Bonjour Bragon,
Bragon a écrit :
Je comprends la question de CDL quand il dit : « ceux qui ne croient pas en Dieu, ils croient en quoi ? ».
Quand j’étais athée je croyais à des tas de choses très positives, par exemple :
Le monde des idées est second par rapport au monde de la matière ;
La conscience relève de l’évolution depuis la matière inanimée jusqu’aux animaux les plus évolués ;
C’est aux humains d’œuvrer pour le bonheur, la justice, la solidarité, etc car il n’y a pas de sauveur suprême ;
Tout ce qui nous concerne dans notre vie est du domaine de la Science car il n’y a pas de « monde invisible » ;
C’est maintenant que l’on donne un sens à notre existence car il n’y a pas de « vie après la mort », et c’est à nous-mêmes d’inventer ce sens.
Bragon a écrit :
En termes simples, cela signifie que l’homme a besoin d’un socle et d’un horizon, d’un projet, d’une projection, sans quoi il se sentirait perdu; le monde, l’homme et ses valeurs, la vie, tout serait absurde, dépourvu de sens, insupportable. Et seul un dieu peut effectivement répondre à ce cri de détresse.
J’imagine qu’il peut y avoir détresse…
Perso, je ne vois pas bien l’intérêt psychiatrique de la foi en un quelconque divin, sans doute parce que je n’ai jamais été sensible ni à l’absurdité du monde ni à la quête de sens et que je j'ai jamais connu l'effet anti-dépresseur de la foi.
Des humains sans dieu ont-ils véritablement un état psycho-pathologique différent des humains avec dieu ?
Certes, tout humain connaît la tentation d’imaginer un arrière-plan au monde qui l’entoure.
Qui n’a jamais cherché à donner un sens à une étrange coïncidence ?
Qui n’a jamais parlé de "chance" à la place de "hasard" ?
Qui n’a jamais eu de pensée finaliste ?
Perso, je vois une grande continuité entre les mentalités prélogiques emplies de surnaturel et la science, c’est la même démarche, c’est la même interrogation déterministe. On cherche des causes, on tente de prévoir des conséquences…
Bragon a écrit :
Aussi n’ai-je rien contre ceux qui s’investissent dans cette recherche et me considère moi-même comme en étant un. Je fais toutefois une nette différence entre aspirer/espérer et croire.
À mes yeux, vous avez raison, «
croire » se situe entre «
souhaiter » et «
savoir ».
Et pour l’amoureuse, il y a de grands pas entre «
j’espère qu’il m’aime », «
je crois qu’il m’aime » et «
je sais qu’il m’aime ».
Bragon a écrit :
Car c’est à partir du moment où a été prononcé ce mot « croire » que tout a commencé à dériver et que les portes de la superstition, de l’anathème, des exclusions, furent ouvertes.
Ce n’est pas propre à la religion.
On pourrait même dire que toutes les erreurs gravissimes et toutes les horreurs commises de sang-froid par les humains reposent sur le verbe « croire » et rarement sur le verbe « savoir ».
Bragon a écrit :
Car enfin que signifie, quel contenu et quelle valeur a ce mot croire ? Malgré les contorsions purement verbales des monothéistes pour l’accréditer, il reste désespérément et absolument vide. C’est pourquoi je posais dans ce sujet la question de savoir pourquoi Dieu aimerait ceux qui auront cru et pas ceux qui n’auront pas cru en ce Dieu des monothéistes décrété unique, alors que ni les uns, ni les autres ne sont plus fondés à y croire ou à ne pas y croire. Comment Dieu pourrait-Il juger sur la base d’un tel critère ?
J’ai répondu que cela m’étonnerait que D.ieu, béni soit-Il, juge chaque humain sur ce critère unique.
Inversement, cela m’étonnerait que D.ieu, béni soit-Il, soit insensible à la démarche de ceux qui Le cherchent.
Bragon a écrit :
La première question qui me vient à l’esprit est pourquoi Dieu n’a pas fait vivre ces messagers aussi longtemps qu’il a fait vivre Noé pour leur permettre de terminer leur boulot et pourquoi Il n’a pas attendu que nous ayons les moyens techniques d’enregistrer leurs propos avant de les faire venir afin que nous puissions garder un enregistrement fiable et fidèle du message.
Il est difficile de savoir pourquoi une personne choisit telle option plutôt qu’une autre.
Et je ne me hasarderai pas à parler au Nom de D.ieu, béni soit-Il.
Donc je ne sais pas,
mais mon sentiment est que :
1 ) Pourquoi et pour quoi D.ieu, béni soit-Il, voudrait-Il être connu de tous ? et de tous de la même façon ?
2 ) Peut-Il Se faire connaître sans peser sur la liberté de l’humain ?
3 ) Je ne crois pas que ce soit important pour D.ieu, béni soit-Il, que beaucoup de nos idées à Son sujet soient fausses tant qu’elles reposent sur une quête humble, sincère, amoureuse et vivifiante ?
4 ) Si la connaissance de D.ieu, béni soit-Il, est encore plus profonde et difficile que celle de tous les secrets de l’Univers, peut-Il se faire connaître ? Et si oui, peut-il se faire connaître sans inhiber la quête de l’humain à Son sujet ?
5 ) S'Il se fait connaître, comment me prouve-t-Il qu'il n'y a pas un super-dieu au dessus de Lui ? Comment me prouve-t-Il qu'Il n'est pas qu'un simple sous-fifre ?
Voilà pourquoi je ne suis pas déstabilisée par la question "
Pourquoi ne Se fait-Il pas connaître d'une manière parfaitement univoque ?".
Pour moi, Il dépose des indices et laisse les humains dessiner lentement l’icône d’une des Faces du Divin qui correspond à leur culture.
Au fur et à mesure de l'Évolution, c'est sans doute comme pour la Science vis à vis du réel, l'icône devient de plus en plus fidèle à son Modèle.
Bragon a écrit :
C’est pourquoi, j’ai posé la question que j’ai posée. Et attendant, je crains fort que ce sont la plupart de ceux qui affirment croire qui auront à subir les foudres de Dieu ; les autres, ceux qui se tiennent sagement à l’écart, se contentant d’aspirer et d’espérer sans prétendre savoir, je ne vois pas ce que Dieu pourrait leur reprocher.
Je partage tout à fait ce point de vue :
Se dire croyant c’est courir le risque maximum.
Jean 9:41
Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : Nous voyons. C’est pour cela que votre péché subsiste. »
Très cordialement
Votre sœur
pauline