Pourquoi veulent ils la fin des chrétiens d'Irak
Posté : 20 juin14, 23:06
Après la prise de Mossoul par l’EIIL, Georges Casmoussa, ancien archevêque syriaque catholique craint que cette ville, comme d’autres dans le pays, ne se vide définitivement de ses fidèles.
Ils représentent 2% de l’ensemble de la population irakienne, contre 20% en 1932 et 5% à la veille de l’invasion américaine en 2003. Depuis la chute de Saddam Hussein, et l’enlisement du pays dans la spirale de la violence et du terrorisme, leur nombre n’a cessé de diminuer. Aujourd’hui, les chrétiens, dont le nombre est déjà en nette réduction dans tout le Moyen-Orient, risquent de disparaître d’un des plus vieux berceaux du christianisme.
A Mossoul, tombée aux mains des djihadistes de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL) dans la nuit du lundi 9 juin, ils étaient 30.000, sur une population totale de deux millions d’habitants majoritairement musulmans, à résider encore dans cette ville-clé de la présence chrétienne en Irak. «Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une cinquantaine de familles chrétiennes, tout au plus», assure Monseigneur Georges Casmoussa, ancien archevêque syriaque catholique de cette ville, dans laquelle il avait été lui-même enlevé par un groupe islamiste en 2005.
A pied ou en voitures, ils ont tout laissé derrière eux, à l’annonce de la chute de la ville, certains fuyant vers les zones les plus proches, notamment à Qaraqosh, la plus importante ville chrétienne de la province de Ninive, d’autres prenant le chemin d’Erbil et de Duhok, au Kurdistan, pour s’éloigner le plus du danger qui les guette. «L’accès à ces deux villes étant rigoureusement contrôlé par les forces de sécurité kurdes, un camp de fortune a été aménagé à la hâte aux abords de ces localités pour accueillir les réfugiés», raconte Mgr Casmoussa.
D’autres enfin ont trouvé refuge dans le couvent de Mar Matta, situé non loin de la province kurde. «Ce n’est pas la première fois que le monastère accueille des chrétiens, nous avons déjà vécu ce scénario au moins à deux reprises, mais les fois précédentes ils étaient moins nombreux. Cette fois-ci, le couvent était submergé», souligne le responsable religieux, auteur de «Jusqu’au bout», un livre témoignage sur les chrétiens d’Irak.
Maintenant, on peut s’attendre à tout»
Depuis Beyrouth, où il réside actuellement, l’ancien archevêque de Mossoul, évoque un nouveau coup dur pour les fidèles chaldéens, syriaques, nestoriens et arméniens, qui constituent les principales communautés chrétiennes en Irak. «Chaque épisode de violence appauvrit un peu plus la force morale des chrétiens, et accroît leur incertitude dans le futur», assure le responsable religieux.
Aujourd’hui, à Mossoul, qui compte une trentaine d’églises, dont certaine datent du VIIe siècle, un séminaire et une poignée d’écoles chrétiennes, il n’y a plus aucun prêtre.
«Un de mes amis, le père Pio a quitté les lieux à la hâte avec sa chemise et son pantalon, sans rien d’autre. Pourtant il fait partie des plus optimistes, il était engagé jusqu’au bout. Quand je l’ai eu au téléphone il m’a dit: «à chaque fois je vous disais qu’il n’y avait rien, mais maintenant on peut s’attendre à tout”», relate l’homme d’Eglise.
Les fuyards ont tous à l’esprit les taxes imposées aux chrétiens par l’EIIL à Raqqa en Syrie, comme une réinstauration de la jezzia, impôt historiquement prélevé par les conquérants musulmans auprès des populations non-mahométanes. Dans cette ville conquise par le groupe djihadiste, des codes vestimentaires ont également été imposés aux femmes par la Commission de la Charia, l’aile juridique de l’EIIL qui veille à l’application d’une interprétation stricte du code islamique.
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Ils représentent 2% de l’ensemble de la population irakienne, contre 20% en 1932 et 5% à la veille de l’invasion américaine en 2003. Depuis la chute de Saddam Hussein, et l’enlisement du pays dans la spirale de la violence et du terrorisme, leur nombre n’a cessé de diminuer. Aujourd’hui, les chrétiens, dont le nombre est déjà en nette réduction dans tout le Moyen-Orient, risquent de disparaître d’un des plus vieux berceaux du christianisme.
A Mossoul, tombée aux mains des djihadistes de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL) dans la nuit du lundi 9 juin, ils étaient 30.000, sur une population totale de deux millions d’habitants majoritairement musulmans, à résider encore dans cette ville-clé de la présence chrétienne en Irak. «Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une cinquantaine de familles chrétiennes, tout au plus», assure Monseigneur Georges Casmoussa, ancien archevêque syriaque catholique de cette ville, dans laquelle il avait été lui-même enlevé par un groupe islamiste en 2005.
A pied ou en voitures, ils ont tout laissé derrière eux, à l’annonce de la chute de la ville, certains fuyant vers les zones les plus proches, notamment à Qaraqosh, la plus importante ville chrétienne de la province de Ninive, d’autres prenant le chemin d’Erbil et de Duhok, au Kurdistan, pour s’éloigner le plus du danger qui les guette. «L’accès à ces deux villes étant rigoureusement contrôlé par les forces de sécurité kurdes, un camp de fortune a été aménagé à la hâte aux abords de ces localités pour accueillir les réfugiés», raconte Mgr Casmoussa.
D’autres enfin ont trouvé refuge dans le couvent de Mar Matta, situé non loin de la province kurde. «Ce n’est pas la première fois que le monastère accueille des chrétiens, nous avons déjà vécu ce scénario au moins à deux reprises, mais les fois précédentes ils étaient moins nombreux. Cette fois-ci, le couvent était submergé», souligne le responsable religieux, auteur de «Jusqu’au bout», un livre témoignage sur les chrétiens d’Irak.
Maintenant, on peut s’attendre à tout»
Depuis Beyrouth, où il réside actuellement, l’ancien archevêque de Mossoul, évoque un nouveau coup dur pour les fidèles chaldéens, syriaques, nestoriens et arméniens, qui constituent les principales communautés chrétiennes en Irak. «Chaque épisode de violence appauvrit un peu plus la force morale des chrétiens, et accroît leur incertitude dans le futur», assure le responsable religieux.
Aujourd’hui, à Mossoul, qui compte une trentaine d’églises, dont certaine datent du VIIe siècle, un séminaire et une poignée d’écoles chrétiennes, il n’y a plus aucun prêtre.
«Un de mes amis, le père Pio a quitté les lieux à la hâte avec sa chemise et son pantalon, sans rien d’autre. Pourtant il fait partie des plus optimistes, il était engagé jusqu’au bout. Quand je l’ai eu au téléphone il m’a dit: «à chaque fois je vous disais qu’il n’y avait rien, mais maintenant on peut s’attendre à tout”», relate l’homme d’Eglise.
Les fuyards ont tous à l’esprit les taxes imposées aux chrétiens par l’EIIL à Raqqa en Syrie, comme une réinstauration de la jezzia, impôt historiquement prélevé par les conquérants musulmans auprès des populations non-mahométanes. Dans cette ville conquise par le groupe djihadiste, des codes vestimentaires ont également été imposés aux femmes par la Commission de la Charia, l’aile juridique de l’EIIL qui veille à l’application d’une interprétation stricte du code islamique.
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