Collégienne tabassée: certains se laissent aller !
Posté : 24 oct.13, 21:36
Collégienne tabassée: "Seuls certains se laissent aller à leurs pulsions cruelles"
Par Pauline Hofmann, publié le 24/10/2013 à 18:34
Une jeune fille de 11 ans a été tabassée par un groupe d'élèves plus âgés dans la cour de récréation de son collège à Noisy-le-Sec. Comment expliquer une telle cruauté chez des adolescents? Réponse avec Pierre Delion, pédopsychiatre.
Un traumatisme crânien, des hématomes et une peur panique de retourner au collège. A 11 ans, une collégienne de Noisy-le-Sec a été lynchée par des élèves de 5e et de 4e, selon une tradition cruelle en vigueur dans l'établissement : "le baptême". Les élèves plus jeunes sont jetés à terre et roués de coups, rapporte Le Parisien. La cruauté des enfants dans les cours d'école n'est pas neuve. Mais pourquoi une telle cruauté? Pierre Delion, professeur à la faculté de médecine et chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Lille, répond à cette question.
Les enfants peuvent-ils être réellement cruels?
On pourrait se persuader que l'on n'a soi-même jamais envie d'être sadique, mais il n'en est rien. Nous avons tous en nous une part de cruauté et des pulsions sadiques à certains moments. Mais seuls certains d'entre nous se laissent aller à ces pulsions. Ce qui nous en empêche, c'est la société autour de nous.
Les enfants peuvent donc être cruels avec leurs proches, leur famille ou leurs camarades de cour d'école. Mais cette possibilité de sadisme sera réprimée par les mécanismes de la civilisation, en fonction de la manière dont l'enfant va se développer dans le milieu familial ou scolaire.
Est-ce un développement normal de l'enfant que de passer par cette phase sadique?
Ce peut être un développement normal, à condition que ce soit régulé. Attention, je ne dis pas que passer à tabac une camarade dans une cour d'école est normal, loin de là. Mais un enfant peut être sadique une fois, avec son chat, avec son chien, voire son copain de classe. S'il n'est jamais repris, il n'aura aucune raison de ne pas réitérer cette expérience, dans laquelle il a pu prendre du plaisir. Mais dès lors que le parent, l'enseignant dit que non, ce n'est pas un comportement acceptable, la plupart du temps, l'enfant ne recommencera pas.
"C'est aussi un effet d'entraînement"
En effet, l'enfant qui a été rabroué après avoir expérimenté, après avoir testé sa cruauté comprend peut-être mieux ce principe d'éducation. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faut avoir été sadique dans son enfance pour bien se développer, loin de là. Mais avoir été agresseur, victime ou redresseur de tort, s'être confronté à la question de l'agression permet de se transformer en quelqu'un de bon. Freud parlait des enfants comme de "pervers polymorphes". En effet, les enfants passent par toutes les formes de perversion et ils apprennent à ne plus l'être.
Pourquoi les enfants ou les jeunes adolescents sont-ils alors plus cruels que les adultes?
Quand les enfants se mettent quelque chose dans la tête, ils se mettent en groupe pour se rassembler autour de cette idée simple, qui peut être "ce petit camarade est ridicule, il n'est pas sympathique". Cet élève devient alors rapidement bouc émissaire. C'est donc aussi un effet d'entraînement.
Faut-il s'inquiéter d'avoir un enfant qui est une terreur de cour d'école?
Il faut s'en inquiéter, mais modérément. Dans tous les cas, il s'agit de ne pas banaliser un tel comportement. Il faut en discuter avec l'enfant et les enseignants, afin de ne pas en faire un acte banal. Des enfants victimes de harcèlement à l'école peuvent malheureusement restés traumatisés toute leur vie. Ce qui me semble important, en tout cas, c'est de prévoir des lieux de discussions, d'apprentissage de la démocratie dans les écoles pour éviter que les conflits n'apparaissent sous forme de harcèlement ou d'agression.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societ ... dMTe1bM.99
Par Pauline Hofmann, publié le 24/10/2013 à 18:34
Une jeune fille de 11 ans a été tabassée par un groupe d'élèves plus âgés dans la cour de récréation de son collège à Noisy-le-Sec. Comment expliquer une telle cruauté chez des adolescents? Réponse avec Pierre Delion, pédopsychiatre.
Un traumatisme crânien, des hématomes et une peur panique de retourner au collège. A 11 ans, une collégienne de Noisy-le-Sec a été lynchée par des élèves de 5e et de 4e, selon une tradition cruelle en vigueur dans l'établissement : "le baptême". Les élèves plus jeunes sont jetés à terre et roués de coups, rapporte Le Parisien. La cruauté des enfants dans les cours d'école n'est pas neuve. Mais pourquoi une telle cruauté? Pierre Delion, professeur à la faculté de médecine et chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Lille, répond à cette question.
Les enfants peuvent-ils être réellement cruels?
On pourrait se persuader que l'on n'a soi-même jamais envie d'être sadique, mais il n'en est rien. Nous avons tous en nous une part de cruauté et des pulsions sadiques à certains moments. Mais seuls certains d'entre nous se laissent aller à ces pulsions. Ce qui nous en empêche, c'est la société autour de nous.
Les enfants peuvent donc être cruels avec leurs proches, leur famille ou leurs camarades de cour d'école. Mais cette possibilité de sadisme sera réprimée par les mécanismes de la civilisation, en fonction de la manière dont l'enfant va se développer dans le milieu familial ou scolaire.
Est-ce un développement normal de l'enfant que de passer par cette phase sadique?
Ce peut être un développement normal, à condition que ce soit régulé. Attention, je ne dis pas que passer à tabac une camarade dans une cour d'école est normal, loin de là. Mais un enfant peut être sadique une fois, avec son chat, avec son chien, voire son copain de classe. S'il n'est jamais repris, il n'aura aucune raison de ne pas réitérer cette expérience, dans laquelle il a pu prendre du plaisir. Mais dès lors que le parent, l'enseignant dit que non, ce n'est pas un comportement acceptable, la plupart du temps, l'enfant ne recommencera pas.
"C'est aussi un effet d'entraînement"
En effet, l'enfant qui a été rabroué après avoir expérimenté, après avoir testé sa cruauté comprend peut-être mieux ce principe d'éducation. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faut avoir été sadique dans son enfance pour bien se développer, loin de là. Mais avoir été agresseur, victime ou redresseur de tort, s'être confronté à la question de l'agression permet de se transformer en quelqu'un de bon. Freud parlait des enfants comme de "pervers polymorphes". En effet, les enfants passent par toutes les formes de perversion et ils apprennent à ne plus l'être.
Pourquoi les enfants ou les jeunes adolescents sont-ils alors plus cruels que les adultes?
Quand les enfants se mettent quelque chose dans la tête, ils se mettent en groupe pour se rassembler autour de cette idée simple, qui peut être "ce petit camarade est ridicule, il n'est pas sympathique". Cet élève devient alors rapidement bouc émissaire. C'est donc aussi un effet d'entraînement.
Faut-il s'inquiéter d'avoir un enfant qui est une terreur de cour d'école?
Il faut s'en inquiéter, mais modérément. Dans tous les cas, il s'agit de ne pas banaliser un tel comportement. Il faut en discuter avec l'enfant et les enseignants, afin de ne pas en faire un acte banal. Des enfants victimes de harcèlement à l'école peuvent malheureusement restés traumatisés toute leur vie. Ce qui me semble important, en tout cas, c'est de prévoir des lieux de discussions, d'apprentissage de la démocratie dans les écoles pour éviter que les conflits n'apparaissent sous forme de harcèlement ou d'agression.
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