La circoncision chez les musulmans
Cet article s’inscrit dans un dossier en 6 parties intitulé « La circoncision dans le monde ». Cliquez ici pour revenir au sommaire.
De nos jours, les musulmans représentent 68 % des hommes circoncis dans le monde. (1)
L’origine
La circoncision est pratiquée par la majorité des musulmans bien qu’elle ne soit pas mentionnée dans le Coran, qui est la 1ère source du droit musulman.
Les défenseurs de la circoncision tant masculine que féminine recourent alors à la sunnah (2ème source du droit musulman) pour la justifier. Mais comme l’écrit Sami Aldeeb : « le recours à la sunnah n’est pas chose aisée. En effet, l’authenticité de beaucoup de récits attribués à Mahomet est mise en doute et certains musulmans refusent même tout recours à la sunnah. » (2)
Certains savants musulmans affirment qu’il n’existe aucune preuve authentique qui soutient le caractère obligatoire de la circoncision et certains « vont jusqu’à attribuer la circoncision masculine aux juifs convertis à l’islam du temps de Mahomet. » (14)
Il est intéressant de constater qu’il s’agit d’un moyen revendiqué par des juristes musulmans pour contrôler la sexualité de l’individu :
Ibn-Qayyim Al-Jawziyyah écrit que la circoncision, tant masculine que féminine, modère la concupiscence qui, « si elle est exagérée, fait de l’homme un animal; et si elle est anéantie, fait de lui une chose inanimée. Ainsi, la circoncision modère cette concupiscence. De ce fait, tu trouves les hommes et les femmes incirconcis jamais rassasiés de l’accouplement. » (3)
Al-Mannawi rapporte de l’imam Al-Razi :
Le gland est très sensible. S’il reste caché dans le prépuce, il fortifie le plaisir lors de l’accouplement. Si le prépuce est coupé, le gland se durcit et le plaisir s’affaiblit. C’est ce qui convient le mieux dans notre loi: réduire le plaisir sans le supprimer totalement, un juste milieu entre l’excès et la négligence. (4)
Le Coran ne mentionne pas la circoncision
Controverse autour de la pratique obligatoire de la circoncision du temps de Mahomet
Aldeeb écrit (15) :
« D’autre part, nous avons vu que la circoncision de Mahomet est controversée. (16) Et si les arabes circoncisaient de son temps, il n’y aurait pas eu une telle controverse.
Nous avons trouvé en outre des indications qui mettent en doute le caractère obligatoire et général de la circoncision du temps de Mahomet. Nous en citons ici les plus importantes:
– Ibn-Hanbal rapporte dans son recueil qu’Uthman Ibn Abu-al-As (d. 671) a été invité à une circoncision. N’étant pas venu, on le lui a reproché. Il a répondu: « Du temps du prophète Mahomet nous ne pratiquions pas la circoncision et nous n’y étions pas invités. »
– On a adressé à l’imam Hasan fils d’Ali la question suivante: « On rapporte des véridiques qu’il faut circoncire les enfants au 7ème jour et ils seront purifiés car la terre crie à Dieu à cause de l’urine de l’incirconcis. Or, nos barbiers ne savent pas pratiquer la circoncision et ne circoncisent pas le 7ème jour. Nous avons ici des barbiers juifs. Peut-on circoncire les enfants musulmans chez eux? » L’imam Hasan a répondu: « La sunnah est le 7ème jour. Ne contredisez pas la sunnah ». La question prouve que seuls les juifs pratiquaient la circoncision masculine et que les arabes non juifs n’avaient pas de barbiers qui savaient la pratiquer.
– Ibn-Qayyim Al-Jawziyyah rapporte un récit selon lequel l’émir de Basra en Irak a demandé à des vieillards quelle était leur religion. Ils ont répondu qu’ils étaient musulmans. Il a donné alors l’ordre de les inspecter et a découvert qu’ils n’étaient pas circoncis. Ils ont été alors circoncis pendant l’hiver. Certains en sont morts. Hasan Al-Basri (d. 728) s’est étonné des agissements de cet émir et a dit: « Du temps de Mahomet, des Byzantins, des Persans et des Éthiopiens se sont convertis à l’islam et on ne les a pas inspectés ». Ibn-Qudamah (d. 1223) rapporte de ce même personnage « qu’il se désintéressait de la circoncision de ceux qui se convertissaient à l’islam et disait que les noirs et les blancs se sont convertis à l’islam du temps de Mahomet et personne ne les a inspectés et ils n’ont pas été circoncis. »
– Al-Nawawi (d. 1277) rapporte d’Ibn-al-Mundhir (d. 931) qu’il n’existe en matière de circoncision ni interdiction, ni date précise, ni sunnah à suivre, et que les choses restent dans le domaine du permis. Ce qui signifie qu’on était libre de circoncire ou de ne pas circoncire.
– Al-Tabari dit que le Calife Umar Ibn Abd-al-Aziz (d. 720) a écrit à son général d’armée Al-Jarrah Ibn Abd-Allah (d. 730) après avoir conquis la région de Kharassan: « Celui qui prie devant toi vers la Mecque, dispense-le du paiement du tribut ». Les gens se sont pressés alors de se convertir à l’islam. On a indiqué alors au général que les gens se convertissaient pour ne pas payer le tribut et qu’il lui fallait les soumettre à l’épreuve de la circoncision. Le général a consulté le Calife. Celui-ci lui a répondu: « Dieu a envoyé Mahomet pour appeler les gens à l’islam et non pas pour les circoncire. »
Nous pouvons déduire de ces indications que la circoncision masculine n’a été pratiquée en Arabie à titre obligatoire que par les juifs et qu’elle n’était pas obligatoire parmi les musulmans des premiers siècles. »
La procédure
Garçon en train d'être circoncis
« Alors que les auteurs musulmans insistent sur la nécessité que l’opération soit faite par un médecin musulman ayant de l’expérience, la grande majorité des opérations est faite par des barbiers. » (5)
En France, les musulmans désirant circoncire leur enfant le font normalement à l’hôpital, mais certains le font chez des mohels (circonciseur juif). (6)
A propos de l’âge auquel l’enfant doit être circoncis, Sami Aldeeb écrit : « Chez les musulmans, il n’y pas de date précise. Les juristes classiques disent qu’il est préférable que l’enfant soit circoncis dès ses premiers jours, et que dans tous les cas il ne doit pas atteindre la puberté intact. » (7)
« Contrairement aux juifs, les musulmans ne font pas accompagner la circoncision d’un rituel religieux même si la circoncision a un sens religieux chez eux. » (8)
« Les juristes classiques disent qu’il est souhaitable que la circoncision masculine soit suivie d’un repas pour les invités, et que la circoncision féminine soit faite en toute discrétion.
Les coutumes relatives à la circoncision varient selon le pays, la région et le milieu social. On préfère généralement qu’elle soit faite dans un jour propice comme une fête religieuse.
La circoncision masculine consiste à couper le prépuce. L’important est que le gland soit découvert. Si la partie coupée est insuffisante, il faut recommencer l’opération. » (9)
Reportage sur la circoncision d’enfants dans un pays musulman :
Mouvement d’opposition : musulmans contre la circoncision
Un nombre grandissant de musulmans s’opposent à la pratique de la circoncision féminine et masculine.
Ils expliquent que ces pratiques sont contraires à la philosophie du Coran car il est bien dit dans plusieurs versets que la création de Dieu est parfaite :
– C’est lui qui vous façonne dans le sein de vos mères comme il le veut (3:6).
– Notre Seigneur! Tu n’as pas créé tout ceci en vain! (3:191).
– Toute chose est mesurée par lui (13:8).
– Pensiez-vous que nous vous ayons créés sans but? (23:115).
– Béni soit […] celui qui a créé toute chose en fixant son destin d’une façon immuable (25:1-2).
– Acquitte-toi des obligations de la religion en vrai croyant et selon la nature que Dieu a donnée aux hommes, en les créant. Il n’y a pas de changement dans la création de Dieu (30:30).
– Il est […] qui a bien fait tout ce qu’il a créé (32:6-7).
– Nous n’avons pas créé en vain le ciel, la terre et ce qui se trouve entre les deux, contrairement à ce que pensent les incrédules (38:27).
– Il vous a modelés selon une forme harmonieuse (40:64).
– Oui, nous avons créé toute chose sur mesure (54:49).
– Il vous a modelés selon une forme harmonieuse (64:3).
– O toi homme! Comment donc as-tu été trompé au sujet de ton noble Seigneur qui t’a créé puis modelé et constitué harmonieusement; – car il t’a composé dans la forme qu’il a voulue (82:6-8).
– Oui, nous avons créé l’homme dans la forme la plus parfaite (95:4).
– [Le Démon] dit: « Oui, je prendrai un nombre déterminé de tes serviteurs; je les égarerai et je leur inspirerai de vains désirs; je leur donnerai un ordre et ils fondront les oreilles des bestiaux; je leur donnerai un ordre et ils changeront la création de Dieu ». Quiconque prend le Démon pour patron, en dehors de Dieu, est irrémédiablement perdu (4:118-119).
Si nous considérons que la circoncision, tant masculine que féminine, est une mutilation d’un organe sain irremplaçable jouant un rôle indéniable dans la protection du gland et la relation sexuelle, nous devons admettre que cette pratique viole le Coran et ne peut être que rejetée par lui. Bien plus, le dernier verset cité considère le fait de fondre les oreilles des bestiaux comme une obéissance au Démon, que dire alors du fait de s’attaquer à l’intégrité physique de l’être humain?! – Sami Aldeeb (10)
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La circoncision en Islam a été ordonnée par Satan
Auteurs musulmans qui condamnent la circoncision
Nous citons un extrait du livre de Aldeeb (2) :
« Un petit nombre d’auteurs musulmans modernes condamnent aussi bien la circoncision féminine que masculine au nom du principe de la perfection de la création de Dieu. Il est important de les présenter sommairement.
Nawal Al-Saadawi
L’écrivain et médecin égyptienne Nawal Al-Saadawi fait l’objet d’attaques continuelles de la part des islamistes. Elle a été emprisonnée et mise sous la protection policière pour un certain temps. Elle décrit dans un de ses livres la circoncision à laquelle elle a été soumise et qu’elle condamne fermement en se basant, entre autres, sur l’argument de la perfection de la création de Dieu. (…)
Ce texte et tant d’autres condamnent clairement la circoncision féminine mais gardent le silence concernant la circoncision masculine, malgré le fait que le même argument devrait conduire à condamner cette dernière aussi. Al-Saadawi a révélé ses dernières années que son silence était dû à la censure qui l’empêchait d’écrire contre la circoncision masculine. Ainsi, dans un article du 5 février 1995, elle dit:
Depuis que j’ai terminé la Faculté de médecine en décembre 1954, j’ai senti une grande responsabilité à l’égard de ce qu’on nomme la circoncision ou l’ablation d’une partie du corps du garçon ou de la fille sous des prétextes hygiéniques, moraux, religieux ou esthétiques.
J’ai appris que le scalpel ne doit couper du corps que la partie malade. Pourquoi alors coupe-t-on les parties saines? Évidemment nous n’avons rien appris sur les raisons de la circoncision masculine et féminine. On nous a simplement entraînés à pratiquer ces opérations lorsque nous étions dans la division de chirurgie […].
Par un sentiment naturel, j’ai refusé de pratiquer ces opérations pour les garçons et les filles. Comment pouvais-je couper avec le scalpel le corps sain d’un enfant? Toute partie du corps humain a un rôle, y compris l’appendice […].
Dans les années soixante j’étais membre du syndicat des médecins. Je suis intervenue dans une séance pour demander au conseil du syndicat d’interdire la circoncision des garçons et des filles en Égypte. Mais la majorité a refusé de discuter cette affaire. Elle disait que la circoncision masculine était utile pour la santé, la propreté et la forme, et qu’il s’agit d’une opération légère de purification similaire à la coupe des ongles. Certains médecins disaient qu’elle était une coutume ancienne très utile pour la santé et, de plus, mentionnée dans la Bible. Or, nous les musulmans nous croyons à la Bible, à l’Évangile et au Coran.
Ainsi a été clos le débat sur la circoncision masculine. Et lorsque j’ai demandé d’interdire la circoncision féminine, la majorité des médecins a refusé aussi d’en parler. Un médecin disait que la circoncision de la fille est nécessaire pour la santé, la propreté et la forme, qu’il s’agit d’une opération légère de purification similaire à la coupe des ongles sans effet sur la vie de la femme ou sur sa santé, et que l’organe amputé n’avait aucune utilité, bien au contraire, il était nuisible. Il pousse la femme à satisfaire ses désirs sexuels aux frais de l’intérêt du mari et des enfants.
Je ne pouvais convaincre mes collègues au syndicat des médecins. J’ai recouru alors à l’écriture pour m’adresser au public. Au début, la censure coupait tout ce qui concernait la circoncision masculine ou féminine. Ensuite, dans les années soixante, elle a commencé à alléger son contrôle, me permettant d’écrire contre la circoncision féminine. Mais la censure parvenait toujours à couper les éléments les plus importants. En ce qui concerne la circoncision masculine, elle ne permettait pas qu’on écrive quoi que ce soit contre elle. (11)
(…)
Mustafa Kamal Al-Mahdawi
Ce juge libyen à la retraite a écrit un livre dans lequel il dit que la circoncision mas¬culine est une coutume juive contraire au Coran. Il cite à cet égard le verset 3:191: « Notre Seigneur! Tu n’as pas créé tout ceci en vain! » (12)
Jamal Al-Banna
Jamal Al-Banna
C’est le frère cadet de Hasan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans. Il est l’auteur de nombreux ouvrages tendant à rénover la pensée musulmane. (…)
Dans [un texte rédigé à la demande de Aldeeb] Al-Banna rejette la circoncision masculine et féminine en invoquant, en plus du dommage qui en résulte, l’argument de la perfection de la création de Dieu. Il y dit:
Le verset coranique 95:4 « Oui, nous avons créé l’homme dans la forme la plus parfaite » réfute la prétention que la circoncision corrige une imperfection dans la nature humaine, car une telle prétention contredit le texte coranique. Dieu a voulu que les hommes et les femmes soient « dans la forme la plus parfaite » […] Je crois fermement qu’il est du droit des hommes et des femmes de vivre comme Dieu les a créés et que Dieu a fait chaque organe « dans la forme la plus parfaite », y compris les organes sexuels de l’homme et de la femme. (2)
Professeur de médecine syrien anonyme
Le professeur Al-Qadiri, de la Faculté de médecine de Damas, a rédigé un ouvrage en faveur de la circoncision masculine. Il a signalé que son but est de répondre à un professeur, sans le nommer, qui ne manquait pas d’attaquer la circoncision masculine devant les étudiants et de la qualifier d’opération barbare, estimant que Dieu ne peut pas avoir créé quelque chose de superflu. Il les encourageait à ne plus la pratiquer. (13) »