Mystique athée
Posté : 03 févr.15, 12:46
La différence entre les mystiques sans Dieu et les mystiques avec Dieu est quelquefois difficile à faire. Prenons deux propos, l'un d'un croyant, saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), l'autre d'un agnostique, Victor Ségalen (1878-1919). Quelle différence ont-ils ? Saint Bernard écrit : « Nous cherchons ce que l'oeil ne voit pas, ce que l'oreille n'entend pas, ce qui n'est pas monté jusqu'au cœur de l'homme. C'est cette chose là, quelle qu'elle soit, qui nous plaît, nous attire et que nous désirons atteindre ». Et Victor Ségalen, quant à lui, se dit « attentif à ce qui n'a pas été dit, soumis à ce qui n'est point promulgué, prosterné devant ce qui ne fut pas encore ». Il est « en attente », attentif à ce qui ne peut se dire ni s'entendre.
Bien plus, bien des mystiques qui continuent à user du mot « Dieu » insistent sur le fait qu'ils sont libérés de Dieu, détachés de Dieu, désencombrés de Dieu. Maître Eckhart dit que la « pauvreté en esprit », c'est être libéré de soi-même et de tout ce qui vous fait exister en tant qu'« ego » qui veut, qui sait et qui possède. Ce à quoi il aspire, c'est : ne plus vouloir, pas même accomplir la volonté de Dieu ; ne rien savoir, pas même que Dieu agit en soi ; ne rien avoir, pas même un lieu en soi où Dieu puisse opérer. Il écrit : « Le détachement ultime de l'homme consiste à se détacher de Dieu par Dieu » et aussi « Je prie Dieu pour qu'il me rende quitte de Dieu ».
En fait, il faut reconnaître que Dieu peut (quand même !) être le point d'ancrage de l'expérience mystique. Mais la même expérience, avec les mêmes caractéristiques, peut se faire sans Dieu. L'expérience mystique peut se vivre sans aucun support autre que le sentiment de l'être, du vide, de l'infini, du néant.
Bien plus, bien des mystiques qui continuent à user du mot « Dieu » insistent sur le fait qu'ils sont libérés de Dieu, détachés de Dieu, désencombrés de Dieu. Maître Eckhart dit que la « pauvreté en esprit », c'est être libéré de soi-même et de tout ce qui vous fait exister en tant qu'« ego » qui veut, qui sait et qui possède. Ce à quoi il aspire, c'est : ne plus vouloir, pas même accomplir la volonté de Dieu ; ne rien savoir, pas même que Dieu agit en soi ; ne rien avoir, pas même un lieu en soi où Dieu puisse opérer. Il écrit : « Le détachement ultime de l'homme consiste à se détacher de Dieu par Dieu » et aussi « Je prie Dieu pour qu'il me rende quitte de Dieu ».
En fait, il faut reconnaître que Dieu peut (quand même !) être le point d'ancrage de l'expérience mystique. Mais la même expérience, avec les mêmes caractéristiques, peut se faire sans Dieu. L'expérience mystique peut se vivre sans aucun support autre que le sentiment de l'être, du vide, de l'infini, du néant.