Musulmans et mormons : mêmes croyances, mêmes épreuves
par Joanna Brooks & Tamarra Kemsley
Provo (Utah) - On a pu craindre, en Amérique, que les États-Unis fussent menacés par une poignée de fanatiques religieux. Les gens pensaient que ces fanatiques, qui, disait-on, contraignaient leurs femmes à des mariages non désirés, voulaient substituer à la démocratie américaine un régime religieux extrémiste fondé par des “prophètes”. La rumeur s’était même répandue d’atrocités qu’ils auraient commises au nom de Dieu contre des citoyens américains lors d’attentats terroristes.
Mais qui étaient ces “fanatiques” si redoutés? Des Musulmans?
Non, des mormons.
Mormons et musulmans sont confrontés à la même épreuve face à la grande incompréhension dont ils sont l’objet dans les États-Unis d’aujourd’hui. S’agissant de ces deux doctrines religieuses les médias semblent déterminés à ne s’intéresser qu’aux on-dit et aux extrêmes. De ce point de vue, c’est un signe incroyable, et prometteur, que des Américains, aujourd’hui, envisagent la possibilité d’élire à la présidence de leur pays un mormon, l’ancien gouverneur du Massachusetts: Mitt Romney.
Fondé en 1830 à New York, par des protestants américains, le mouvement mormon recherchait un rapport à Dieu plus étroit et exaltant. Au fur et à mesure que la religion se propageait, les mormons créèrent des implantations, d’abord dans le Midwest, puis, plus à l’ouest, dans l’Utah, où ils pouvaient pratiquer leur foi en communauté. Pendant le 19e siècle, le mormonisme fut considéré comme un fanatisme assez dangereux pour appeler l'intervention de l'armée. La première fois, ce fut en application de l’ « l’ordre d’extermination des mormons » signé en 1838 par le gouverneur du Missouri Lilburn Boggs, une autre sur décision prise en 1850 par le président Buchanan d’envoyer des troupes fédérales dans le territoire de l’Utah, pour renforcer le contrôle du gouvernement des États-Unis sur les mormons.
Depuis, le mormonisme est devenu une religion planétaire qui compte
14 millions membres.
Des membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (LDS), à laquelle appartient la grande majorité des mormons, vivent aujourd’hui dans pratiquement tous les pays, ou ils représentent une grande diversité. Nos opinions politiques recouvrent tout le spectre, et l’on trouve des mormons de part et d'autre des lignes de partage de l'opinion sur les principales questions nationales et internationales. Mais nous nous sentons tous membres d’une communauté confessionnelle planétaire.
Étant donné l’attention que portent depuis peu les médias américains tant au mormonisme qu’à l’islam, cela vaut la peine de prendre un moment pour relever ce qu’ont en commun ces deux groupes sociaux.
Comme l’islam, le mormonisme est une religion de paix. Les mormons se considèrent chrétiens et s’efforcent de faire respecter les enseignements de Jésus de Nazareth sir l'amour qui nous unit à ceux avec qui nous partageons ce monde. Cependant, comme les mormons adhèrent à des croyances différentes de celles d’autres branches chrétiennes — par exemple en considérant que Jésus et Dieu sont des entités différentes —, ils ont souvent rencontré de l’animosité. Cette animosité et le sentiment d’être mal compris, la communauté musulmane américaine les connaît.
Un des principaux enseignements du mormonisme est que le temps qu’une personne passe sur terre doit être consacré à apprendre à se soumettre à la volonté de Dieu et à accepter les épreuves et les blessures de la vie. La pudeur vestimentaire, surtout de la part des femmes, est souvent considérée comme une marque de piété, tout comme l’abstinence à l’égard de la drogue et de l’alcool. Les mormons jeûnent régulièrement, et, comme le font les musulmans pendant le Ramadan, ils sont invités à faire l’aumône en même temps qu’ils jeûnent.
De telles ressemblances, doublées du fait que les dirigeants de l’Église des saints des derniers jours (LDS) entendent promouvoir des relations saines avec toutes les confessions ont induit de nombreuses interactions positives, concrètes avec des Américains musulmans. L’Eglise des saints des derniers jours a coopéré avec des ?œuvres de bienfaisance islamiques et engagé des campagnes de sensibilisation en direction des communautés musulmanes américaines. Par exemple, une congrégation LDS de St. Louis, dans le Missouri, a ouvert son église aux musulmans locaux pour leur prière du vendredi. De même, l’église LDS finance la formation de jeunes Palestiniens qui veulent faire des études à la Brigham Young University, établissement qui est propriété de l’église LDS.
On n’entend pas souvent parler de rapprochements de ce genre dans les médias, qui le plus souvent ne s’intéressent qu’aux aspects négatifs de l’islam, ou du mormonisme. Un sondage Gallup révélait récemment que 18 pour cent des Américains ne voteraient pas pour un bon candidat à la présidence qui serait mormon—, laissant penser que les Américains se méfient peut-être de l’influence de la religion sur la politique.
Mais il y a tellement plus dans le mormonisme, tout comme il y a beaucoup plus en islam et dans d’autres communautés confessionnelles qui appellent leurs adeptes à se conduire envers les autres avec sagesse et responsabilité. Nos principes religieux peuvent configurer les repère moraux dont nous avons besoin pour traiter des problèmes planétaires politiques et économiques difficiles, et contribuer à réduire des fractures politiques.
Pour atteindre cet objectif, des gens de toutes confessions doivent commencer à s’intéresser à ce qui nous unit, car, en fin de compte, nous sommes nombreux à partager non seulement des croyances communes, mais aussi des buts communs: des familles fortes et fortement spirituelles, conscientes d'une puissances supérieure — toutes choses qui sont beaucoup plus faciles lorsqu'on est en paix avec les habitants de notre planète.
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* Joanna Brooks est l’auteur de The Book of Mormon Girl: A Memoir of an American Faith. Retrouvez-la sur Twitter, @askmormongirl. Tamarra Kemsley, @tamarranicole, qui étudie à la Brigham Young University, est rédactrice du Student Review. Cet article fait partie d’une série sur la religion et les élections américaines écrite pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews).
Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 13 juillet 2012,
http://www.commongroundnews.org.
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