L’éducation des enfants
Jonathan * : Avant de me punir, mes parents faisaient vraiment l’effort de comprendre les mobiles et les circonstances qui m’avaient amené à mal agir. J’essaie de faire pareil quand je corrige mes filles. Alexandra, ma femme, n’a pas eu la même éducation. Son père et sa mère étaient plus impulsifs. On dirait qu’ils corrigeaient leurs enfants sans se soucier des circonstances. J’ai parfois l’impression qu’Alexandra discipline nos enfants comme eux, avec la même rigidité.
Carole : Mon père a abandonné notre famille quand j’avais tout juste cinq ans. Il ne s’est intéressé ni à moi ni à mes trois sœurs. Maman travaillait très dur pour subvenir à nos besoins, et j’assumais de nombreuses responsabilités en m’occupant de mes petites sœurs. Difficile de savourer les joies de l’enfance quand il faut jouer le rôle de parent ! Aujourd’hui encore, mon côté sérieux l’emporte sur mon côté espiègle. Quand mes enfants ont besoin d’être disciplinés, je me ronge les sangs à cause de leurs erreurs. Je veux connaître le pourquoi de ce qui est arrivé et ce qui leur est passé par la tête. Par contre Marc, mon mari, ne s’embarrasse pas de tout ça. Il a été élevé par un père affectueux mais ferme, qui a toujours pris soin de sa femme. Avec nos filles, il résout rapidement les problèmes. Il évalue la situation, la règle et puis passe à autre chose.
COMME le soulignent les commentaires de Jonathan et de Carole, votre éducation peut exercer une profonde influence sur la façon dont vous disciplinez vos enfants. Un homme et une femme qui n’ont pas grandi dans le même genre de contexte familial risquent d’avoir des points de vue différents sur l’éducation des enfants. Ces divergences sont parfois à l’origine de tensions au sein du couple.
Les tensions se trouvent souvent amplifiées par l’épuisement. Ceux qui découvrent le métier de parent ont tôt fait de comprendre que c’est une activité à plein temps bien fatigante. Stéphanie, qui a élevé deux filles avec son mari, Adrien, raconte : “ J’aime énormément mes filles, mais elles rechignaient presque toujours à aller au lit quand je le leur demandais. Elles se réveillaient à des heures impossibles. Elles m’interrompaient quand je voulais parler. Elles laissaient traîner leurs chaussures, leurs vêtements et leurs jouets, et ne remettaient jamais le beurre au frigo. ”
Jacques, dont la femme a fait une dépression postnatale après sa deuxième grossesse, se souvient : “ La plupart du temps, je rentrais du travail vidé et je passais la moitié de la nuit debout, aux côtés du bébé. Du coup, j’avais du mal à être conséquent dans l’éducation de notre aînée. Elle était jalouse de devoir partager notre attention avec sa petite sœur. ”
Quand des parents se disputent sur la manière d’éduquer leurs enfants et que la fatigue est de la partie, de petits heurts peuvent dégénérer en violentes querelles. Des différends non réglés peuvent creuser une distance entre les conjoints et permettre à l’enfant de les dresser l’un contre l’autre. Quels principes bibliques aideront un couple à conserver des liens étroits tout en menant à bien l’éducation des enfants ?
Ménagez du temps à votre couple
L’union d’un homme et d’une femme, qui devraient être mariés avant de devenir parents, est censée durer bien longtemps après le départ des enfants. La Bible déclare à ce sujet : “ Ce que Dieu a attelé au même joug, que l’homme ne le sépare pas. ” (Matthieu 19:6). Par ailleurs, le même passage montre que Dieu avait prévu que l’enfant finisse par ‘ quitter son père et sa mère ’. (Matthieu 19:5.) En réalité, l’éducation des enfants n’est qu’une étape dans la vie d’un couple, et non son fondement. Bien sûr, les parents doivent consacrer du temps à cette entreprise, mais ils ont tout intérêt à se rappeler qu’un mariage solide en est la meilleure des assises.
Comment assurer la solidité de votre mariage durant toutes les années où vous élèverez vos enfants ? Un bon moyen consiste, dans la mesure du possible, à vous réserver du temps sans eux. Ce faisant, vous pourrez discuter de questions familiales importantes ou tout simplement goûter au plaisir d’être l’un avec l’autre. Il faut reconnaître qu’il n’est pas facile de se dégager un tel temps. Alexandra, une maman dont nous avons déjà parlé, explique : “ C’est toujours quand mon mari et moi sommes sur le point de nous accorder quelques instants ensemble que notre petite dernière réclame de l’attention ou que notre fille de six ans vit un ‘ drame ’ du genre : ‘ J’ai perdu mes crayons de couleur ! ’ ”
Stéphanie et Adrien se sont dégagé du temps l’un pour l’autre en faisant respecter une heure de coucher à leurs filles. “ On a toujours exigé de nos filles qu’elles soient au lit et prêtes pour l’extinction des feux à heure fixe, relate Stéphanie. Comme ça, Adrien et moi avions du temps pour relâcher la pression et parler. ”
En instituant une heure pour le coucher, les parents non seulement se ménagent du temps, mais aussi permettent à l’enfant de ne pas “ penser de lui-même plus qu’il ne faut penser ”. (Romains 12:3.) Peu à peu, un enfant qui s’habitue à respecter une heure de coucher prend conscience que, s’il a toute sa place dans l’univers familial, tout ne tourne pas autour de sa personne. Il doit s’adapter à la vie de la famille plutôt que d’espérer que la vie de la famille s’adapte à ses quatre volontés.
FAITES L’ESSAI : Fixez une heure de coucher et faites-la constamment respecter. Si votre enfant émet un souhait qui justifie qu’il reste debout plus longtemps que prévu, par exemple l’envie de boire un verre d’eau, à vous de juger si vous accéderez à sa demande. Mais ne le laissez pas reculer indéfiniment l’heure d’aller au lit par des requêtes qui n’en finissent pas. Si votre enfant réclame cinq minutes supplémentaires et que vous soyez disposé à les lui accorder, mettez un réveil à sonner au bout des cinq minutes. Quand il se déclenche, envoyez l’enfant au lit sans plus de concessions. Que votre “ Oui signifie [...] Oui, votre Non, Non ”. — Matthieu 5:37.
Présentez un front uni
“ Écoute, mon fils, la discipline de ton père, et n’abandonne pas la loi de ta mère ”, dit un proverbe plein de sagesse (Proverbes 1:8). Ce verset biblique montre que le père et la mère ont tous deux le droit d’exercer une autorité sur leurs enfants. Même si des parents ont reçu le même genre d’éducation, ils peuvent diverger sur la façon de discipliner leur enfant, et sur les grands principes à appliquer dans une situation donnée. Comment aplanir cette difficulté ?
Jonathan, cité plus haut, observe : “ Je crois qu’il est important de ne pas afficher de désaccord devant les enfants. ” Cela étant, il reconnaît que présenter un front uni est plus facile à dire qu’à faire. “ Les enfants sont très observateurs, poursuit-il. Même si nous n’exprimons pas verbalement notre désaccord, notre fille est capable de le ressentir. ”
Comment Jonathan et Alexandra gèrent-ils ce problème ? Alexandra répond : “ Si je ne suis pas d’accord avec la manière dont Jonathan discipline notre fille, j’attends qu’elle ne soit plus en mesure de nous entendre avant de donner mon opinion. Je ne veux pas qu’elle s’imagine pouvoir ‘ diviser pour régner ’ en jouant sur nos différences de points de vue. Si elle se rend compte que nous ne sommes pas du même avis, je lui explique que chaque membre de la famille doit suivre le principe établi par Jéhovah et que je me soumets volontiers à l’autorité de son père tout comme elle devrait se soumettre à notre autorité de parents. ” (1 Corinthiens 11:3 ; Éphésiens 6:1-3). Jonathan fait remarquer : “ Quand nous sommes tous ensemble, c’est généralement moi qui discipline les filles. Mais si Alexandra est plus au fait de la situation, je la laisse prendre les rênes et je la soutiens. Si je ne suis pas d’accord avec elle, je lui en parle plus tard. ”
Comment faire en sorte que vos désaccords au sujet de l’éducation n’engendrent pas d’animosité entre vous et votre conjoint, ce qui, par voie de conséquence, saperait le respect de vos enfants à votre égard ?
FAITES L’ESSAI : Fixez-vous un moment chaque semaine pour aborder la question de l’éducation de vos enfants et discutez ouvertement de tout désaccord. Efforcez-vous de comprendre le point de vue de votre conjoint, et respectez le fait qu’il entretient sa propre relation avec l’enfant.
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