Jalâleddine Rûmî, un grand sage musulman
Posté : 17 mars14, 04:44
Rûmî, l'un des plus grands génies de la spiritualité de tous les temps et de tous les lieux, était un musulman accompli. Dans son "livre de dedans", il montre que le sage, celui qui a compris la signification cachée des choses, est au delà de la distinction entre les voies et les religions car il sait que tout est essentiellement Un. Un texte magnifique à lire ou à relire :
"Le Maître dit : « Il faut partir vers l’owqât, car il y fait chaud ; mais bien que l’Anatolie soit chaude, là-bas, les Byzantins ne nous comprennent pas, bien que certains nous comprennent. Un jour, je parlais à un groupe de gens. Parmi eux, se trouvaient des infidèles. Pendant mon discours, ils pleuraient et s’enthousiasmaient : ils étaient en extase. »
Quelqu’un demanda : « Qu’est-ce qu’ils comprenaient et comment connaissaient-ils ce genre de paroles ? L’élite d’entre les Musulmans comprend une parole sur mille, comment les infidèles pourraient-ils les comprendre et pleurer ? »
Le Maître répondit : « Il n’est pas nécessaire qu’ils comprennent ces discours eux-mêmes. Ils comprennent ce qui en est la source. Ils confessent tous l’unité de Dieu, que Dieu est le Créateur, donnant le pain quotidien, qu’Il pénètre tout, et que pour toutes choses on se réfère à Lui, que le châtiment et le pardon viennent de Lui. Quand ils ont entendu ces discours traitant de Dieu et de Sa mémoration (dhikr) – surgirent en eux inquiétude, désir et nostalgie. Car de ces paroles ils sentirent le parfum de leur Bien-Aimé et de Celui qu’ils désirent. Si les chemins sont différents, le but est unique. Ne sais-tu pas que plusieurs chemins mènent à la Ka’ba ? Pour certains, le chemin de la Ka’ba passe par Byzance, pour d’autres par la Syrie, pour d’autres par la Perse, pour d’autres par la Chine, pour d’autres par la mer du côté de l’Inde et du Yémen. Les chemins diffèrent, le but est unique, tous les cœurs sont unanimes pour la Ka’ba ; il y a une correspondance, un amour et une grande affection dans le cœur pour la Ka’ba. Là, aucune contradiction n’existe ; le but n’appartient ni à l’infidélité ni à la foi. Quand les gens arrivent là-bas, toutes les querelles, disputes et différends qui surgirent en cours de route, s’aplanissent. Et ceux qui se disaient l’un à l’autre, chemin faisant : « Tu as tort et tu es impie », oublient leur querelle une fois arrivés, car leur but était unique.
Si un vase était doué de vie, il serait le serviteur du potier, et lui offrirait son amour. Ce pot qu’on a fabriqué, certains disent qu’il doit être posé sur la table, et certains affirment qu’il faut laver son intérieur, d’autres pensent qu’il faut laver son extérieur, d’autres encore croient qu’il faut le laver tout entier ; d’autres enfin considèrent qu’il n’est pas nécessaire de le laver. Là réside la différence. Mais en ce qui concerne le fait que le pot a certainement un créateur et un fabricant, et qu’il ne s’est pas fait lui-même, tous sont unanimes. Revenons aux hommes. Dans l’intérieur de leur cœur et dans le secret, ils aiment Dieu ; ils sont en quête de Lui ; ils ont besoin de Lui et attendent tout de Lui et, sauf Lui, ils ne croient à personne qui ait sur eux puissance et domination. Cette conception n’est ni celle de l’impiété ni celle de la croyance ; dans le bâtin elle n’a pas de nom. Mais quand l’eau de la conception coule du côté du bâtin vers la gouttière de la langue, et qu’elle est congelée, elle devient image et phrase ; ici elle se nomme impiété et foi, bien et mal. De même, les plantes qui poussent, au commencement n’ont pas de forme ; elles sont d’abord faibles et pâles. Puis, en croissant, elles deviennent plus foncée et plus charnues, elles prennent une autre couleur. Mais quand le croyant et l’impie s’assoient ensemble, s’ils ne disent rien en paroles, c’est qu’ils sont d’accord. Il n’y a pas de répression dans les pensées ; dans le monde des pensées est la liberté, car les pensées sont subtiles et on ne peut les faire passer en jugement. « nous jugeons sur l’apparence, et Dieu est maître des choses cachées. » Dieu le Très Haut fait apparaître ces pensées en toi. Tu ne peux les chasser par mille efforts et par mille prières se réfugiant en Dieu. On dit que Dieu n’a pas besoin d’instruments. Ne vois-tu pas que, quand Il fait apparaître en toi images et pensées sans instruments, sans plume et sans encre, ces pensées sont libres comme les oiseaux et les antilopes ? Avant de les attraper et de les emprisonner dans la cage, selon la loi canonique, il n’est pas permis de les vendre. Tu ne peux vendre un oiseau sauvage, parce que dans la vente la condition principale est la cession, et dans ce cas que donnerais-tu ? Les pensées, tant qu’elles demeurent dans le for intérieur, n’ont ni nom ni signe ; elles ne peuvent être jugées comme impies ou comme fidèles à l’Islam. Aucun Cadi ne peut dire que tu as avoué intérieurement telle ou telle croyance, ou que tu as vendu tel objet ; il ne peut t’ordonner de venir jurer que tu n’as pas intérieurement pensé ainsi. Il ne le fait pas, car on ne juge pas les gens sur leur silence. Les pensées sont des oiseaux libres ; mais devenues paroles et phrases, elles sont à juger comme infidèles ou fidèles à l’Islam, comme bien ou mal.
Autant les corps, les représentations, les imaginations et les illusions ont chacune un monde ; Dieu le Très Haut est au-delà de ces mondes. Il ne leur est ni intérieur ni extérieur. Considère la domination de Dieu sur les pensées. Il leur donne des formes sans utiliser de moyens, sans plume et sans instrument. Si tu fendais le cœur et que tu le divisais en petits morceaux, tu ne pourrais y trouver ces pensées : ni dans le sang, ni dans les nerfs, ni en haut, ni en bas, ni dans aucune partie du corps, car elles sont immatérielles et non contingentes ; tu ne les trouveras pas plus au dehors. Puisque la domination de Dieu sur ces pensées est si subtile qu’elle est sans signe, considère combien Celui qui est le Créateur de toutes choses est subtil et sans signe ! De même que ces corps, par rapport aux idées des hommes, sont lourds et matériels, de même ces conceptions subtiles et immatérielles, en comparaison de la subtilité de Dieu, sont des corps et des formes lourds et matériels."
"Le Maître dit : « Il faut partir vers l’owqât, car il y fait chaud ; mais bien que l’Anatolie soit chaude, là-bas, les Byzantins ne nous comprennent pas, bien que certains nous comprennent. Un jour, je parlais à un groupe de gens. Parmi eux, se trouvaient des infidèles. Pendant mon discours, ils pleuraient et s’enthousiasmaient : ils étaient en extase. »
Quelqu’un demanda : « Qu’est-ce qu’ils comprenaient et comment connaissaient-ils ce genre de paroles ? L’élite d’entre les Musulmans comprend une parole sur mille, comment les infidèles pourraient-ils les comprendre et pleurer ? »
Le Maître répondit : « Il n’est pas nécessaire qu’ils comprennent ces discours eux-mêmes. Ils comprennent ce qui en est la source. Ils confessent tous l’unité de Dieu, que Dieu est le Créateur, donnant le pain quotidien, qu’Il pénètre tout, et que pour toutes choses on se réfère à Lui, que le châtiment et le pardon viennent de Lui. Quand ils ont entendu ces discours traitant de Dieu et de Sa mémoration (dhikr) – surgirent en eux inquiétude, désir et nostalgie. Car de ces paroles ils sentirent le parfum de leur Bien-Aimé et de Celui qu’ils désirent. Si les chemins sont différents, le but est unique. Ne sais-tu pas que plusieurs chemins mènent à la Ka’ba ? Pour certains, le chemin de la Ka’ba passe par Byzance, pour d’autres par la Syrie, pour d’autres par la Perse, pour d’autres par la Chine, pour d’autres par la mer du côté de l’Inde et du Yémen. Les chemins diffèrent, le but est unique, tous les cœurs sont unanimes pour la Ka’ba ; il y a une correspondance, un amour et une grande affection dans le cœur pour la Ka’ba. Là, aucune contradiction n’existe ; le but n’appartient ni à l’infidélité ni à la foi. Quand les gens arrivent là-bas, toutes les querelles, disputes et différends qui surgirent en cours de route, s’aplanissent. Et ceux qui se disaient l’un à l’autre, chemin faisant : « Tu as tort et tu es impie », oublient leur querelle une fois arrivés, car leur but était unique.
Si un vase était doué de vie, il serait le serviteur du potier, et lui offrirait son amour. Ce pot qu’on a fabriqué, certains disent qu’il doit être posé sur la table, et certains affirment qu’il faut laver son intérieur, d’autres pensent qu’il faut laver son extérieur, d’autres encore croient qu’il faut le laver tout entier ; d’autres enfin considèrent qu’il n’est pas nécessaire de le laver. Là réside la différence. Mais en ce qui concerne le fait que le pot a certainement un créateur et un fabricant, et qu’il ne s’est pas fait lui-même, tous sont unanimes. Revenons aux hommes. Dans l’intérieur de leur cœur et dans le secret, ils aiment Dieu ; ils sont en quête de Lui ; ils ont besoin de Lui et attendent tout de Lui et, sauf Lui, ils ne croient à personne qui ait sur eux puissance et domination. Cette conception n’est ni celle de l’impiété ni celle de la croyance ; dans le bâtin elle n’a pas de nom. Mais quand l’eau de la conception coule du côté du bâtin vers la gouttière de la langue, et qu’elle est congelée, elle devient image et phrase ; ici elle se nomme impiété et foi, bien et mal. De même, les plantes qui poussent, au commencement n’ont pas de forme ; elles sont d’abord faibles et pâles. Puis, en croissant, elles deviennent plus foncée et plus charnues, elles prennent une autre couleur. Mais quand le croyant et l’impie s’assoient ensemble, s’ils ne disent rien en paroles, c’est qu’ils sont d’accord. Il n’y a pas de répression dans les pensées ; dans le monde des pensées est la liberté, car les pensées sont subtiles et on ne peut les faire passer en jugement. « nous jugeons sur l’apparence, et Dieu est maître des choses cachées. » Dieu le Très Haut fait apparaître ces pensées en toi. Tu ne peux les chasser par mille efforts et par mille prières se réfugiant en Dieu. On dit que Dieu n’a pas besoin d’instruments. Ne vois-tu pas que, quand Il fait apparaître en toi images et pensées sans instruments, sans plume et sans encre, ces pensées sont libres comme les oiseaux et les antilopes ? Avant de les attraper et de les emprisonner dans la cage, selon la loi canonique, il n’est pas permis de les vendre. Tu ne peux vendre un oiseau sauvage, parce que dans la vente la condition principale est la cession, et dans ce cas que donnerais-tu ? Les pensées, tant qu’elles demeurent dans le for intérieur, n’ont ni nom ni signe ; elles ne peuvent être jugées comme impies ou comme fidèles à l’Islam. Aucun Cadi ne peut dire que tu as avoué intérieurement telle ou telle croyance, ou que tu as vendu tel objet ; il ne peut t’ordonner de venir jurer que tu n’as pas intérieurement pensé ainsi. Il ne le fait pas, car on ne juge pas les gens sur leur silence. Les pensées sont des oiseaux libres ; mais devenues paroles et phrases, elles sont à juger comme infidèles ou fidèles à l’Islam, comme bien ou mal.
Autant les corps, les représentations, les imaginations et les illusions ont chacune un monde ; Dieu le Très Haut est au-delà de ces mondes. Il ne leur est ni intérieur ni extérieur. Considère la domination de Dieu sur les pensées. Il leur donne des formes sans utiliser de moyens, sans plume et sans instrument. Si tu fendais le cœur et que tu le divisais en petits morceaux, tu ne pourrais y trouver ces pensées : ni dans le sang, ni dans les nerfs, ni en haut, ni en bas, ni dans aucune partie du corps, car elles sont immatérielles et non contingentes ; tu ne les trouveras pas plus au dehors. Puisque la domination de Dieu sur ces pensées est si subtile qu’elle est sans signe, considère combien Celui qui est le Créateur de toutes choses est subtil et sans signe ! De même que ces corps, par rapport aux idées des hommes, sont lourds et matériels, de même ces conceptions subtiles et immatérielles, en comparaison de la subtilité de Dieu, sont des corps et des formes lourds et matériels."