Jésus et le sabbat
Posté : 14 août04, 22:41
JESUS ET LE SABBAT
Le sabbat au sein du judaïsme
Le terme de « sabbat », qui désigne le 7ème jour de la semaine juive, est sans doute dérivé de l’hébreu « sabat », qui signifie « cesser ». Le sabbat passait pour un signe de l’alliance que Dieu avait conclue avec son peuple (cf. Exode 31 : 13).
Le sabbat plonge ses racines dans le récit biblique de la Création. En Genèse 2 : 2-3, nous lisons : « Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu’il avait créée. » Dieu lui-même avait donc institué un jour du repos.
Les dix commandements imposaient l’observation du sabbat comme jour de repos : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage, mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Eternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. » (Exode 20 : 8-11). C’est la stricte interdiction de travailler (cf. Exode 20 : 10) qui conféra au sabbat son caractère de jour de repos. Etaient concernées les activités agricoles (cf. Exode 34 : 21), domestiques, notamment le fait d’allumer du feu (cf. Exode 35 : 3) ou de faire cuire ou bouillir (cf. Exode 16 : 23), le ramassage de nourriture et de bois (cf. Exode 16 : 26 ; Nombres 15 : 32-36) ainsi que le fait de voyager (cf. Exode 16 : 29). Au temps de Jésus, on pouvait parcourir à pied la distance d’environ un kilomètre seulement ; on appelait cela un « chemin de sabbat » (Actes 1 : 12). Les seules exceptions tolérées étaient les activités relevant de la circoncision et du culte sacrificiel des sacrificateurs (cf. Nombres 28 : 9). C’est le sabbat que commençait le service hebdomadaire dans le temple, par des offrandes et sacrifices spéciaux (cf. Nombres 28 : 9-10) et le renouvellement des pains de proposition (cf. Lévitique 24 : 7-8 ; I Chroniques 9 : 32).
Depuis la captivité babylonienne, la stricte observance du sabbat équivalait à la profession du Dieu d’Israël. Au cours des combats menés par les Macchabées, un groupe de Juifs pieux a même refusé de résister à l’ennemi, préférant se laisser massacrer, plutôt que de profaner la loi du sabbat (cf. I Macchabées 2 : 32-41).
Au fil du temps, les docteurs de la loi élaborèrent des prescriptions toujours plus strictes en complément du commandement du sabbat qui, pour la plupart, ignoraient délibérément les besoins vitaux des hommes et des femmes : « on ne doit (…) ni redresser un enfant, ni réduire une fracture ; si on s’est foulé la main ou le pied on ne les trempera pas dans de l’eau froide, mais on se baigne comme à l’ordinaire, et si on guérit c’est bien. » (Mischna, Shabbat, 22 : 6).
Le sabbat dans les Evangiles
Tous les quatre Evangiles relatent la position de Jésus par rapport au sabbat. La description des disciples arrachant des épis de blé le jour du sabbat se trouve dans les Evangiles de Matthieu (chapitre 12, versets 1-8), Marc (chapitre 2, versets 23-28) et Luc (chapitre 6, versets 1-5), dits synoptiques (du grec synopse, vue ou tableau d’ensemble).
Un jour de sabbat donc, Jésus et ses disciples traversaient des champs de blé. Bien que tout ouvrage, toute moisson et tout recueil de nourriture fussent interdits le sabbat, les disciples, qui avaient faim, se mirent à arracher des épis et à les manger. Voyant cela, les pharisiens dénoncèrent leur comportement avec virulence et lui dirent : « Voici, tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat » (Matthieu 12 : 2). Jésus justifia alors l’action de ses disciples : « N’avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ; comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, qu’il n’était permis de manger, ni à lui, ni à ceux qui étaient avec lui, et qui étaient réservés aux sacrificateurs seuls ? Ou, n’avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se rendre coupables ? » (Matthieu 12 : 3-5). Jésus autorisait donc explicitement le fait que l’on apaisât sa faim un jour de sabbat, même si, pour cela, il fallait accomplir un travail manuel. Si David n’avait pas péché en mangeant les pains de proposition réservés aux sacrificateurs, si les sacrificateurs ne se rendaient pas coupables en immolant des animaux le jour du sabbat, les disciples n’étaient coupables de rien eux non plus.
Guérisons pendant le sabbat
La Bible rapporte les guérisons suivantes effectuées un jour de sabbat :
- guérison d’un homme atteint d’une luxation entraînant une atrophie (Matthieu 12 : 9-14) ;
- guérison d’une femme souffrant de lombalgies chroniques (cf. Luc 13 : 10-17) ;
- guérison d’un malade hydropique (cf. Luc 14 : 1-6) ;
- guérison d’un boiteux à la piscine de Béthesda (cf. Jean 5 : 1-18) ;
- guérison d’un aveugle-né (cf. Jean 9 : 1-17).
Les pharisiens soutenaient qu’il était interdit de guérir quelqu’un un jour de sabbat. C’est seulement au cas où la vie même d’une personne était en jeu qu’une entorse à cette règle était tolérée (cf. Shabbat, XIV, 3, 4). Jésus justifia son action en les termes suivants : « Lequel d’entre vous, s’il n’a qu’une brebis et qu’elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pour l’en retirer ? Combien un homme ne vaut-il pas plus qu’une brebis ! Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat » (Matthieu 12 : 11-12).
En un autre endroit, Jésus demanda aux pharisiens : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer ? » (Marc 3 : 4). Ils préférèrent garder le silence. Jésus mit quant à lui en évidence que guérir un malade le jour du sabbat est une bonne action que l’on peut donc accomplir même pendant le jour du repos. Par contre, refuser son aide à quelqu’un qui en a besoin, c’est transgresser le commandement de l’amour du prochain.
Jean rapporte une autre guérison encore, celle d’un aveugle-né. Une fois qu’il était guéri, les gens le conduisirent auprès des pharisiens comme s’il s’était agi d’un malfaiteur, car sa guérison avait eu lieu un jour de sabbat. Les pharisiens voulurent connaître les circonstances exactes de la guérison. Quelques-uns condamnèrent le comportement de Jésus, en prétendant : « Cet homme ne vient pas de Dieu, car il n’observe pas le sabbat. » Il y eut cependant aussi d’autres voix qui se levèrent, pour demander : « Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? » Puisque Dieu avait accordé, à travers les soins prodigués, la guérison de cet homme et donc le pardon de ses péchés (cf. Psaume 103 : 3 ; Ecclésiaste 38 : 1-4, 6-9, 12-14 ; Jean 5 : 17), Jésus était assurément envoyé par Dieu : « Nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs ; mais, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. Jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait de Dieu, il ne pourrait rien faire » (Jean 9 : 31-32). « Les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir, dira-t-il, ces œuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que c’est le Père qui m’a envoyé. » (cf. Jean 5 : 36 ; 10 : 25) C’est dans cette perspective qu’on peut comprendre la déclaration de Nicodème à Jésus : « Personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui » (Jean 3 : 2).
Jésus, maître du sabbat
Jésus avait permis ou accompli des choses les jours de sabbat que ses contemporains réprouvaient. Ils voyaient en lui un médecin qui méprisait les lois divines. L’observance stricte du repos sabbatique était, à leurs yeux, l’expression de la consécration à Dieu. En réalité pourtant, c’était de la cécité à l’égard de la volonté de Dieu qui avait créé le sabbat, non pas comme une restriction de la liberté de l’homme, mais comme un bienfait pour lui. C’est pour cette raison que Jésus s’opposait à une interprétation du commandement du sabbat imposant des charges inutiles ; il dit : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Marc 2 : 27).
Les Juifs refusaient de reconnaître à Jésus le droit d’interpréter l’Ecriture de la bonne manière : « Comment connaît-il les Ecritures, lui qui n’a point étudié ? » (Jean 7 : 15-16). La doctrine de Jésus n’était pas, comme celle des scribes et des docteurs, le fruit de la réflexion humaine : elle venait de Dieu (cf. Jean 7 : 16). L’interprétation que fait Jésus de la loi mosaïque met en évidence quelle est la volonté de Dieu. Cela vaut aussi pour le sabbat. Il dit aux Juifs : « Moïse vous a donné la circoncision, - non qu’elle vienne de Moïse, car elle vient des patriarches, - et vous circoncirez un homme le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi de ce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ? » (Jean 7 : 22-23). Les pharisiens considéraient donc que la loi du sabbat était inférieure à celle de la circoncision. Celle-ci avait lieu le huitième jour après la naissance d’un garçon, et ce même si elle tombait un jour de sabbat. Dans ce cas, la contradiction interne à l’interprétation que faisaient les pharisiens de la loi du sabbat est évidente.
Le commandement de la sanctification du sabbat a été augmenté d’un nombre inouï de prescriptions, rendant sa stricte observation quasi impossible. Jésus, lui, tenait à hisser le commandement du sabbat à un niveau plus élevé, dont Esaïe parlait déjà : « Si tu retiens ton pied pendant le sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, si tu fais du sabbat tes délices, pour sanctifier l’Eternel en le glorifiant, et si tu l’honores en ne suivant point tes voies, en ne te livrant pas à tes penchants et à de vains discours, alors tu mettras ton plaisir en l’Eternel, et je te ferai monter sur les hauteurs du pays, je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père ; car la bouche de l’Eternel a parlé » (Esaïe 58 : 13-14). Quiconque donc ne suivait ni ses envies ni ses désirs le jour du sabbat, qui évitait les vains discours pour mieux commémorer les oeuvres de Dieu et l'honorer, celui-là était richement béni par l'Eternel.
Le grand repos : la célébration éternelle de la gloire de Dieu
Dieu avait donc donné le sabbat à l’homme, non comme un fardeau, mais comme des délices, afin qu’il se souvienne des hauts faits de Dieu et honore son Créateur. C’est ce que dit notamment l’auteur de l’épître aux Hébreux, en décrivant, au premier verset du 10ème chapitre, la loi comme étant une ombre des biens à venir, et non leur exacte représentation. Comme l’était la loi mosaïque tout entière, le sabbat était provisoire ; c’était une copie, une préfiguration du grand repos promis (cf. Hébreux 4 : 1).
La loi avait été communiquée par Moïse ; Christ, lui, avait apporté l’Evangile qui montrait le jour du repos dans une lumière toute nouvelle. Pour le peuple de Dieu, un jour appelé « aujourd’hui » était préparé, où il aurait la grâce d’entrer dans le repos de Dieu. Nous lisons au sujet de ce repos : « Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes » (Hébreux 4 : 6-10). Ce repos n’a rien à voir avec de l’inactivité ; il est au contraire participation active à la célébration de la gloire de Dieu et de sa puissance créatrice, entrée dans de nouvelles dimensions de sa gloire divine, vie éternelle dans la communion immédiate de Dieu.
Note : Je remercie Thierry Murcia de m’avoir permis de comprendre les récits des miracles effectués par Jésus, et vous recommande son EXCELLENT ouvrage "Jésus les miracles élucidés par la médecine" disponible à cette adresse : http://www.alapage.com/mx/?id=149381084 ... cia&sv=X_L
Le sabbat au sein du judaïsme
Le terme de « sabbat », qui désigne le 7ème jour de la semaine juive, est sans doute dérivé de l’hébreu « sabat », qui signifie « cesser ». Le sabbat passait pour un signe de l’alliance que Dieu avait conclue avec son peuple (cf. Exode 31 : 13).
Le sabbat plonge ses racines dans le récit biblique de la Création. En Genèse 2 : 2-3, nous lisons : « Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu’il avait créée. » Dieu lui-même avait donc institué un jour du repos.
Les dix commandements imposaient l’observation du sabbat comme jour de repos : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage, mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Eternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. » (Exode 20 : 8-11). C’est la stricte interdiction de travailler (cf. Exode 20 : 10) qui conféra au sabbat son caractère de jour de repos. Etaient concernées les activités agricoles (cf. Exode 34 : 21), domestiques, notamment le fait d’allumer du feu (cf. Exode 35 : 3) ou de faire cuire ou bouillir (cf. Exode 16 : 23), le ramassage de nourriture et de bois (cf. Exode 16 : 26 ; Nombres 15 : 32-36) ainsi que le fait de voyager (cf. Exode 16 : 29). Au temps de Jésus, on pouvait parcourir à pied la distance d’environ un kilomètre seulement ; on appelait cela un « chemin de sabbat » (Actes 1 : 12). Les seules exceptions tolérées étaient les activités relevant de la circoncision et du culte sacrificiel des sacrificateurs (cf. Nombres 28 : 9). C’est le sabbat que commençait le service hebdomadaire dans le temple, par des offrandes et sacrifices spéciaux (cf. Nombres 28 : 9-10) et le renouvellement des pains de proposition (cf. Lévitique 24 : 7-8 ; I Chroniques 9 : 32).
Depuis la captivité babylonienne, la stricte observance du sabbat équivalait à la profession du Dieu d’Israël. Au cours des combats menés par les Macchabées, un groupe de Juifs pieux a même refusé de résister à l’ennemi, préférant se laisser massacrer, plutôt que de profaner la loi du sabbat (cf. I Macchabées 2 : 32-41).
Au fil du temps, les docteurs de la loi élaborèrent des prescriptions toujours plus strictes en complément du commandement du sabbat qui, pour la plupart, ignoraient délibérément les besoins vitaux des hommes et des femmes : « on ne doit (…) ni redresser un enfant, ni réduire une fracture ; si on s’est foulé la main ou le pied on ne les trempera pas dans de l’eau froide, mais on se baigne comme à l’ordinaire, et si on guérit c’est bien. » (Mischna, Shabbat, 22 : 6).
Le sabbat dans les Evangiles
Tous les quatre Evangiles relatent la position de Jésus par rapport au sabbat. La description des disciples arrachant des épis de blé le jour du sabbat se trouve dans les Evangiles de Matthieu (chapitre 12, versets 1-8), Marc (chapitre 2, versets 23-28) et Luc (chapitre 6, versets 1-5), dits synoptiques (du grec synopse, vue ou tableau d’ensemble).
Un jour de sabbat donc, Jésus et ses disciples traversaient des champs de blé. Bien que tout ouvrage, toute moisson et tout recueil de nourriture fussent interdits le sabbat, les disciples, qui avaient faim, se mirent à arracher des épis et à les manger. Voyant cela, les pharisiens dénoncèrent leur comportement avec virulence et lui dirent : « Voici, tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat » (Matthieu 12 : 2). Jésus justifia alors l’action de ses disciples : « N’avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ; comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, qu’il n’était permis de manger, ni à lui, ni à ceux qui étaient avec lui, et qui étaient réservés aux sacrificateurs seuls ? Ou, n’avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se rendre coupables ? » (Matthieu 12 : 3-5). Jésus autorisait donc explicitement le fait que l’on apaisât sa faim un jour de sabbat, même si, pour cela, il fallait accomplir un travail manuel. Si David n’avait pas péché en mangeant les pains de proposition réservés aux sacrificateurs, si les sacrificateurs ne se rendaient pas coupables en immolant des animaux le jour du sabbat, les disciples n’étaient coupables de rien eux non plus.
Guérisons pendant le sabbat
La Bible rapporte les guérisons suivantes effectuées un jour de sabbat :
- guérison d’un homme atteint d’une luxation entraînant une atrophie (Matthieu 12 : 9-14) ;
- guérison d’une femme souffrant de lombalgies chroniques (cf. Luc 13 : 10-17) ;
- guérison d’un malade hydropique (cf. Luc 14 : 1-6) ;
- guérison d’un boiteux à la piscine de Béthesda (cf. Jean 5 : 1-18) ;
- guérison d’un aveugle-né (cf. Jean 9 : 1-17).
Les pharisiens soutenaient qu’il était interdit de guérir quelqu’un un jour de sabbat. C’est seulement au cas où la vie même d’une personne était en jeu qu’une entorse à cette règle était tolérée (cf. Shabbat, XIV, 3, 4). Jésus justifia son action en les termes suivants : « Lequel d’entre vous, s’il n’a qu’une brebis et qu’elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pour l’en retirer ? Combien un homme ne vaut-il pas plus qu’une brebis ! Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat » (Matthieu 12 : 11-12).
En un autre endroit, Jésus demanda aux pharisiens : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer ? » (Marc 3 : 4). Ils préférèrent garder le silence. Jésus mit quant à lui en évidence que guérir un malade le jour du sabbat est une bonne action que l’on peut donc accomplir même pendant le jour du repos. Par contre, refuser son aide à quelqu’un qui en a besoin, c’est transgresser le commandement de l’amour du prochain.
Jean rapporte une autre guérison encore, celle d’un aveugle-né. Une fois qu’il était guéri, les gens le conduisirent auprès des pharisiens comme s’il s’était agi d’un malfaiteur, car sa guérison avait eu lieu un jour de sabbat. Les pharisiens voulurent connaître les circonstances exactes de la guérison. Quelques-uns condamnèrent le comportement de Jésus, en prétendant : « Cet homme ne vient pas de Dieu, car il n’observe pas le sabbat. » Il y eut cependant aussi d’autres voix qui se levèrent, pour demander : « Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? » Puisque Dieu avait accordé, à travers les soins prodigués, la guérison de cet homme et donc le pardon de ses péchés (cf. Psaume 103 : 3 ; Ecclésiaste 38 : 1-4, 6-9, 12-14 ; Jean 5 : 17), Jésus était assurément envoyé par Dieu : « Nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs ; mais, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. Jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait de Dieu, il ne pourrait rien faire » (Jean 9 : 31-32). « Les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir, dira-t-il, ces œuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que c’est le Père qui m’a envoyé. » (cf. Jean 5 : 36 ; 10 : 25) C’est dans cette perspective qu’on peut comprendre la déclaration de Nicodème à Jésus : « Personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui » (Jean 3 : 2).
Jésus, maître du sabbat
Jésus avait permis ou accompli des choses les jours de sabbat que ses contemporains réprouvaient. Ils voyaient en lui un médecin qui méprisait les lois divines. L’observance stricte du repos sabbatique était, à leurs yeux, l’expression de la consécration à Dieu. En réalité pourtant, c’était de la cécité à l’égard de la volonté de Dieu qui avait créé le sabbat, non pas comme une restriction de la liberté de l’homme, mais comme un bienfait pour lui. C’est pour cette raison que Jésus s’opposait à une interprétation du commandement du sabbat imposant des charges inutiles ; il dit : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Marc 2 : 27).
Les Juifs refusaient de reconnaître à Jésus le droit d’interpréter l’Ecriture de la bonne manière : « Comment connaît-il les Ecritures, lui qui n’a point étudié ? » (Jean 7 : 15-16). La doctrine de Jésus n’était pas, comme celle des scribes et des docteurs, le fruit de la réflexion humaine : elle venait de Dieu (cf. Jean 7 : 16). L’interprétation que fait Jésus de la loi mosaïque met en évidence quelle est la volonté de Dieu. Cela vaut aussi pour le sabbat. Il dit aux Juifs : « Moïse vous a donné la circoncision, - non qu’elle vienne de Moïse, car elle vient des patriarches, - et vous circoncirez un homme le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi de ce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ? » (Jean 7 : 22-23). Les pharisiens considéraient donc que la loi du sabbat était inférieure à celle de la circoncision. Celle-ci avait lieu le huitième jour après la naissance d’un garçon, et ce même si elle tombait un jour de sabbat. Dans ce cas, la contradiction interne à l’interprétation que faisaient les pharisiens de la loi du sabbat est évidente.
Le commandement de la sanctification du sabbat a été augmenté d’un nombre inouï de prescriptions, rendant sa stricte observation quasi impossible. Jésus, lui, tenait à hisser le commandement du sabbat à un niveau plus élevé, dont Esaïe parlait déjà : « Si tu retiens ton pied pendant le sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, si tu fais du sabbat tes délices, pour sanctifier l’Eternel en le glorifiant, et si tu l’honores en ne suivant point tes voies, en ne te livrant pas à tes penchants et à de vains discours, alors tu mettras ton plaisir en l’Eternel, et je te ferai monter sur les hauteurs du pays, je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père ; car la bouche de l’Eternel a parlé » (Esaïe 58 : 13-14). Quiconque donc ne suivait ni ses envies ni ses désirs le jour du sabbat, qui évitait les vains discours pour mieux commémorer les oeuvres de Dieu et l'honorer, celui-là était richement béni par l'Eternel.
Le grand repos : la célébration éternelle de la gloire de Dieu
Dieu avait donc donné le sabbat à l’homme, non comme un fardeau, mais comme des délices, afin qu’il se souvienne des hauts faits de Dieu et honore son Créateur. C’est ce que dit notamment l’auteur de l’épître aux Hébreux, en décrivant, au premier verset du 10ème chapitre, la loi comme étant une ombre des biens à venir, et non leur exacte représentation. Comme l’était la loi mosaïque tout entière, le sabbat était provisoire ; c’était une copie, une préfiguration du grand repos promis (cf. Hébreux 4 : 1).
La loi avait été communiquée par Moïse ; Christ, lui, avait apporté l’Evangile qui montrait le jour du repos dans une lumière toute nouvelle. Pour le peuple de Dieu, un jour appelé « aujourd’hui » était préparé, où il aurait la grâce d’entrer dans le repos de Dieu. Nous lisons au sujet de ce repos : « Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes » (Hébreux 4 : 6-10). Ce repos n’a rien à voir avec de l’inactivité ; il est au contraire participation active à la célébration de la gloire de Dieu et de sa puissance créatrice, entrée dans de nouvelles dimensions de sa gloire divine, vie éternelle dans la communion immédiate de Dieu.
Note : Je remercie Thierry Murcia de m’avoir permis de comprendre les récits des miracles effectués par Jésus, et vous recommande son EXCELLENT ouvrage "Jésus les miracles élucidés par la médecine" disponible à cette adresse : http://www.alapage.com/mx/?id=149381084 ... cia&sv=X_L