Bonjour,
A Hanoukkah, certaines familles allument une bougie le premier jour, deux le deuxième jour etc...etc.... D'autres familles allument, au contraire, les huit bougies dès le premier jour et terminent par une seule bougie.
Pourquoi cette différence? Quelle est la signification symbolique d'un allumage croissant et d'un allumage décroissant? Que veut-on exprimer par là?
Merci
Les bougies de Hanoukkah
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Le Judaisme se fonde sur le culte du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. la foi des anciens Israélites et de leurs descendants, les Juifs, serait basée sur une alliance contractée entre Dieu (YHWH) et Abraham, qui aurait ensuite été renouvelée entre Dieu et Moïse.
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Les bougies de Hanoukkah
Ecrit le 09 déc.12, 22:33- Ahouva
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Re: Les bougies de Hanoukkah
Ecrit le 10 déc.12, 01:01Bonjour,
La différence qui peut occasionnellement se constater aujourd'hui lors de l'allumage des bougies représente une très ancienne différence d'opinion qui opposa Hillel et Shamaï : la maison de Shamaï maintient que le premier jour, les huit lampes sont allumées et, par la suite, on en réduit graduellement le nombre alors que la maison d'Hillel dit que le premier jour, une lampe est allumée et, par la suite, on en augmente progressivement le nombre. [Shabbat 21b] La loi juive s'est rangée à l'opinion d'Hillel : Combien de lampes doit-on allumer ? La première nuit, on en allume une. Ensuite, on continue à en allumer une chaque nuit jusqu'à ce qu'elles soient huit la dernière nuit. Et même si les membres du foyer sont nombreux, ils n'en allumeront pas plus. [Shoul'han Aroukh, Ora'h 'Haïm 671:2]
Je vous propose la lecture d'un article basé sur un ouvrage du rav Eliahou Dessler qui semble répondre tout à fait à vos questions.
http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=1373
La différence qui peut occasionnellement se constater aujourd'hui lors de l'allumage des bougies représente une très ancienne différence d'opinion qui opposa Hillel et Shamaï : la maison de Shamaï maintient que le premier jour, les huit lampes sont allumées et, par la suite, on en réduit graduellement le nombre alors que la maison d'Hillel dit que le premier jour, une lampe est allumée et, par la suite, on en augmente progressivement le nombre. [Shabbat 21b] La loi juive s'est rangée à l'opinion d'Hillel : Combien de lampes doit-on allumer ? La première nuit, on en allume une. Ensuite, on continue à en allumer une chaque nuit jusqu'à ce qu'elles soient huit la dernière nuit. Et même si les membres du foyer sont nombreux, ils n'en allumeront pas plus. [Shoul'han Aroukh, Ora'h 'Haïm 671:2]
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Le monde se maintient par trois choses : par la vérité, par la justice et par la concorde. [Avot, I, 18]
Dialogue-Abraham, ce sont un blog et un forum judéo-islamo-chrétiens.
Quant à tous ceux dont la maîtrise écrite du français a tendance à provoquer des hémorragies occulaires...
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Re: Les bougies de Hanoukkah
Ecrit le 10 déc.12, 22:25Merci, Ahouva , pour ce lien. Je vais l'étudier.
Bonne journée.
Bonne journée.
Une lumière dans l'obscurité
Ecrit le 01 janv.13, 06:42Avec un peu de retard mais il n'est jamais trop tard pour apprendre.
En réalité Hanoukà est un évènement complexe qui interpelle le juif sur de nombreuses questions : Qu’est ce que le miracle ? Les dangers de l’exil ? Le rapport à D. Et bien d’autre encore.
Je tenterais d’exposer tout cela le mieux possible.
Hanoukà est le souvenir d’un évènement qui se déroule sous la domination grecque durant le II Temple. Il s’agit ici de tenter d’éliminer le peuple Israël aussi, non pas physiquement, mais spirituellement en l’assimilant dans une autre culture et faisant disparaître son identité. Nous sommes sous le règne de Antiochos IV dit Epiphane qui décrète l’interdiction pour les juifs de 4 éléments fondamentaux : Observer le Chabbath, de manger selon les règles alimentaires juives c’est à dire Kasher de pratiquer la circoncision, d'étudier la Torah. Donc les 4 éléments qui distinguent nettement les juifs des non juifs. Les interdits de ce dernier furent donc mal accueilli par un groupe de juifs, notamment une famille de Cohanim (prêtres) celle de Mattathias ben Yohanan Cohen Gadol et ses 5 fils. On arrive à l’explosion de la révolte lorsque les Grecques mettent une statue de Zeus dans le Temple de Jérusalem et commence à y sacrifier des animaux impurs, en particuliers des cochons.
L’aîné des fils sera le guide de la révolte et donnera le nom de macchabée. En effet Yehoudà combattait les Grecques avec un bouclier où étaient inscrites les lettres suivantes : מכב"ה [MaCaBeH] qui sont les initiales du verset:
" 'מי כמוך בעלים ה "
Mi- Kamokhà Ba-Elim Hachem
Qui est fort comme Toi, D. !
Malgré le faible nombre de combattants et de moyens les juifs chassèrent les Grecques de leur terres et purent purifier le Temple et reprendre leur culte. Un des rites fondamentaux du Temple était le maintient de la Ménorah, Chandelier à sept bras en or massif, qui rappelle la création du monde en 7 jours par D. et dont la branche centrale symbolise le Chabbath. La lumière de ce chandelier symbolise la permanence de D. dans le monde (la lumière est toujours symbole de D.) et donc le chandelier était allumé en permanence. Ce chandelier était allumé par le Cohen et alimenté avec de l’huile d’olive pure, c’est à dire produit exprès pour ce but par des cohanim en état de pureté. Cette huile était conservée dans des ampoules, contenant la quantité suffisante pour un jour, scellée avec le sceaux des Cohen. Lorsque les macchabées sont victorieux ils veulent immédiatement rallumer la Ménorah mais ne trouvent qu’une seule ampoule intacte d’huile. Malgré le risque que la Ménorah s’éteigne après un jour, les juifs décident de l’allumer et faire la Hannoukat Beit ha-Mikdash (L’inauguration du Temple). Un des miracles est que cette huile brûla 8 jours le temps nécessaire pour faire de l’huile pure. 8 jours car 7 jours furent nécessaire à la purification des Cohen et un jour pour produire l’huile.
Voilà brièvement résumé les événements.
Essayons de comprendre pourquoi cet exil (il s’agit d’exil dès que le peuple juif perd son autonomie et cela même s’il vit sur la terre d’Israël). En réalité chaque exil a sa caractéristique propre.
L’exil babylonien, qui est un exil physique puisque les juifs sont déportés en Babylonie (du moins toute l’élite du peuple), sera marqué par la volonté de détruire le peuple d’Israël physiquement. Les Babyloniens veulent éliminer le peuple juif et le livre qui illustre cette volonté est le livre d’Ester. Ici aussi par intervention divine le peuple sera sauvé et cet événement est aujourd’hui encore fêté avec Pourim.
L’exil grecque est différent. Pour les maîtres c’est même un exil bien plus dangereux car la volonté des grecques n’est pas une destruction physique des juifs mais spirituellement en l’assimilant.
Les Grecques sont fières de leur sagesse et de leurs sciences. En fait par certains aspect la pensée grecque et juive se rejoignent sur un point. La culture hellénique est très proche, en ce qui concerne la démarche intellectuelle, de celle juive. En effet pour le monde juif il est claire que la relation au monde et à la réalité n’est pas une relation immédiate mais médiatisée. Et cela aussi pour les Grecs. Cependant la médiation que les juifs mettent est D., élément externe à l’homme alors que les Grecs mettent l’homme lui-même et son logos (cette proximité "philosophique" a fait que Durant cette période il y eut une forte hellénisation du monde juif, et par conséquent aussi une forte assimilation. Cette influence helléniste fut si forte que le grec a été considéré comme l’unique langue apte à traduire fidèlement la Torah (cf. la septante et le mythe lié à sa traduction par les rabbins en grec), que le grec a été la langue utilisée par un grand nombre de communauté importante notamment celle d’Alexandrie au point où l’hébreux y était pratiquement inconnu. Un philosophe important comme Philon d’Alexandrie ne connaissait que le grec et ses commentaires sur la Torah sont basés pratiquement exclusivement sur la traduction en grec). La pensée grecque est une science de la nature. Le monde est déterminé et soumis à des lois précises (ce que ne conteste d’ailleurs pas le judaïsme non plus), lois immuables qui déterminent le déroulement du monde. Pour les Grecs l’homme aussi fonctionne sur les mêmes bases. Il est soumis à plusieurs tendances naturelles et ne peut s’en soustraire. L’homme est en fait une simple composante de la nature et subit la détermination de ses pulsions. Hors le judaïsme conteste cette position de manière radicale. La Torah part du principe que l’homme possède une liberté que la nature n’a pas, le libre arbitre (cf. l’épisode de Kain et sa réponse à D. suis-je le gardien de mon frère ?) et qu’il peut et même doit maîtriser sa nature ! Dès lors cela explique la présence des mitzvoth de la Torah. Cette opposition explique donc les interdits qu’impose Antiochos et notamment en premier lieu la circoncision. La symbolique est évidente. La circoncision se pratique sur l’organe reproductif de l’homme, où se concentre le désir de l’homme. Elle indique physiquement la volonté de la part de l’homme de maîtriser et canaliser ses pulsions, de ne pas y être soumis passivement. C’est inadmissible pour le monde grecque. Les Khakhamim disent que les grecques obscurcir la lumière du peuple Israël c’est à dire leur rapport au divin et au surnaturelle. De fait ils rendirent aussi volontairement impur l’huile de la Ménorah pour ce motif. L’huile est la source de la lumière (lumière qui est aussi symbole de D.) et ainsi symboliquement ils contestèrent l’idée de sainteté et divin dans la pensée juive. Cela explique aussi pourquoi les juifs au moment de leur victoire n’attendirent pas 8 jours pour allumer le candélabre. Au fond attendre 8 jours n’aurait pas change grand chose mais les macchabées en allumant immédiatement voulaient signifier la victoire définitive de la lumière, de la Torah, sur l’obscurité que les grecques voulaient imposer. La victoire de l’homme qui domine sa nature. On peut aussi noter que le sept est le chiffre du déterminisme de la nature. Il renvoie au sept jour de la création, au cycle naturel. L e 8 lui et le chiffre lié au dépassement de la nature, à l’apport de la Torah qui permet ce surpassement. Et pour cela aussi l’huile brûla huit jours et non pas sept.
Nous pouvons aussi ajouter que Hanoukà commémore en réalité deux miracles : La victoire de la minorité faible sur la majorité puissante et celui de la Ménorah qui lui n’était pas un miracle éclatant puisqu'il a lieu dans le secret du Temple et que seul les Cohanim en furent témoins.
Il est étrange que le choix de la commémoration se soit concentré sur le second et non pas sur le premier. Le Talmud ( Shabbath 21b) lui-même lorsqu’il parle de Hanoukà passe sous silence les fait héroïques militaires et ne se concentre que sur le miracle de la lumière ! C’est parce que les maîtres veulent insister que ce n’est pas par la puissance et la force que les juifs seront victorieux mais par l’esprit.
Mais Hanoukà nous interroge aussi sur ce qu’est le miracle dans le monde et le rapport de l’homme à ce dernier. Le Talmud, dans le traité Shabbat 21b toujours, rapporte une discussion entre Beth Chamaï (l’école de Chamaï) et Beth Hillel (l’école d’Hillel), à propos de l’ordre d’allumage des bougies de Hanoukà.
Les premiers disent qu’on commence par allumer huit bougies, puis qu’on en enlève une chaque jour.
Les seconds disent qu’on commence par allumer une bougie, et qu’on en rajoute une chaque jour, ce qui correspond d’ailleurs à la Halakhà.
Le Talmud continu en rapportant différentes explications.
La première est que, selon Beth Chamaï, on allume un nombre de bougies égal au nombre de jours de fête qu’il reste, et que selon Beth Hillel, on allume un nombre de bougies égal au nombre de jours de fête déjà passés (le jour même étant inclus).
La seconde explication est que, d’après Beth Chamaï, il serait de même pour les bougies de Hanoukà que pour les taureaux que l’on sacrifiait à Souccot, et que l’on sacrifiait en ordre décroissant (13 puis 12 etc. jusqu’à 7). Et que d’après Beth Hillel, on monte en degré de sainteté, on ne descend pas. Mais une autre interprétation aussi est donnée. Beth Chamaï et beth Hillel ne parlent pas des même temps. Beth Chamaï se projette dans un temps futur où l’homme est dans une conscience aiguë du divin. Pour lui le miracle est à son maximum lorsqu’il commence et chaque jour il va diminuant jusqu'à sa fin ou il termine. Donc suivant la logique. Mais l’homme ne peut savoir dès le départ qu’un miracle est en cours. C’est l’opinion de Beth Hillel. Pour l’homme le miracle n’est perçu et compris que lorsqu’il prend fin ! Chaque jour qui passe lui confirme qu’il est en présence d’un miracle et sa joie augmente au fur et à mesure. C’est à la fin qu’il en perçoit l’intensité maximum donc.
C’est pour cela aussi que les Khakhamim fixèrent la Halakhà selon Beth Hillel et non pas selon Beth Chamaï
Mais il est intéressant de noter que lorsque le Messie sera venu nous continuerons à fêter Hanoukà et que nous suivrons alors l’opinion de beth Chamaï car nous serons ces hommes futurs conscients pleinement du divin dans le monde.
Hanoukà étant fêté durant le solstice d’hiver où l’obscurité semble avoir vaincu la lumière est donc une fête d’espérance et de joie. Espérance en un homme meilleur et joie de savoir que la présence divine dans la nature est une victoire de chaque instant contre le déterminisme dans lequel nous pourrions nous laisser aller et qui nous ferait perdre notre humanité.
En réalité Hanoukà est un évènement complexe qui interpelle le juif sur de nombreuses questions : Qu’est ce que le miracle ? Les dangers de l’exil ? Le rapport à D. Et bien d’autre encore.
Je tenterais d’exposer tout cela le mieux possible.
Hanoukà est le souvenir d’un évènement qui se déroule sous la domination grecque durant le II Temple. Il s’agit ici de tenter d’éliminer le peuple Israël aussi, non pas physiquement, mais spirituellement en l’assimilant dans une autre culture et faisant disparaître son identité. Nous sommes sous le règne de Antiochos IV dit Epiphane qui décrète l’interdiction pour les juifs de 4 éléments fondamentaux : Observer le Chabbath, de manger selon les règles alimentaires juives c’est à dire Kasher de pratiquer la circoncision, d'étudier la Torah. Donc les 4 éléments qui distinguent nettement les juifs des non juifs. Les interdits de ce dernier furent donc mal accueilli par un groupe de juifs, notamment une famille de Cohanim (prêtres) celle de Mattathias ben Yohanan Cohen Gadol et ses 5 fils. On arrive à l’explosion de la révolte lorsque les Grecques mettent une statue de Zeus dans le Temple de Jérusalem et commence à y sacrifier des animaux impurs, en particuliers des cochons.
L’aîné des fils sera le guide de la révolte et donnera le nom de macchabée. En effet Yehoudà combattait les Grecques avec un bouclier où étaient inscrites les lettres suivantes : מכב"ה [MaCaBeH] qui sont les initiales du verset:
" 'מי כמוך בעלים ה "
Mi- Kamokhà Ba-Elim Hachem
Qui est fort comme Toi, D. !
Malgré le faible nombre de combattants et de moyens les juifs chassèrent les Grecques de leur terres et purent purifier le Temple et reprendre leur culte. Un des rites fondamentaux du Temple était le maintient de la Ménorah, Chandelier à sept bras en or massif, qui rappelle la création du monde en 7 jours par D. et dont la branche centrale symbolise le Chabbath. La lumière de ce chandelier symbolise la permanence de D. dans le monde (la lumière est toujours symbole de D.) et donc le chandelier était allumé en permanence. Ce chandelier était allumé par le Cohen et alimenté avec de l’huile d’olive pure, c’est à dire produit exprès pour ce but par des cohanim en état de pureté. Cette huile était conservée dans des ampoules, contenant la quantité suffisante pour un jour, scellée avec le sceaux des Cohen. Lorsque les macchabées sont victorieux ils veulent immédiatement rallumer la Ménorah mais ne trouvent qu’une seule ampoule intacte d’huile. Malgré le risque que la Ménorah s’éteigne après un jour, les juifs décident de l’allumer et faire la Hannoukat Beit ha-Mikdash (L’inauguration du Temple). Un des miracles est que cette huile brûla 8 jours le temps nécessaire pour faire de l’huile pure. 8 jours car 7 jours furent nécessaire à la purification des Cohen et un jour pour produire l’huile.
Voilà brièvement résumé les événements.
Essayons de comprendre pourquoi cet exil (il s’agit d’exil dès que le peuple juif perd son autonomie et cela même s’il vit sur la terre d’Israël). En réalité chaque exil a sa caractéristique propre.
L’exil babylonien, qui est un exil physique puisque les juifs sont déportés en Babylonie (du moins toute l’élite du peuple), sera marqué par la volonté de détruire le peuple d’Israël physiquement. Les Babyloniens veulent éliminer le peuple juif et le livre qui illustre cette volonté est le livre d’Ester. Ici aussi par intervention divine le peuple sera sauvé et cet événement est aujourd’hui encore fêté avec Pourim.
L’exil grecque est différent. Pour les maîtres c’est même un exil bien plus dangereux car la volonté des grecques n’est pas une destruction physique des juifs mais spirituellement en l’assimilant.
Les Grecques sont fières de leur sagesse et de leurs sciences. En fait par certains aspect la pensée grecque et juive se rejoignent sur un point. La culture hellénique est très proche, en ce qui concerne la démarche intellectuelle, de celle juive. En effet pour le monde juif il est claire que la relation au monde et à la réalité n’est pas une relation immédiate mais médiatisée. Et cela aussi pour les Grecs. Cependant la médiation que les juifs mettent est D., élément externe à l’homme alors que les Grecs mettent l’homme lui-même et son logos (cette proximité "philosophique" a fait que Durant cette période il y eut une forte hellénisation du monde juif, et par conséquent aussi une forte assimilation. Cette influence helléniste fut si forte que le grec a été considéré comme l’unique langue apte à traduire fidèlement la Torah (cf. la septante et le mythe lié à sa traduction par les rabbins en grec), que le grec a été la langue utilisée par un grand nombre de communauté importante notamment celle d’Alexandrie au point où l’hébreux y était pratiquement inconnu. Un philosophe important comme Philon d’Alexandrie ne connaissait que le grec et ses commentaires sur la Torah sont basés pratiquement exclusivement sur la traduction en grec). La pensée grecque est une science de la nature. Le monde est déterminé et soumis à des lois précises (ce que ne conteste d’ailleurs pas le judaïsme non plus), lois immuables qui déterminent le déroulement du monde. Pour les Grecs l’homme aussi fonctionne sur les mêmes bases. Il est soumis à plusieurs tendances naturelles et ne peut s’en soustraire. L’homme est en fait une simple composante de la nature et subit la détermination de ses pulsions. Hors le judaïsme conteste cette position de manière radicale. La Torah part du principe que l’homme possède une liberté que la nature n’a pas, le libre arbitre (cf. l’épisode de Kain et sa réponse à D. suis-je le gardien de mon frère ?) et qu’il peut et même doit maîtriser sa nature ! Dès lors cela explique la présence des mitzvoth de la Torah. Cette opposition explique donc les interdits qu’impose Antiochos et notamment en premier lieu la circoncision. La symbolique est évidente. La circoncision se pratique sur l’organe reproductif de l’homme, où se concentre le désir de l’homme. Elle indique physiquement la volonté de la part de l’homme de maîtriser et canaliser ses pulsions, de ne pas y être soumis passivement. C’est inadmissible pour le monde grecque. Les Khakhamim disent que les grecques obscurcir la lumière du peuple Israël c’est à dire leur rapport au divin et au surnaturelle. De fait ils rendirent aussi volontairement impur l’huile de la Ménorah pour ce motif. L’huile est la source de la lumière (lumière qui est aussi symbole de D.) et ainsi symboliquement ils contestèrent l’idée de sainteté et divin dans la pensée juive. Cela explique aussi pourquoi les juifs au moment de leur victoire n’attendirent pas 8 jours pour allumer le candélabre. Au fond attendre 8 jours n’aurait pas change grand chose mais les macchabées en allumant immédiatement voulaient signifier la victoire définitive de la lumière, de la Torah, sur l’obscurité que les grecques voulaient imposer. La victoire de l’homme qui domine sa nature. On peut aussi noter que le sept est le chiffre du déterminisme de la nature. Il renvoie au sept jour de la création, au cycle naturel. L e 8 lui et le chiffre lié au dépassement de la nature, à l’apport de la Torah qui permet ce surpassement. Et pour cela aussi l’huile brûla huit jours et non pas sept.
Nous pouvons aussi ajouter que Hanoukà commémore en réalité deux miracles : La victoire de la minorité faible sur la majorité puissante et celui de la Ménorah qui lui n’était pas un miracle éclatant puisqu'il a lieu dans le secret du Temple et que seul les Cohanim en furent témoins.
Il est étrange que le choix de la commémoration se soit concentré sur le second et non pas sur le premier. Le Talmud ( Shabbath 21b) lui-même lorsqu’il parle de Hanoukà passe sous silence les fait héroïques militaires et ne se concentre que sur le miracle de la lumière ! C’est parce que les maîtres veulent insister que ce n’est pas par la puissance et la force que les juifs seront victorieux mais par l’esprit.
Mais Hanoukà nous interroge aussi sur ce qu’est le miracle dans le monde et le rapport de l’homme à ce dernier. Le Talmud, dans le traité Shabbat 21b toujours, rapporte une discussion entre Beth Chamaï (l’école de Chamaï) et Beth Hillel (l’école d’Hillel), à propos de l’ordre d’allumage des bougies de Hanoukà.
Les premiers disent qu’on commence par allumer huit bougies, puis qu’on en enlève une chaque jour.
Les seconds disent qu’on commence par allumer une bougie, et qu’on en rajoute une chaque jour, ce qui correspond d’ailleurs à la Halakhà.
Le Talmud continu en rapportant différentes explications.
La première est que, selon Beth Chamaï, on allume un nombre de bougies égal au nombre de jours de fête qu’il reste, et que selon Beth Hillel, on allume un nombre de bougies égal au nombre de jours de fête déjà passés (le jour même étant inclus).
La seconde explication est que, d’après Beth Chamaï, il serait de même pour les bougies de Hanoukà que pour les taureaux que l’on sacrifiait à Souccot, et que l’on sacrifiait en ordre décroissant (13 puis 12 etc. jusqu’à 7). Et que d’après Beth Hillel, on monte en degré de sainteté, on ne descend pas. Mais une autre interprétation aussi est donnée. Beth Chamaï et beth Hillel ne parlent pas des même temps. Beth Chamaï se projette dans un temps futur où l’homme est dans une conscience aiguë du divin. Pour lui le miracle est à son maximum lorsqu’il commence et chaque jour il va diminuant jusqu'à sa fin ou il termine. Donc suivant la logique. Mais l’homme ne peut savoir dès le départ qu’un miracle est en cours. C’est l’opinion de Beth Hillel. Pour l’homme le miracle n’est perçu et compris que lorsqu’il prend fin ! Chaque jour qui passe lui confirme qu’il est en présence d’un miracle et sa joie augmente au fur et à mesure. C’est à la fin qu’il en perçoit l’intensité maximum donc.
C’est pour cela aussi que les Khakhamim fixèrent la Halakhà selon Beth Hillel et non pas selon Beth Chamaï
Mais il est intéressant de noter que lorsque le Messie sera venu nous continuerons à fêter Hanoukà et que nous suivrons alors l’opinion de beth Chamaï car nous serons ces hommes futurs conscients pleinement du divin dans le monde.
Hanoukà étant fêté durant le solstice d’hiver où l’obscurité semble avoir vaincu la lumière est donc une fête d’espérance et de joie. Espérance en un homme meilleur et joie de savoir que la présence divine dans la nature est une victoire de chaque instant contre le déterminisme dans lequel nous pourrions nous laisser aller et qui nous ferait perdre notre humanité.
Re: Les bougies de Hanoukkah
Ecrit le 01 janv.13, 09:28Bonjour Maimon2,
Je suis très touché que tu aies pris le temps de répondre à mon interrogation et développé ta réponse si précisément. Je vais la (re) lire avec attention. Merci pour ta clarté et ta pédagogie.
Je suis très touché que tu aies pris le temps de répondre à mon interrogation et développé ta réponse si précisément. Je vais la (re) lire avec attention. Merci pour ta clarté et ta pédagogie.
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Re: Les bougies de Hanoukkah
Ecrit le 03 janv.13, 00:56Non, non, le plaisir est pour nous !Maimon2 a écrit :Merci, tout le plaisir est pour moi.
Encore merci.
Ar c'hi bihan breizhad...
...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
Mon regard de catholique sur l'islam : https://blogrenblog.wordpress.com/ (nouvelle adresse pour fuir la pub sur OB et EB)
Co-auteur du blog judéo-islamo-chrétien http://dialogueabraham.wordpress.com/
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