Les savants et les émirs

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La religion musulmane l'Islam, se veut une révélation en langue arabe de la religion originelle d'Adam, de Noé, et de tous les prophètes parmi lesquels elle place aussi Jésus. Ainsi, elle se présente comme un retour à la religion d'Abraham (appelé, en arabe, Ibrahim par les musulmans) du point de vue de la croyance, le Coran le définissant comme étant la voie d'Ibrahim (millata Ibrahim) c'est-à-dire une soumission exclusive à Allah.
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'Abd asSalam

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Les savants et les émirs

Ecrit le 16 mars15, 04:58

Message par 'Abd asSalam »

Les savants et les émirs
(Partie 1)

L'imam 'AbdaLlah Ibn Mas’ûd a dit : « Si vous devez absolument suivre quelqu’un, alors choisissez quelqu’un qui est déjà mort, car le vivant n’est pas à l’abri des épreuves. Les Compagnons du Messager d’Allah (r), en effet, étaient les meilleurs éléments de notre communauté. Ils avaient les cœurs les plus sains, le savoir le plus étendu, et faisaient le moins preuve d’affectation que quiconque ; ces gens qu’Allah a choisis pour la compagnie de Son Prophète, et pour faire vivre sa religion. Vous devez reconnaitre leur mérite, et rester fidèles à leurs traces ; accrochez-vous du mieux possible à leurs comportements et à leur histoire, car ils étaient sur le droit chemin. » [Sahih, Mishkât el masâbîh (1/42).]

Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

Introduction

Ibn Taïmiya fait remarquer que le Coran consacre deux Versets l’un en faveur du gouverneur et l’autre en faveur des sujets. Voici le premier (selon le sens) : [ Allah vous ordonne de rendre les dépôts à ses ayants droit, et si vous devez juger entre les gens, alors faites-le avec justice. Quelle belle chose celle à quoi Allah vous exhorte ! Il était certes Voyant et Entendant ]. 1
Celui-ci tend à orienter le sultan, et le Verset qui vient juste après s’adresse à ses sujets : [ Ô croyants ! Obéissez à Allah, obéissez au Messager et aux détenteurs de l’autorité parmi vous. Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura de meilleures conséquences pour vous ]. 2

Sheïkh el Islâm consacra un ouvrage entier en explication à ces deux Versets, et qu’il intitula e-siyâsa e-shar’iya fî islâh e-râ’î wa e-ra’iya.

Les « détenteurs de l’autorité »

Sofiâne e-Thawrî : « Il y a deux catégories d’individus qui, en se réformant, réforment la société : les savants et les émirs. » 3

Ibn el Mubârak : « En dénigrant les savants on perd son au-delà, en dénigrant les émirs, on perd sa vie d’ici-bas, et en dénigrant les frères, on perd sa bonne réputation. »[4]

Sahl e-Tusturî : « Les gens vivront bien tant qu’ils encenseront les sultans et les savants. En faisant cela, Allah leur améliorera leur vie religieuse et leur vie matérielle. Cependant, en les dénigrant, ils mettront à mal leur vie présente et leur vie future. »[5]

L'imam Ibn Taïmiya a dit : « Allah envoya aux hommes Mohammed (salla Allahou 'alay wa salam) porteur de la bonne direction (hudâ) et de la vraie religion (dîn el haqq) qui devait dominer sur la religion entière ; et Allah suffit comme témoin ! Son message s’adresse à l’humanité entière : notamment à l’élite parmi les savants et les pieux, mais aussi parmi les émirs. Son Seigneur paracheva Sa religion pour lui et sa communauté ; Il leur eut parfait de Ses bienfaits, et leur agréa l’Islam comme religion.

La bonne direction englobe les sciences utiles et la vraie religion englobe les œuvres pieuses. Les anciens baignaient dans un climat de hudâ et de dîn el haqq, mais, par la suite, l’innovation et la perversité firent leur éclosion. Ainsi, la communauté se divisait désormais entre ceux qui étaient accrochés à la hudâ et à dîn el haqq, et ceux qui en avaient dévié…

Deux sortes d’égarés se dégageaient : l’innovateur dans la religion et le débauché dans le domaine du profane. Et, comme l’affirment el Hassan el Basrî, Sofiâne e-Thawrî, et un grand nombre d’anciens, en étant préserver de la tentation de l’innovation et de celle de la vie terrestre, on s’en sort sain et sauf. L’innovation étant certes plus aimée par Satan que les péchés. La première forme de tentation touche les savants et les religieux et la seconde, les émirs et les riches.

Allah révèle (selon le sens) : [ Nombreux sont les prêtres et les moines qui mangent impunément l’argent des autres et qui détournent de la voie d’Allah ; quand à ceux qui amassent cupidement l’or et l’argent sans le dépenser sur le sentier d’Allah, annonce-leur un châtiment douloureux ].[6]

Ibn el Mubârak disait :[7]

Qui d’autres que les rois ont-ils souillé le culte ?

Ainsi que les mauvais prêtres et les moines

… Ainsi, la négligence des uns et l’hostilité des autres ont gravement contribué au déclin de la religion et à la recrudescence de l’innovation. Wa Allah a’lam ! »[8]

Le Prophète l’avait prédit : « Ce que je crains pour m’a communauté, ce sont les émirs (ou meneurs ndt.) égarés. »[9]

Selon Ziâd ibn Hudaïr (t), ibn ‘Omar m’a dit : « Sais-tu qui peut ruiner l’Islam ?

Non, répondis-je !

Un savant qui commet une erreur, un hypocrite qui se sert du Coran pour polémiquer, et des émirs égarés au pouvoir. »[10]

La religion repose sur une essence et des branches

Ainsi, la religion repose sur une essence (la croyance) et ses branches (les actes dont le hukm fait partie) : [Ils sont comme une culture dont la semence pousse. Puis, elle la raffermit, s’épaissit, pour enfin tenir sur sa tige à la grande joie des semeurs].[11]

La période mecquoise fut consacrée à ancrer les bases de la religion, et la période médinoise à l’application des lois et à la gestion de l’État naissant. Le v. 25 de la s. Le fer met en lumière les deux vecteurs à l’origine de la réforme des sociétés : les savants qui véhiculent le crédo et la loi et les émirs qui veillent à son maintient et à son application.[12]

Les premiers symptômes de la décadence se vérifient au niveau des branches, d’où le hadîth : « À l’avenir, les liens de l’Islam vont se délier un à un. Toutes les fois qu’un lien sera délié, les hommes s’agripperont au suivant. Le houkm est le premier qui sera délié, et le dernier sera la prière. »[13]

Le houkm et la loyauté seront les premiers liens déliés, comme l’indique les textes,[14] en sachant que la loyauté relève des prérogatives des émirs, comme nous l’avons vu à travers le Verset : [Allah vous ordonne de rendre les dépôts à ses ayants droit, et si vous devez juger entre les gens, alors faites-le avec justice].[15]

La prière est le premier acte extérieur, mais elle fait partie des fondements. C’est pourquoi, elle est associée à l’attestation de foi, et elle sera déliée en dernier, quand la religion sera comme à ses débuts.

• Selon Aboû Houraïra, avec un hadîth qui remonte au Prophète : « L’Islam est venu étranger, et redeviendra étranger comme il l’était. Alors, heureux sont les étrangers ! »[16]

• D’après Ahmed, selon un hadîth d’ibn Mas’ûd (t), et dans lequel on demanda au Prophète (r) : « Qui sont les étrangers ?

La fleur des tribus, répondit-il. »[17]

Une version précise : « Ce sont ceux qui se réforment quand les gens se corrompent. »[18]

Il est également rapporté par Ahmed, par la voie de Sa’d ibn Waqqâs, et disant notamment : « Heureux seront ce jour-là les étrangers, quand les gens se corrompront. »[19]

Chez e-Tirmidhî, selon Kathîr ibn ‘Abd Allah, selon son père, selon son grand-père : « Heureux sont les étrangers ! Ceux qui réforment ce que les gens corrompent de ma Tradition. »[20]

• Selon Abû Umaïya, j’ai demandé à Abû Tha’laba el Khushanî : « Qu’est-ce que tu dis au sujet du Verset : [Ô croyants ! Préoccupez-vous de vous-mêmes, si vous suivez la bonne voie, les égarés ne seraient vous nuire][21] ? » Ce dernier me répondit : « Par Allah ! J’ai posé la même question à une personne bien versée, et qui n’est autre que le Messager d’Allah (r).

Pensez plutôt, me répondit-il, à ordonner le bien et à interdire le mal. mais, le jour où tu verras que les gens obéiront à leur cupidité, suivront leurs passions, se sacrifieront pour ce bas-monde, et que chacun sera imbu de ses propres idées, alors préoccupe-toi de toi-même, et éloigne-toi des gens simples. Vous allez vivre des jours où il sera aussi difficile de patienter que de tenir une braise dans la main. Celui qui fera des bonnes actions à cette époque aura la récompense de cinquante hommes faisant la même chose.
Des leurs ou bien des nôtres demandai-je ?
Plutôt des vôtres, affirma-t-il. »[22]

• Ibn Wadhdhâh rapporte un hadîth d’ibn ‘Omar – qu’Allah les agrée son père et lui – qui va dans ce sens, et disant : « Après vous, il y aura une époque où celui qui se maintiendra dans la religion aura la même récompense dont jouissent cinquante d’entre vous aujourd’hui. » Puis, ibn Wadhdhâh a dit : selon Mohammed ibn Sa’îd, selon Asad, selon Sha’bî, Sufiân ibn ‘Uyaïna m’a dit, selon Aslam el Basrî, Sa’îd ibn Abî el Hasan a dit : J’ai demandé à Sufiân : « Selon le Prophète ?

Oui, répondit-il. Il a dit : « Aujourd’hui, vous détenez une preuve évidente venant de Votre Seigneur. Vous ordonnez le bien, vous interdisez le mal, vous combattez sur le sentier d’Allah, et vous n’êtes pas éprouvez par les deux ivresses : l’ivresse de l’ignorance et l’attachement à ce bas-monde. Puis, votre situation va changer. Ceux qui s’accrocheront au Livre et à la sunna auront la récompense de cinquante hommes.
Des leurs ?
Plutôt des vôtres. »[23]

Ce hadîth est également rapporté avec une chaine narrative remontant à el Ma’âfirî, et disant : le Messager d’Allah (r) a dit : « Heureux seront les étrangers ! Ceux qui s’accrocheront au Livre d’Allah lorsqu’il sera délaissé, et qui mettront ma Tradition en pratique lorsqu’elle sera délaissée. »

• Selon Mohammed ibn Wadhdhâh, ce dernier entrait dans la mosquée et se tenait devant les assemblées pour dire, etc. Ibn Wadhdhâh a dit : selon ibn ‘Uyaïna, selon Mujâlid, selon e-Sha’bî, selon Masrûq, ‘Abd Allah – en parlant d’ibn Mas’ûd – a dit : « Chaque année est pire que la précédente ; je ne dis pas qu’il y pleut moins, qu’elle est moins fertile, ou que le nouvel émir est moins bien que le précédent. Je parle du départ de vos savants et de votre élite. Puis, après leur départ, des nouvelles générations, qui mesurent les choses selon leurs propres pensées, les succèderont. C’est alors que l’Islam se détériorera et s’effritera. »[24]

Après l’âge d’or des musulmans, le mensonge commença à se répandre, également comme l’avait prédit le sceau des Prophètes (salla Allahou 'alay wa salam).[25]

Par : Karim Zentici; http://www.mizab.org/

1 Les femmes ; 58

2 Les femmes ; 59

3 Cette annale est rapporté par Abû Na’îm dans el hiliya (7/5).

[4] Ibn ‘Asâkir (32/333).

[5] Tafsîr el Qourtubî (5/260). Sahl e-Tusturî a dit également : « Cette nation se divise en soixante-treize sectes ; soixante-douze d’entre elles sont vouées à la perdition, toutes haïssent le sultan ; la secte sauvée est la seule qui est avec le sultan. » [Voir : qût el qulûb (2/242) d’abû Tâlib el Makkî.]

[6] Le repentir ; 34

[7] Voir : jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlihi (1/638).

[8] Jâmi’ el masâil n° 18 (42-43) ; Sheïkh el Islam ibn Taïmiya est l’auteur des paroles : « L’idéal se borne à deux éléments : les sciences utiles et les œuvres pieuses. Mohammed (r) fut chargé de transmettre ses deux éléments sous leur meilleure forme. Ils correspondent à la bonne direction (hudâ) et à la vraie religion (dîn el haqq) qui devait dominer sur la religion entière… La bonne direction c’est les sciences utiles et la vraie religion c’est les œuvres pieuses… » Fin de citation. Plus loin, il enchaine : « Les traditionalistes qui suivent fidèlement les pieux Prédécesseurs ne se prononcent sur aucune chose relevant du domaine de la religion sans s’inspirer du Messager ; soit, conformément aux enseignements du Coran et de la Sounna. Quant aux innovateurs, ils ne s’inspirent ni du Coran ni de la Sounna et ni des annales remontant aux pieux Prédécesseurs. Ils se tournent plutôt vers la pensée, la langue, et la philosophie. »

[9] Rapporté par Ahmed dans el mousnad (22393), Abû Dâwûd (4252), e-Tirmidhî (2229), et ibn Mâja (3952), selon Thawbân.
[10] Rapporté par e-Dârimî dans e-sunna (99).
[11] La grande conquête ; 29
[12] Majmû’ el fatâwâ (28/234).
[13] Hadîth authentifié par Cheïkh el Albânî dans Sahîh el jâmi’ (5705) et Sahîh e-targhîb (571).
[14] Hadîth authentifié par Sheïkh el Albânî dans silsila e-sahîha (1739).
[15] Les femmes ; 58
[16] Rapporté par Muslim (145).
[17] Rapporté par Ahmed dans el musnad (3784).
[18] Rapporté par Abd Allah le fils d’Ahmed dans ses compléments au musnad de son père (21570), selon Abou Dharr.
[19] Rapporté par Ahmed dans el musnad (1604).
[20] Rapporté par e-Tirmidhî (2630).
[21] Le repas céleste ; 105
[22] Rapporté par Abû Dâwûd (4341), ibn Mâja (4o14), et e-Tirmidhî (3058).
[23] Rapporté par Abû Na’îm dans el huliya (8/49), selon Anas ibn Mâlik et un autre selon Mu’âdh ibn Jabal.
[24] Rapporté par ibn Wadhdhâh dans el bida’ wa e-nahi ‘anhâ (p. 40), et Abû ‘Amr e-Dânî dans e-sunan el wârida fî el fitan (210) ; el Hâfizh ibn Hajar l’a imputé à el Baïhaqî dans el fath (13/283).
[25] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

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