discours du domaine de la logique. Relis ce que dit Popper à ce sujet.
totocapt a écrit :Je pense que la question de sens rejoint en tant que telle celle de la foi. Car une croyance religieuse peut-être une foi personnelle qui donne un sens à sa vie. Une croyance en l'avenir, c'est avoir foi en tel ou tel futur, et lui donner donc tel ou tel sens par rapport à ce que l'on en attend. C'est en cela qu'il y a un lien indirect (mais pas entier j'en conviens) avec la croyance telle qu'elle peut être vécue dans une religion. Finalement, on est peut-être d'accord mais on le formulerait de façon différente car nos approches diffèreraient? Car un scientifique qui n'envisage son avenir (professionnel) que sous l'angle de la croyance (religieuse) est une vraie caricature, à moins qu'il n'ait une vocation religieuse hors de son domaine de compétences premier, ce qui est une autre histoire... On laisse ses convictions au vestiaire, comme le disait Pasteur...
Je dirai les choses ainsi : si on définit la foi comme une chose tenue pour absolument vraie, alors elle est un frein au progrès de la connaissance. Si on la définit comme le sens que l'on donne aux choses, pourquoi pas.
Pourtant il est certain que quelqu'un contaminé par la croyance ne l'envisage pas simplement en termes de sens donné aux choses (cf. les travaux de Leon Festinger).
totocapt a écrit : Quelqu'un qui ne peut douter peut-être plus facilement la proie d'un certain fanatisme ou intégrisme, car le fait de ne pas se permettre de douter fait que l'on n'accepte plus la contradiction, et à partir de là... Même chose du côté scientifique, et la science serait réduite à un corpus idéologique à adhérer nécessairement, sans l'ouverture d'esprit propre à l'esprit scientifique actuel.
Tu as une étrange vision de la preuve en science. Un scientifique qui a des preuves continue à être pénétré de l'esprit du doute. Je peux comprendre que pour un croyant c'est difficile à envisager, mais c'est ainsi.
totocapt a écrit :Pour ce qui est de la démonstration de l'inexistence de Dieu, elle est pour moi aussi valable que toute démonstration de l'existence de Dieu: à savoir que rien n'est prouvé en tant que tel. Ce qu'on démontre dans un sens ou dans l'autre, ce n'est qu'une idole, ce qu'on peut s'imaginer, croire de Dieu, mais Dieu en tant que tel va au-delà de toute conceptualisation.
Peut-être n'as-tu pas bien suivi toute la démonstration. Si tu définis dieu comme échappant à toute conceptualisation, alors tu ne fais que l'enfoncer encore plus dans l'inexistence.
totocapt a écrit :Par contre, selon St Grégoire le Théologien, si on ne peut pas prouver l'existence de Dieu, on peut comprendre qu'Il existe. Le jour où je serais au clair dans mes convictions, j'ouvrirais un fil avec ce thème: ça te va?
Sophisme que je dénonce dans ma démonstration (que manifestement tu as survolée).
totocapt a écrit : Cette vision que tu as des "croyants" rejoint pour moi celle des créationnistes, des partisans d'un intelligent design fermé, ou celle de ceux qui mélangent allègrement éthique et morale avec postulats de base nécessaires à toute recherche scientifique. Heureusement tous (et je pense la majorité) ne sont pas tous comme ça. Être nourri de l'esprit du doute, avec certitudes a priori, et faire preuve de logique, les croyants sont tout autant capables que les scientifiques: simplement les domaines d'investigation sont différents. Et ne doivent pas être mélangés: là-dessus je pense que nous pouvons être ok...
Si c'était le cas, alors tu devrais tenir dieu comme n'existant pas jusqu'à preuve du contraire (seule position possible pour celui qui est nourri du doute). Or j'ai l'impression à te lire que tu tient pour a priori vrai qu'il existe. Même si tes dogmes ne s'appliquent pas aux mêmes faits que le créationniste, tu demeures dogmatique.
totocapt a écrit : Mais un croyant n'égale pas forcément un fondamentaliste, qui lui adore ce mélange des genres! Vois-tu, c'est comme si je te disais qu'un croyant identifiait les athées à des marxistes: c'est tout aussi réducteur! Au contraire, bien considérées, aussi bien croyance que démarche scientifique peuvent se ressourcer sur des principes communs (ce qui n'implique pas, je le répète, qu'on mette au même niveau foi et démarche scientifique, au point de ne plus pouvoir les distinguer): "... l'âme raisonnable qui croit en ce qu'elle ne voit pas doit être prévenue contre le danger de s'imaginer quelque chose qui n'existe pas, et de placer son espoir et sa dilection dans quelque chose de faux ..." (Augustin, "La Trinité", Livre VIII, 6)
Si tu dis que le scientifique peut importer dans le système de représentations scientifiques des représentations issues d'autres domaines (comme l'art, la religion, la philosophie, etc.) je ne peux qu'être d'accord avec toi, car l'histoire des formes et des idées en regorge. (Et en retour les représentations scientifiques ont également nourri les systèmes de représentations de l'art, de la religion, de la philosophie, etc.). N'oublie cependant pas que ces représentations sont ensuite filtrées par les critères de la science (prédictivité, vérifiabilité, réfutabilité) qui les transforme en quelque chose qui n'a plus rien à voir avec la représentation originale. (Exemple : Kékulé s'inspirant de la figure de l'Ouroboros pour concevoir la structure des molécules aromatiques, n'a jamais cru une seule seconde à l'existence d'un serpent magique.)
En revanche, si tu laisses entendre que les scientifiques ont
besoin de la croyance pour travailler, c'est exactement l'inverse. (La croyance a besoin d'eux pour se justifier.)