Imaginer une morale athée...
Posté : 18 août13, 07:33
Le rôle premier des religions et des structures religieuses est de vénérer des êtres surnaturels. Mais elles ne se sont jamais cantonnées à ce seul rôle. Elles ont toujours estimé être dépositaire d’une morale, c’est-à-dire ce qui déclare tel comportement humain acceptable et interdit. Aujourd’hui encore, et d’autant plus que la laïcité les a souvent privées de la sphère publique, elles se voient comme pouvant dire ce qui est moralement autorisé ou non.
Or c’est un présupposé assez incroyable que de penser que l’une, la religion, est irrémédiablement liée à l’autre, la morale, que l’une est la seule dépositaire de l’autre. L’athéisme est souvent accusé de manquer de cet aspect éthique que les religions auraient. En effet, l’absence de croyance en des êtres surnaturels n’a aucun impact sur les conceptions morales, à savoir le jugement des comportements à adopter entre êtres humains. Pourtant, si on peut vivre sans être surnaturel, il est difficile pour des êtres humains, animaux communautaires, de vivre sans code acceptant ou interdisant des comportements pouvant avoir un impact sur les autres.
Pour que l’athéisme puisse être vu avec bienveillance et ne soit pas continuellement accusé de mener à une société amoral, voire immoral, il est nécessaire de proposer une morale athée. Cette morale n’est pas athée dans le sens où elle serait incluse dans l’athéisme, ni même en ce qu’elle serait la conséquence naturelle de l’athéisme. Elle est athée au seul sens qu’elle ne se fonde sur aucune divinité, sur aucun lien avec une religion.
Deux conceptions de la morale sont possibles. La première estime que la morale n’est que le fruit de la société. Par conséquent, il y a autant de morales que de sociétés. Les valeurs morales sont dans ce cas créées directement par l’être humain, même si ce n’est pas fait de façon volontaire et directe.
La seconde conception voit dans la morale un élément intrinsèque à l’être humain. Qu’il y ait des différences selon chaque société n’induit pas qu’il n’y ait pas un noyau commun à l’ensemble de l’humanité. Bien entendu, les religions vont fonder cette morale sur un être surnaturel. Mais l’absence de divinité ne signifie pas qu’il n’y ait pas des universaux dans l’humanité. De même que chaque langue est différente d’une communauté à l’autre, il existe des universaux de langage. Ces derniers sont la conséquence de l’unité de l’espèce humaine. Tous les êtres humains appartiennent à la même espèce, ils ont donc les mêmes capacités et limites biologiques. C’est cette réalité biologique qui nous oblige à voir le monde et le rapport aux autres de façon semblable.
Une telle morale devrait correspondre idéalement au plus petit dénominateur commun à l’ensemble des valeurs morales humaines. Selon moi, pour qu’une telle morale puisse être adoptée, elle doit pouvoir se formuler par quelques phrases simples. Pour ce faire, je me suis inspiré des trois lois de la robotique inventés par Isaac Asimov parce qu’elles ont le mérite de définir simplement les comportements que les robots devraient adopter. Aussi, pour reprendre le mot même d’Isaac Asimov, l’humanique, c’est-à-dire les valeurs morales humaines les plus essentielles, peut être développée selon trois lois :
Première loi de l’humanique
Je ne peux pas faire de mal à un être humain ou, par mon inaction, permettre qu’un être humain soit blessé
Deuxième loi de l’humanique
Je ne peux pas placer mon propre bonheur avant celui d’un autre être humain
Troisième loi de l’humanique
Je dois assurer ma survie sauf si cette survie va à l’encontre de la première ou de la deuxième loi
La première loi pose le principe. La deuxième loi complète ce principe en le détaillant. Et la troisième loi indique la limite de ce principe, à savoir aucune.
Je ne prétends pas que ces trois lois soient parfaites. Je pense qu’elles ne sont qu’un bon début. Nous sommes des êtres humains, animaux grégaires, et nous avons besoin d’accepter et d’interdire des comportements pour que nous puissions tous vivre dans de bonnes conditions. Ces trois lois de l’humanique indiquent ce qui peut être accepté ou non. Elles ne se réfèrent pas à des notions floues de bien et de mal : elles ne regardent que le bonheur et le malheur de chaque être humain. Elles ne présentent pas d’exception ou d’atténuation : tout ce qui produit du bonheur doit être accepté, tout ce qui produit du malheur doit être interdit. Elles sont une solution envisageable à une vie sociale agréable, un nouvel humanisme où religiosité et spiritualité ne prennent aucune place.
Or c’est un présupposé assez incroyable que de penser que l’une, la religion, est irrémédiablement liée à l’autre, la morale, que l’une est la seule dépositaire de l’autre. L’athéisme est souvent accusé de manquer de cet aspect éthique que les religions auraient. En effet, l’absence de croyance en des êtres surnaturels n’a aucun impact sur les conceptions morales, à savoir le jugement des comportements à adopter entre êtres humains. Pourtant, si on peut vivre sans être surnaturel, il est difficile pour des êtres humains, animaux communautaires, de vivre sans code acceptant ou interdisant des comportements pouvant avoir un impact sur les autres.
Pour que l’athéisme puisse être vu avec bienveillance et ne soit pas continuellement accusé de mener à une société amoral, voire immoral, il est nécessaire de proposer une morale athée. Cette morale n’est pas athée dans le sens où elle serait incluse dans l’athéisme, ni même en ce qu’elle serait la conséquence naturelle de l’athéisme. Elle est athée au seul sens qu’elle ne se fonde sur aucune divinité, sur aucun lien avec une religion.
Deux conceptions de la morale sont possibles. La première estime que la morale n’est que le fruit de la société. Par conséquent, il y a autant de morales que de sociétés. Les valeurs morales sont dans ce cas créées directement par l’être humain, même si ce n’est pas fait de façon volontaire et directe.
La seconde conception voit dans la morale un élément intrinsèque à l’être humain. Qu’il y ait des différences selon chaque société n’induit pas qu’il n’y ait pas un noyau commun à l’ensemble de l’humanité. Bien entendu, les religions vont fonder cette morale sur un être surnaturel. Mais l’absence de divinité ne signifie pas qu’il n’y ait pas des universaux dans l’humanité. De même que chaque langue est différente d’une communauté à l’autre, il existe des universaux de langage. Ces derniers sont la conséquence de l’unité de l’espèce humaine. Tous les êtres humains appartiennent à la même espèce, ils ont donc les mêmes capacités et limites biologiques. C’est cette réalité biologique qui nous oblige à voir le monde et le rapport aux autres de façon semblable.
Une telle morale devrait correspondre idéalement au plus petit dénominateur commun à l’ensemble des valeurs morales humaines. Selon moi, pour qu’une telle morale puisse être adoptée, elle doit pouvoir se formuler par quelques phrases simples. Pour ce faire, je me suis inspiré des trois lois de la robotique inventés par Isaac Asimov parce qu’elles ont le mérite de définir simplement les comportements que les robots devraient adopter. Aussi, pour reprendre le mot même d’Isaac Asimov, l’humanique, c’est-à-dire les valeurs morales humaines les plus essentielles, peut être développée selon trois lois :
Première loi de l’humanique
Je ne peux pas faire de mal à un être humain ou, par mon inaction, permettre qu’un être humain soit blessé
Deuxième loi de l’humanique
Je ne peux pas placer mon propre bonheur avant celui d’un autre être humain
Troisième loi de l’humanique
Je dois assurer ma survie sauf si cette survie va à l’encontre de la première ou de la deuxième loi
La première loi pose le principe. La deuxième loi complète ce principe en le détaillant. Et la troisième loi indique la limite de ce principe, à savoir aucune.
Je ne prétends pas que ces trois lois soient parfaites. Je pense qu’elles ne sont qu’un bon début. Nous sommes des êtres humains, animaux grégaires, et nous avons besoin d’accepter et d’interdire des comportements pour que nous puissions tous vivre dans de bonnes conditions. Ces trois lois de l’humanique indiquent ce qui peut être accepté ou non. Elles ne se réfèrent pas à des notions floues de bien et de mal : elles ne regardent que le bonheur et le malheur de chaque être humain. Elles ne présentent pas d’exception ou d’atténuation : tout ce qui produit du bonheur doit être accepté, tout ce qui produit du malheur doit être interdit. Elles sont une solution envisageable à une vie sociale agréable, un nouvel humanisme où religiosité et spiritualité ne prennent aucune place.