La communauté juive de France alerte régulièrement les autorités sur la forte augmentation chaque année des agressions verbales ou même physiques contre les juifs. Dans certains quartiers comme le 19ème à Paris, beaucoup de jeunes juifs ne mettent plus leur kippa dans la rue de peur d'être agressés.
De plus en plus de familles juives quittent la France pour aller s'installer en Israël. Elles font leur Alya (עליה ou עלייה).Tout le monde sait quels sont les agresseurs mais personne ne bouge en raison du "politiquement correct"...Le ministère de l'intérieur élude et même minimise cette progression. Ce n'est pas tolérable.
Je ne sais si les autres pays qui nous entourent connaissent le même phénomène.
Ci-dessous, un excellent film de de Funès (Rabbi Jacob) traitant avec humour du sujet des juifs :
SALOMON VOUS ETES JUIF ?
les juifs - multiplication des agressions en France
- levergero
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les juifs - multiplication des agressions en France
Ecrit le 15 sept.14, 04:20Re: les juifs - multiplication des agressions en France
Ecrit le 15 sept.14, 11:10Il n'y a pas que cette doctrine qui subit la haine des autres, l'Islam aussi et l'islamophobie est en recrudescence.
L’augmentation observée de la délinquance à caractère raciste doit être mise en parallèle avec la crise identitaire qui traverse la France.
La délinquance à caractère raciste a connu une forte augmentation l’an dernier. Les actes et menaces en direction des immigrés, des personnes de couleur, des juifs et des musulmans se sont élevés à 1 539, contre 1 256 l’année précédente (+ 23 %), selon la CNCDH.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par la forte percée des actes visant les Maghrébins et, plus particulièrement, par la montée d’un profond sentiment antimusulman, précise Christine Lazerges, présidente de la CNCDH. Il s’agit d’une tendance qui se confirme malheureusement d’année en année. » Pour preuve, les actes visant les musulmans ont augmenté de 30 % en 2012, après une première hausse de 34 % l’année précédente.
AUGMENTATION DE L’INTOLÉRANCE VIS-À-VIS DES MUSULMANS
Par-delà ces chiffres bruts, tout l’intérêt du rapport de la CNCDH réside dans les conclusions de trois études qualitatives commandées au CSA, à TNS Sofres et au Cevipof (1). Ce sont elles, en effet, qui permettent d’une année sur l’autre d’évaluer la perception par les Français des questions liées à l’immigration et de faire le point sur l’évolution de leurs préjugés. Or, cette année, toutes trois concluent à une forte augmentation de l’intolérance vis-à-vis des musulmans.
Ainsi, seules 22 % des personnes interrogées disent avoir une opinion positive de l’islam (contre 29 % en 2011) et 55 % estiment qu’il ne faut pas faciliter l’exercice du culte musulman en France (+ 7 % par rapport à 2011). En parallèle, la tolérance à l’égard des pratiques religieuses s’avère, elle aussi, en baisse.
DÉCROCHAGE À PARTIR DE 2010
Le véritable décrochage s’est opéré à partir de 2010. Le débat sur la burqa, suivie de la polémique sur les prières de rue, l’explique en partie. « La réprobation des prières de rue ou du port de la burqa a fini par rejaillir sur d’autres pratiques qui, jusqu’ici, ne posaient pas problème à la population française : le jeûne du Ramadan, la non-consommation de porc, le sacrifice du mouton lors de la fête de l’Aïd », décrypte Nonna Mayer, directrice de recherche en sciences politiques au CNRS.
Cette recrudescence d’opinions négatives à l’égard des musulmans doit être mise en parallèle avec la crise identitaire qui traverse actuellement la France. C’est en tout cas l’analyse d’Emmanuel Rivière, à TNS Sofres : « L’identité française est perçue comme de plus en plus trouble et insaisissable. Dans ce contexte, certaines pratiques musulmanes semblent, aux yeux d’un nombre croissant de Français, mettre encore plus à mal cette identité affaiblie. »
LA LAÏCITÉ, PERCUE COMME CIMENT SOCIAL
Certaines revendications religieuses (notamment concernant le port du voile) sont d’autant moins bien acceptées qu’elles viennent questionner le principe de laïcité. « On touche là un point fondamental, car la laïcité devient centrale dans le discours, poursuit le sondeur. Elle est en effet perçue comme l’un des rares ciments au sein d’une société de plus en plus atomisée, et chaque exception à la règle laïque est vécue comme un signe inquiétant de renoncement. »
L’actualité internationale récente n’a pas joué, elle non plus, en faveur de la communauté musulmane. « Les révolutions arabes ont été saluées au départ comme un réveil démocratique. Mais l’arrivée au pouvoir des islamistes a finalement encore accru la défiance de toute une partie des Français vis-à-vis de l’islam en général », renchérit Nonna Mayer.
MONTÉE DU SENTIMENT ANTIMUSULMAN
La montée du sentiment antimusulman commence à s’étendre à de nouvelles couches de population. « Sur une échelle d’aversion à l’islam – qui mesure les opinions négatives à l’égard des prières de rue, du port du voile, du Ramadan –, on constate une augmentation spectaculaire du rejet chez les diplômés du supérieur », constate Nonna Mayer.
58 % d’entre eux se déclarent critiques vis-à-vis de telles pratiques, là où ils n’étaient que 34 % il y a trois ans. « C’est là une évolution tout à fait notable, car les diplômés du supérieur sont traditionnellement plus tolérants, moins xénophobes et moins racistes que la moyenne. Et ils le restent, d’ailleurs, mais affichent une nette réticence à l’égard des pratiques de l’islam dans l’espace public. » Parallèlement, la population féminine se montre de plus en plus critique vis-à-vis des pratiques musulmanes (59 % en 2012, contre 42 % en 2009).
ANTIRACISME ET RÉACTIONS RACISTES
L’autre enseignement du rapport porte sur l’ampleur du racisme en France. Seules 7 % des personnes interrogées se déclarent « plutôt racistes », un chiffre constant d’une année sur l’autre.
L’antiracisme semble être devenu la norme démocratique. Cette stabilité cache toutefois une progression d’attitudes racistes. Ainsi, 65 % des personnes interrogées estiment que « certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes ». « Les Français s’interdisent massivement d’être racistes, mais concèdent désormais ouvertement être de moins en moins tolérants », note Christine Lazerges.
Emmanuel Rivière ne dit rien d’autre : « Quasiment plus personne ne se définit comme raciste. Les Français reconnaissent plus fréquemment avoir des réactions ponctuelles. Ils se sentent plus libres qu’auparavant de dénoncer de manière véhémente les comportements d’une communauté particulière. »
RÉCRIMINATIONS À L’ENCONTRE DES IMMIGRÉS
Dernier constat dressé par la CNCDH : les récriminations à l’encontre des immigrés sont de plus en plus manifestes. 69 % des personnes interrogées estiment « qu’il y a trop d’immigrés aujourd’hui en France », un score en progression de 22 points par rapport à 2009 et une opinion qu’on retrouve en priorité au sein des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées et chez les moins diplômés. Mais pas seulement. Ce sentiment est désormais majoritaire chez
les sympathisants de gauche, qui partagent cette opinion à 51 %, contre 40 % il y a un an. Fait nouveau : elle est même devenue majoritaire chez les personnes de nationalité étrangère elles-mêmes (51 %).
Une évolution des mentalités qui trouve notamment son origine dans la crise économique. « Pour un nombre croissant de Français, la société se divise entre, d’un côté, ceux qui souffrent, de l’autre, ceux qui profitent. À les entendre, toute une partie des immigrés ne vient que pour bénéficier des avantages sociaux, analyse Emmanuel Rivière, mettant en péril notre régime de protection sociale déjà fragilisé. » Aux dires des sondeurs, la polarisation des débats autour de l’immigration ces dernières années explique elle aussi en partie cette évolution des préjugés.
Les chiffres du rapport
En 2012, la Commission nationale consultative des droits de l’homme a recensé – 118 « actions » et 606 « menaces » racistes et xénophobes ;
– 177 « actions » et 437 « menaces » antisémites ;
– 53 « actions » et 148 « menaces » antimusulmanes.
Les « actions » regroupent les homicides, attentats et tentatives, les incendies, les dégradations et les violences et voies de fait.
Les « menaces » regroupent les propos, gestes menaçants et démonstrations injurieuses, les inscriptions, tracts et lettres.
Les sources
La CNCDH se base sur les chiffres communiqués par trois ministères : l’intérieur, la justice et l’éducation nationale. Pour les deux premiers,
il s’agit des plaintes déposées et des procès. Pour le troisième, il s’agit des actes ou menaces recensés au titre de la violence scolaire. Chaque trimestre,
les chefs d’établissement doivent communiquer au ministère les actes violents commis, en précisant s’ils ont une motivation raciste, antisémite ou sexiste.
Les violences antimusulmanes ne sont pas distinguées des violences racistes. La séparation des violences antimusulmanes par rapport aux violences racistes en général n’est d’ailleurs observée par le ministère de l’intérieur que depuis deux ans.
Les chiffres communiqués à la CNCDH sont déjà « triés » par nature (actions ou menaces) et catégorie (antisémite, antimusulmane, raciste et xénophobe).
La commission n’a pas droit de regard sur leur élaboration. Elle n’a pas accès aux sources brutes.
Le rôle des associations
La CNCDH ne tient pas compte des chiffres répertoriés par les associations.
En revanche, elle souligne que le ministère de l’intérieur a passé des conventions avec la Licra et deux représentants des communautés : le Service de protection de la communauté juive (SPCJ) et le Conseil français du culte musulman (CFCM). Chaque trimestre, ces trois organismes peuvent confronter les chiffres du ministère avec les faits qu’ils ont eux-mêmes recensés.
(1) L’étude du CSA s’est déroulée en décembre 2012 auprès d’un échantillon de 1 029 personnes. L’étude du Cevipof a permis d’analyser les résultats obtenus par le CSA sur plusieurs années. L’étude TNS Sofres s’est déroulée en janvier 2013 selon la méthode d’entretiens semi-individuels semi-directifs (sur 38 personnes).
––––––––––––––––-
MARIE BOËTON
http://www.la-croix.com/Actualite/Franc ... -21-923302
Islamophobie : « augmentation de 72% des actes visant les personnes », selon une association
Une femme voilée dans un service public : tel a été en 2011 le profil type d’une victime d’acte anti-musulman en France, selon le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Les "insultes et agressions" islamophobes à l’encontre des personnes physiques ont augmenté de "72% entre 2010 et 2011", selon le rapport annuel de l’association, rendu public vendredi 13 avril. Quelque 262 agressions verbales ou physiques se sont produites, contre 152 répertoriées en 2010. En revanche, les atteintes aux bâtiments symboliques (mosquées, cimetières ou commerces musulmans) restent stables avec 36 cas de dégradation ou de profanation.
Créée il y a huit ans, l’association militante, qui propose une aide juridique aux victimes, se fonde sur les affaires qui lui sont directement signalées, et non pas, comme l’Observatoire national de l’islamophobie, dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM), sur les plaintes officiellement enregistrées par la police ou la gendarmerie. D’où le décalage avec les chiffres produits il y a deux mois par cet observatoire qui indiquait que les actes et menaces anti-musulmans avaient augmenté de 34 %, passant de 116, en 2010, à 155 en 2011.
Dans ses annexes, le rapport liste l'ensemble des cas recueillis au cours de l'année. Dans ce mélange d'exemples de niveaux, de pertinence et de gravité variés, on trouve à la fois des cas de femmes à qui il a été demandé de retirer leur voile lors de leur mariage à la mairie ou lors d'une consultation médicale, d'autres qui se font insulter dans la rue ou bien encore les situations les plus litigieuses de candidates libres ou de femmes en formation professionnelle voilées se présentant dans des lycées publics. Le CCIF inclut aussi dans cette liste des contentieux touchant des femmes qui se présentent non voilées à un entretien puis voilées à l'embauche ou de salariées non voilées souhaitant reprendre leur poste avec un voile après un arrêt de travail. Dans ce florilège, on retrouve aussi la phrase de Ségolène Royal lançant à un groupe de personnes, dont des femmes voilées, qui la huent lors d'un meeting "je ne laisserai pas le champ libre aux intégristes".
Les responsables du CCIF restent persuadés que leurs chiffres ne rendent pas compte de la réalité des discriminations. Les personnes concernées ne souhaitent pas forcément porter plainte ou se faire connaître et le CCIF n’est pas connu sur l’ensemble du territoire, souligne le rapport. Soucieuse d’accroitre sa notoriété, l’association organise d'ailleurs le 5 mai son premier diner de soutien, qui aura lieu en présence de l’universitaire Tariq Ramadan
Des femmes visées dans 84% des cas
Du fait de la visibilité de leur foulard islamique, les femmes sont les plus touchées par les menaces, les insultes ou les agressions (84% des cas visant les individus). "Une agression sur cinq est physique" ; onze d’entre elles ont été « violentes », selon le CCIF. S’ils reconnaissent qu’il est parfois difficile de faire une distinction entre un acte raciste et un acte motivé par des raisons religieuses, les auteurs du rapport relèvent la multiplication de cas dans lesquels est mis en avant, sans cadre juridique, le principe de neutralité ou la loi de 2004 interdisant le port du voile aux élèves d’établissements scolaires, qui ne s’applique pas aux mères de famille.
52% des cas répertoriés par le CCIF se déroulent dans les services publics, au premier rang desquels l’école ou l’université, où il est demandé aux femmes, mères d’élèves ou étudiantes, de retirer leur voile. De nombreuses tensions apparaissent aussi au sujet des cantines scolaires, où, selon le CCIF, « on impose aux enfants de manger de la viande [non halal], malgré l’opposition des parents ».
Plainte contre Marine Le Pen
Les insultes interpersonnelles dans l’espace public arrivent en seconde position, tandis que les conflits en entreprise augmentent très sensiblement, passant de 3,5% à 11,4 % des cas en un an. « Le port du voile représente encore une barrière à l’embauche et une cause importante de résiliation d’un contrat », estime le CCIF. Phénomène plus récent, selon l’association, 13,7% des cas se produisent dans le cadre d’une relation commerciale : auto-école, salles de sport, centre de bronzage…
Le CCIF enregistre un pic d’agression en mai 2011 soit quelques semaines après l’entrée en vigueur de la loi interdisant le port du voile intégral ou l’annonce du ministre de l’éducation d’interdire aux mères d’élèves voilées d’accompagner les sorties scolaires. Cinq affaires portées par le CCIF sont en cours devant la justice, dont sa plainte pour provocation à la discrimination et à la haine contre les musulmans, déposée contre Marine Le Pen à la suite de ses propos assimilant les prières de rues à l’occupation nazie.
De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a porté plainte jeudi 12 pour "diffamation, insultes non publiques matérialisées, transmission de documents provoquant la haine". Le CFCM a, ces dernières semaines, reçu dix lettres d'insultes et de menaces, telles que "Musulmans, vous êtes cruels et [ATTENTION Censuré dsl], je vous souhaite de mourir halal en souffrances continuelles", "Faites le ménage chez vous, sinon ça ira très mal", ou "Assimilez-vous ou partez en terre d'islam".
http://religion.blog.lemonde.fr/2012/04 ... sociation/
L’augmentation observée de la délinquance à caractère raciste doit être mise en parallèle avec la crise identitaire qui traverse la France.
La délinquance à caractère raciste a connu une forte augmentation l’an dernier. Les actes et menaces en direction des immigrés, des personnes de couleur, des juifs et des musulmans se sont élevés à 1 539, contre 1 256 l’année précédente (+ 23 %), selon la CNCDH.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par la forte percée des actes visant les Maghrébins et, plus particulièrement, par la montée d’un profond sentiment antimusulman, précise Christine Lazerges, présidente de la CNCDH. Il s’agit d’une tendance qui se confirme malheureusement d’année en année. » Pour preuve, les actes visant les musulmans ont augmenté de 30 % en 2012, après une première hausse de 34 % l’année précédente.
AUGMENTATION DE L’INTOLÉRANCE VIS-À-VIS DES MUSULMANS
Par-delà ces chiffres bruts, tout l’intérêt du rapport de la CNCDH réside dans les conclusions de trois études qualitatives commandées au CSA, à TNS Sofres et au Cevipof (1). Ce sont elles, en effet, qui permettent d’une année sur l’autre d’évaluer la perception par les Français des questions liées à l’immigration et de faire le point sur l’évolution de leurs préjugés. Or, cette année, toutes trois concluent à une forte augmentation de l’intolérance vis-à-vis des musulmans.
Ainsi, seules 22 % des personnes interrogées disent avoir une opinion positive de l’islam (contre 29 % en 2011) et 55 % estiment qu’il ne faut pas faciliter l’exercice du culte musulman en France (+ 7 % par rapport à 2011). En parallèle, la tolérance à l’égard des pratiques religieuses s’avère, elle aussi, en baisse.
DÉCROCHAGE À PARTIR DE 2010
Le véritable décrochage s’est opéré à partir de 2010. Le débat sur la burqa, suivie de la polémique sur les prières de rue, l’explique en partie. « La réprobation des prières de rue ou du port de la burqa a fini par rejaillir sur d’autres pratiques qui, jusqu’ici, ne posaient pas problème à la population française : le jeûne du Ramadan, la non-consommation de porc, le sacrifice du mouton lors de la fête de l’Aïd », décrypte Nonna Mayer, directrice de recherche en sciences politiques au CNRS.
Cette recrudescence d’opinions négatives à l’égard des musulmans doit être mise en parallèle avec la crise identitaire qui traverse actuellement la France. C’est en tout cas l’analyse d’Emmanuel Rivière, à TNS Sofres : « L’identité française est perçue comme de plus en plus trouble et insaisissable. Dans ce contexte, certaines pratiques musulmanes semblent, aux yeux d’un nombre croissant de Français, mettre encore plus à mal cette identité affaiblie. »
LA LAÏCITÉ, PERCUE COMME CIMENT SOCIAL
Certaines revendications religieuses (notamment concernant le port du voile) sont d’autant moins bien acceptées qu’elles viennent questionner le principe de laïcité. « On touche là un point fondamental, car la laïcité devient centrale dans le discours, poursuit le sondeur. Elle est en effet perçue comme l’un des rares ciments au sein d’une société de plus en plus atomisée, et chaque exception à la règle laïque est vécue comme un signe inquiétant de renoncement. »
L’actualité internationale récente n’a pas joué, elle non plus, en faveur de la communauté musulmane. « Les révolutions arabes ont été saluées au départ comme un réveil démocratique. Mais l’arrivée au pouvoir des islamistes a finalement encore accru la défiance de toute une partie des Français vis-à-vis de l’islam en général », renchérit Nonna Mayer.
MONTÉE DU SENTIMENT ANTIMUSULMAN
La montée du sentiment antimusulman commence à s’étendre à de nouvelles couches de population. « Sur une échelle d’aversion à l’islam – qui mesure les opinions négatives à l’égard des prières de rue, du port du voile, du Ramadan –, on constate une augmentation spectaculaire du rejet chez les diplômés du supérieur », constate Nonna Mayer.
58 % d’entre eux se déclarent critiques vis-à-vis de telles pratiques, là où ils n’étaient que 34 % il y a trois ans. « C’est là une évolution tout à fait notable, car les diplômés du supérieur sont traditionnellement plus tolérants, moins xénophobes et moins racistes que la moyenne. Et ils le restent, d’ailleurs, mais affichent une nette réticence à l’égard des pratiques de l’islam dans l’espace public. » Parallèlement, la population féminine se montre de plus en plus critique vis-à-vis des pratiques musulmanes (59 % en 2012, contre 42 % en 2009).
ANTIRACISME ET RÉACTIONS RACISTES
L’autre enseignement du rapport porte sur l’ampleur du racisme en France. Seules 7 % des personnes interrogées se déclarent « plutôt racistes », un chiffre constant d’une année sur l’autre.
L’antiracisme semble être devenu la norme démocratique. Cette stabilité cache toutefois une progression d’attitudes racistes. Ainsi, 65 % des personnes interrogées estiment que « certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes ». « Les Français s’interdisent massivement d’être racistes, mais concèdent désormais ouvertement être de moins en moins tolérants », note Christine Lazerges.
Emmanuel Rivière ne dit rien d’autre : « Quasiment plus personne ne se définit comme raciste. Les Français reconnaissent plus fréquemment avoir des réactions ponctuelles. Ils se sentent plus libres qu’auparavant de dénoncer de manière véhémente les comportements d’une communauté particulière. »
RÉCRIMINATIONS À L’ENCONTRE DES IMMIGRÉS
Dernier constat dressé par la CNCDH : les récriminations à l’encontre des immigrés sont de plus en plus manifestes. 69 % des personnes interrogées estiment « qu’il y a trop d’immigrés aujourd’hui en France », un score en progression de 22 points par rapport à 2009 et une opinion qu’on retrouve en priorité au sein des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées et chez les moins diplômés. Mais pas seulement. Ce sentiment est désormais majoritaire chez
les sympathisants de gauche, qui partagent cette opinion à 51 %, contre 40 % il y a un an. Fait nouveau : elle est même devenue majoritaire chez les personnes de nationalité étrangère elles-mêmes (51 %).
Une évolution des mentalités qui trouve notamment son origine dans la crise économique. « Pour un nombre croissant de Français, la société se divise entre, d’un côté, ceux qui souffrent, de l’autre, ceux qui profitent. À les entendre, toute une partie des immigrés ne vient que pour bénéficier des avantages sociaux, analyse Emmanuel Rivière, mettant en péril notre régime de protection sociale déjà fragilisé. » Aux dires des sondeurs, la polarisation des débats autour de l’immigration ces dernières années explique elle aussi en partie cette évolution des préjugés.
Les chiffres du rapport
En 2012, la Commission nationale consultative des droits de l’homme a recensé – 118 « actions » et 606 « menaces » racistes et xénophobes ;
– 177 « actions » et 437 « menaces » antisémites ;
– 53 « actions » et 148 « menaces » antimusulmanes.
Les « actions » regroupent les homicides, attentats et tentatives, les incendies, les dégradations et les violences et voies de fait.
Les « menaces » regroupent les propos, gestes menaçants et démonstrations injurieuses, les inscriptions, tracts et lettres.
Les sources
La CNCDH se base sur les chiffres communiqués par trois ministères : l’intérieur, la justice et l’éducation nationale. Pour les deux premiers,
il s’agit des plaintes déposées et des procès. Pour le troisième, il s’agit des actes ou menaces recensés au titre de la violence scolaire. Chaque trimestre,
les chefs d’établissement doivent communiquer au ministère les actes violents commis, en précisant s’ils ont une motivation raciste, antisémite ou sexiste.
Les violences antimusulmanes ne sont pas distinguées des violences racistes. La séparation des violences antimusulmanes par rapport aux violences racistes en général n’est d’ailleurs observée par le ministère de l’intérieur que depuis deux ans.
Les chiffres communiqués à la CNCDH sont déjà « triés » par nature (actions ou menaces) et catégorie (antisémite, antimusulmane, raciste et xénophobe).
La commission n’a pas droit de regard sur leur élaboration. Elle n’a pas accès aux sources brutes.
Le rôle des associations
La CNCDH ne tient pas compte des chiffres répertoriés par les associations.
En revanche, elle souligne que le ministère de l’intérieur a passé des conventions avec la Licra et deux représentants des communautés : le Service de protection de la communauté juive (SPCJ) et le Conseil français du culte musulman (CFCM). Chaque trimestre, ces trois organismes peuvent confronter les chiffres du ministère avec les faits qu’ils ont eux-mêmes recensés.
(1) L’étude du CSA s’est déroulée en décembre 2012 auprès d’un échantillon de 1 029 personnes. L’étude du Cevipof a permis d’analyser les résultats obtenus par le CSA sur plusieurs années. L’étude TNS Sofres s’est déroulée en janvier 2013 selon la méthode d’entretiens semi-individuels semi-directifs (sur 38 personnes).
––––––––––––––––-
MARIE BOËTON
http://www.la-croix.com/Actualite/Franc ... -21-923302
Islamophobie : « augmentation de 72% des actes visant les personnes », selon une association
Une femme voilée dans un service public : tel a été en 2011 le profil type d’une victime d’acte anti-musulman en France, selon le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Les "insultes et agressions" islamophobes à l’encontre des personnes physiques ont augmenté de "72% entre 2010 et 2011", selon le rapport annuel de l’association, rendu public vendredi 13 avril. Quelque 262 agressions verbales ou physiques se sont produites, contre 152 répertoriées en 2010. En revanche, les atteintes aux bâtiments symboliques (mosquées, cimetières ou commerces musulmans) restent stables avec 36 cas de dégradation ou de profanation.
Créée il y a huit ans, l’association militante, qui propose une aide juridique aux victimes, se fonde sur les affaires qui lui sont directement signalées, et non pas, comme l’Observatoire national de l’islamophobie, dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM), sur les plaintes officiellement enregistrées par la police ou la gendarmerie. D’où le décalage avec les chiffres produits il y a deux mois par cet observatoire qui indiquait que les actes et menaces anti-musulmans avaient augmenté de 34 %, passant de 116, en 2010, à 155 en 2011.
Dans ses annexes, le rapport liste l'ensemble des cas recueillis au cours de l'année. Dans ce mélange d'exemples de niveaux, de pertinence et de gravité variés, on trouve à la fois des cas de femmes à qui il a été demandé de retirer leur voile lors de leur mariage à la mairie ou lors d'une consultation médicale, d'autres qui se font insulter dans la rue ou bien encore les situations les plus litigieuses de candidates libres ou de femmes en formation professionnelle voilées se présentant dans des lycées publics. Le CCIF inclut aussi dans cette liste des contentieux touchant des femmes qui se présentent non voilées à un entretien puis voilées à l'embauche ou de salariées non voilées souhaitant reprendre leur poste avec un voile après un arrêt de travail. Dans ce florilège, on retrouve aussi la phrase de Ségolène Royal lançant à un groupe de personnes, dont des femmes voilées, qui la huent lors d'un meeting "je ne laisserai pas le champ libre aux intégristes".
Les responsables du CCIF restent persuadés que leurs chiffres ne rendent pas compte de la réalité des discriminations. Les personnes concernées ne souhaitent pas forcément porter plainte ou se faire connaître et le CCIF n’est pas connu sur l’ensemble du territoire, souligne le rapport. Soucieuse d’accroitre sa notoriété, l’association organise d'ailleurs le 5 mai son premier diner de soutien, qui aura lieu en présence de l’universitaire Tariq Ramadan
Des femmes visées dans 84% des cas
Du fait de la visibilité de leur foulard islamique, les femmes sont les plus touchées par les menaces, les insultes ou les agressions (84% des cas visant les individus). "Une agression sur cinq est physique" ; onze d’entre elles ont été « violentes », selon le CCIF. S’ils reconnaissent qu’il est parfois difficile de faire une distinction entre un acte raciste et un acte motivé par des raisons religieuses, les auteurs du rapport relèvent la multiplication de cas dans lesquels est mis en avant, sans cadre juridique, le principe de neutralité ou la loi de 2004 interdisant le port du voile aux élèves d’établissements scolaires, qui ne s’applique pas aux mères de famille.
52% des cas répertoriés par le CCIF se déroulent dans les services publics, au premier rang desquels l’école ou l’université, où il est demandé aux femmes, mères d’élèves ou étudiantes, de retirer leur voile. De nombreuses tensions apparaissent aussi au sujet des cantines scolaires, où, selon le CCIF, « on impose aux enfants de manger de la viande [non halal], malgré l’opposition des parents ».
Plainte contre Marine Le Pen
Les insultes interpersonnelles dans l’espace public arrivent en seconde position, tandis que les conflits en entreprise augmentent très sensiblement, passant de 3,5% à 11,4 % des cas en un an. « Le port du voile représente encore une barrière à l’embauche et une cause importante de résiliation d’un contrat », estime le CCIF. Phénomène plus récent, selon l’association, 13,7% des cas se produisent dans le cadre d’une relation commerciale : auto-école, salles de sport, centre de bronzage…
Le CCIF enregistre un pic d’agression en mai 2011 soit quelques semaines après l’entrée en vigueur de la loi interdisant le port du voile intégral ou l’annonce du ministre de l’éducation d’interdire aux mères d’élèves voilées d’accompagner les sorties scolaires. Cinq affaires portées par le CCIF sont en cours devant la justice, dont sa plainte pour provocation à la discrimination et à la haine contre les musulmans, déposée contre Marine Le Pen à la suite de ses propos assimilant les prières de rues à l’occupation nazie.
De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a porté plainte jeudi 12 pour "diffamation, insultes non publiques matérialisées, transmission de documents provoquant la haine". Le CFCM a, ces dernières semaines, reçu dix lettres d'insultes et de menaces, telles que "Musulmans, vous êtes cruels et [ATTENTION Censuré dsl], je vous souhaite de mourir halal en souffrances continuelles", "Faites le ménage chez vous, sinon ça ira très mal", ou "Assimilez-vous ou partez en terre d'islam".
http://religion.blog.lemonde.fr/2012/04 ... sociation/
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