L’affaire du petit Ashya : des préjugés aux dérapages médiat
Posté : 13 nov.14, 04:55
L’affaire du petit Ashya : des préjugés aux dérapages médiatiques
Davy, novembre 2014
Publié le 12 novembre 2014
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Alors que globalement la presse écrite aborde la religion des témoins de Jéhovah avec une meilleure objectivité depuis quelques années, il demeure certains médias et journalistes toujours prêts à improviser des reportages à sensation, avec une bonne dose de préjugés et d’émotionnel, en se dispensant d’effectuer un minimum d’enquête. Comme le remarquaient les sociologues Françoise Champion et Martine Cohen à la fin des années 1990, les médias sont friands des « histoires de sectes » : « Il y a là pour eux un sujet où il est aisé de tomber dans la facilité : un sujet où le sensationnel et le fantastique le disputent au frauduleux et où il est facile de se poser en défenseurs de victimes innocentes contre des escrocs à démasquer. Nombre de journalistes aiment ainsi à jouer au justicier ... »
L’emballement médiatique autour du petit Ashya, cet enfant atteint d’une tumeur cérébrale et retiré par ses parents d’un hôpital britannique, en constitue une parfaite illustration. On frisait même la fiction, lorsqu’en l’absence de suffisamment d’informations fiables quelques journalistes se sont avancés sur des explications sans fondement en contradiction avec les faits découverts plus tard. Hormis les médecins qui ont lancé l’alerte, les principaux intervenants ne connaissaient ni les motivations des parents ni le contexte de cette histoire. Ces citoyens britanniques ont donc été présentés du jour au lendemain comme des criminels risquant la vie d’un jeune garçon et recherchés par toutes les polices du monde. Une fois les parents retrouvés avec l’enfant dans un état stable et ayant reçu tous les soins nécessaires, son grand frère Naveed a diffusé sur Internet une vidéo donnant la version de la famille sur ce qui s’est réellement passé. L’opinion publique s’est alors aperçue de la manipulation et a apporté tout son soutien à ces parents courageux, prêts à braver tous les obstacles pour trouver les meilleurs traitements médicaux pour leur fils mourant et pour tenter de le sauver après l’échec de deux opérations à l’hôpital de Southampton. Deux jours après l’alerte mondiale lancée par Interpol, les époux Brett et Naghemeh King sont apparus dès lors comme des victimes.
Hélas, comme le déplore son papa, c’est avant tout Ashya qui en a subi les conséquences en raison de la séparation douloureuse d’avec sa famille entière et du report de sa prise en charge au Centre de Proton Thérapie à Prague . Pourtant, cette mobilisation internationale était censée le protéger d’un danger présumé... Plein de compassion, ayant connu la douleur de perdre un enfant, le Premier ministre David Cameron est personnellement intervenu en soulignant qu’il était « important que ce petit garçon reçoive un traitement et l’amour de sa famille ».
F. Champion, M. Cohen, Sectes et démocratie, Paris : Seuil, 1999, p. 14.
Davy, novembre 2014
Publié le 12 novembre 2014
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Alors que globalement la presse écrite aborde la religion des témoins de Jéhovah avec une meilleure objectivité depuis quelques années, il demeure certains médias et journalistes toujours prêts à improviser des reportages à sensation, avec une bonne dose de préjugés et d’émotionnel, en se dispensant d’effectuer un minimum d’enquête. Comme le remarquaient les sociologues Françoise Champion et Martine Cohen à la fin des années 1990, les médias sont friands des « histoires de sectes » : « Il y a là pour eux un sujet où il est aisé de tomber dans la facilité : un sujet où le sensationnel et le fantastique le disputent au frauduleux et où il est facile de se poser en défenseurs de victimes innocentes contre des escrocs à démasquer. Nombre de journalistes aiment ainsi à jouer au justicier ... »
L’emballement médiatique autour du petit Ashya, cet enfant atteint d’une tumeur cérébrale et retiré par ses parents d’un hôpital britannique, en constitue une parfaite illustration. On frisait même la fiction, lorsqu’en l’absence de suffisamment d’informations fiables quelques journalistes se sont avancés sur des explications sans fondement en contradiction avec les faits découverts plus tard. Hormis les médecins qui ont lancé l’alerte, les principaux intervenants ne connaissaient ni les motivations des parents ni le contexte de cette histoire. Ces citoyens britanniques ont donc été présentés du jour au lendemain comme des criminels risquant la vie d’un jeune garçon et recherchés par toutes les polices du monde. Une fois les parents retrouvés avec l’enfant dans un état stable et ayant reçu tous les soins nécessaires, son grand frère Naveed a diffusé sur Internet une vidéo donnant la version de la famille sur ce qui s’est réellement passé. L’opinion publique s’est alors aperçue de la manipulation et a apporté tout son soutien à ces parents courageux, prêts à braver tous les obstacles pour trouver les meilleurs traitements médicaux pour leur fils mourant et pour tenter de le sauver après l’échec de deux opérations à l’hôpital de Southampton. Deux jours après l’alerte mondiale lancée par Interpol, les époux Brett et Naghemeh King sont apparus dès lors comme des victimes.
Hélas, comme le déplore son papa, c’est avant tout Ashya qui en a subi les conséquences en raison de la séparation douloureuse d’avec sa famille entière et du report de sa prise en charge au Centre de Proton Thérapie à Prague . Pourtant, cette mobilisation internationale était censée le protéger d’un danger présumé... Plein de compassion, ayant connu la douleur de perdre un enfant, le Premier ministre David Cameron est personnellement intervenu en soulignant qu’il était « important que ce petit garçon reçoive un traitement et l’amour de sa famille ».
F. Champion, M. Cohen, Sectes et démocratie, Paris : Seuil, 1999, p. 14.