Hindous multiplient les attaques d'églises.
Posté : 27 févr.15, 05:07
Des hindous multiplient les attaques d’églises chrétiennes
IndeLe fondamentalisme progresse en Inde aussi. Le nombre d’incidents contre les chrétiens a triplé en deux ans.
De Emmanuel Derville
De New Delhi
Mis à jour à 15h52
Vous voulez communiquer un renseignement ou vous avez repéré une erreur?
De l’église Saint-Sébastien, il ne reste que les murs. Le reste a brûlé le 1er décembre. Choqué, le curé Anthony Francis se lamente au milieu des ruines: «Les flammes sont montées si haut que les ventilateurs ont fondu.» Seul rescapé, un Christ en croix accroché au mur a laissé ses deux bras dans le brasier. L’enquête de la police patauge. Mais pour Anthony Francis, les choses sont claires: «Nous avons décelé des flaques d’essence après l’incendie. C’est un acte criminel.» Tandis que l’église Saint-Sébastien partait en fumée à New Delhi, les attaques se multipliaient à travers l’Inde: agressions contre le clergé et les convertis, lieux de culte vandalisés… Cinq chrétiens ont été assassinés l’an dernier, dont un pasteur poignardé par des extrémistes hindous. Le Christian Catholic secular forum a dénombré 365 incidents en 2014.
Cette recrudescence coïncide avec l’arrivée au pouvoir du BJP, le parti de la droite nationaliste hindoue, en juin. Le BJP est la vitrine politique du RSS, une mouvance qui veut instaurer un Etat hindou dans une Inde laïque. Alors que les attaques contre les lieux de culte se succèdent à Delhi en décembre et janvier, le premier ministre Narendra Modi, lui-même membre du RSS, garde le silence. Puis le 17 février, quatre jours après une sixième attaque contre une institution chrétienne dans la capitale, il déclare publiquement: «Mon gouvernement interdira aux groupes religieux quels qu’ils soient d’inciter à la haine. Nous ne tolérerons aucune violence.»
Loi anticonversion
Pour l’archevêque de Delhi, Anil Couto, ces paroles ne suffisent pas: «Le premier ministre doit refréner les organisations fondamentalistes qui nous considèrent comme un héritage de la colonisation britannique, un corps étranger. A leurs yeux, nous menaçons la prédominance de l’hindouisme en convertissant des hindous au christianisme.»
Le gouvernement envisage d’ailleurs une loi anticonversion. Le texte ne s’appliquerait qu’aux hindous qui veulent changer de religion. Car pour les extrémistes hindous, les chrétiens qui se tournent vers l’hindouisme reviennent à leur religion de naissance, donc ne se convertissent pas. Le BJP assure toutefois que la loi anticonversion n’est pas une priorité du gouvernement. «Nous nous concentrons sur le développement économique», insiste le porte-parole, Narasimha Rao. Les chrétiens représentent 2% de la population et leshindous 80%. (TDG)
(Créé: 27.02.2015, 15h59)
IndeLe fondamentalisme progresse en Inde aussi. Le nombre d’incidents contre les chrétiens a triplé en deux ans.
De Emmanuel Derville
De New Delhi
Mis à jour à 15h52
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De l’église Saint-Sébastien, il ne reste que les murs. Le reste a brûlé le 1er décembre. Choqué, le curé Anthony Francis se lamente au milieu des ruines: «Les flammes sont montées si haut que les ventilateurs ont fondu.» Seul rescapé, un Christ en croix accroché au mur a laissé ses deux bras dans le brasier. L’enquête de la police patauge. Mais pour Anthony Francis, les choses sont claires: «Nous avons décelé des flaques d’essence après l’incendie. C’est un acte criminel.» Tandis que l’église Saint-Sébastien partait en fumée à New Delhi, les attaques se multipliaient à travers l’Inde: agressions contre le clergé et les convertis, lieux de culte vandalisés… Cinq chrétiens ont été assassinés l’an dernier, dont un pasteur poignardé par des extrémistes hindous. Le Christian Catholic secular forum a dénombré 365 incidents en 2014.
Cette recrudescence coïncide avec l’arrivée au pouvoir du BJP, le parti de la droite nationaliste hindoue, en juin. Le BJP est la vitrine politique du RSS, une mouvance qui veut instaurer un Etat hindou dans une Inde laïque. Alors que les attaques contre les lieux de culte se succèdent à Delhi en décembre et janvier, le premier ministre Narendra Modi, lui-même membre du RSS, garde le silence. Puis le 17 février, quatre jours après une sixième attaque contre une institution chrétienne dans la capitale, il déclare publiquement: «Mon gouvernement interdira aux groupes religieux quels qu’ils soient d’inciter à la haine. Nous ne tolérerons aucune violence.»
Loi anticonversion
Pour l’archevêque de Delhi, Anil Couto, ces paroles ne suffisent pas: «Le premier ministre doit refréner les organisations fondamentalistes qui nous considèrent comme un héritage de la colonisation britannique, un corps étranger. A leurs yeux, nous menaçons la prédominance de l’hindouisme en convertissant des hindous au christianisme.»
Le gouvernement envisage d’ailleurs une loi anticonversion. Le texte ne s’appliquerait qu’aux hindous qui veulent changer de religion. Car pour les extrémistes hindous, les chrétiens qui se tournent vers l’hindouisme reviennent à leur religion de naissance, donc ne se convertissent pas. Le BJP assure toutefois que la loi anticonversion n’est pas une priorité du gouvernement. «Nous nous concentrons sur le développement économique», insiste le porte-parole, Narasimha Rao. Les chrétiens représentent 2% de la population et leshindous 80%. (TDG)
(Créé: 27.02.2015, 15h59)