tguiot a écrit :
Je peux inverser tout ton discours et ça marche aussi. Je résume ainsi: je sais qu'il n'existe pas de "dimension transcendante". Que tu y croies n'y change rien.
La seule différence, c'est que c'est moi qui ai raison.
Je passe là-dessus, ce n’est pas très intéressant.
tguiot a écrit :Mais si on veut vraiment en débattre, il faut préciser ce qu'est cette dimension transcendante, comment elle se perçoit, ou ce qu'est un "état non-mental". Il faut ensuite s'intéresser aux bases physiologiques de cet état, utiliser le savoir établi pour vérifier qu'il n'y a là rien de nouveau finalement.
Non il n’y a rien à préciser, rien à analyser, rien à vérifier, rien à comprendre.
On ne peut pas comprendre l’absence de pensées, il faut le vivre. Quand nous arrêtons de penser, nous devenons plus intelligents, car la véritable intelligence est présente. Nous sommes connectés à la totalité de ce qui est à travers cela. La séparation disparaît. L’écran de la conceptualisation du mental disparaît. Le sentiment d’appartenance du « moi » disparaît. Le « moi » lui-même disparaît. Et puis, nous ne fabriquons plus le sentiment du « moi » conceptualisé pour les gens que nous rencontrons.
Cette conceptualisation qui se produit par l’entremise du mental est la chose la plus terrible à se produire dans les relations. Nous fabriquons un sentiment de « moi » conceptualisé représentant des objets dans la conscience : des jugements, des points de vue, des opinions, et nous figeons l’être humain comme nous nous figeons nous-mêmes dans une petite histoire.
Quand nous figeons l’autre sous une étiquette, c’est tout ce que nous voyons de lui. C’est la confirmation que l’identité conceptuelle que nous avons apposé est correcte, et que ce que nous pouvons voir est la preuve de notre propre projection.
Ceci s’applique aussi aux gens qui ont une vision du monde fortement conceptualisée, comme c’est le cas pour la plupart d’entre nous.
Le monde est ainsi fait. Les êtres humains sont ainsi faits. Certaines personnes ont fabriqué une identité conceptuelle pour toute l’humanité, et elles diront que les gens sont tous des requins et des menteurs. Peut-être enfants ont-ils été déçus par leurs parents. Ils ont développé des concepts sur la nature des choses et ceux-ci filtrent tout ce qui ne concorde pas encore avec ces concepts. Toutes les personnes qu’ils rencontreront par la suite seront des requins et des menteurs parce que, tout ce qu’elles ont comme références, ce sont leurs concepts.
Elles ne pourraient pas voir un être humain rempli d’amour parce qu’elles perçoivent la réalité à travers le voile de la conceptualisation, et ceci obstrue toute partie de la réalité qui n’est pas en accord avec leurs concepts.
C’est là le piège dans lequel est tombé l’humanité. C’est là la condition humaine, et c’est ce dans quoi le Moyen-Orient est emprisonné. C’est pour cela qu’ils mènent des guerres religieuses : une identité complètement conceptualisée pour eux-mêmes et pour les autres. Ils sont complètement piégés par la pensée.
Certains musulmans tentent d’imposer le concept de « non-croyant » comme les chrétiens le faisaient dans le temps ; et être un « non-croyant » est un concept suffisant pour réduire un être humain à un objet mental sans vie. Donc, de tuer un « non-croyant » est complètement justifié parce que ce n’est pas un être humain : c’est un « non-croyant ».
Vous n’avez pas exactement les mêmes croyances que nous, et nous allons vous tuer.
Voilà la condition humaine. Et, si vous ne les tuez plus physiquement, vous les tuez de façon différente. Vous les tuez en leur imposant une identité conceptualisée. C’est l’acte de violence primordial, et d’autres formes de violence en découlent.
Cette description est la description de la condition humaine, et beaucoup d’humains veulent à présent aller au-delà de cela.
Nous ne pouvons pas nous libérer de la pensée en utilisant la pensée. Mais nous pouvons dire : « voyons si je peux me permettre d’être libre de toute pensée ».
L’absence de pensées est la mesure du progrès dans le cheminement spirituel. Cela ne donne plus beaucoup de matière à réflexion. Après cela, pourrait-il y avoir d’autres questions ?
L’amour, c’est dire oui à ce qui est. C’est voir toute chose sans défaut, comme étant parfaite. Et cela n’est pas possible tant que ces choses sont conceptualisées. Toute conceptualisation est limitative.
Nous pouvons penser, mais nous ne sommes pas obligés de le faire. Une plus grande intelligence prend la relève. Elle est plus profonde que la pensée, ou plus haute selon la perspective où nous nous plaçons, mais non séparée d’elle. La pensée est un aspect universel de l’intelligence qui opère à travers les humains. On pourrait dire que cette intelligence qui opère à travers l’univers, quand elle est filtrée à travers le cerveau, devient de la pensée. Cela serait une façon de l’exprimer. Donc, parmi les êtres humains, il y a une tendance à laisser l’intelligence s’exprimer en termes de pensée. Mais les êtres humains ont aussi la capacité de transcender la pensée, et ceci est une transition de l’évolution, pour ne pas dire un grand saut pour l’humainité. L’humanité a toujours été axée sur la pensée, et cela probablement depuis des millions d’années. Mais maintenant, ce cycle se termine parce qu’il commence à s’auto-détruire. Tout cycle arrive à une fin. C’est l’évolution.
Que voyons-nous lorsque nous levons les yeux vers le ciel ? Il y a deux dimensions : il y a les objets célestes, et il y a l’espace. L’univers est composé de choses manifestées (les étoiles, les planètes etc.), puis, il y a l’immensité de l’espace qui crée ce sentiment d’ébahissement et d’infinitude. La profondeur de l’espace est inconcevable. Elle est sans fin, au point que même si nous nous déplacions jusqu’à la galaxie voisine (Andromède) à la vitesse de la lumière, cela prendrait deux millions trois cent mille années pour nous y rendre. Et il y a des milliards de milliards de galaxies dans l’univers.
Cette immensité inimaginable de l’univers extérieur s’applique aussi à l’univers intérieur. Il y a également en nous deux dimensions : les choses (les pensées) et l’espace. Simplement, nous n’avons généralement pas conscience de l’espace infini qui est en nous, qui est nous.
Pourquoi ne pas penser est transcendant ? Tout simplement parce que cela procure un bien-être indescriptible, profond. Nous n’attendons ni ne désirons plus rien, et ce parce que le « moi » a disparu. L’état d’être sans penser nous plonge dans une dimension de calme, et nous réalisons la profondeur et la vivacité du moment présent. Ce n’est plus le « moi » qui perçoit. Il n’y a plus que la perception, claire, limpide. Nous ressentons la vie couler en nous et en tout ce que nous voyons. La même vie. Tout ce que nous percevons apparaît comme émergeant d’une seule et même source. Et nous percevons en arrière plan le calme et la douceur qui émanent de toute chose. Nous réalisons que nous ne sommes pas séparés de cela, nous réalisons même que c’est cela que nous sommes.
Qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas, je ne le comprends pas intellectuellement ; c’est plus proche du vide que de quelque chose en tout cas. C’est comme de l’espace vibrant de vie, d’amour, d’où émane une intelligence inconcevable.