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[catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 06 sept.13, 20:19
par l'hirondelle
Charles Journet est un théologien catholique suisse d'expression francophone. Né le 26 janvier 1891 à Genève, il est décédé le 15 avril 1975 à Fribourg. Créé cardinal par le pape Paul VI en 1965, il a joué un rôle considérable au concile de Vatican II, notamment dans la rédaction de la Constitution Gaudium et Spes. Il fut l'ami de Jacques Maritain.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Journet

Vous pourrez trouver ici une interview du cardinal Journet.
En janvier 1966, soit un mois après la fin du Concile Vatican II, l'émission Présence catholique rencontre le cardinal Charles Journet pour évoquer le lien entre l'Eglise catholique et le monde. Mais qu'est-ce que le monde? Il convient d'abord de le définir, ce à quoi s'emploie le cardinal Journet avec la précision du professeur de théologie qu'il a été sa vie durant.
http://www.rts.ch/archives/tv/divers/pr ... urnet.html

Sur cette page, est publiée un texte sur l'eucharistie dont voici un extrait
I. PRÉSENCE RÉELLE DU CHRIST SACRAMENTÉ
1. Le verbe se fait chair

Le temps suprême de l'histoire du salut, est celui où le Verbe se fait chair, où le Christ, faisant émerger de l'ombre l'Église pérégrinante jusqu'alors en attente de sa venue sous les économies de la Loi de nature et de la Loi ancienne, l'attire à lui pour la réenfanter en quelque manière et lui communiquer la vie de la Loi nouvelle. Tant qu'il sera présent visiblement au milieu d'elle, elle sera comme cachée dans sa lumière. Elle semblera sortir de lui sans être encore disjointe de lui, en laissant pourtant apparaître progressivement sa structure définitive. Jours bénis où Siméon peut prendre en ses bras le petit enfant (Lc 2, 28) , où le Sauveur attend la Samaritaine au puits de Jacob (Jn 4, 6) , où les disciples avec des palmes acclament le Roi plein de douceur qui vient au devant de la fille de Sion (Mat. 21, 5). « Ce qui était dès le commencement, dira l'apôtre, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie... Voilà ce que nous vous annonçons afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous » (I Jn 1, 1-3). « Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, pour que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 06 sept.13, 20:23
par l'hirondelle
Autre extrait d'une page parlant de lui et le citant
Il a été créé cardinal en 1965, suffisamment tôt pour que Paul VI lui permette de participer aux débats conciliaires. Même s’il vient uniquement à la dernière session, son action de théologien a été très influente surtout en ce qui concerne la déclaration sur la liberté religieuse.

Il est vrai que cette déclaration est le point essentiel de division entre les catholiques et les disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre. Mais, je reste persuadé, que ce texte peut lui aussi avoir une dimension prophétique ! Prophétique car ce texte propose une réponse à la profonde motivation de la convocation du Concile : œuvrer en faveur de la paix et de la liberté. Prophétique parce qu’il propose une réflexion concernant les relations complexes entre l’Eglise et l’Etat, ce qui en plein débat sur la laïcité dans notre pays, pourrait nous être bien utile.

Pour inaugurer cette réflexion, je vous propose l’intervention du cardinal Journet, le mardi 21 septembre 1965, en faveur de la déclaration sur la Liberté Religieuse. Cette intervention aura force d’influence pour que, malgré la division des pères conciliaires sur cette question, le texte puisse être voté le 07 décembre 1965.

Vénérables Pères,

En cette question de la liberté religieuse, existe entre nous, d’une part une fondamentale unité doctrinale et d’autre part des divergences qui naissent surtout des préoccupations pastorales de nombreux Pères.

Ces divergences, semble-t-il, pourraient se réduire pour une grande part si l’on soulignait mieux les quelques thèmes suivants qui se trouvent déjà dans le schéma sur la constitution elle-même :

La personne humaine appartient simultanément à deux ordres sociaux : à savoir l’ordre des choses temporelles et de la société politique, et l’ordre spirituel, c’est-à-dire l’ordre de l’Évangile et de l’Église.
Est-il question de l’ordre des choses temporelles, il faut dire que la personne humaine, bien que sous un aspect elle soit partie de la société civile, transcende pourtant tout l’ordre politique parce qu’elle est ordonnée au bien parfait et définitif, à Dieu qui l’a créée. Par conséquent, sous ce deuxième aspect, la personne humaine :
est libre à l’égard de la société civile tout entière ;
mais elle devra rendre raison à Dieu de chacune de ses options.
L’homme qui se trompe ou qui pèche, ou celui dont la conscience est erronée, n’en reste pas moins une personne humaine et doit être considéré comme tel par la société politique à laquelle il appartient. Il ne pourrait être contraint par cette société que s’il venait à poser des actes externes susceptibles de détruire l’ordre public véritable. Par contre, cet homme aura un jour à rendre compte devant Dieu de la culpabilité ou de la non-culpabilité de sa propre conscience.
La société civile elle aussi a le devoir de manifester publiquement l’honneur qu’elle réserve à Dieu. Par conséquent, le pouvoir civil lui-même ne peut ignorer les diverses familles religieuses présentes dans la cité, et c’est son devoir de recourir à elles afin que Dieu soit dignement honoré de tous.
Ce qui précède concerne les droits des personnes humaines. Mais les chrétiens savent que, au-delà de cet ordre, l’Église, de par la volonté même de Dieu et du Christ, possède le droit surnaturel et inviolable de prêcher librement l’Évangile à toute créature. Les apôtres et les martyrs sont morts en témoins de cette liberté.
Les pasteurs de l’Église, dès l’époque de Constantin et au-delà, ont fait appel plus d’une fois au bras séculier afin de défendre les droits des fidèles et pour sauvegarder l’ordre temporel et politique de ce qu’on appelle la chrétienté. Pourtant, sous l’influence précisément de la prédication de l’Évangile, la distinction entre les choses temporelles et les choses spirituelles est devenue progressivement plus explicite et aujourd’hui elle est claire pour tous.

En conséquence, le principe doctrinal selon lequel les choses temporelles sont subordonnées de soi aux choses spirituelles n’est nullement aboli, mais trouve un mode nouveau d’application, à savoir qu’il faut s’opposer aux erreurs par les armes de lumière, et non par les armes de guerre.

Si je ne me trompe, tous ces thèmes sont déjà contenus dans la déclaration sur la liberté religieuse. Peut-être pourraient-ils être mis en meilleure lumière. Toutes ces raisons font que l’actuelle déclaration me semble mériter une pleine approbation.

J’ai dit et je vous remercie de votre attention.


C. Journet, Intervention du 21 septembre 1965,
cité en R. Latala – J. Rime (éd.), Liberté religieuse et Église catholique, Fribourg (Suisse), Academic Press, 2009, p. 34-35.
Texte latin dans : Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Vaticani II, vol. IV/1,
Cité du Vatican, Typis Polyglottis Vaticanis, p. 424-425.
Sur cette page

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 06 sept.13, 20:30
par l'hirondelle
Sur le site Sacrosanctum Concilium, vous pouvez lire les réactions du cardinal Journet sur le nouvel Ordo Missae

Le cardinal Journet et le nouvel « Ordo Missae »

Extrait :
Remarquez, il n'y a aucun renoncement à l'essentiel — j'y reviendrai dans un moment. On ne renonce à rien d'essentiel de droit divin, la substance de la messe reste absolument la même: il y a l'offertoire, la consécration... Et le Souverain Pontife a rappelé expressément ce qui n'était pas exprimé suffisamment dans les rubriques du nouvel Ordo: que la messe est un sacrifice. Il a rappelé qu'il y a changement du pain et du vin au corps et au sang du Christ. Toutes ces choses-là, qui ne sont pas protestantes, sont vraiment catholiques — et aussi orthodoxes. Donc, réaffirmation de la grande doctrine catholique sur le sacrifice eucharistique.
Pourquoi le changement? Celui-ci a été demandé par le Concile. Vous aviez là, pour la première fois, deux mille et quelques centaines d'évêques, qui venaient de tous les pays du monde, y compris les pays de mission. Ceux-ci ont expliqué que de devoir passer par le latin pour des populations qui parlent le français, l'anglais, ou même des langues plus éloignées des langues indo-européennes, est un obstacle à la pénétration de l'Evangile et de la vie chrétienne dans les coeurs. On m'a dit qu'il y avait des messes en plain chant, et même quelquefois en polyphonie, mais c'est plutôt un noyau d'exception. Mais, d'une façon générale, si on ne prend pas leur langue maternelle pour la prière officielle de l'Eglise, certains, bien sûr, comprendront le latin, et ce sera une grande richesse conservée, mais d'autres se sentiront comme étrangers.
Alors les évêques, pendant le Concile, ont demandé en tout premier lieu cette réforme liturgique. On a aussi fait valoir le point de vue qu'il convenait d'employer les langues modernes pour dire les choses de Dieu, de l'Ecriture, alors qu'on entend, comme jamais jusqu'ici, des déluges de paroles pour tant de vérités atténuées ou même de franches erreurs, ou pour tant de choses contre la morale. Pour que les fidèles n'aient pas dans leur langue uniquement ces choses-là, la décision a été prise de les faire entrer dans l'Ecriture sainte et dans la Vérité révélée par leur propre langue.
Voilà la raison principale. C'était bien dans la pensée de Jean XXIII ne pas changer l'Eglise en elle-même, mais la faire pénétrer dans le monde. On avait prévu un autre programme, et tout de suite c'est sur la question de la liturgie que l'union s'est faite.

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 07 sept.13, 04:28
par Marmhonie
Une remarque avant tout, devant un impossible conflit : ce forum est catholique romain. Que ce soit clair ! Vouloir séparer ce forum catholique naturellement romain, en le présentant dans je ne sais quelle espèce de dérive, est un contre-sens.
Sur ce, on passe au sujet :)

Son Excellence le défunt cardinal Journet fut en effet un pur penseur de Vatican II, produit par Paul VI. Dans cette lettre ici :
http://www.sacrosanctum-concilium.org/t ... 44/444.php
il s'exprime sur une controverse qu'il fait dériver lui-même en premier, ce qui est redoutable de sa part : "En face d'une dérive vers l'hérésie moderniste, on crée une dérive vers le schisme intégriste. " Il va plus loin que la frayeur du schisme, en écrivant " C'est un nouveau Port-Royal qui déchire la France, et non seulement la France, mais l'Eglise." C'est impressionnant, car le jansénisme fut l'ennemi de l'Eglise catholique romaine. Mais il va encore plus loin dans ce qui est une attaque sans pareille, véritablement très dure : "Et il est beaucoup plus grave que le premier, puisque pour se défendre d'être schismatique, on est obligé de voir des hérésies dans les décisions du Pape et d'un Concile oecuménique. " Là, l'Histoire et le pape Benoît XVI ont su rendre justice à ce type de procédés éhontés. En clair, Son Éminence le défunt cardinal Journet fut un terrible artisan de la terreur que produisit l'interdiction de rester catholique traditionnel.

Tout repose sur l'exhortation apostolique Sacramentum Caritatis. Vatican II fête ses 50 ans et rien n'a été résolu. La démission incroyable du pape Benoiît XVI n'est-elle pas non plus un risque de schisme ? Zat ize ze question :)

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 07 sept.13, 05:37
par l'hirondelle
Marmhonie a écrit :Une remarque avant tout, devant un impossible conflit : ce forum est catholique romain. Que ce soit clair !
Désolée pour le hors sujet, mais je viens de poser la question à Eliaqim, administrateur du forum.
http://www.forum-religion.org/post690669.html#p690669
l'hirondelle a écrit :Le forum catholique ne s'appelant pas "catholique romain", je suppose qu'il y est permis d'ouvrir des sujets sur des Eglises catholiques qui ne sont pas romaines (vieille-catholique, gallicane, etc.) ?
Pour éviter tout qui-pro-quo cette interrogation s'adresse à Eliaqim !
Voici sa réponse :
Si un enseignement, par exemple; Catholique orthodoxe, diffère du catholicisme du pape. Que le lecteur ne se trompe pas. Il sera nécessaire de personnaliser le titre du sujet de ses différences.
Il suffira donc d'annoncer dans le titre du sujet qu'il s'agit d'une confession catholique mais schismatique.


J'en reviens au sujet :

Le cardinal Journet était théologien bien avant le concile Vatican II. Ce concile fut inauguré par Jean XXIII et non par Paul VI. Le cardinal enseignait la théologie au séminaire. Ses conférences sur l'eucharistie sont la pure doctrine de l'Eglise catholique romaine.
Ordonné prêtre en 1917, il fut d’abord vicaire de paroisse, puis professeur au Grand Séminaire où il accomplit toute sa carrière dans l'enseignement de la théologie dogmatique. Il ne renonça pas pour autant au ministère qu’il exerçait à Genève tous les week-ends, recevant et guidant spirituellement de nombreuses personnes. Il a consacré sa vie à la théologie, se fondant sur les principes les plus solides de l’intelligence, le respect de l’être et la docilité au vrai, trouvant en des amis tels que Jacques Maritain les appuis et les encouragements pour cette quête difficile des choses de Dieu. Il les découvrait aussi grâce à un don naturel d’intuition et à la lumière du don de sagesse. Sa théologie était éclairée par la prière et sa prière était nourrie de la théologie.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Journet

Question enseignement du catholicisme romain, on peut s'y fier.
Quant au schisme lefevbriste, oui, quand on ordonne des évêques sans l'accord du pape, ça s'appelle un schisme et pas autrement. Je ne vois comment ce vieil homme près de mourir (1975) aurait pu être un "artisan de la terreur". En tout cas, tel n'est pas l'enseignement de l'Eglise catholique romaine en ce qui le concerne.

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 07 sept.13, 14:17
par Marmhonie
l'hirondelle a écrit :Créé cardinal par le pape Paul VI en 1965, il a joué un rôle considérable au concile de Vatican II.
C'est bien la citation de ton lien sur wikipedia sur Son Eminence le défunt cardinal Journet. Il fut bien nommé cardinal par Paul VI, pas par Jean XXIII. C'est ce que je disais en écrivant :
Marmhonie a écrit :Son Excellence le défunt cardinal Journet fut en effet un pur penseur de Vatican II, produit par Paul VI.
Oui, il est évident que Charles Journet vivait avant d'être nommé cardinal par le pape Paul VI, mais être nommé cardinal, est décisif. C'est un choix de pouvoir énorme pour la suite des votes intra-muros au Vatican.

Le cardinal Journet a combattu dans un sens (il n'était pas neutre) et Benoît XVI a su signaler les injustices commises en ce temps-là.

Or le problème que le cardinal Journet sous-tendait, fut qu'on ne pouvait pas mettre en cause les décisions magistérielles de Papes pourtant reconnus validement élus et reconnus jouissant de l’infaillibilité pontificale. Pour Journet, on ne peut rien contester frontalement de l’enseignement du pape et respecter son infaillibilité pontificale en même temps. Donc Jean-Paul II a eu raison de tout, et donc le pape suivant qui reconnaît avec son infaillibilité pontificale, que son prédécesseur, a parfois été injuste, provoque un énorme problème. C'est bien ce qu'a fait Benoît XVI durant son pontificat. Et c'est bien ce que fit Jean-Paul II en son temps de pontificat, reniant le serment qu'il avait fait par le motu proprio "Sacrorum antistitum" du Pape Saint Pie X qui promulguait le Serment anti-moderniste...
Quand les deux camps portent l'infaillibilité, et se récusent, qui a raison ?

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 07 sept.13, 20:10
par l'hirondelle
Je vous saurai gré, Madame, de
— respecter le sujet
— respecter le thème du forum : enseignement et non "opinions personnelles" et "polémique "
— ne pas prendre vos interlocuteurs comme sujet de conversation
Votre demande a été prise en compte. Modération faite sur le message précédent de Marmhonie.

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 08 sept.13, 00:01
par l'hirondelle
On trouve sur la toile, un enseignement théologique sur l'eucharistie daté de 1957
http://eucharistiemisericor.free.fr/rub ... _messe.htm
Le langage peut sembler ardu, par endroits, mais il a l'avantage d'exposer la doctrine catholique romaine. Si la façon de célébrer à changer, la théologie qui la sous-tend reste la même.

Voici un extrait de l'introduction.
La première donnée de la foi est que, sans préjudice des vérités, voire des vraisemblances, que peut recouvrir une vision évolutive du monde, il est néanmoins divinement certain que nous vivons non pas dans un univers de nature, mais dans un univers de rédemption. Toute l’histoire religieuse de l’humanité à partir du lendemain de la catastrophe originelle est réassumée, récapitulée dans le sacrifice que le Christ avec un grand cri et des larmes viendra offrir pour elle à Dieu sur la Croix. Ce sacrifice unique ne pourrait pas récapituler la destinée humaine s'il ne l’attirait en sa participation, d’abord par anticipation, pour les temps antérieurs à la Croix, ensuite plus intimement, plus mystérieusement, par dérivation, pour les temps postérieurs à la Croix

(Chapitre I).

Le sacrifice rédempteur est unique : l’Epître aux Hébreux y insiste. Mais voici que le Sauveur lui-même a prescrit de réitérer en mémoire de lui et jusqu'à ce qu'il revienne ce qu'il a fait à la Cène. Et qu'a-t-il fait ? Il a changé le pain en son corps donné pour nous, le vin en son sang répandu pour la multitude en vue de la rémission des péchés ; il a invité les apôtres à s'unir par la communion à ce corps donné, à ce sang répandu : à la manière, précisera saint Paul, dont Israël s'unit aux victimes offertes au vrai Dieu et les Gentils aux victimes offertes aux idoles. Il y avait donc à la Cène sacrifice, et union au sacrifice par la communion. Ainsi, la Croix offre un sacrifice unique ; la Cène offre un sacrifice vrai et propre. Ces deux affirmations de la foi sont-elles conciliables ? Voilà le problème. On peut le supprimer, dire qu'à la Cène il n'y a ni sacrifice ni communion au sacrifice, mais seulement promesse de rémission des péchés, et tout devient très simple. Mais si l’on veut garder les deux données scripturaires avec la profondeur de leur mystère, comment les concilier ?

(Chapitre II).

Le sacrifice rédempteur unique est commencé la nuit où le Sauveur est livré et où la Cène est instaurée. Les paroles transsubstantiatrices de la Cène instituent non un autre sacrifice, mais une autre présence de ce même sacrifice : il était présent naturellement, sous ses apparences propres, il devient en outre présent sacramentellement, sous les apparences étrangères du pain et du vin. La Cène est un sacrifice vrai et propre parce qu'elle rend présent, sous des apparences non sanglantes, le Christ avec la réalité même de son sacrifice sanglant

Re: [catholique romain] Le cardinal Journet

Posté : 08 sept.13, 00:07
par l'hirondelle
Ici, le cardinal Journet explique quel est la place et le rôle du pape chez les catholiques romains, dans un numéro d'une revue qui paraissait au moment du concile Vatican II
Le Conclave s'ouvrira mardi 12 mars prochain. Le programme prévoit pour ce premier jour de la réunion des cardinaux qui verra l'élection du prochain pape la messe pro elegendo Pontefice à la basilique Saint-Pierre, célébrée le mardi matin. L'après midi aura lieu l'entrée des cardinaux en conclave. Nous profitons de ces jours qui nous séparent de la joie de connaître le prochain successeur de saint Pierre pour approfondir plusieurs aspects de la théologie touchant au ministère pétrinien. À ce titre, nous publions ci-dessous un court texte du cardinal Journet.

« Simon, fils de Jean, dit le Seigneur, sois le pasteur de mes brebis. Il ne dit pas : de tes brebis. Elles seront toujours à lui. Elles ne changeront pas de maître. Je suis, dit-il encore, le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Il les appelle par leur nom, elles écoutent sa voix, et Il les emmène (Jean, X). Ce sont donc les brebis du Christ, ce ne sont pas ses brebis à lui que paîtra Simon Pierre. C'est au nom du Christ, ce n'est pas en son nom à lui qu'il emmènera. Voilà tout ce qu'on veut rappeler quand on dit que Pierre est le vicaire de Jésus-Christ, puisqu'il est convenu que le pouvoir exercé au nom d'un autre se nomme un pouvoir vicaire.

Pierre est le vicaire du Christ ; il n'est pas le vicaire de l'Église et de la multitude chrétienne. La juridiction né remonte pas de l'Église jusqu'à lui, elle descend de lui jusqu'à l'Église. Le Christ la lui donne directement et immédiatement, il ne la donne pas d'abord à l'Église avec charge de la lui transmettre (1). Plus encore, il la lui donne antérieurement au choix par l'Église d'une constitution. »

(1) Le concile du Vatican (Vatican I) dénonce comme contraire à l'Écriture et à la Tradition, l'erreur de ceux qui prétendent « que le primat de juridiction a été donné immédiatement et directement non pas à Pierre, mais à l'Église, et par elle à Pierre son ministre ». Denz., n°1822.

Extrait de L'Église du Verbe incarné, essai de théologie spéculative, tome 1, deuxième édition corrigée et augmentée, Desclée de Brouwer, 1955, pp.541-542.