L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

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rayaan

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L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 31 janv.14, 06:48

Message par rayaan »

Au nom d’Allah, l’Infiniment Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

Avant l’Islam

Connu sous le pseudonyme de « Fabe », tu as été l’une des figures les plus actives du rap français militant, de 1990 à 2000. Malgré le fait que tu aies mis un terme à ta carrière artistique, tes albums continuent de marquer les esprits jusqu’à aujourd’hui.

Depuis ta conversion à l’Islam, il y a plus de 10 ans, tu avais choisi de ne plus apparaître médiatiquement. C’est avec joie que tu nous fais l’honneur de répondre à ces séries de questions que nous avons composées à ton attention. Elles seront publiées en six parties.

Par le biais de celles-ci, nous allons tenter de partager avec ceux qui ont pu apprécier ton travail, ainsi qu’avec le grand public, les différentes étapes et évolutions qui ont jalonné ton parcours artistique, matériel et spirituel au cours de ces vingt dernières années.

Présentation :

Pourrais-tu te présenter plus en détail ?

Ancien rappeur solo connu sous le nom de Fabe, ex-membre de la Scred Connexion, collectif de Paris-Barbès (18ème). Ma carrière dans le monde de la musique a pris fin peu de temps après que j’ai embrassé l’Islam, au début des années deux mille. J’ai aujourd’hui quarante et un ans, je suis marié, père de famille et étudiant en sciences Islamiques depuis maintenant quelques années. Un parcours un peu particulier, mais un musulman parmi tant d’autres.

Carrière :

– Peux-tu nous raconter ta carrière ?

Elle a commencé à l’époque où il n’était pas encore trop question d’argent dans le monde du rap. C’était un monde de passionnés où tout était à faire. Les médias se demandaient encore s’il était une musique à part entière et « digne » d’être reconnue comme telle. Mais nous, c'est-à-dire une bonne partie des jeunes des quartiers de France de l’époque, nous avons sauté dedans à pieds joints. A ce moment-là, c'est-à-dire au début des années quatre-vingt dix, je n’étais pas dans le rap mais dans le graffiti. Cependant, comme il y avait des rappeurs dans mon entourage, il s’est immiscé petit à petit dans ma vie. Nous avions une grande admiration pour les rappeurs de notre quartier. Nous nous sentions représentés par eux. Ils étaient « de nous », « comme nous » et ils mettaient des mots sur notre vie de tous les jours. Celle-là même qui, jusqu’à ce moment précis, ne semblait pas intéresser grand monde. Bien que le style d’alors n’en était qu’à ses balbutiements par rapport à la forme élaborée qu’a pris le rap d’aujourd’hui, on le prenait très au sérieux. Ils étaient nos « porte-paroles », on les supportait et on les accompagnait partout.

De là, et du fait de voir des proches s’exprimer au sujet de notre quotidien, ça m’a paru accessible. J’ai commencé à écrire quelques rimes, un premier couplet, un second, on m’a encouragé et j’y ai pris goût. Puis, j’ai aimé ça. Quelques temps après, j’ai rencontré un compositeur avec qui nous avons élaboré nos premières maquettes. Nous avons fait des dizaines de morceaux ensemble. Il était doué, très prolifique et, quant à moi, je n’arrêtais presque jamais d’écrire. Cela va peut-être paraître étrange à ceux qui m’ont découvert plus tard mais mon registre de l’époque était essentiellement de l’égo-trip. Tu parles de toi, de tes proches et de vos « exploits ». Bien évidement, j’avais quelques convictions mais mon discours était loin d’être structuré. Je n’avais pas de recul. A vrai dire, rien d’étonnant. Avoir du recul sur sa vie dès la période post-adolescence, c’est un luxe que tout le monde ne peut pas se payer. Bref, la tête dans le guidon, j’étais bien décidé à faire parler de moi.

À cette époque, les quartiers où s’organisaient des concerts étaient rares. Mais les plus téméraires d’entre nous étaient à l’affut de la moindre occasion pour monter prendre le micro sur scène, même sans y être invités. On pouvait monter du sud de Paris jusqu’à Cergy St-Christophe ou partir à Marseille pour une intervention d’à peine quelques minutes. MJC, salles des fêtes, soirées, radios associatives, festivals de banlieue, tout était bon à prendre. Et, c’est comme ça que l’on s’est fait connaitre. Après une ou deux années à écumer Paris et sa banlieue, nous avons signé notre premier contrat. C’est le début de la discographie « officielle ». Premier album en 1994, le second un an et quelques mois après. A vingt ans, je n’avais jamais pris l’avion ni le bateau. Ensuite, j’ai pris plus souvent l’avion que le R.E.R. Ça interpelle. C’est le début de la discographie, de la célébrité mais aussi, très vite, le début des questionnements sur les finalités de la notoriété. Une introspection de plusieurs années qui aura un fort impact sur ma façon d’écrire ainsi que sur ma façon de voir le monde dans lequel j’évoluais. 1997, second contrat, troisième album en 1998 et c’est le succès. Bien sûr, rien à voir avec le succès dont on peut parler aujourd’hui quand on parle du monde du rap. Plus d’une centaine de concerts à travers la France, l’Europe et le reste du monde. Sans oublier de passer deux ou trois fois dans les quartiers de chaque grande ville. Nous n’étions pas des gens près du peuple, nous en faisions partie. Et les gens le savaient. Quatrième et dernier album en l’an 2000. Je suis sorti de studio en Mars 2000, j’ai embrassé l’Islam au mois d’avril de la même année, l’album est sorti en mai et j’ai mis fin à ma carrière quelques mois après. Vers le mois de septembre si je me souviens bien…

– De septembre 2000 à aujourd’hui, plus de douze années se sont écoulées. Pourquoi un si long silence ?

Lorsque le micro est débranché, ta voix porte moins loin. Mais ça ne veut pas dire pour autant que tu ne parles plus. Et ce n’est pas parce que tu disparais du paysage audiovisuel français que tu n’existes plus. Sauf si c’est lui ta raison de vivre, bien entendu. Pour ma part, le fait d’avoir embrassé l’Islam tout en étant une personne publique m’a mis devant l’alternative suivante : être l’un des musulmans de France les plus médiatisés ou me taire. J’ai choisi la prudence. C’était le début du grand amalgame médiatique (immigration, rap, violence, banlieue, Islam, intégrisme, terrorisme). Ajoute à ma conversion les propos contenus dans certains de mes textes, je réunissais pas mal de critères pour être placé en tête d’affiche de leur propagande. Nous n’avions pas encore notre Eric Zemmour national aux heures de grande audience, mais les promoteurs de la pensée alors soi-disant « marginale » de Jean-Marie Lepen et ses sbires se débrouillaient déjà bien à l’époque.

Mais pourquoi choisir de te taire alors que c’est l’attitude contraire qui a fait ta notoriété ?

D’une part, j’ai embrassé l’Islam après plusieurs années de recherches sur le sujet religieux. J’ai lu dans mon coin, sans n’en parler à personne, questionné à droite, à gauche, confronté les avis, essayé de comprendre les projets de sociétés proposés par les différentes religions, l’histoire de celles-ci, ce qu’en disaient leurs adeptes, quelles étaient leurs sources, comment nous étaient-elles parvenues, etc. C’était un cheminement personnel, avec un regard très critique motivé non-pas par une phobie quelconque, mais plutôt par des questions existentielles profondes. Ce fut donc relativement long à digérer. D’un autre côté, même si le fruit de mes recherches m’a apporté les convictions nécessaires pour devenir musulman sans l’ombre d’une hésitation, et j’ai bien dit - sans l’ombre d’une hésitation -, je n’en étais pas moins conscient de mon faible bagage concernant cette religion ainsi que les tenants et les aboutissants des questions qu’elle entrainait dans notre monde contemporain. De plus, en parler à l’époque où les musulmans étaient très peu, voir pas, ou très mal représentés m’aurait immédiatement accordé un statut que je ne méritais pas. Il me semble que lorsque tu embrasses l’Islam, et quelle que soit ta place dans la société à ce moment là, il faut savoir rester humble. Se garder des grandes déclarations au nom de cette religion sans l’étudier au préalable en profondeur m’a semblé sage. Je ne dis pas aux convertis de se taire pendant dix ans. Car celui qui décide d’embrasser l’Islam le fait rarement sans avoir longuement réfléchi au préalable. De ce fait, il a forcément des choses à faire partager. Il peut même être, par le biais de ses réflexions décomplexées sur la société dont il est issu, une cause de guidée pour les autres. Simplement, mon cas était particulier, l’époque différente et, pour être franc, j’ai craint de dire des choses déplacées par ignorance et qu’elles ne soient relayées à outrance en vue de salir l’image de l’Islam. De ce fait, j’ai opté pour une retraite médiatique anticipée. Ceci concerne les deux ou trois années qui ont suivi ma conversion. Ensuite, je n’ai pas fait de retour médiatique mais je n’ai pas non plus vécu bâillonné au fond d’une grotte. Mon silence n’a été qu’un concours de circonstances. Je suis passé à une autre étape de ma vie, à autre chose. J’ai voyagé, rencontré beaucoup de gens différents de ce que j’étais à l’époque. Il n’y a pas que ceux qui n’ont rien à dire qui se taisent. Parfois, il faut savoir prendre une feuille blanche, un stylo, faire silence et prendre des notes. On s’aperçoit ainsi que beaucoup de personnes dont on ne s’imaginait même pas l’existence auparavant ont des tas de choses intéressantes à dire…

Comment ta passion pour la musique est-elle arrivée ?

Je ne sais pas à quel point c’était une passion. Je savais que j’avais eu une vie avant elle et que je ne me voyais pas dans le rap à quarante ans. Je l’avais dit texto dans l’une de mes premières interviews. La musique est entrée dans mon quotidien comme je l’ai expliqué plus haut mais c’est ce qu’elle permettait de véhiculer ou de combattre qui a pris le dessus dans mon rapport avec elle. J’ai eu un rapport superficiel avec l’écriture à mes débuts. J’écrivais pour moi, mes potes et il ne m’était jamais venu à l’esprit qu’on pouvait utiliser mes mots ou l’image que je véhiculais pour nuire au gens que j’aimais. Quand j’ai commencé à être reconnu dans la rue, à être interpellé par des personnes qui se reconnaissaient dans mes paroles, voir des gens qui les connaissaient par cœur, je n’ai plus ressenti le besoin de l’égo-trip. Ce n’est pas ici que la vraie guerre avait lieu. Ensuite, m’apercevoir que l’on préférait mettre « en avant » tel titre que j’avais écrit plutôt qu’un autre dans les radios, à la télé, a fini de me faire réfléchir. C’était une sorte de douche froide qui m’a ouvert les yeux au sujet de pas mal de choses. Puisque rien n’était laissé au hasard dans le monde de la musique, j’allais en faire autant de mon côté. De là, j’ai considéré le rap comme une tribune, une arme à affuter pour le champ de bataille. Je ne prétends pas avoir déjoué tous les pièges du show-bisness mais j’ai fait de mon mieux pour que cette musique serve ma cause. Sans être trop l’esclave de ce que son monde implique, ni trop ébloui par les paillettes, l’argent ou les jolies filles qui peuvent rapidement te faire oublier d’où tu viens et le regard que les gens portent sur ceux qui sont comme toi, lorsqu’ils ne passent ni à la télé, ni à la radio.

Ancienne religion :

Quelles étaient tes convictions religieuses avant l’Islam ?

Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours cru en l’existence d’un Créateur. Mes parents se disaient athées mais ne nous ont pas inculqué la haine des religieux. Je me souviens que ma mère prononçait souvent des paroles évasives lorsque l’on abordait le sujet, mais ce n’était pas méchant, ni irrespectueux. Elle nous disait que c’était à nous de choisir quand on serait grands. A part ça, je croyais depuis petit. Je me rappelle même avoir prié pour demander de la neige lorsque j’avais à peine une dizaine d’année. J’étais dans la chambre avec ma sœur, à Garges-lès-Gonesse, et on voulait qu’il neige pendant la nuit. Comme on ne savait pas comment prier, on a fait comme Laura Ingals et sa famille dans « la petite maison dans la prairie », on s’est mis à genoux dans le noir en levant les mains vers le ciel et on a demandé de la neige. Ensuite, on a fait de la buée sur la vitre en soufflant dessus et on à dessiné des tas de flocons en appuyant sur elle du bout de nos petits doigts. J’aime bien cette anecdote car elle montre qu’il n’y a rien d’extravagant à reconnaître l’existence d’un Créateur. C’est dans la nature humaine. Je ne vais pas trop m’étendre sur le sujet car j’ai déjà raconté par écrit une anecdote qui m’est arrivée et qui le développe en détail. Le titre de l’article reprend la question que beaucoup de nos contemporains se posent. C’est à dire : « Comment un être doté de raison peut-il encore croire en Dieu à notre époque ?». J’invite celles et ceux que ça intéresse à le lire, il fait à peine trois pages.

Opinions antérieures sur la Communauté musulmane :

Comment percevais-tu l’Islam et la Communauté musulmane par le passé ?

Etant donné que je suis un enfant des quartiers populaires de France, l’Islam a toujours été plus ou moins présent dans mon entourage. Que j’en sois conscient ou non. Et comme tous ceux qui ont l’occasion de fréquenter des musulmans autrement que par le biais de LCI et autres envoyés spéciaux au cœur de l’information exclusive super-extra-sensationnelle, l’Islam ne m’a jamais paru quelque chose d’inquiétant. Mon plus vieux souvenir à ce sujet, c’est que j’ai une tante qui est devenue musulmane alors que j’étais enfant. Elle s’est mariée puis est partie vivre à Oran, en Algérie. A cette occasion, elle avait écrit une lettre solennelle à la famille en expliquant le pourquoi et le comment de sa conversion, si je me souviens bien. J’étais trop petit pour me souvenir des détails et de ce que ça a provoqué comme réactions chez nous. Par contre, suite à ça, je n’ai plus jamais entendu parler d’elle.

Ensuite, il y a Garges-lès-Gonesse. J’habitais rue Edouard Manet, entre l’école Victor Hugo et une synagogue. Nos voisins de palier jeûnaient pendant ramadhan. Je ne savais pas trop ce que tout cela voulait dire, mais on avait des dates, des gâteaux et du couscous offerts à ce moment là plus souvent que d’habitude. Sinon, c’était de temps en temps, le jour de fête, vendredi. Ils nous amenaient aussi du pain rond et chaud, fait maison. C’était très bon. Je me souviens aussi que ma voisine, une dame déjà âgée à l’époque, est venue voir le journal télévisé chez nous le jour ou le président Sadate à été assassiné. Elle pleurait comme si c’était quelqu’un de sa famille en prononçant des mots que je ne comprenais pas. Je me souviens qu’un jeune de mon immeuble a mal parlé de mon père, je lui ai dit et il est monté voir le père de celui-ci. C’était un musulman et il est venu chercher son fils en le tirant par les oreilles pour lui apprendre le respect du voisin. J’ai des exemples de ce genre plein la tête car ils ont bercé mon enfance. Ensuite, avec l’âge, il y a d’autres souvenirs. Certains laissent des impressions positives, d’autres sont moins reluisants. Comme beaucoup, j’ai entendu et vu des tas de choses au sujet de l’Islam avant d’être musulman. Cependant, je reste persuadé que celle ou celui qui cherche sincèrement la vérité au sujet de son Créateur ne s’arrêtera pas au comportement des gens. On ne juge pas une doctrine par la conduite de ceux qui s’en revendiquent mais par ses fondements. Que ses adeptes s’y tiennent ou pas n’entache en rien la valeur de celle-ci. C’est une toute autre question.

Ensuite, plus concrètement, parmi les évènements qui ont marqué d’une façon positive ma façon de voir l’Islam, il y a la lecture de l’autobiographie de Malek Shabaz, plus connu sous le nom de Malcolm X (1). Ce livre a été une source de bien pour moi, et beaucoup d’autres, à de nombreux égards.

– C'est-à-dire ?

A l’époque où j’ai lu son autobiographie, je redoublais ma terminale. Je vivais seul dans un studio du treizième arrondissement de Paris et passais la plupart de mon temps à faire des tags et des graffitis qui étaient, avec les soirées hip-hop, ma passion du moment. J’ai été touché à bien des égards en lisant ce livre. D’une part parce que je me retrouvais dans son parcours. Sa famille, son rapport avec sa mère, ce qu’il a ressenti en tant que noir dans une culture dominante qui lui renvoyait sans cesse une image négative de lui-même au point qu’il ait même essayé de la changer, sa description des ravages de l’alcool, de la drogue et de la délinquance non seulement à son niveau, mais aussi au niveau familial et communautaire. Son analyse était précise, réfléchie, concrète et - loin du misérabilisme qui a endormi et endort encore des générations entières de nos jours - appelait à l’action. Une réforme du monde qui prenait racine dans celle d’individus devenus responsables. Qui t’invitait à être acteur plutôt que spectateur de ta vie, metteur en scène insoumis sur le tournage d’un film où le scénario était écrit par ceux qui n’ont aucun intérêt à ce que les rôles soient redistribués. En fait, il y a un passage particulier de son livre qui m’a ouvert les yeux sur la réalité de ma vie, il n’était pas religieux, ni moraliste. C’était juste le constat d’un homme de terrain. Quiconque se trouvait sur le terrain en question savait de quoi il parlait, de qui, et à quel endroit s’arrête ou commence la responsabilité de chacun d’entre nous. Il avait compris, pour résumer ses paroles, que la vie en marge de la société, de la façon dont il la vivait et que certains considèrent comme une vie de rebelle, n’était rien d’autre qu’une place qui lui était réservée et dont on ne voulait pas qu’il bouge. Ignorant tout de lui, de son histoire et de son rôle sur cette terre. Comment pourrait-il être un rebelle ? Ses réflexions m’on touché car c’est comme si elles parlaient de moi à cette époque et dévoilaient au grand jour l’état d’insouciance dans lequel je me trouvais. Malek Shabaz a définitivement entériné mon apriori positif envers l’Islam car c’était un grand homme, très au fait du sens dans lequel tournait le monde (et à l’avantage de qui…) en quête de justice et intègre au point de tout remettre en question – y compris son statut dans une secte ou il avait la position de leader – s’il s’apercevait qu’il y avait un décalage entre la théorie et la pratique.

Si tu permets, je vais sortir un peu du sujet car il me semble important de souligner que ce n’est pas Malcolm X qui s’est fait assassiner. Celui qui s’est fait assassiner s’appelait Malek Shabaz. Malcolm X était membre d’une secte, The Nation Of Islam (2), dont les fondements ne risquaient pas d’être une réelle source de danger pour l’Amérique. Bien que son analyse de la société américaine fût juste à bien des égards, du fait que, dans sa secte, l’homme blanc soit décrit comme étant le diable en personne, il ne risquait pas de fédérer autour de lui le peuple américain. Bien plus, son discours incisif avait de quoi faire frémir. Et les dirigeants malhonnêtes aiment lorsque le peuple a peur. Surtout si le danger vient « de l’intérieur » (3). C’est lorsque Malcolm X s’est converti et à adhéré au vrai message de l’Islam, un message universel de justice où les hommes ne sont pas jugés en fonction de leur couleur de peau ou de leur statut social, qu’il fut assassiné. Car un grand orateur comme lui au service d’un tel message, cela devient forcément problématique pour les tyrans. Ce n’est pas sans raison qu’il a été interdit de visite en France en 1965. Mais, quoi qu’aient pu en dire certains, ce n’était certainement pas parce qu’on craignait qu’il y prêche la haine raciale. Bref, il est devenu Malek Shabaz, s’est écarté de la secte dont il était devenu le leader et a commencé à avoir un message d’une portée beaucoup plus large que la communauté noire-américaine. Voilà pourquoi on a voulu qu’il se taise (4). Et bien, pour revenir à notre sujet et conclure, je me suis dit que si un homme aussi fin d’esprit, épris de justice et intègre que lui avait embrassé l’Islam, cela devait réellement être un choix respectable et qui méritait que l’on s’y attarde. C’est ce que j’ai fait.

(À suivre…)

Cette interview a été réalisée en collaboration avec :

www.Islamhouse.com

L’Islam à la portée de tous !

(1) Rédigée par Alex Haley, aussi connu pour sa série télévisée sur la traite des noirs intitulée « Racines» et dont il est l’auteur. « The autobiography of Malcolm X » A lire en anglais de préférence ou en zappant l’introduction partiale des traducteurs.

(2) Qui n’a rien à voir avec l’Islam ; comme son nom ne l’indique pas.

(3) Le cinéma hollywoodien ne m’en voudra pas de ces quelques lignes…

(4) Pour approfondir le sujet, lire : « Malcolm X, derniers discours » Traduit de l'américain par Isabelle Capman et Édith Ochs (intro/chronologie par Bruce Perry) Éditions Dagorno.

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Ecrit le 31 janv.14, 06:50

Message par rayaan »

Au nom d’Allah, l’Infiniment Miséricordieux, le Très-Miséricordieux



Comment t’es-tu intéressé à l’Islam ?

Comme on l’a vu précédemment, l'Islam a toujours été plus ou moins présent dans l'environnement où j'évoluais. Et comme toute personne qui se pose sérieusement la question, je croyais déjà en l'existence d'un Créateur (1). A part ça, je ne me souviens pas d'un moment précis ou d'un déclic particulier. Il y a quelques anecdotes, bien sûr… Par exemple, lors d’une soirée, alors que j’étais de passage en Martinique dans le cadre de l’enregistrement de mon 3ème album, je suis allé m’asseoir seul au bord de la mer. Le ciel était dégagé, très noir, et il y avait des étoiles partout, de tous les côtés. Je n’étais pas habitué à ce genre de paysage. Non seulement je n’avais jamais vu autant d’étoiles mais, en plus d’être innombrables, elles semblaient vraiment très proches. C’était une atmosphère presque pesante. Au loin, j’entendais la musique, l’agitation des gens qui s’amusaient, mais je restais fasciné par ces étoiles, le fait qu’elles soient si loin en réalité, que l’univers soit si grand, si complexe, si bien ordonné. Ressentir ce genre de vertige, ne serait-ce que quelques minutes, à un moment de ta vie où tout semble tourner autour de toi te laisse dans un état assez difficile à décrire. D’un côté, les gens te témoignent de l’amour, partagent tes idées, t’accordent un statut particulier et reprennent même en cœur ce que tu as écris seul un jour dans ta chambre ou ailleurs à des milliers de kilomètres de l’endroit où tu te trouves. D’un autre côté, et pour peu que tu t’accordes le temps d’y réfléchir - puis de l’admettre aussi - tu sais très bien que tu n’es pas grand-chose. Une fourmi, un grain de sable et encore bien moins que tout cela à l’échelle de l’univers. A cet instant, je me souviens qu’il m’est venu à l’esprit le fait que l’on appelait les célébrités du monde de la musique des « étoiles », et que c’était aussi prétentieux que ridicule.

Réfléchir à la grandeur et à la perfection de la Création rappelle à l’homme qui il est vraiment. Quant au monde du show-business, il te fait oublier. Il t’enivre. Il est comme la télévision, les jeux vidéo et la musique dans les centres commerciaux, les ascenseurs et autres grands magasins. Il te fait oublier qui tu es, d’où tu viens et où tu vas. Ensuite, il t’invite à boire un verre à la terrasse d’un monde superficiel et te fait croire que tu es exceptionnel. Difficile de ne pas te prêter au jeu lorsque tout va dans ton sens. Or, si tu regardes bien, et même si tu as réellement un certain talent dans un domaine donné, ta réalité de fragile créature a tout pour te pousser à l’humilité. Car ce talent que les gens te reconnaissent, même si tu en es vraiment doté, tu sais très bien que tu n’y es pour rien ! Tu es incapable de le transmettre à qui que ce soit. Et c’est bien là la preuve que tu ne le possèdes pas réellement. C’est comme la beauté, l’intelligence, le fait de « donner » la vie, etc. Les hommes et les femmes se marient, s’accouplent, font des enfants et vont même parfois jusqu’à s’enorgueillir lorsqu’ils en ont beaucoup. Mais d’où leur vient cette capacité ? Qui a donné à ton épouse ce corps qui lui permet de donner la vie ? Et toi, c’est grâce à ton intelligence que tu n’es pas stérile ? Ta finesse d’esprit ? Parce que tu es un battant ? Une machine de guerre surdiplômée ? Qui que tu sois, un courant d’air t’enrhume et un moustique peut te donner la mort. D’où te vient cet orgueil ? Pour qui te prends-tu ? Et pourquoi ne redescends-tu pas sur terre ? Je n’avais pas souvent l’occasion de me retirer, d’être vraiment seul. Et cette vie qui défile à une vitesse ahurissante te laisse rarement le temps d’observer ces choses simples qui t’invitent à te questionner au sujet du sens de ta présence ici-bas. En vérité, nous sommes entourés de signes. Certains moments de l’existence sont plus propices que d’autres pour les observer, les saisir. Mais ils sont là, du plus profond de nous-mêmes aux horizons les plus lointains. Il faut juste prendre un peu de temps pour y réfléchir.


D’autres anecdotes ?

Oui, certainement. Mais rien que personne ne puisse trouver en lui ou dans son entourage. Par exemple, celui qui perd un être cher alors qu’il est encore jeune apprend à vivre avec la mort. Elle est omniprésente et l’empêche même de s’accrocher trop fort aux gens qu’il aime de peur de souffrir à nouveau s’il venait à les perdre. C’est automatique, presque inconscient. Le fait de souvent penser à la mort t’apprend à tout relativiser, tes joies comme tes peines, tes amours comme tes haines. Et c’est aussi un aspect fort du cheminement spirituel. D’autre part, il y a ceux qui vivent dans l’insouciance de cette réalité. Le jour où un être qui leur est très cher quitte ce monde, ils commencent à réaliser que personne n’est éternel. Encore pire si c’est un proche de leur âge, ou plus jeune. Beaucoup de gens reviennent à la religion dans ces moments-là. Et il ne s’agit pas pour eux à cet instant, comme certains sociologues aiment à l’affirmer, de « s’accrocher à quelque-chose dans les moments difficiles ». C’est plutôt descendre du nuage de l’insouciance suite à un électrochoc qui te met devant la réalité de ton existence. De la même façon que cette personne est morte, tu vas mourir toi aussi. Cela ne fait aucun doute. Quel que soit ton statut social et qui que tu sois. Quand ? Tu n’en as aucune idée. La vraie question est : « Es-tu prêt ? » Autour de toi il y a des gens qui affirment que tu n’as pas été créé en vain, que ta vie à un sens et qu’après elle un autre monde s’offrira à toi en fonction de ce que tu auras accompli. Plaisir, bonheur et félicité à un degré que tu es incapable d’imaginer, ou souffrance, amertume et difficulté dont tu n’as pas idée et que tu n’es pas en mesure de supporter, ne serait-ce que l’ombre d’un instant. Ce sera l’un ou l’autre et pour l’éternité. As-tu déjà sérieusement réfléchi à la question ? Si non, étant donné qu’aucun d’entre nous ne connait le moment de sa mort, n’est-il pas temps pour toi de le faire ? Ou bien tu préfères rester à l’image de cet enfant dans le ventre de sa mère, persuadé que la vie s’arrête ici et qu’il n’y a rien après l’accouchement ? Il est pourtant tellement loin de la vérité cet enfant. Et toi, sur quoi reposent tes prétendues certitudes ? J’entendais parler de l’Islam, je croyais en un Créateur et les autres religions ne m’avaient pas convaincu. De là à faire le pas, il ne manquait pas grand-chose.


Quelles-ont étés les grandes lignes de ton cheminement ?

La période où j’ai sérieusement commencé à m’intéresser à l'Islam se situe entre les années 1997 et 2000. Avec le temps, j'avais atteint une certaine « maturité » que je n'avais pas à mes débuts. Le fait de voyager, de rencontrer du monde, d'écrire, de chercher à exprimer ce qui est au fond de toi, de témoigner de ce que tu as vu et vécu, l'envie de communiquer, d'écouter les autres, de te battre pour tes idées, contre les clichés, d'agir, de prendre ton destin en main, etc. Toutes ces choses, si tu as un minimum de souci d'intégrité, te font beaucoup cogiter. Tu te retrouves souvent face à toi-même, tes intentions, tes objectifs et les moyens que tu te donnes pour les atteindre. En même temps j'aimais lire, chercher à comprendre, comparer les points de vues. Avec l'expérience, c'est un peu comme si j'avais réussi à faire mon petit bilan de la société dans laquelle nous vivions. Ses points forts, ses faiblesses, ses maladies, ses excès. Comme beaucoup d’entre nous, je savais que la crise économique n'existait pas. Du moins, qu’elle n’avait rien d’une crise. Que la réelle mixité sociale, j’entends par là pour qui n’était pas prêt à jouer le noir ou l’arabe de service, n'existait qu’au bas de l’échelle, dans le R.E.R bondé du matin, celui du soir, les tâches subalternes après les usines déshumanisantes et autres délices réservés aux gens du peuple. Tandis que les exceptions - car on ne pouvait nier qu’elles existaient - ne faisaient que confirmer la règle précédemment énoncée. Que le racisme était partout. À des degrés différents, certes, mais chez à peu près tout le monde. Même si l’on entendait prétexter ci et là qu’il avait été provoqué par des raisons distinctes, le résultat n’en restait pas moins tristement le même. Qu'entretenir la peur ou la haine de l'autre, quel qu'il soit, faisait le jeu d'une poignée de manipulateurs. Que des élus corrompus ne pouvaient être facteurs d'unité sociale, que l'individualisme et la course aux richesses nous tuaient. J'avais vu de mes propres yeux comment la société de consommation dévorait les petites gens, « offerte » qu’elle était - et sans contrepartie apparente - par des vendeurs de rêve très à cheval sur des principes qu’ils n’avaient et n’ont toujours pas depuis. Dettes, crédits, impayés, huissiers, procès, saisies. Cycle infernal de l’ouvrier moyen dans une société malade ou licencier des pères de famille fait monter les actions en bourse. De là, beaucoup d’entre nous ne voulaient pas de la vie qu’on nous « offrait ». A quoi bon vivre honnêtement dans un système qui ne semblait sourire qu’à la pourriture du monde ? Au nom de quoi ne pas se servir ? Qu’avions-nous réellement à perdre ? Quoi faire ? Où était l’alternative ? Marcher droit faisait de toi une victime. Utiliser la machine à ton avantage faisait de toi un tordu sans principes. La prison attendait les hors-la loi. Enfin, ceux du peuple. Le système mettait les insoumis en marge, tandis que ceux qu'il n'arrivait pas à anesthésier par un vice ou une passion quelconque, il les mettait hors d'état de nuire d’une façon ou d’une autre. Voilà, à peu de choses près, les options de vies qui nous étaient proposées. Après le bilan, c’est l’impasse. Tu te retrouves devant un système que tu sais parfaitement bancal, générateur d’injustice à tous les niveaux de la société. Chacun voulant tirer la couverture de son côté. Même lorsque celle-ci n’est plus qu’une vieille serpillère miteuse, elle se retrouve disputée, sans pitié aucune, les longues et froides nuits d’hiver des bas-fonds de Paris. Toute une liste de maladies, mais pas de remède. Et toujours cette soif de justice. J'étais à ce stade de mon expérience lorsque j'ai commencé à poser les yeux sur les textes de l'Islam.



Quels étaient-ils ? Y’a-t-il quelque chose de particulier qui t’ait marqué à ce sujet ?

Les deux premiers livres que j’ai lus au sujet de l’Islam sont : « Les jardins des vertueux » de l’Imâm An-Nawâwiy ainsi qu’un second ouvrage concernant la croyance, la jurisprudence et le bon comportement dans cette religion. On me les avait offerts. Ce qui m’a marqué en les lisant, c’est de découvrir à quel point l’Islam était un système complet qui embrasse tous les aspects de la vie humaine. Il tient compte de l’état de l’individu, le fait que celui-ci ait des besoins ainsi que des aspirations. Il lui explique clairement le sens de la vie, d’où il vient et où il va d’une façon très accessible, cohérente et sans tortuosités. De là, il lui indique le chemin permettant non seulement de réformer sa personne mais aussi, à plus grande échelle, de réguler la vie sociale avec justice et équité. Il est spiritualité mais ne demande pas à ses adeptes de nier leur nature humaine, de vivre sans se marier, par exemple, en jeûnant continuellement ou retirés du monde. Il est vie sociale mais invite ses adeptes à la sincérité, à fuir l’ostentation, l’individualisme, la tricherie, la corruption et à œuvrer dans l’intérêt du plus grand nombre ; qu’ils soient en public ou en privé. Il rappelle à l’homme qui s’enorgueillit de quel genre de liquide il a été créé et à celui qui baisse trop la tête qu’il est la plus noble des créatures à la surface de la terre, chargé d’une mission qu’il doit s’efforcer d’accomplir, dans les limites de ses capacités. C’est un rapport avec ton Créateur, une spiritualité active ayant un impact sur toi-même, ton comportement avec ta famille, tes voisins, tes proches et le reste du monde. En fait, pour ne pas faire trop long, disons que dès que j’ai commencé à parcourir les textes de l’Islam, j’y ai trouvé la paix du cœur. Non seulement j’avais la réponse au pourquoi de ma présence sur terre. Mais, en plus, s’offrait à moi un système complet permettant d’éradiquer les maladies que l’expérience m’avait permis de diagnostiquer sans pour autant me permettre de leur trouver un remède.



– Combien de temps as-tu pris pour valider ton choix ?

Je ne sais pas. J'ai l'impression que mon cheminement a débuté le jour où j'ai commencé à écrire. Ou plutôt, le jour où j'ai compris que les mots avaient une valeur, un sens. Qu'on ne pouvait pas se dédouaner de la somme de ce que l'on véhicule sous le prétexte d'être un « artiste ». Qu'avant d'être « artiste » ou quoi que ce soit d'autre, tu es un être-humain avec des responsabilités. Qu’à la surface de la terre, il y a des forces et des idéologies qui s'affrontent. Et que tu fasses semblant de ne pas les voir sous prétexte que ça te « saoule » ou que tu « n’y comprends rien », ne fera jamais de toi un innocent. J’ai pris le rap très au sérieux. Trop même. Ça prenait tout mon temps. Toute ma vie. Mais paradoxalement, je ne ressentais pas ce vide spirituel dont parlent beaucoup de frères et sœurs convertis lorsqu’ils décrivent leur vie avant l’Islam. C’est peut-être dû au fait qu’à partir du moment où j’ai quitté le crédo nombriliste de l’égo-trip, j’étais impliqué corps et âme dans ce que je faisais. Nous avions un combat. A notre échelle, tout avait un sens. Nos relations avec le public, le contenu de nos textes, nos vies en dehors de la lumière des projecteurs. Tout était lié. Même si, bien évidement, chacun d’entre nous avait ses faiblesses et ses écarts de comportement, nous nous efforcions d’être cohérents. A ce sujet, je me souviens avoir parlé de ma façon de voir la notion d’intégrité du point de vue de l’écriture en général et du monde du rap en particulier avec une connaissance à l’époque et qu’il m’a répondu : « Mais c’est l’Islam ce que tu prêches ! ». Or, je n’étais pas musulman à ce moment-là. J’étais à fond dans le rap mais je défendais des valeurs auxquelles je croyais dur comme fer. J’aspirais à des valeurs universelles comme la justice, la fraternité, l’égalité des droits, la solidarité, le fait d’aider les faibles, etc. Et, comme j’évoluais dans le monde du hip-hop, c’est en son sein que je défendais ces valeurs. Au début, je croyais même qu’elles en faisaient partie.

En fait, plus ce à quoi j’aspirais se faisait précis, plus je me rendais compte que le monde du rap ne pouvait me permettre d’y accéder ; pas plus que moi je ne serai, par son intermédiaire, en mesure de l’apporter à qui que ce soit. C’est pour ça que, vers la fin de ma carrière, quand on me demandait ce que je pensais de la tournure que prenait le rap, je répondais que le rap n’était pas une religion. J’entendais par là que le rap, c’est un moyen d’expression, sans plus. Et certainement pas une idéologie. Au micro, chacun défend son point de vue et il ne s’agit en aucun cas d’une cause commune. Ce n’est pas non plus une croyance qui impliquerait un mode de vie particulier visant à un changement quelconque. Même si certains individus en son sein ont ce genre d’aspiration, ce n’est pas ça le rap. Certains diront qu’il y a différentes catégories de rap, qu’il ne faut pas mélanger. La réalité, c’est qu’il y a différentes catégories d’individus et que le rap n’est qu’un moyen par le biais duquel ceux-ci exposent ce en quoi ils croient. C’est un moyen d’expression et qui reflète à merveille ce que contiennent les cœurs de ceux qui s’y adonnent. Rien d’autre. Quand au hip-hop en tant que projet sociétal, je ne sais pas comment ils ont réussi à nous faire avaler cette pilule. Mais on l’a bien avalée. Moi le premier…


– Et c’est après ce triste constat que tu as fais le pas ?

Je n'ai pas toujours eu ce rapport avec l'écriture, le monde de la musique et le monde en général. C'est un cheminement qui s'est fait peu à peu. Mais toujours dans le même sens. Mon cheminement dans le monde du rap m'a permis d'arriver à toutes ces conclusions. Beaucoup de remises en questions, pas mal de solitude, mais jamais de désespoir. Simplement, arrivé à ce stade, faire un cinquième album n’avait pas de sens pour moi. J’avais fait le tour de la machine, témoigné de tout ce qui était de mon ressort et je n’avais pas de solution miracle à proposer. A quoi bon continuer ? L’amour de la gloire ? Du strass et des paillettes ? De s’écouter parler ? A quoi bon changer la formule et le style si c’est pour dénoncer les mêmes choses? Garder ta place ? Continuer de vendre des CD et gagner de l’argent ? Mais si tu sens au final que ce ne sont ni l’argent ni la notoriété qui font vibrer ton cœur, et que ce que tu recherches se trouve ailleurs. Quel intérêt de poursuivre ? La première fois que j'ai complété une lecture du Coran, j'étais seul chez moi, rue Léon, à Barbès. Je ne me souviens plus exactement comment ça s'est passé, ça fait plus de douze ans maintenant, mais je sais que j'ai accepté l'Islam à ce moment. J'ai prononcé « l'attestation de foi » (2) que j'ai lue en phonétique sur un polycopié que j’avais chez moi avec quelques livres. Et, depuis ce jour là, je me suis considéré musulman. Même si personne n'en savait rien. Y compris les gens les plus proches de moi.

Quelques temps après, conscient que cette attestation avait des implications que j’ignorais, j'ai ressenti le besoin d'aller plus loin. A l'époque, il n'y avait pratiquement rien pour apprendre. Les livres en français étaient rares, traduits approximativement et, lorsque je posais des questions sur l'Islam autour de moi, personne n’était en mesure de m'apporter de réponses. J'ai donc cherché des cours en français. Après avoir trouvé une mosquée où des cours d'introduction à l'Islam étaient donnés le dimanche matin, j'ai décidé d'aller y faire un tour. Le prédicateur responsable de ce cercle avait un discours franc et incisif qui m'a plu. A la fin du cours, il a demandé si quelqu’un dans la salle souhaitait embrasser l’Islam. Je me suis levé en levant la main et j’ai dit « Moi ! ». Il a répondu : « Voici quelqu’un qui a l’air décidé ! ». J’ai le sourire en y pensant. C’est vrai que j’étais décidé. A vrai dire, ca faisait longtemps que j’attendais ce moment. A cette époque, mes clips passaient en forte rotation à la télévision (3). Mais je me disais qu’en cet endroit précis, je ne risquais pas d’être reconnu. Je me suis avancé pour prononcer l’attestation de foi devant l’auditoire et, peu de temps après, un frère s’est proposé pour m’apprendre à faire les ablutions et la prière. Après le cours, plusieurs frères sont venus me voir. Sans cacher, pour la plus grande partie d’entre eux, qu’ils savaient très bien qui j’étais. Certains m’ont félicité, d’autres m’ont souhaité la bienvenue, m’ont encouragé à persévérer et à revenir. Plusieurs sont devenus des amis que je n’ai cessé d’aimer et de fréquenter jusqu’à aujourd’hui. La fraternité en Islam a un goût particulier. C’était comme le début d’une nouvelle vie. Le prédicateur avait annoncé : « Celui qui embrasse l’Islam, c’est comme s’il venait de naître ! Il est affranchi de tout ce qu’il a pu faire de mal au préalable. Et toutes ses mauvaises actions sont transformées en bonnes actions. C’est un nouveau départ pour notre frère. Sache qu’en ce moment précis, tu as une place particulière auprès de Ton Créateur. Tu es pur comme au jour de ta naissance ! Profites-en pour L’invoquer et Lui demander ce que tu souhaites. Veille à apprendre ta religion et à ne pas alourdir ta balance de choses qui Lui déplaisent… ». J’ai suivi son conseil du mieux que j’ai pu. A vrai dire, j’ai aussi suivi ses cours jusqu’à la veille de mon départ au Canada. Assidument. J’avais très envie d’apprendre et je me sentais bien dans cette nouvelle famille. C’était mes premiers pas aux côtés de mes frères et sœurs en Islam.

(À suivre…)


Cette interview a été réalisée en collaboration avec : www.Islamhouse.com



(1) Il était fait allusion dans la première partie de l’interview à un article répondant à la question : « Comment un être doté de raison peut-il encore croire en Dieu à notre époque ? ». Cet article se trouve dans l’épître : « Quoi qu’en disent les vendeurs de lampes… » que vous pouvez télécharger gratuitement sur le lien suivant : www.islamhouse.com/419199 - Il s’agit de la réponse à la première question, juste après l’introduction.

(2) C’est la formule par le biais de laquelle on entre en Islam et qui se compose de deux parties. La première ou l’on atteste que rien ni personne n’est digne d’être adoré en dehors du Créateur. La seconde où l’on reconnait que le cycle de la prophétie dont ont fait partie, entre autres, les prophètes Moïse et Jésus est vrai et qu’il a été parachevé par la venue du prophète Muhammad. Quiconque prononce sincèrement cette attestation, en comprenant ce qu’elle signifie, en y croyant, en acceptant ce qu’elle implique, décidé à s’efforcer de vivre selon ses préceptes, de tout cœur et en étant véridique devient musulman. De là, s’en suivent des droits et des devoirs à respecter pour conserver ce statut. Car, de même que cette attestation à des conditions pour être valable, certaines choses l’annulent. Ainsi, afin d’être en mesure de les éviter, il ne faut pas négliger le fait de les apprendre.

(3) Internet n’en était qu’à ses balbutiements…

rayaan

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 31 janv.14, 06:54

Message par rayaan »

Le site www.islamconversion.com à l'honneur de vous inviter à découvrir la troisième partie de l'interview de Fabe, à travers laquelle il nous explique ses premières sensations dans l'Islam et nous fait partager quelques réflexions au sujet de la conversion à cette religion.

FABE
Interview 2014 (Partie 3/6)
- Premiers pas -

Si vous souhaitez être tenus informés de la mise en ligne des prochaines parties de l’entretient :
Ajoutez-nous à vos contacts sur Twitter : @intw2013_islamc
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Qu’as-tu ressenti dès les premiers temps ?

Une forte sensation de bien-être intérieur liée à tout ce que nous avons déjà évoqué. Lorsque tu saisis le sens de ta vie, toutes les zones d'ombre de ton existence s'éclaircissent. Les questions auxquelles tu n'avais pas obtenu de réponse jusqu'alors, les épreuves que tu as eu à surmonter, tout prend place dans un ensemble cohérent qui t'apporte l'équilibre qui te manquait. Cette sensation de paix que certains recherchent en vain dans l'alcool, les différentes formes de drogues ou en montant le son de la musique au point de ne plus s'entendre avoir besoin de réfléchir, n'existe nulle part ailleurs. Pour qui sait observer les signes de la création, qu'il s'attarde sur la terre, la mer, le ciel, les plantes, les animaux ou les êtres-humains, ce qui s'apparente de loin à un chaos total s'avère être encore mieux réglé qu'une montre suisse. Le fait d'intégrer ce système harmonieux, c'est comme suivre le cours d'une rivière après avoir passé des années à te débattre à contre-courant. Tu souffles, tu te sens bien, c'est là. Ce que procure réellement le fait de poser son front sur le sol avec le cœur en paix ne s'exprime que très partiellement, même à travers une image. Et aussi belle soit-elle. Bien évidemment, la vie n'en devient pas pour autant un long fleuve tranquille. A cette sensation de bien-être, viennent s'ajouter des tas de nouvelles questions. Les ablutions, la prière, quand et comment les accomplir? Pour commencer. Puis, très rapidement, les questionnements concernant ton environnement, ta nourriture, tes relations sociales et l'Islam étant un système complet, tu te retrouves facilement à te questionner sur tes moindres faits et gestes.



Qu’as-tu entrepris en premier suite à ta conversion ?

J'ai cherché à vivre en cohérence avec mes convictions. Et tous ceux qui ont fait le pas pourront témoigner de ce qui suit. Il n'est pas une action, une passion ou une fréquentation que tu délaisses en vue de satisfaire ton Créateur, et aussi chère soit-elle à tes yeux, sans qu'Il ne t'accorde meilleure et plus profitable qu'elle. Il faut juste se lancer. Pour ma part, tout a été facilité. Déjà, je souhaitais arrêter la musique depuis bien avant ma conversion, dans la période qui a suivi mon troisième album pour être exact. A cette époque, et même si elles sont justifiées aujourd'hui, ce n'était pas encore pour des raisons religieuses. Ce n'était pas non plus, comme j'ai pu le lire quelques fois, dû à un manque de reconnaissance ou de succès. Car même si nous n'étions pas souvent mis sur le devant de la scène, en raison notamment des propos critiques que nous tenions à de nombreux sujets, notre succès se mesurait sur le terrain. Et nous y étions assez sollicités pour continuer d'en vivre. Modestement certes, mais selon l’éthique que nous défendions. C’était l’essentiel. En fait, c'est uniquement parce que deux de mes proches de l'époque m'ont demandé de ne pas arrêter à ce moment là que j'ai continué. L'échéance a été repoussée le temps d'un nouveau CD, mais l'intention de mettre fin à ma courte carrière était déjà présente. Quelques jours avant ma conversion « officielle », nous venions de sortir des studios d'enregistrement et mon quatrième album partait à la fabrication. Nous étions en train d'en préparer la campagne promotionnelle. Mieux (ou pire) que ça, financièrement parlant, j'étais en fin de contrat. Aussi bien du point de vue de la maison d'édition que de celui de la maison de disque qui me produisait. Ce qui signifie, je précise pour ceux des lecteurs qui ne sont pas au courant des pratiques de ce milieu d'escrocs, que j'en étais à ce que l'on peut appeler un moment clé de la carrière d'un artiste. Un moment où l'on peut te proposer une somme conséquente d'argent en fonction des choix que tu fais et des accords que tu signes. C'est l’une des épreuves de ceux qui se retrouvent dans ce genre de situation. D'un point de vue matériel, tu as l’impression de sauter sans filet. D'un point de vue personnel, tu replonges dans l'anonymat. Or, l'amour de l'argent et de la renommée sont deux facteurs qui empêchent beaucoup de gens en place de délaisser le monde de la musique. Parmi eux, certains connaissent très bien la position de l’Islam à son sujet. Mais vu que beaucoup de ceux qui les entourent souhaitent secrètement vivre (ou continuer de profiter de…) ce qu'ils prétendent espérer pouvoir délaisser un jour, très peu nombreux sont les gens qui les encouragent à le faire. D’où l'importance, pour celui ou celle qui souhaite se mettre bien dans l'Islam, de changer d'environnement et de fréquentations s’ils sont en contradiction avec ses idéaux. Ne serait-ce que le temps de se renforcer. Cela ne signifie pas renier tes amis ou te croire meilleur qu'eux. Simplement, tu ne peux pas changer tes habitudes en restant avec ceux qui en font partie. C'est une décision douloureuse car elle te pousse à t'écarter de ceux que tu aimes. Mais il faut la prendre. A moins que vous ne décidiez tous, et au même moment, d'en faire autant. Et je ne peux pas nier que, parmi les choses qui m'ont aidé à m'écarter complètement du monde de la musique, hormis que j'en étais déjà relativement détaché, il y a le fait que je me coupe complètement de l'environnement dans lequel j'évoluais. De plus, ma conversion suscitant en moi de nombreuses questions concernant la vie de tous les jours, j'avais envie de me poser pour apprendre ma religion et réfléchir à tout ça.



On entend souvent parler du "zèle" des convertis quand il s'agit des études religieuses. Qu'en penses-tu?

Déjà, parler de convertis (1) sans tomber dans les clichés est assez délicat. A mon sens, il n'y a pas de converti "type". Nos parcours, nos vies, les milieux dans lesquels nous avons évolué avant l'Islam, notre cheminement spirituel, l'éducation reçue, le cursus scolaire et tout un tas d'autres facteurs qui entrent en jeu font qu'il est difficile de parler des convertis comme d'une entité facilement définissable. Je vais essayer de soulever quelques points qui me semblent importants à ce sujet en évoquant mon expérience personnelle, différents profils que j'ai eu l'occasion de rencontrer, ou de fréquenter. Mais il est évident que le sujet est bien plus vaste que ce que je saurais pointer du doigt (2).

De là, et pour revenir à la question initiale, je ne crois pas que les convertis soient de plus fervents étudiants que les autres. Simplement, au moment où l'on embrasse l'Islam, ce qui peut éventuellement nous différencier de ceux ayant grandi dans une famille musulmane, c'est que nous n'avons aucun doute sur la faiblesse de notre bagage religieux. Et comme connaître son ignorance c'est déjà un grand pas de fait sur la route du savoir, beaucoup d'entre nous hésitent moins avant de s'engager dans l'apprentissage. C'est ressenti comme quelque chose de vital. En même temps, ceux qui ne sont pas convertis et reviennent à l'Islam après quelques années d'absence ou une adolescence loin de ses préceptes me semblent ressentir à peu près les mêmes besoins que nous. Même la particularité d'avoir une famille non-musulmane et le souci que suscite chez elle le fait de nous découvrir « tout à coup » religieux, n'est pas si éloignée de ce qu'ont à surmonter les frères et sœurs dont les parents se disent musulmans « non-pratiquants » ou revendiquent une pratique que certains qualifieront de légère. Parfois, c'est même encore plus difficile pour eux. Combien de nos sœurs, pourtant issues de familles musulmanes, rencontrent des difficultés lorsqu'elles se mettent à pratiquer leur religion sérieusement et décident, par exemple, de porter le foulard et de se vêtir de manière à ce que le regard des hommes ne se pose plus sur leurs corps? De nos jours, beaucoup de valeurs sont inversées. Nous traversons une époque complexe où la plupart des généralités n'ont pas grand sens. En son sein, les histoires s'enchevêtrent, interagissent. Et même si les profils sont différents, bien souvent, les blessures se ressemblent. Celui qui pose son regard du point de vue de l'imam au moment de la prière du vendredi dans une mosquée de France a vite fait de saisir, par le biais de ce que renvoient les visages des fidèles, une mosaïque de parcours qui témoignent de ce fait.



- As-tu des choses à ajouter au sujet des convertis?

Déjà, que ce n'est pas un statut social censé nous définir éternellement. Une fois que tu es convaincu et que tu embrasses l'Islam, tu deviens un musulman parmi les autres. Avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Certainement, tu as un parcours qui t'est propre ainsi que des particularités. Mais c'est le cas pour chaque être humain à la surface de cette planète, pas une caractéristique propre à celui ou celle qui embrasse l'Islam en France. La question de l'identité du converti est très pointue. La question de l'identité en général aussi d'ailleurs. D’où toutes les crispations que l'on retrouve autour de celles-ci. Entre croisement des cultures, affirmation de soi et respect de l'autre, au fait de s'enrichir de la différence sans en arriver à l'aliénation de celui qui va jusqu'à s'en oublier lui-même, les limites sont subtiles. Et quel que soit le point de vue d'où l'on regarde la scène, le scénario se vérifie. Car à l'époque où certains aiment à prétendre que le monde est devenu un village, peu de ses habitants savent réellement qui ils sont et d’où ils viennent. Et ne parlons même pas d’où ils vont. Ajoute à cela l'ignorance généralisée des préceptes de l'Islam et de ses objectifs, les amalgames entre religion et culture, la désinformation médiatique à outrance et les plaies de l'histoire encore toutes fraîches. C'est difficile de te retrouver entier à la fin de l'état des lieux.

En réalité, même si l'on en parle parce que c'est le sujet, que tu sois converti ou pas ne change pas grand-chose à la problématique des identités qui ont du mal à trouver leurs limites. Le racisme, lui, trouve aussi bien sa place dans le fantasme que l'appréhension. Quoi qu'il en soit, en tant que musulman, c'est par tes croyances que tu définis ton rapport aux autres. Si tes croyances sont correctes, ton comportement suivra. Peu importe l'origine et la couleur de celui ou celle à qui tu as affaire. Et même si tu as des manquements dans tes relations avec les autres, plus tu feras des efforts pour être en accord avec les principes de l'Islam, plus tu seras un bien pour les gens qui t'entourent. Car le racisme ne fait pas partie de ses préceptes.



- Le racisme au sein de notre communauté n'en reste pas moins une réalité palpable. Non?

La peur de l'inconnu est un réflexe humain. Mais cette peur doit être surmontée et régulée par des valeurs qui la contiennent. Tu peux trouver des musulmans racistes, sans trop de difficulté d'ailleurs. Il n'empêche que c'est la communauté où tu en trouveras le moins. Et l'orgueil n'étant pas l'apanage d'un peuple en particulier, tu en trouveras aussi bien parmi les musulmans arabes, que parmi les musulmans blancs, noirs ou asiatiques. Ce qu'il ne faut pas oublier de souligner ici, c'est que l'Islam est innocent du comportement de ces gens là. Car ce racisme dont ils font preuve et ces peurs qu'ils n'arrivent pas à surmonter vont à l'opposé des principes auxquels ils sont censés se soumettre. Les textes sont nombreux à ce sujet. Le problème ne vient donc pas d'une absence de législation concernant le racisme et la façon dont les textes en Islam se désavouent de lui et de ses adeptes. C'est plutôt notre négligence à l’égard des références musulmanes en général qui doit être mise en cause et attirer notre attention. Et ceci est valable face à chaque difficulté de la vie qui se présente à nous. Bref, pour en revenir au sujet des convertis, et face à cette complexité des identités dont nous parlions plus tôt, essayer d’oublier qui tu es et d’où tu viens n'a pas lieu d'être. L'Islam ne te demande pas de renier tes origines, de ne plus être normand, corrézien, breton, dionysien, créole ou savoyard pour devenir, par on ne sait quel effort hors du commun, turc, maghrébin, indien, yéménite, égyptien ou saoudien. L'Islam te demande d'adorer un Dieu Unique, Celui qui t'a créé, sans Lui associer qui ou quoi que ce soit et de ne délaisser de ta culture que ce qui pourrait être un obstacle à ce culte exclusif. Pas de devenir schizophrène. Pour bien comprendre ce genre de chose, à nous de revenir aux sources, de nous imprégner des valeurs réelles de l’Islam et de la compréhension des textes qui a fait de ses premiers adeptes des modèles sans précédent pour l’humanité. De cette façon, l’individu musulman peut s’épanouir en se détachant des pratiques qui nuisent à sa propre personne ainsi qu’aux autres tout en tirant profit des particularités qui sont les siennes et en étant un bien effectif pour sa communauté. Il faut donc s’efforcer d’être entourés de gens fiables, attachés à leur religion et ayant les compétences nécessaires pour nous indiquer le juste milieu qui la caractérise. De là, on peut espérer éviter les excès. Aussi bien le rigorisme exacerbé que le laxisme. Parce que le second n’est pas moins dangereux que le premier. Et parce que les dérapages arrivent vite. Par exemple, si tu es un converti, une réunion avec des frères aux profils proches du tiens en vue de vous entraider à surmonter certaines difficultés dues à votre parcours commun et votre conversion récente est une chose. Très louable d'ailleurs. Car les nouveaux musulmans ont besoin de bons conseillers, qui comprennent les épreuves qu'ils traversent. Et ils se trouvent souvent confrontés à des problématiques qui demandent connaissance, réflexion, sagesse et sens des priorités. Et parce qu'il arrive aussi que l'on se sente seuls et démunis face à des situations qui nous dépassent. Ceux et celles qui connaissent la solitude du jour de l'aïd, lorsque presque tout le monde se retrouve en famille, savent certainement de quoi je parle. Cependant, s'enfermer dans sa bulle et faire de cette réunion un petit club élitiste privé qui se prend pour le nombril du monde musulman et commence à se lancer dans les avis juridiques et l'interprétation des textes du Coran n'est pas une alternative constructive, ni une solution. Ceci étant dit, entre le fait de parler avec aisance de choses que l’on ne maîtrise pas et celui de voir toutes ses capacités bridées ou paralysées par la peur de commettre une erreur, il y a un juste milieu sur lequel il est bien de se tenir. C’est un devoir de faire profiter autrui de ce que l’on a acquis de source sûre.



- Trouver sa place dans la communauté musulmane, est-ce une chose facile?

La façon dont tu vas appréhender la vie en groupe est très liée à ta propre personnalité et à ton vécu. On peut t’aider à t’intégrer à un groupe, mais personne ne peut le faire à ta place. Dans un premier temps, il faut que tu en ressentes la nécessité. Et en cette époque du virtuel où les gens ont facilement cinq cent « amis » sur Facebook mais ne trouvent personne pour les aider à déménager, il est vital de bien saisir l’importance d’apprendre à vivre en communauté. Dans la vraie vie. Celle où les affinités ne s’arrêtent pas à un « + » ou un pouce vert et dont les avantages ne sont pas dissociables des inconvénients. La base de référence en Islam est que les musulmans sont des frères. Ils forment une communauté. Et quelles que soient les difficultés que tu puisses rencontrer avec certains des membres qui la constituent, ta famille reste ta famille. D’autant plus que, celle-ci, tu l’as choisie pour la noblesse de ses idéaux. Et que de ce fait, tu as aussi des responsabilités à son égard. Aucun doute que pour rayonner comme elle le doit, notre communauté a besoin du savoir faire et de l'expérience de chacun de ses membres. Etant donné que la plupart des convertis maîtrisent et sont le fruit de leur contexte, il va de soit qu’eux aussi ont un rôle à y jouer. Et même si certains responsables associatifs un peu trop accrochés au pouvoir et ayant du mal à lâcher du lest ont du mal à l'accepter, il est évident qu’il faut et qu’il y a de la place pour tout le monde. Apprendre à se connaître à et vivre ensemble malgré nos différences prend du temps. Cela demande de la patience. Et le musulman doit apprendre à patienter. Même si parfois c’est lourd et qu’il faut faire ses preuves. Car personne de censé ne te donnera de responsabilités importantes si tu es un nouveau. Rien ne t’est dû en dehors de ton droit. Il faut donc s'efforcer de comprendre d’où nous parle notre interlocuteur et l’inviter à en faire de même. Ne pas juger trop vite. Nous chercher des excuses et des circonstances atténuantes plutôt que des manquements impardonnables qui causent l’éloignement. On doit s'entraider dans le bien avec plus de zèle que les autres ne s'entraident dans le mal, se conseiller mutuellement et accepter les critiques. Et lors de celles-ci, se rappeler du fait que « la douceur n’a jamais accompagné une chose sans l’embellir » fait partie des enseignements de l’Islam. De plus, en cas de désaccord, nos sources sont là pour trancher. N’importe quel tordu peut détruire les efforts de plusieurs années en quelques secondes. Construire, cela demande beaucoup plus de compétences et de courage. C’est comme s’attarder sur ses propres défauts avant de se préoccuper de ceux des autres. Car les défauts ne se trouvent pas uniquement chez les autres. Et employer la bonne méthodologie est primordial pour l'équilibre dans l’évolution d’une communauté. Chacun sa place et sa fonction. J’insiste à nouveau sur le fait qu’être un médecin reconnu par ses pairs, un journaliste prolifique, un chercheur méticuleux, un historien appliqué, un orateur brillant, un scientifique de renom, être particulièrement vif et intelligent ou avoir fait science-po, ajouté au fait d’être musulman, ne fait pas de toi un commentateur du Coran, ni un mufti. Malgré les compétences qui sont les tiennes, ces caractéristiques en requièrent d’autres qui demandent des années d’efforts que tu n’as pas fournis. Et pauvre de toi si tu crois qu’un imam ne sert qu’à diriger la prière ! Chacun d'entre nous doit donc connaître et reconnaître ses limites, savoir dire « je ne sais pas » et passer le relai aux personnes compétentes dans le domaine qu'il ne maîtrise pas. La fausseté et la discorde s'installent facilement là où le savoir et le respect des gens de science n'ont pas leur place. Pas besoin d'aller chercher bien loin pour faire ce triste constat. Encore une fois, ce qui vient d'être dit ne concerne pas exclusivement les convertis. Mais étant donné que nous faisons partie intégrante de la communauté musulmane, cette question en recoupe de nombreuses autres.



- Il faudrait donc opter pour un juste milieu entre l'humilité excessive et la vanité ?

Rester humble est un signe de lucidité. Qui que tu sois. Parfois, les gens parlent peu, notamment les personnes âgées. Mais le simple fait de croiser leurs regards laisse entrevoir un passé chargé d'émotions que peu d'entre nous auraient eu la force et le courage de supporter. Je me souviens d'un courrier que m'avait envoyé une lectrice du premier blog d’où je relatais quelques éléments autobiographiques. Elle m'a encouragé dans ce sens et a souligné quelque chose de très important. Je ne me souviens plus des termes exacts qu’elle a employés mais elle disait, dans le sens : "Je crois que tout le monde a une histoire exceptionnelle. Simplement, tout le monde n'a pas le recul nécessaire sur sa propre vie pour la saisir, ni forcément les mots qu'il faut pour la raconter". J'ai trouvé cela très vrai. Car chacun d'entre nous à une histoire. Pas seulement ceux qui ont une grosse bouche et n’ont pas peur de s’affirmer en société. Chacun d’entre nous. C'est-à-dire aussi bien les faibles que les gens timides. Qui prend le temps d’écouter leurs histoires ? Jeune, vieux, homme, femme, d'ici ou d'ailleurs. Chacun a son parcours. Certains ont évolué dans l'Islam depuis leur plus tendre enfance, d'autres l'ont choisi comme croyance et mode de vie. C'est un choix qui n'est pas fait à la légère. Et les convertis eux aussi ont leur histoire. Cette histoire, ne serait-ce qu'en raison de ce qu'elle a engendré comme bouleversements dans les vies respectives de ceux et celles qui en sont les fruits, et qu'ils ont eu à assumer quel qu'en soit le prix, est respectable au même titre que l'histoire de chacun de leurs coreligionnaires. Inutile de les prendre pour de grands enfants. De plus, et sans pour autant s'en enorgueillir, il faut que chaque personne qui embrasse l'Islam demeure fier(e) de ce choix, ne serait-ce qu'en se rappelant qu'une grande partie des Compagnons du Prophète de l'Islam, et pas des moindres, ont embrassé l'Islam à un âge très avancé de leurs vies. Eux aussi se sont convertis. Ils étaient pratiquement tous arabes, certes, mais ce qu'ils ont eu à vivre d'épreuves concernant la rupture avec leurs habitudes passées, les réactions de leurs familles face à leur nouvelle croyance et ce que ce choix impliquait de sacrifices au quotidien pour eux sont autant de points communs avec ce qu'ont à vivre ceux qui, de nos jours, choisissent de devenir musulmans.



- Un mot au sujet des personnalités converties à l'Islam ?

Oui, même si les deux points précédents couvrent un vaste domaine qui mériterait d'être détaillé et illustré par de nombreuses anecdotes, il est bien de conclure par ce troisième point qui me touche encore plus particulièrement. Qu'un chanteur, un sportif de haut niveau, un acteur ou toute autre personne publique de renommée nationale ou internationale embrasse l'Islam, c'est une bonne chose pour lui. S'il est sincère, c’est même la meilleure chose qui puisse lui arriver. Quant à cette religion, elle ne tire pas ses lettres de noblesse du fait qu'untel ou unetelle l'ait embrassée. Ce n'est pas nous qui avons fait honneur à l'Islam et aux musulmans. Bien au contraire, c'est Celui qui a crée les cieux, la terre, ce qu'il y a entre les deux et qui est Le Seul digne d'être adoré qui nous a honoré par cette religion et sa communauté. Quiconque souhaite prendre des modèles, qu'il s'inspire de ceux qui sont morts parmi les pieux prédécesseurs de celle-ci. Quant à nous, hormis Celui qui nous a donné la vie, personne ne sait comment nous allons finir. Alors pour quelle raison faudrait-il nous prendre comme exemples? Où en sommes-nous des enseignements de l'Islam et de l'Unicité à laquelle nous invitons les autres lorsque nous laissons les gens rêver à notre sujet et nous élever à des statuts que nous ne méritons pas? Il faut dire aux frères et sœurs qui sont émus par la conversion des célébrités de descendre de leur nuage. Soyez émus avec modération. La route est longue pour tout le monde. Et soyez-le de tout cœur le jour où vous apprendrez qu’ils sont entrés au Paradis ! En attendant, jusqu’à preuve du contraire, les chanteurs ne sont pas des références en Islam. Ni les joueurs de football, ni les guerriers du free-fight. Aussi forts soient-ils. Et l’Islam n’est ni quelque chose à prendre à la légère, ni un gage de crédibilité à placer entre deux punch-lines toutes autant interdites que le support sur lequel elles sont mises en valeur. C’est évident pour quiconque connait bien sa religion. Mais aujourd’hui, force est de constater que la confusion s’est installée dans l’esprit des plus jeunes d’entre nous. Et l’épidémie n’épargne pas non plus leurs aînés. Tu en vois parmi nous qui connaissent le nom de tous les joueurs d’une équipe de foot, y compris les remplaçants, le montant de leurs salaires, l’histoire de leur club, à quel prix ils ont été transférés, la marque de leur voiture ainsi que le prénom de leur femme. Pour peu qu’ils soient mariés ! D’un autre côté, ils ne sont pas en mesure de te citer les grandes lignes de la vie du Prophète ou de ses Compagnons. Ni même les principes de bases de l’Islam que même un enfant de 7 ans est en mesure de comprendre. Pourtant, si tu leur demandes, ils te diront qu’ils sont musulmans. Ils connaissent les paroles d’un album par cœur, de plusieurs albums même. Ainsi que le numéro du département et le nom du quartier de chacun de ceux qu’ils adulent. Mais ils n’ont jamais complété une lecture du Coran et ils ne sont pas en mesure de réciter la Fâtiha correctement. Plus triste encore, une grande partie d’entre eux ne fait pas la prière. Et si tu leur demandes, ils te diront qu’ils sont musulmans. C’est un constat qui déchire le cœur de quiconque en à un. Et je n’écris pas cela pour me moquer ou pour prendre qui que ce soit de « haut ». Moi-même je ne sais pas ce qui m'attend. Simplement, j’essaie de profiter de cette tribune pour faire un rappel à mes frères et sœurs en Islam qui sont trompés par les parures de ce monde où nous ne sommes que des voyageurs de passage. Se dire musulman, c’est bien. Mais les paroles ne suffisent pas. Elles ont des conditions et impliquent la présence de conséquences palpables dans notre vie de tous les jours.



- Les gens disent, « il faut bien que jeunesse se passe …»

Les gens disent beaucoup de choses. Mais le musulman à des références qui lui sont propres. Dans cent ans, il est fort probable que tous ceux et celles qui auront lu cette interview ne seront plus de ce monde. Malgré cela, beaucoup d’entre nous continuent de perdre leur temps à visionner des séries interminables au sujet des illuminatis, des francs-maçons et je ne sais quelles autres théories du complot. Comment veux-tu apprendre la vérité de la bouche des menteurs ? On soupçonne la terre entière d’être la cause de notre perdition et de notre déclin sauf notre propre personne qui nous a pourtant fait oublier d’apprendre les bases qu’aucun musulman n’a le droit d’ignorer. Sur quoi serons-nous questionnés dans la tombe ? Combien parlent de la fin du monde sans science, « éclairés » par les élèves de shaykh Google, en la remixant à leur manière selon les aspirations du moment ? Ils ont cru que c’était une plaisanterie ? Et si c’était demain ? La mort ne bipe personne lorsqu’elle se présente à la porte de celui ou celle qu’elle vient emporter. Qu’avons-nous préparé pour ce départ afin d’éviter qu’il ne soit effectué en catastrophe ? Qu’avons-nous préparé pour le jour où ni le nom de ton quartier, ni la marque de tes baskets, ni le nombre de gens qui te suivent sur Twitter n’auront d’importance ? Ce jour où tu voudras la peau de tous ceux qui t’auront éloigné de l’essentiel. Même si aujourd’hui tu dis et ne vois d’eux que du bien. Le jour où tu diras « Malheur à moi ! Si seulement je n’avais pas pris untel comme ami… » et que tu repenseras avec amertume, à ceux que tu regardais partir à la Mosquée avec un soupir d’espoir ou un sourire moqueur. Le jour où tu diras « Malheur à moi ! Si seulement je n’avais pas pris unetelle comme amie… » Le jour où tes inspirateurs préférés, que tu prends et qui se prennent pour des héros immortels aujourd’hui, diront en pleurant, pétrifiés de peur après s’être tant enflés d’orgueil sur terre, qu’ils ne te connaissent pas et qu’ils sont innocents de ce que tu as fait en suivant leurs traces. Le jour où toi, jeune femme, tu diras que tu voulais changer, mais que tu pensais qu’il était encore trop tôt ! Et que la mort t’a emportée alors que tu prenais comme modèle des victimes égarées, qui s’égarent et égarent les autres. Parce qu’elles sont aussi belles que vides. Le jour où chaque personne trompée constatera qu’il est trop tard. Le jour de l’examen où il n’y a ni aide, ni rattrapage et où plus personne n’est en mesure de tricher. Le jour où aucun d’entre nous ne pourra se cacher et où tout le monde se renverra la balle. Le jour où chacun sera seul face à ses incohérences et ses manquements. Le jour où les masques vont tomber. Qu’as-tu lu à ce sujet ? C’est un sujet des plus sérieux. Même si autour de nous tout est fait pour qu’on le prenne à la légère et que l’on s’empêtre dans l’insouciance concernant ce que sa venue implique. Il arrive. Cela ne fait aucun doute. Pour personne. Aujourd’hui, tout le monde a remarqué que la société de consommation poussait l’humanité à sa perte. Mais que disent-ils du fait que la religion diabolisée aux quatre coins du globe soit celle qui interdit l’usure et dont les adeptes sont capables de s’abstenir de manger la journée pendant tout un mois ? Y’a-t-il quelqu’un en mesure de faire avaler la théorie des genres à un musulman convaincu ? Il a autant de chance d’y parvenir que de lui faire signer un pacs avec le maire de Paris. Pourquoi toutes ces oreilles sourdes ? Pourquoi tous ces yeux aveugles ? Même s’il faut savoir plaisanter, on ne peut pas écrire que des choses légères. Sauf si l’on croit aux coïncidences. Pour ma part, je suis convaincu que rien n’est laissé au hasard. L’expérience montre que si les fans ont des « idoles », c’est que ce nom n’est pas venu illustrer leur relation par coïncidence. Harry Potter est un jeune sorcier, pas un jeune imam.



- Comprenne qui pourra?

J’essaie de faire au mieux. Mais il y a tellement de gens différents qui lisent cette interview que le plus simple est de rester soi-même. C’est vrai que si tu n’es pas musulman et que tu lis ces quelques lignes, il y a de fortes chances que tu me trouves parfois un peu « illuminé » ou « hors-sujet ». En fait, je suis en plein dans le sujet, mais nous n’avons pas, ou plus, les mêmes références. J’ai grandi avec les tiennes et je t’invite à découvrir les nôtres. C’est tout. De ce fait, il se peut qu’une réponse concerne plus ou moins un lecteur, c’est tout à fait compréhensible. Et je n’en voudrai à personne de ressentir de temps à autre, au cours de cet entretien qui commence à tirer en longueur, le besoin de passer à la question suivante. Même si j’espère que celle que le lecteur aura décidé de sauter finira par le concerner un jour ou l’autre. Je suis là pour témoigner, pas pour séduire en vue de gagner des élections. Chacun est libre de ses choix et se devra d’assumer ses convictions. Parmi les miennes, il y a le fait que le message doit être transmis au moins à tous ceux qui me connaissent. Même de loin. Et qu’il doit l’être clairement.

Pour en revenir au sujet des références, ce qui suit s’adresse plus particulièrement aux plus jeunes de nos frères et sœur en Islam. Ceux qui vivent entre deux mondes et dont nous parlions un peu plus haut. Si les voitures, l’argent, les chanteurs et les sportifs ont pris une si grande place dans nos cœurs, c’est que ces derniers n’étaient pas loin d’être vides. Et il n’y a rien d’étonnant à vénérer un lampadaire quand on n’a jamais vu le soleil. Que connais-tu de la vie de Muhammad le dernier des Prophètes ? As-tu déjà eu l’occasion de lire à son sujet ? Et d’en tirer des enseignements pour ta vie de tous les jours ? Sais-tu quelle est la seule chose qu’Allah s’est engagé à ne pas te pardonner ? Comment dormir en paix si tu ne la connais pas ? Et comment pourrais-tu te laisser aller au laxisme envers tes manquements si tu la connais ? Toi qui connais du monde, qui a des héros dans celui de la musique, du sport et pour qui les nuits blanches sur youtube ont remplacé la prière des anciens. As-tu déjà entendu parler de abou Bakr le Véridique ? De 'Omar le fils d'Al-Khattâb ? De 'Othmân le fils de 'Affân ? De 'Alî le fils de Abî Tâlib ? De Talha le fils de 'ObaydiLlâh ? De Zoubayr le fils d'Al-'Awwam ? De 'Abd Ar-Rahmân le fils de 'Awf ? De Sa'd le fils de Abî Waqqâs ? De Sa'id le fils de Zoubayr ? De abou 'Oubayda le fils d'Al-Jarâh? Si tu es musulmane, connais-tu réellement l'histoire de Mariam la mère de Jésus? D’Assia l'épouse de pharaon ? De Fâtima la fille de Muhammad ? De Khadija la fille d'Al-Khouwaylid, première femme de l’Islam ? De 'Aïcha la véridique, de Hafsa la fille de ‘Omar et de Asma la fille de Abi Bakr? Que connais-tu de Soumâya qui a payé de sa vie son attachement à l’Islam ? De Khawla la fille de Tha’lab au sujet de qui un passage du Coran a été révélé? Du courage de la poétesse Al-Khansâ` la fille de ‘Amr et de tellement d’autres personnages éminents de l’histoire musulmane si nombreux qu’il est impossible de tous les citer ici? Si ta réponse indique que tu ne connais pas grand-chose à leur sujet et que tu cherches des modèles de vertu, de sincérité, de courage, d'intégrité, d'abnégation et de piété, il ne fait aucun doute que tu trouveras - à la lecture de leurs vies respectives - des enseignements qui te donneront des repères dignes de ce nom. Et des références auxquelles chaque musulman, noyé par le flux d’informations au sujet de héros qui n’existent pas et n’ont jamais existé, se doit de s’accrocher s’il souhaite rejoindre la côte dont il vit si éloigné. Les savants de l'Islam et ceux qui sont considérés comme des guides dans notre communauté sont bien connus. Il suffit juste de chercher un peu pour les trouver. Quant aux gens de mon espèce, inspires-toi de leurs parcours s'ils correspondent à des choix que tu te trouves toi aussi amené à faire dans ta vie et que les apparences t'indiquent qu’ils ont passé cette étape. Mais n'oublie-pas qu’eux-aussi, autant que toi si ce n'est plus, ont besoin de la guidée d’Allah et des invocations de leurs frères et sœurs. Ensuite, lorsqu'il s'agit d'apprendre ta religion, remets chacun d'entre ceux qui ont été précédemment cités à sa place et avec le statut qui lui est dû. Peut être qu’il nous sera fait miséricorde par ton retour à la réalité.



- De nombreux rappeurs laissent entrevoir que le « son » et la religion font bon ménage. Qu’en est-il réellement ?

C'est faux. Et ce ne sont pas les arguments qui manquent à ce sujet. Mais comme le texte commence à s’allonger et que j’ai déjà dû en endormir quelques-uns. On remet ça à une partie prochaine de l'entretien (3), incha Allah.

(À suivre…)

Cette interview à été réalisée en collaboration avec : http://www.interactions-islam.com




(1) Dans le cadre de cet entretien, nous entendrons par Converti : "Toute personne ayant vu le jour et/ou grandi dans une famille non musulmane et qui décide un jour, par conviction, d'embrasser l'Islam comme croyance et mode de vie."

(2) Pour la simple et bonne raison que ma sensibilité n’est pas « La » sensibilité des convertis. Et que personne ne m’a élu pour parler en leur nom.

(3) Nous rappelons à nos lecteurs que cette série de réponses est mise en ligne au fur et a mesure qu’elle est rédigée par son auteur et que nous ne disposons pas de la suite. Inutile donc, de nous la réclamer. A nouveau, nous vous invitons à nous rejoindre sur le Twitter correspondant au sujet @intw2013_islamc Nous vous tiendrons informés des mises à jour dès leurs publications. Incha Allah.

Bragon

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 31 janv.14, 10:10

Message par Bragon »

[EDIT]
Modifié en dernier par Ren' le 31 janv.14, 11:00, modifié 1 fois.
Raison : merci d'exprimer votre avis de façon moins méprisante

audrey

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 11 août14, 22:06

Message par audrey »

Avant meme de savoir parler, ma fille tapait sur la table pour produire des bruits et s'agitait comme pour les accompagner. La nature humaine, comme les traces de flocons de neige sur la vitre...rien d'extravagant.
Je ne me suis pas endormie, je suis éveillée et ai hate de lire la suite. En attendant, je vais lire "Comment un être doté de raison peut-il encore croire en dieu a notre époque". Je crains que 3 pages ne suffisent...

Merci pour cette interview.

juif-Musulman

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 12 août14, 21:29

Message par juif-Musulman »

Le problème, c'est qu'il y a des virus dans le monothéisme, ce qui fait qu'il y a trois religions au lieu d'une seule. Il faut formater tout ça. Il y a des diables qui se prennent pour élus. Des anges déchus, comme le shitan qui a été élu par Allah mais qui a fini repoussé, maudit et lapidé par tous.

Maranatha hakuna matata.

audrey

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 08 sept.14, 04:51

Message par audrey »

Moi j'ai un jour rencontré le pere Noel, depuis, j'apprends à ma fille a y croire...

TonyLeNotateur

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 08 sept.14, 12:36

Message par TonyLeNotateur »

audrey a écrit :Moi j'ai un jour rencontré le pere Noel, depuis, j'apprends à ma fille a y croire...
- l'être humain s'est dit : Ego sum, ergo existum = Je suis donc j'existe
- Un croyant pensa : Dieu on ne le voit pourtant lui il nous voit
- Un être qui respira profondément a dit : Je ne vois pas l'air pourtant je l'a respire

Connais-tu l'histoire des poissons?
Des poissons dans un mer parlaient entre eux et disaient :
" on nous racontes que notre vie a été créé à partir de l'eau, mais on n'a jamais vu l'eau qu'est que c'est ?"
Beaucoup de gens très sage répondirent alors qu'il y avait un poisson dans la mer qui est le plus sage et plus instruit que tous les poissons réunis.
"Allons donc chez lui et demandons lui de nous montrer l'eau répondirent les autres poissons". Ils le cherchèrent longtemps puis enfin le trouvèrent et interrogèrent. Après les avoir écouté il répondit :
"oh, vous poissons insensés qui ne réfléchissez pas ! Mais sages êtes vous les peu d'élu qui avaient cherché. Vous vivez et vous bougez dans l'eau, où vous tirez votre existence; de l'eau vous êtes venu et de l'eau vous y reviendrez. Vous vivez dans l'eau, mais vous ne le savez pas ! Alors vous savez encore moins qui en fut le créateur ! C'est l'incréé qui a créé et sans lui nous ne serions vivant ! A ces mots là ils furent étonnés par de telles paroles et restèrent pour en apprendre plus auprès du sage "

françoise monzat

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 14 nov.14, 00:42

Message par françoise monzat »

Bonjour à tous,
je me presente je suis la tante maternelle de fab, celle dont il en parle sur l'interview qui s'est mariée en Algerie et qui s'est convertie à l'islam.
je cherche désesperement à trouver la trace de mon neuveu Fab, alors si quelqu'un dans ce forum ou vous Rayane avez le moyen de nous mettre en relation je vous en serait tres reconnaissante.
si toi Fab tu lis ces lignes je peux te donner plus de précisions sur ta famille pour prouver que je suis bien ta tante d'ALGERIE(noms de tes grands parents, de tes parents ect.....)
J'attends avec impatience une tres bonne nouvelle de ce forum.merci à tous

Muslim2017

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 14 févr.17, 03:02

Message par Muslim2017 »

françoise monzat a écrit :Bonjour à tous,
je me presente je suis la tante maternelle de fab, celle dont il en parle sur l'interview qui s'est mariée en Algerie et qui s'est convertie à l'islam.
je cherche désesperement à trouver la trace de mon neuveu Fab, alors si quelqu'un dans ce forum ou vous Rayane avez le moyen de nous mettre en relation je vous en serait tres reconnaissante.
si toi Fab tu lis ces lignes je peux te donner plus de précisions sur ta famille pour prouver que je suis bien ta tante d'ALGERIE(noms de tes grands parents, de tes parents ect.....)
J'attends avec impatience une tres bonne nouvelle de ce forum.merci à tous
Salam 'alaykoum

En espérant que vous lisiez ce message, voici un lien vers le site personnel de Fab, via lequel il vous sera possible, in sha Allah, de le contacter : http://www.interactions-islam.com/

kaboo

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 14 févr.17, 04:36

Message par kaboo »

Bonjour et Bienvenue Muslim2017.

Le mieux serait peut-être d'envoyer un mail à françoise monzat.
C'est le petit icone en forme d'enveloppe jaune à coté de l'icone MP en dessous de l'avatar.


Cordialement. :hi:
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Muslim2017

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Re: L'ex rappeur Fabe nous raconte sa conversion.

Ecrit le 14 févr.17, 08:26

Message par Muslim2017 »

Bonjour kaboo,

merci pour votre réponse et votre conseil.

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