Marmhonie a écrit : L'Histoire fournit en l'état des faits un constat : Mahomet n'avait désigné aucun successeur.
Manifestement, Mahomet n'avait pas du tout eu l’intention de fonder une dynastie et encore moins une religion.
Il n'a pas nommé de successeur, car il n'avait pas du tout imaginé que ces elucubrations poétiques auraient autant de succès et seraient créditées d'une origine divine pendant les 1400 ans suivant.
Il faut bien comprendre qu'il était habituel en Arabie au VIIe siècle de se dire inspirés par Dieu (ou par des dieux) pour prétendre à gouverner sa tribu. Mahomet n'est pas le seul prophète en Arabie au VIIe siècle. Ils étaient plusieurs.
La seule spécificité de Mahomet est d'avoir triomphé d'eux par les armes.
Ne voulant pas vous frustrer de votre curiosité, je vous cite les prophètes contemporains de Mahomet en Arabie :
- Au Yémen, 'Ayhala al-'Ansī est surnommé « al-Aswad », « Le Noir ».
Au début du VIIe siècle, le Yémen était écartelé entre les empires perse et byzantin qui essayaient tour à tour de le dominer. L'empire perse finit par se retirer sous la pression byzantine. Al-Aswad devint alors le prophète-dirigeant politique du peuple yéménite (Tabarī, Tārīkh, I, 1796-1797). Il essaie de restaurer l'autonomie de son peuple. La Tradition musulmane raconte que Mohamed le voit en songe, au moment où il veut justifier l'envoi de troupes conquérantes vers le Yémen. Mohamed veut avancer ses pions au Yémen et il soutient donc les perses contre al-Aswad. Al-Aswad essaie de résister aux tentatives d'expansion de Mohamed. Il déclare aux envoyés de Mohamed : «
Vous qui venez d'ailleurs contre nous, cessez de nous frustrer de nos terres et livrez nous ce que vous avez collecté. C'est à nous plutôt que cela revient de droit. Quant à vous, restez là où vous êtes ! » (Tabarī, Tārīkh, I, 1853-1854).
Al-Aswad le Noir est assassiné par les émissaires de Mohamed avec l'aide des Perses et les Yéménites sont soumis.
- Dans le Nedjd, un prophète-dirigeant est nommé Tulayha al-Asadī. Jāhiz rapporte que « T
ulayha était un orateur, un poète, un expert en prose rimée et un généalogiste »(dans Bayan, I, 359 ; Wāqidi, Ridda, p. 87-88). Une révélation prophétique en vers, servant de justification au pouvoir politique était bien une tradition dans l'Arabie du VIIe siècle.
- Il existe même une femme prophète, nommée Sajāh. Elle est à la tête des Tamīm qui fédèrent le centre de l'Arabie et les Taghlib au nord-est (EI, VII, 664a-665a, Musaylima ; I749b-750 a, al-Aswad ; X, 648a-649a, Tulayha ; VIII, 759 b, 760 a, Sajāh). Mohamed fera une alliance politique avec elle. (Ici j'attends que nos amis musulmans exaltent le pacifisme de leur prophète, pour une fois qu'il n'a pas exécuté un opposant ! Admirons sa bienveillance !
)
- En Arabie centrale dans la Yamāma, Musaylim Ibn Habīb prophétise du vivant de Mohamed. Comme lui, il dirige un mouvement politique. Il fédère la tribu des Banū Hanifā qui assure la protection des caravanes entre l'Arabie et l'Irak. Il est le prophète d'un Dieu unique, «
al-Rahān », le Très Miséricordieux (Jeffey, Foreign (1938), p. 140-141). En fait, un culte à un dieu unique (Rahmana) a laissé des traces dans des gravures au Yémen à partir du IVe siècle, sans que cette foi ne soit ni juive, ni chrétienne. Il semble donc qu'il ait existé un monothéisme arabe autonome, revendiquant sa foi au Miséricordieux. Comme Mohamed, Musaylim recevait des révélations en prose rimée et croyait en la Résurrection et en un Jugement dernier. Il prescrivait le jeûne et l'ascèse, ainsi que les prières quotidiennes. En 633, lors du combat d'al-'Aqrabā' à la frontière du Yamāma, il est tué en luttant contre les troupes d'Abū-Bakr, dirigées par Khālid, fils d'al'Walīd. Le nom de Dieu dans la révélation de Musaylim, «
al-Rahān », le miséricordieux, terme commun à bien des religions de l’Arabie – juive, chrétienne ou païenne - est repris tel quel dans le Coran.
On le voit, au début du VIIe siècle, la péninsule arabique était riche en prophètes-poètes-dirigeants politiques- chefs militaires. La Tradition musulmane affirme logiquement que ce sont de faux prophètes. Mais la seule particularité de Mohamed - au milieu de tant d'autres prophètes qui lui sont semblables - est d'avoir triomphé d'eux militairement ou politiquement. Mohamed est un parmi les siens ... rien de plus ! Il voulait diriger sa tribu pour lancer des raids vers ses voisins et approprier leurs biens par pillage. Ses ambitions spirituelles ne semblent pas avoir été celles que lui prêtent les musulmans de nos jours :
«
Alors, aux messagers, leur Seigneur révéla : « Très certainement, Nous allons détruire les prévaricateurs et vous installer sur terre après eux. Voilà pour qui craint Ma présence et craint Ma menace ! » » (S. 14, 13). Avec ce genre de verset, il a pu prétendre que tout ceux qui s'opposaient à lui pouvaient être vaincus pas les armes et spoliés de leurs biens... et c'est ce qu'il a fait !
D'ailleurs Mahomet a accompli des rites polythéistes jusqu’en 628...
Sa théologie était des plus fluctuante et son Dieu fort mal défini. Mahomet voulait juste commander à la Mecque et à Médine et vivre de rapines. Ses ambitions n'allaient pas plus loin. En particulier, il n'avait jamais dû penser qu'il avait inventé une religion qui aurait autant de succès... d'où son absence de prévision pour l'avenir. Nul besoin de nommer un successeur, il devait être tout à fait dans " après moi, le Déluge ! ".